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Enrôlé le 24 février [[1848]] sur la barricade de la rue de Rivoli, il est proclamé commandant, recevant avant de le congédier Odilon Barrot, puis pénètre parmi les premiers dans le Palais des Tuileries.
Enrôlé le 24 février [[1848]] sur la barricade de la rue de Rivoli, il est proclamé commandant, recevant avant de le congédier Odilon Barrot, puis pénètre parmi les premiers dans le Palais des Tuileries.


Il reprend ses créations en [[1850]], soutenu par une subvention annuelle de 600 francs versée pendant trois par le [[conseil général de la Manche]] et doublée par le [[canton de Canisy|conseiller général de Canisy]], [[Alexis-Félix Sanson-Lavalesquerie]]. Au terme de cette pension, l'assemblée départementale lui commande un buste en marbre de l'[[amiral de Tourville]].  
Il reprend ses créations en [[1850]], soutenu par une subvention annuelle de 600 francs versée pendant trois par le [[conseil général de la Manche]] et doublée par le [[canton de Canisy|conseiller général de Canisy]], [[Félix Samson-La Valesquerie]]. Au terme de cette pension, l'assemblée départementale lui commande un buste en marbre de l'[[amiral de Tourville]].  


En [[1852]], le conseil municipal de Cherbourg décide d'édifier une statue de Napoléon. Le Véel fait une proposition début [[1853]], qui n'aboutit finalement que le 25 avril [[1855]]. Entre temps, dans un atelier sur l'île aux cygnes offert par la direction des Beaux-Arts, il s'exerce aux statues équestres avec deux ''Charlemagne'' et un ''Bonaparte en Italie''.  
En [[1852]], le conseil municipal de Cherbourg décide d'édifier une statue de Napoléon. Le Véel fait une proposition début [[1853]], qui n'aboutit finalement que le 25 avril [[1855]]. Entre temps, dans un atelier sur l'île aux cygnes offert par la direction des Beaux-Arts, il s'exerce aux statues équestres avec deux ''Charlemagne'' et un ''Bonaparte en Italie''.  
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Le 21 juillet [[1858]], la statue de Napoléon arrive par le train à l'occasion de la visite de Napoléon III et de l'impératrice Eugénie, que Le Véel avait rencontrée en [[1852]], quand elle n'était que Mademoiselle de Montijo, et qu'il devait faire son buste. Le couple impérial est venu pour l'inauguration de la [[Ligne Paris-Cherbourg|ligne Caen-Cherbourg]], le lancement du ''Ville de Nantes'', et l'immersion du bassin du [[Port militaire de Cherbourg|port militaire]]. Mais l'inauguration de la statue n'est pas un souhait de Napoléon III, qui engage un rapprochement diplomatique avec le Royaume-Uni. Elle est donc reléguée au dernier jour du séjour impérial, une fois la reine d'Angleterre repartie. Ce qui devait être le sacre de Le Véel est donc rapidement expédié, et le statuaire n'est pas décoré de la Légion d'honneur, contrairement à ses espoirs et à ceux du maire [[Joseph Ludé]].  
Le 21 juillet [[1858]], la statue de Napoléon arrive par le train à l'occasion de la visite de Napoléon III et de l'impératrice Eugénie, que Le Véel avait rencontrée en [[1852]], quand elle n'était que Mademoiselle de Montijo, et qu'il devait faire son buste. Le couple impérial est venu pour l'inauguration de la [[Ligne Paris-Cherbourg|ligne Caen-Cherbourg]], le lancement du ''Ville de Nantes'', et l'immersion du bassin du [[Port militaire de Cherbourg|port militaire]]. Mais l'inauguration de la statue n'est pas un souhait de Napoléon III, qui engage un rapprochement diplomatique avec le Royaume-Uni. Elle est donc reléguée au dernier jour du séjour impérial, une fois la reine d'Angleterre repartie. Ce qui devait être le sacre de Le Véel est donc rapidement expédié, et le statuaire n'est pas décoré de la Légion d'honneur, contrairement à ses espoirs et à ceux du maire [[Joseph Ludé]].  


Le Véel met cette absence de distinction sur le compte de son passé de révolutionnaire en 1848. Pourtant, il est décoré en 1863. Il est plus probable que son caractère peu négociant avec les pouvoirs, s'absentant par exemple quand l'empereur visite son atelier, où refusant de faire évoluer ses projets en fonction des remarques des commanditaires, n'ait pas favorisé son appartenance aux milieux officiels et les commandes publiques. Il reçoit toutefois plusieurs commandes de plâtres, bronzes, et statues de pierre, particulièrement dans son département. Il réalise notamment un ''[[Tancrède de Hauteville]]'' en pierre pour la [[Cathédrale Notre-Dame de Coutances|cathédrale de Coutances]], et des bronzes de ''Jeanne d'Arc''. En [[1870]], il est l'un des onze membres de la commission chargée sous la présidence de Courbet, de sauver les œuvres d'art d'un Paris au bord d'être assiégé par les Prussiens, et refuse que l'on démolisse la colonne Vendôme.  
Le Véel met cette absence de distinction sur le compte de son passé de révolutionnaire en [[1848]]. Pourtant, il est décoré en [[1863]]. Il est plus probable que son caractère peu négociant avec les pouvoirs, s'absentant par exemple quand l'empereur visite son atelier, où refusant de faire évoluer ses projets en fonction des remarques des commanditaires, n'ait pas favorisé son appartenance aux milieux officiels et les commandes publiques. Il reçoit toutefois plusieurs commandes de plâtres, bronzes, et statues de pierre, particulièrement dans son département. Il réalise notamment un ''[[Tancrède de Hauteville]]'' en pierre pour la [[Cathédrale Notre-Dame de Coutances|cathédrale de Coutances]], et des bronzes de ''Jeanne d'Arc''. En [[1870]], il est l'un des onze membres de la commission chargée sous la présidence de Courbet, de sauver les œuvres d'art d'un Paris au bord d'être assiégé par les Prussiens, et refuse que l'on démolisse la colonne Vendôme.  


Il se retire en septembre [[1882]] à Cherbourg, et cesse de créer. Après avoir offert plusieurs œuvres à la ville dont elle prend la charge de la fonte, il est nommé conservateur du [[musée Thomas-Henry]], et milite pour que les collections trouvent abri dans un nouveau bâtiment dédié. Le 7 mai [[1899]], il assiste à Orléans à l'inauguration de la statue de Jeanne d'Arc qu'il a offerte à l'évêché.  
Il se retire en septembre [[1882]] à Cherbourg, et cesse de créer. Après avoir offert plusieurs œuvres à la ville dont elle prend la charge de la fonte, il est nommé conservateur du [[musée Thomas-Henry]], et milite pour que les collections trouvent abri dans un nouveau bâtiment dédié. Le 7 mai [[1899]], il assiste à Orléans à l'inauguration de la statue de Jeanne d'Arc qu'il a offerte à l'évêché.  


Retiré rue du Maupas à Cherbourg, il meurt le 26 juillet 1905, et lègue sa collection d'œuvres d’art et d’antiquités (tapisseries, armes, mobilier…) à la ville de Cherbourg, exposé pendant un demi-siècle dans le pavillon Ouest du théâtre, avant d'être regroupée avec ses œuvres, au sein du musée Thomas-Henry. Plusieurs de ses œuvres sont également exposées au musée des Beaux-Arts de Bordeaux. De la statue de Jeanne d'Arc à Orléans, n'a été sauvé que la tête lors de l'Occupation.
Retiré rue du Maupas à Cherbourg, il meurt le 26 juillet [[1905]], et lègue sa collection d'œuvres d’art et d’antiquités (tapisseries, armes, mobilier…) à la ville de Cherbourg, exposé pendant un demi-siècle dans le pavillon Ouest du théâtre, avant d'être regroupée avec ses œuvres, au sein du [[musée Thomas-Henry]]. Plusieurs de ses œuvres sont également exposées au musée des Beaux-Arts de Bordeaux. De la statue de Jeanne d'Arc à Orléans, n'a été sauvé que la tête lors de l'Occupation.


Ami de [[Jules Barbey d'Aurevilly]], il s'était marié en [[1855]] à Eugénie Feuchère, fille du sculpteur [[Jean-Jacques Feuchère]].
Ami de [[Jules Barbey d'Aurevilly]], il s'était marié en [[1855]] à Eugénie Feuchère, fille du sculpteur [[Jean-Jacques Feuchère]].

Version du 30 janvier 2010 à 19:04

Autoportrait.

Armand Jules Le Véel est un sculpteur né le 27 janvier 1821 à Bricquebec et décédé le 26 juillet 1905 à Cherbourg.

Son œuvre la plus célèbre est la statue équestre de Napoléon Ier, inaugurée à Cherbourg en 1858. Il fut également collectionneur averti d'antiquités.

Biographie

Statue équestre de Napoléon Ier

Fils de commerçants, il est l'aîné d'une famille modeste de 13 enfants. Au collège de Valognes à partir 1830 pour faire ses humanités, puis à celui de Cherbourg, il révèle un intérêt pour le dessin. Mais à seize ans et demi, ses parents l'envoient comme commis épicier à Rouen, où il passe trois ans, sans y trouver le goût du commerce.

Le 14 décembre 1840, à 19 ans, il s'installe à Paris pour exercer son art, sans ressource. Il vit d'emplois divers, et fabrique pour les frères Susse des produits pour la confection des statuettes de plâtre en vogue à l'époque.

Il rencontre le sculpteur Auguste Poitevin, élève de François Rude, qui le fait entrer en 1845 dans l'atelier du maître, ancien de l'atelier de David d'Angers. Il y côtoie Frémiet et Carpeaux. Il réalise ses premières œuvres, une série de six statuettes de personnages en plâtres dédiés à l'histoire de France dont Le Ligueur, Le Huguenot, et Le Représentant du peuple aux Armées, dit Vox populi, censuré.

Enrôlé le 24 février 1848 sur la barricade de la rue de Rivoli, il est proclamé commandant, recevant avant de le congédier Odilon Barrot, puis pénètre parmi les premiers dans le Palais des Tuileries.

Il reprend ses créations en 1850, soutenu par une subvention annuelle de 600 francs versée pendant trois par le conseil général de la Manche et doublée par le conseiller général de Canisy, Félix Samson-La Valesquerie. Au terme de cette pension, l'assemblée départementale lui commande un buste en marbre de l'amiral de Tourville.

En 1852, le conseil municipal de Cherbourg décide d'édifier une statue de Napoléon. Le Véel fait une proposition début 1853, qui n'aboutit finalement que le 25 avril 1855. Entre temps, dans un atelier sur l'île aux cygnes offert par la direction des Beaux-Arts, il s'exerce aux statues équestres avec deux Charlemagne et un Bonaparte en Italie.

Le 18 août 1857, il sert de guide à la reine Victoria d'Angleterre pour une visite privée à Bricquebec [1].

L'inauguration de la statue le 8 août 1858 (gravure de Gaildreau).

Le 21 juillet 1858, la statue de Napoléon arrive par le train à l'occasion de la visite de Napoléon III et de l'impératrice Eugénie, que Le Véel avait rencontrée en 1852, quand elle n'était que Mademoiselle de Montijo, et qu'il devait faire son buste. Le couple impérial est venu pour l'inauguration de la ligne Caen-Cherbourg, le lancement du Ville de Nantes, et l'immersion du bassin du port militaire. Mais l'inauguration de la statue n'est pas un souhait de Napoléon III, qui engage un rapprochement diplomatique avec le Royaume-Uni. Elle est donc reléguée au dernier jour du séjour impérial, une fois la reine d'Angleterre repartie. Ce qui devait être le sacre de Le Véel est donc rapidement expédié, et le statuaire n'est pas décoré de la Légion d'honneur, contrairement à ses espoirs et à ceux du maire Joseph Ludé.

Le Véel met cette absence de distinction sur le compte de son passé de révolutionnaire en 1848. Pourtant, il est décoré en 1863. Il est plus probable que son caractère peu négociant avec les pouvoirs, s'absentant par exemple quand l'empereur visite son atelier, où refusant de faire évoluer ses projets en fonction des remarques des commanditaires, n'ait pas favorisé son appartenance aux milieux officiels et les commandes publiques. Il reçoit toutefois plusieurs commandes de plâtres, bronzes, et statues de pierre, particulièrement dans son département. Il réalise notamment un Tancrède de Hauteville en pierre pour la cathédrale de Coutances, et des bronzes de Jeanne d'Arc. En 1870, il est l'un des onze membres de la commission chargée sous la présidence de Courbet, de sauver les œuvres d'art d'un Paris au bord d'être assiégé par les Prussiens, et refuse que l'on démolisse la colonne Vendôme.

Il se retire en septembre 1882 à Cherbourg, et cesse de créer. Après avoir offert plusieurs œuvres à la ville dont elle prend la charge de la fonte, il est nommé conservateur du musée Thomas-Henry, et milite pour que les collections trouvent abri dans un nouveau bâtiment dédié. Le 7 mai 1899, il assiste à Orléans à l'inauguration de la statue de Jeanne d'Arc qu'il a offerte à l'évêché.

Retiré rue du Maupas à Cherbourg, il meurt le 26 juillet 1905, et lègue sa collection d'œuvres d’art et d’antiquités (tapisseries, armes, mobilier…) à la ville de Cherbourg, exposé pendant un demi-siècle dans le pavillon Ouest du théâtre, avant d'être regroupée avec ses œuvres, au sein du musée Thomas-Henry. Plusieurs de ses œuvres sont également exposées au musée des Beaux-Arts de Bordeaux. De la statue de Jeanne d'Arc à Orléans, n'a été sauvé que la tête lors de l'Occupation.

Ami de Jules Barbey d'Aurevilly, il s'était marié en 1855 à Eugénie Feuchère, fille du sculpteur Jean-Jacques Feuchère.

Sources

Bibliographie

  • Armand Le Véel, « Histoire d'une statue », Cherbourg et le Cotentin, Le Maout, 1905
  • Armand Le Véel, « La vie d'artiste sous le Second Empire », Mémoires de la Société nationale académique de Cherbourg, vol. 20, 1914
  • Armand Le Véel, La statue Napoléon à Cherbourg, Cahiers culturels de la Manche, 1995
  • Armand Le Véel, de cape et d’épée (catalogue de l’exposition), Musée Thomas-Henry de Cherbourg-Octeville, éd. Le Vent qui passe, 2005

Références

  1. Philippe Bertin, Le Cotentin : ce pays comme une île, éd. Ouest-France, 1996