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Gare maritime de Cherbourg (1933)

De Wikimanche

La gare maritime de Cherbourg est un bâtiment de style Art déco situé à Cherbourg-Octeville, par lequel transitaient les voyageurs embarquant ou débarquant sur les paquebots des lignes transatlantiques. Le bâtiment n'est utilisé aujourd'hui que pour les paquebots de croisière. Il abrite aussi, dans sa partie ouest, la Cité de la Mer, vaste musée maritime ouvert en 2002.

Histoire

La première gare maritime.

Le lancement puis l'essor des lignes maritimes à travers l'océan Atlantique offrent à Cherbourg l'occasion de jouer un rôle économique de premier plan. Les premiers paquebots font escale au large. Des transbordeurs assurent le convoyage des passagers à terre. Au début, les passagers sont accueillis sous une simple tente [1]. Mais la nécessité de doter le port d'une gare maritime s'impose rapidement. En 1905, on construit un bâtiment en bois, quai de l'Ancien-arsenal. La première véritable gare maritime est construite est inaugurée le 3 juillet 1912. Quelques semaines plus tôt, le 10 avril, le Titanic a fait escale sur rade.

La deuxième gare maritime.

Le trafic transatlantique se développe rapidement. Sous l'impulsion de Camille Th. Quoniam, alors président de la Chambre de commerce locale, le remplacement de la gare maritime est décidé. L'emplacement retenu est la plage de l'ancien casino, où doit être également construit un quai en eau profonde pour permettre un accostage à toute heure. La nouvelle gare maritime sera plus grande, plus moderne, plus luxueuse et mieux adaptée aux besoins. Sa conception est confiée à l'architecte René Levavasseur, qui imagine un bâtiment de 25 000 m² au sol et de 280 m de long. La décoration est réalisée par Marc Simon. La construction proprement dite commence en 1927. L'inauguration a lieu le 30 juillet 1933. Le président de la République en personne, Albert Lebrun, fait le déplacement spécialement pour l'occasion [2]. Le train venu de Paris arrive directement dans la gare ferroviaire qui a été incluse dans le bâtiment.

Le 18 juin 1934, un premier accostage a lieu au quai de France, celui du paquebot allemand Bremen.

Quelques jours après le débarquement allié en Normandie, l'amiral allemand Walter Hennecke, commandant la place de Cherbourg, fait dynamiter les installations portuaires, dont une partie de la gare maritime, notamment son emblématique campanile, la halle des trains et son grand salon (le 23) [3].

La reconstruction commence peu de temps après la libération de Cherbourg. Elle se poursuit jusqu'en 1952. Le 29 mai, Antoine Pinay, alors président du Conseil, vient présider à la remise en service des bâtiments. Le Queen Mary fait ce jour là un retour salué par la population.

Mais le trafic maritime transatlantique, concurrencé par le développement des lignes commerciales aériennes, connaît une baisse spectaculaire. Le nombre d'escales est en chute libre. Grâce à la Cunard Line, le Queen Mary et le Queen Elizabeth entretiennent un temps l'illusion. Après leur retrait, le Queen Elizabeth 2 donne encore son utilité à la gare maritime. Mais plus pour longtemps. Les escales se font de plus en plus rares. La dernière ligne régulière disparaît. Il ne reste plus que les escales des bateaux de croisière.

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Le terminal crosières, pendant l'escale du Queen Victoria

La gare maritime sombre dans l'ennui. Certains imaginent de la détruire pour faire de la place. La chambre de commerce commence même à mettre à exécution son projet. En avril 1979, les pelleteuses commencent à couper les ailes du bâtiment, sa grande galerie qui court tout le long du quai de France. Heureusement, quelques nostalgiques de « l'épopée transatlantique » se regroupent pour tenter d'empêcher la poursuite du massacre. Ils créent en 1988 l'Association des amis de la gare maritime. La démolition est arrêtée. Mieux, la réhabilitation du bâtiment est décidée. En 1989, l'édifice, ou du moins ce qu'il en reste, est sauvé par son inscription à l'Inventaire des monuments historiques (IMH). Une partie des bâtiments est réhabilitée. La salle des douanes retrouve son lustre en 2004, puis un terminal voyageurs en 2006. Un grand musée maritime y est également créé en 2002. La Cité de la Mer trouve là un abri correspondant à son ambition de drainer chaque année vers Cherbourg des milliers de touristes.

Bibliographie

Livres
  • Gérard Destrais, La Gare maritime de Cherbourg, éd. Isoète, 2002
Articles
  • Jean-Louis Libourel, « Notre-Dame des Queens », Monuments historiques, n° 159, octobre-novembre 1988
  • Benoît Hopkin, « Rêveries de pas perdus en gare de Cherbourg », Le Monde, 24 mars 2005

Voir aussi

Lien internes

Liens externes

Références

  1. La Manche au passé et au présent, éd. Manche-Tourisme, 1984
  2. L'Illustration, n° 4718, 5 août 1933
  3. Raymond Lefèvre, La Libération de Cherbourg, Imprimerie commerciale, Cherbourg, 1946