« Carotte de Créances » : différence entre les versions
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La culture, qui remonterait au XIII{{e}} siècle<ref name=LPDLM1>« 24{{e}} fête de la carotte samedi à Créances », ''La Presse de la Manche'', 7 août 2014</ref>, est faite dans un sol sablonneux, un mode de production original qui donne à la carotte de Créances un goût particulier, très apprécié des gastronomes. | La culture, qui remonterait au XIII{{e}} siècle <ref name=LPDLM1>« 24{{e}} fête de la carotte samedi à Créances », ''La Presse de la Manche'', 7 août 2014.</ref>, est faite dans un sol sablonneux, un mode de production original qui donne à la carotte de Créances un goût particulier, très apprécié des gastronomes. | ||
Depuis [[1960]], elle bénéficie de l'appellation d'origine contrôlée « Carotte des sables de Créances AOC », et d'un label rouge depuis [[1962]]. | Depuis [[1960]], elle bénéficie de l'appellation d'origine contrôlée « Carotte des sables de Créances AOC », et d'un label rouge depuis [[1962]]. | ||
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La légende affirme que la culture de la carotte de Créances a été entreprise dans les bancs de sable de la presqu’île cotentinoise par un « cadet de Normandie » qui, faute d’avoir hérité d’aucune terre, tenta, en désespoir de cause, d’utiliser les sables du bassin comme terre et les algues marines comme engrais. | La légende affirme que la culture de la carotte de Créances a été entreprise dans les bancs de sable de la presqu’île cotentinoise par un « cadet de Normandie » qui, faute d’avoir hérité d’aucune terre, tenta, en désespoir de cause, d’utiliser les sables du bassin comme terre et les algues marines comme engrais. | ||
À l'été [[2018]], les producteurs se voient interdire d'utiliser un pesticide, le dichloropropène, pour lequel ils disposaient d'une dérogation depuis dix ans <ref name=OF1>Mathieu Charrier, « Les producteurs de carottes de Créances sont inquiets », ''Ouest-France'', site internet, 21 décembre 2018 [https://www.ouest-france.fr/normandie/creances-50710/manche-les-producteurs-de-carottes-decus-par-le-ministere-6145030 ''(lire en ligne)''].</ref>. Ce fumigeant est efficace contre le ver nématode qui s'attaque aux carottes, mais il est classé « cancérigène possible » par l'Union européenne, qui l'a interdit en [[2009]] <ref name=OF1/>. L'application de cette interdiction plonge les producteurs dans une crise sévère : le rendement tombe de {{unité|60|tonnes}} à l'hectare à {{unité|10|t}} et plusieurs exploitations doivent fermer <ref>Isabelle Bordes, « Carotte de sable de Créances : les producteurs toujours sur le fil », ''Ouest-France'', site internet, 6 octobre 2019. </ref>. En juillet [[2020]], le ministère de l'Agriculture indique qu'il a provisionné un million d'euros pour venir en aide aux producteurs ayant subi en [[2018]] une baisse de leur chiffre d'affaires supérieure à 30 % <ref>« Carottes de Créances : un million d'euros d'aides », ''Ouest-France'', 22 juillet 2020. </ref>. En juillet [[2021]], le Conseil d'État confirme la condamnation de cinq producteurs à détruire leurs stocks de carottes considérés comme impropres à la consommation <ref>Frédérique Jourdaa, « Les carottes de Créances seront détruites », ''Ouest-France'', 17-18 juillet 2021. </ref>. Le [[1er septembre|{{1er}}]] septembre 2021, le [[Tribunal de grande instance de Coutances]] condamne huit producteurs de carottes de la région de [[Créances]] et leurs trois intermédiaires à des amendes allant de {{unité|10000|€}} à {{unité|80000|€}} pour avoir utilisé, entre février [[2018]] et novembre [[2020]], {{unité|100|tonnes}} d'un pesticide interdit importé d'Espagne <ref name=AFP1>« Jusqu'à 80 000 euros d'amende pour trafic d'un pesticide interdit », ''AFP'', {{1er}} septembre 2021, 17 h 15. </ref>. Le [[10 février]] [[2023]], la Cour d'appel de Caen prononce des peines d'amende allant de {{unité|10000|€}} à {{unité|50000|€}}, avec des sursis partiels <ref name=OF2>Benoît Lascoux, « Carottes de Créances : prison avec sursis », ''Ouest-France'', 11-12 février 2023. </ref>. L'importateur du dichloropropène voit, lui, sa peine aggravée : à l'amende de {{unité|50000|€}} s'ajoute une peine de six mois de prison avec sursis <ref name=OF2/>. Le [[25 septembre]] [[2023]], le Tribunal administratif de Paris rejette les requêtes du Syndicat des producteurs de carottes de Créances qui sollicitait une condamnation de l'État pour le préjudice de réputation porté à ses membres et réclamait {{unité|186000|€}} de dommages et intérêts <ref>« Nouvelle déconvenue pour les producteurs de carottes des sables », ''La Presse de la Manche'', 11 novembre 2023. </ref>. Le [[23 avril]] [[2024]], la Cour de cassation rejette le pourvoi des 12 producteurs condamnés en 2023 <ref>Davy Delmotte, « C'est terminé pour les producteurs , le pourvoi en cassation rejeté" », ''Tendance Ouest'', site internet, 24 avril 2024. </ref>. | |||
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La carotte de Créances est une variété de carottes de la Manche cultivée à Créances.
La culture, qui remonterait au XIIIe siècle [1], est faite dans un sol sablonneux, un mode de production original qui donne à la carotte de Créances un goût particulier, très apprécié des gastronomes.
Depuis 1960, elle bénéficie de l'appellation d'origine contrôlée « Carotte des sables de Créances AOC », et d'un label rouge depuis 1962.
Un syndicat, créé à l'initiative de Victor Letouzey, regroupe la plupart des producteurs [2].
Un mode de production original
La carotte de Créances est cultivée dans les mielles aux sols sablonneux composés d’alluvions. Elle jouit ainsi, tout à la fois, d'un sol léger et fertile, de la douceur marine et du vent du large chargé d'embruns que viennent enrichir les apports du varech servant d’engrais végétal naturel.
Elle pousse « de fin août à octobre, mais ne récolte que de... janvier à mars » [3]. Sa conservation est assurée par un paillage des parcelles permettant de maintenir les racines en terre tout en les protégeant du froid. C'est cette récolte de dernière minute garantissant une fraîcheur et une qualité optimales qui fait qu'elle est dite « sans cœur » parce que sans centre fibreux. Pour les carottes non lavées, la récolte est réalisée manuellement et le conditionnement est effectué au champ.
Toutes ces conditions se réunissent pour produire une carotte richement iodée, d’un orange profond et d'une saveur incomparable. Elle est disponible d’août à avril.
La légende affirme que la culture de la carotte de Créances a été entreprise dans les bancs de sable de la presqu’île cotentinoise par un « cadet de Normandie » qui, faute d’avoir hérité d’aucune terre, tenta, en désespoir de cause, d’utiliser les sables du bassin comme terre et les algues marines comme engrais.
À l'été 2018, les producteurs se voient interdire d'utiliser un pesticide, le dichloropropène, pour lequel ils disposaient d'une dérogation depuis dix ans [4]. Ce fumigeant est efficace contre le ver nématode qui s'attaque aux carottes, mais il est classé « cancérigène possible » par l'Union européenne, qui l'a interdit en 2009 [4]. L'application de cette interdiction plonge les producteurs dans une crise sévère : le rendement tombe de 60 tonnes à l'hectare à 10 t et plusieurs exploitations doivent fermer [5]. En juillet 2020, le ministère de l'Agriculture indique qu'il a provisionné un million d'euros pour venir en aide aux producteurs ayant subi en 2018 une baisse de leur chiffre d'affaires supérieure à 30 % [6]. En juillet 2021, le Conseil d'État confirme la condamnation de cinq producteurs à détruire leurs stocks de carottes considérés comme impropres à la consommation [7]. Le 1er septembre 2021, le Tribunal de grande instance de Coutances condamne huit producteurs de carottes de la région de Créances et leurs trois intermédiaires à des amendes allant de 10 000 € à 80 000 € pour avoir utilisé, entre février 2018 et novembre 2020, 100 tonnes d'un pesticide interdit importé d'Espagne [8]. Le 10 février 2023, la Cour d'appel de Caen prononce des peines d'amende allant de 10 000 € à 50 000 €, avec des sursis partiels [9]. L'importateur du dichloropropène voit, lui, sa peine aggravée : à l'amende de 50 000 € s'ajoute une peine de six mois de prison avec sursis [9]. Le 25 septembre 2023, le Tribunal administratif de Paris rejette les requêtes du Syndicat des producteurs de carottes de Créances qui sollicitait une condamnation de l'État pour le préjudice de réputation porté à ses membres et réclamait 186 000 € de dommages et intérêts [10]. Le 23 avril 2024, la Cour de cassation rejette le pourvoi des 12 producteurs condamnés en 2023 [11].
Superficie
La culture de la carotte de Créances couvre une superficie de 1 100 hectares et mobilise 700 producteurs [12]. Selon Alain Jacquet, responsable local de l'Inao, « en 1950, les cultures s'étendaient sur 6 000 ha » [3].
Production
En 1982, la carotte constitue 70 % de la production légumière de Créances, « soit 20 000 tonnes par an » [13]. En 2014, les 50 000 tonnes produites à Créances représentent la moitié de la production de la Manche [1].
Cuisine
- « Cuisinée pour elle-même, en potage, sautée, braisée ou même râpée, elle accompagne à merveille l'agneau de pré-salé » [14]. Voir la liste des recettes pour quelques-unes.
Confrérie
Fondée en 1996, la confrérie des « Mouôgeous d'carottes » promeut la consommation du célèbre légume. Elle participe chaque année à Créances à la Fête de la carotte de Créances et intronise de nouveaux chevaliers. Ses membres sont vêtus d'une robe orange et d'un chapeau vert. Ils doivent prêter serment en public « de défendre partout et en tous temps la bonne et brave carotte de Créances » [15].
La fête de la carotte réunit en août 350 exposants et 30 000 visiteurs[1].
Notes et références
- ↑ 1,0 1,1 et 1,2 « 24e fête de la carotte samedi à Créances », La Presse de la Manche, 7 août 2014.
- ↑ « Les Années 60 en Manche », Ouest-France, hors-série, sd.
- ↑ 3,0 et 3,1 Périco Légasse, « La carotte de Créances se cache pour mûrir », Marianne, n° 748, 20-26 août 2011, p. 86.
- ↑ 4,0 et 4,1 Mathieu Charrier, « Les producteurs de carottes de Créances sont inquiets », Ouest-France, site internet, 21 décembre 2018 (lire en ligne).
- ↑ Isabelle Bordes, « Carotte de sable de Créances : les producteurs toujours sur le fil », Ouest-France, site internet, 6 octobre 2019.
- ↑ « Carottes de Créances : un million d'euros d'aides », Ouest-France, 22 juillet 2020.
- ↑ Frédérique Jourdaa, « Les carottes de Créances seront détruites », Ouest-France, 17-18 juillet 2021.
- ↑ « Jusqu'à 80 000 euros d'amende pour trafic d'un pesticide interdit », AFP, 1er septembre 2021, 17 h 15.
- ↑ 9,0 et 9,1 Benoît Lascoux, « Carottes de Créances : prison avec sursis », Ouest-France, 11-12 février 2023.
- ↑ « Nouvelle déconvenue pour les producteurs de carottes des sables », La Presse de la Manche, 11 novembre 2023.
- ↑ Davy Delmotte, « C'est terminé pour les producteurs , le pourvoi en cassation rejeté" », Tendance Ouest, site internet, 24 avril 2024.
- ↑ Armand Frémont, Atlas et géographie de la Normandie, éd. Flammarion, 1977.
- ↑ Palema Curie, « Créances, le pays où la carotte est reine », Normandie Magazine, n° 1, septembre 1982.
- ↑ Périco Légasse, Marianne, n° 700, 18-24 septembre 2010.
- ↑ Alain-François Lesacher, La Manche, une aventure humaine, éd. Ouest-France, 2006.
Lien interne
- Néel & fils : producteur de légumes à Créances.