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Juliette Defrance entre dans la lutte contre l’occupant dès juillet [[1940]], en participant au regroupement de patriotes parmi les membres des comités antifascistes d’avant la guerre<ref>Comme le comité antifasciste ''Amsterdam-Pleyel'', animé par Marie et Pierre Rouxel, mère et beau-père de Juliette, instituteurs à Équeurdreville</ref>et du Parti communiste illégal, dirigé localement par [[Henri Corbin]]. Elle organise des réunions clandestines à son domicile, diffuse des écrits patriotiques.
Juliette Defrance entre dans la lutte contre l’occupant dès juillet [[1940]], en participant au regroupement de patriotes parmi les membres des comités antifascistes d’avant la guerre<ref>Comme le comité antifasciste ''Amsterdam-Pleyel'', animé par Marie et Pierre Rouxel, mère et beau-père de Juliette, instituteurs à Équeurdreville</ref>et du Parti communiste illégal, dirigé localement par [[Henri Corbin]]. Elle organise des réunions clandestines à son domicile, diffuse des écrits patriotiques.


Pour tirer les tracts, Juliette Defrance récupère un duplicateur à la gare de Cherbourg, l’amène à Équeurdreville, fixé sur le porte-bagages de sa bicyclette. L'appareil est d'abord dissimulé par Auguste Livory dans un jardin, puis confié à  [[Pierre Vastel]] (dit « Paul »), qui a une cachette sûre pour le matériel : un caveau du cimetière. Le jeune frère de Juliette, Pierre (fils) Rouxel, étudiant, distribue les tracts jusqu’en janvier [[1941]], où il est arrêté par la police française avec deux ou trois autres camarades[http://sgmcaen.free.fr/resistance/groupe-jeunesses-communistes.htm] : six mois de centrale à Caen, puis à Falaise. Juliette, en contact avec le partisan caennais [[Roger Bastion]], vient l’attendre à sa sortie de prison car les nazis aussi sont là, postés à l’arrêt du bus, avertis par les autorités de Vichy d’une libération de « politiques » ; ils sont venus les rafler pour les emmener dans un camp. Juliette devance les Allemands et s’enfuit avec son frère, grâce aux vélos qu’elle et ses amis ont amenés.
Pour tirer les tracts, Juliette Defrance récupère un duplicateur à la gare de Cherbourg, l’amène à Équeurdreville, fixé sur le porte-bagages de sa bicyclette. L'appareil est d'abord dissimulé par Auguste Livory dans un jardin, puis confié à  [[Pierre Vastel]] (dit « Paul »), qui a une cachette sûre pour le matériel : un caveau du cimetière. Le jeune frère de Juliette, Pierre (fils) Rouxel, étudiant, distribue des tracts jusqu’en janvier [[1941]], où il est arrêté par la police française avec deux ou trois autres camarades[http://sgmcaen.free.fr/resistance/groupe-jeunesses-communistes.htm] : six mois de centrale à Caen, puis à Falaise. Juliette, en contact avec le partisan caennais [[Roger Bastion]], vient l’attendre à sa sortie de prison car les nazis aussi sont là, postés à l’arrêt du bus, avertis par les autorités de Vichy d’une libération de « politiques » ; ils sont venus les rafler pour les emmener dans un camp. Juliette devance les Allemands et s’enfuit avec son frère, grâce aux vélos qu’elle et ses amis ont amenés.


Elle convoie en outre des écrits antinazis, destinés aux soldats allemands, rédigés dans leur langue par deux réfugiés politiques allemands. Ces réfugiés, qui avaient fui le régime hitlérien, sont hébergés à Équeurdreville, par Marie et Pierre Rouxel et par [[Marie Lesage]]. De tels écrits seront imprimés, en d’autres circonstances, en d’autres lieux en liaison avec les exilés allemands engagés dans les FTP et diffusés par les ''soldaten komitees'' clandestins de la Wehrmacht (archives d'André et de Juliette Defrance).  
Elle convoie en outre des écrits antinazis, destinés aux soldats allemands, rédigés dans leur langue par deux réfugiés politiques allemands. Ces réfugiés, qui avaient fui le régime hitlérien, sont hébergés à Équeurdreville, par Marie et Pierre Rouxel et par [[Marie Lesage]]. De tels écrits seront imprimés, en d’autres circonstances, en d’autres lieux en liaison avec les exilés allemands engagés dans les FTP et diffusés par les ''soldaten komitees'' clandestins de la Wehrmacht (archives d'André et de Juliette Defrance).  

Version du 28 avril 2015 à 14:26

Juliette Defrance, Jeanne, Xavière, Suzanne, née Munsch, à Équeurdeville le 9 mai 1915, décédée à Cherbourg le 27 mars 1997, est une résistante de la Manche.

Elle est issue d'une famille alsacienne qui avait choisi la France, donc l'exil, lors de l'annexion de l'Alsace par l'Allemagne en 1871. Elle n'a jamais vu son père, Jules Munsch, « tué à l'ennemi », en 1915.

Juliette Defrance, née Munsch (1915-1997)


Biographie

Juliette Defrance entre dans la lutte contre l’occupant dès juillet 1940, en participant au regroupement de patriotes parmi les membres des comités antifascistes d’avant la guerre[1]et du Parti communiste illégal, dirigé localement par Henri Corbin. Elle organise des réunions clandestines à son domicile, diffuse des écrits patriotiques.

Pour tirer les tracts, Juliette Defrance récupère un duplicateur à la gare de Cherbourg, l’amène à Équeurdreville, fixé sur le porte-bagages de sa bicyclette. L'appareil est d'abord dissimulé par Auguste Livory dans un jardin, puis confié à Pierre Vastel (dit « Paul »), qui a une cachette sûre pour le matériel : un caveau du cimetière. Le jeune frère de Juliette, Pierre (fils) Rouxel, étudiant, distribue des tracts jusqu’en janvier 1941, où il est arrêté par la police française avec deux ou trois autres camarades[1] : six mois de centrale à Caen, puis à Falaise. Juliette, en contact avec le partisan caennais Roger Bastion, vient l’attendre à sa sortie de prison car les nazis aussi sont là, postés à l’arrêt du bus, avertis par les autorités de Vichy d’une libération de « politiques » ; ils sont venus les rafler pour les emmener dans un camp. Juliette devance les Allemands et s’enfuit avec son frère, grâce aux vélos qu’elle et ses amis ont amenés.

Elle convoie en outre des écrits antinazis, destinés aux soldats allemands, rédigés dans leur langue par deux réfugiés politiques allemands. Ces réfugiés, qui avaient fui le régime hitlérien, sont hébergés à Équeurdreville, par Marie et Pierre Rouxel et par Marie Lesage. De tels écrits seront imprimés, en d’autres circonstances, en d’autres lieux en liaison avec les exilés allemands engagés dans les FTP et diffusés par les soldaten komitees clandestins de la Wehrmacht (archives d'André et de Juliette Defrance).

Elle adhère au Front national de lutte pour l'indépendance de la France dès la création de ce mouvement en mai 1941, fait passer les mots d’ordre, assure des liaisons entre les différents comités et les responsables départementaux et nationaux, héberge et nourrit les combattants clandestins, fait la « navette » pour prévenir les partisans quand leur « planque » est tombée.

Lors de l’été 1941, Juliette doit quitter son domicile d’Équeurdreville et se réfugier au moulin de Gonneville, près de Bricquebec, où elle poursuit ses activités patriotiques. Son mari André Defrance est dans la clandestinité.

Juliette Defrance et Yvette Sémard au camp de Mérignac. Nov. 1943.

Le 30 octobre 1941, son domicile provisoire ayant été « donné », des policiers français envoyés par le préfet de la Manche Gaston Mumber, aux ordres de la Gestapo, viennent l'arrêter. Ils l'embarquent dans une voiture avec son fils âgé de 5 ans et demi. Elle va faire trois ans dans les camps d'internement de Vichy, via la prison de Cherbourg. Elle est d’abord internée à Châteaubriant (Loire-Atlantique), où elles sont cinquante femmes par baraque, puis à Aincourt[2] (Seine, aujourd'hui Val-d'Oise), en transit avec des juifs et quelques femmes d’une prison parisienne, à Gaillon (Eure), où des gendarmes et des femmes très durs les gardent, et enfin à Monts-La Lande[3], près de Tours (Indre-et-Loire), où Juliette Defrance et ses camarades sont si mal nourries qu’elles manifestent. Elle est transférée avec vingt-quatre autres « fortes têtes »[2] au camp de représailles de Mérignac (Gironde), d’où partent des convois pour les camps d’Allemagne.Libérée par un groupe de FFI le 22 août 1944, elle apporte alors son concours aux FTP-MOI [4], à Bordeaux.

De retour à Équeurdreville, Juliette Defrance devient adjointe au maire lors des élections municipales de 1945, elle est ainsi parmi les premières femmes en France à accéder à cette fonction. Ce n'est qu'en juin de cette même année qu'elle retrouve enfin son mari, rescapé des camps de concentration. Elle exerce son métier d'institutrice jusqu'à sa retraite en 1974.

Hommages

Bustes de Juliette et d'André Defrance à Équeurdreville-Hainneville, par Xavier Gonzalès.

Une allée d'Équeurdreville-Hainneville porte les noms d'André et de Juliette Defrance. En 2011, deux sculptures à leur effigie, oeuvre de l'artiste Xavier Gonzales, y ont été inaugurées.

Distinctions

  • Croix du Combattant Volontaire de la Résistance
  • Médaille de l'Emprisonnement pour faits de Résistance
  • Médaille de la Reconnaissance Républicaine des Mérites Civiques et Militaires

Source

Archives personnelles de Juliette Defrance

Ministère des ACVG : dossier de Juliette Defrance, internée-résistante

Notes et références

  1. Comme le comité antifasciste Amsterdam-Pleyel, animé par Marie et Pierre Rouxel, mère et beau-père de Juliette, instituteurs à Équeurdreville
  2. Les vingt-cinq « meneuses » transférées à Mérignac : Bachelier née Delalande Léa, dite Lucienne, Barette Paulette, Blanchi née Plaster Sonia, Bouhours Simone, Borgna née Bontemps Yvonne, Brunschwig Jeanne, Cabos née Schmilt Élise, dite Christiane, Clément Raymonde, Defrance née Munsch Juliette, Veron Eugénie, les soeur De Pryck Jeanne et Lucette, Faiz née Giraud Marcelle, Flavien née Buffard Marguerite, François née Tabuto Gabrielle, Gelfmann née Bardon Marie, Gillet née Buttigheffer Marie, Lecland-Nilès Odette, Mercusot Hermance, Mivière née Escriva Lucienne, Renard née Le Jaouc Marguerite, Rolinni née Zaidmann Berthe, Sémard Yvette, RamilWinter née Greiffer Anne. Marguerite Buffard s’évade en décembre 1943 et rejoint la Résistance à Lyon. Agent des FTP, dénoncée, elle est arrêtée par la Milice le 10 juin 1944. Le 13 juin, par crainte de parler sous la torture, elle se défenestre du siège de la Milice et meurt sans avoir parlé. (D’après Marguerite de Christian Langeois. Éditions le cherche midi).

Bibliographie

  • Yvette Sémard, En souvenir de l'avenir, Éditions l'Arbre Verdoyant, Montreuil-sous-Bois, 1991
  • Antoine Porcu, Héroïques, Femmes en Résistance, Geai bleu éditions, 2006
  • Collège Paul-Verlaine d'Évrecy, Résistance au féminin, éditions Les Cahiers du Temps, Cabourg, 2008