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Rapport sur l'état de la Manche (1801)

De Wikimanche

Le rapport sur l'état de la Manche est une note consacrée à la Manche extraite d'un rapport sur l'état de la France du début de l'année 1801.

Texte

« Esprit public. La disposition des esprits était excellente avant l'arrivée du préfet. Son éloignement peut seul la remettre dans cette situation.
Ministres du culte. Soutenus par le préfet, ils prêchent publiquement contre la République, damnent les acquéreurs de biens nationaux, annoncent le retour de la monarchie, et proscrivent jusqu'aux pères et mères qui n'ont pas fait leurs efforts pour empêcher leurs enfants de se ranger sous les drapeaux républicains[1].
Préfet (Magnytot, puis Montalivet). Le citoyen Magnytot est fortement accusé par les citoyens Engerran, Bitouzé-Lignères, et par les auteurs des réponses). Il est défendu par le citoyen Perrée, tribun. Les chefs d'accusation sont d'avoir attaqué les institutions républicaines, particulièrement dans l'établissement des foires et marchés, d'avoir accordé toute protection aux prêtres insoumis, d'avoir donné une réponse favorable à un mémoire de l'ex-comte de Montcarville , qui accusait le calendrier républicain d'absurdité, et qui traitait de tyranniques les lois qui exigent des prêtres un acte de soumission aux lois. On reproche enfin au citoyen Magnytot de s'entourer exclusivement des émigrés et de leurs parents.
Sous préfets (Avranches : Lehurey ; Coutances : Frémin-Beaumont ; Mortain : Pallix-Deschamps ; Valognes : Maignen). On croit que sous un bon préfet ils administreraient bien ; on observe que la plupart des maires sont antirépublicains.
Émigrés non rayés ou qui n'ont point de surveillance. La plupart des émigrés ci-devant domiciliés dans ce département y sont rentrés. On cite l'ex-marquis de Sainte-Suzanne, Franconnier, Berneville, Leroudeville, Gigan Billefont, Darville fils, Carneville Lefort, Granval, Regnouf, Derins, les fils du marquis Duquesnoy. Ils intriguent par le moyen des prêtres et organisent les vols et assassinats qui troublent ce département.
Émigrés rayés ou en surveillance. On ne leur reproche point de violences ; mais il font cause commune avec les émigrés non rayés et sans surveillance, et leurs mauvaises intentions sont évidentes. »

Notes et références

  1. Vœu du Conseil général du département de la Manche : « La philosophie n'éclaire qu'un bien petit nombre d'hommes, et elle égare les autres ; la religion seule peut créer et épurer les mœurs ».

Source

F.-A. Aulard, L'état de la France en l'an VIII et en l'an IX. Paris, au siège de la Société, 1897