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Roitelet huppé

De Wikimanche

6 janvier 2016, Le Hutrel à Saint-Lô.

Le roitelet huppé (regulus regulus) est un passereau que l’on peut observer dans la Manche et dans tout l’ouest de la France.

Il appartient à la famille des régulidés, qui comprend six espèces de roitelets. Regulus signifie en latin roi d’un petit état, ce sont donc de très petits oiseaux. Leur bec est fin et étroit.

Description

Pesant entre 5 et 7 grammes, le roitelet huppé est le plus petit oiseau d’Europe. Pour donner un ordre d’idée, une pièce de 50 centimes d’euro pèse… 6 grammes ! Mâle et femelle ont une raie sommitale jaune vif. Le mâle a en outre à l’arrière de la tête une ligne rouge. Parfois, ce cimier peut se gonfler en huppe, d’où l’adjectif « huppé ».

Habitat

Le roitelet huppé vit essentiellement dans les massifs de conifères, avec une prédilection marquée pour les épicéas. Cette préférence dénote d’ailleurs chez ce passereau une grande faculté d’adaptation, car l’épicéa est une essence de reboisement récente. En hiver, le roitelet huppé fréquente les haies et les sous-bois, les feuillus.

Bandeau sans liseré rouge.

Comportements

Cet oiseau manifeste beaucoup d’agilité et de mobilité, il vit dans un mouvement perpétuel, voltigeant de branche en branche, où il peut s’accrocher la tête en bas. Très agité, le roitelet huppé est donc difficile à observer, car il ne reste jamais immobile très longtemps. Il est en outre rarement seul. Et bien sûr sa petite taille le dissimule aux regards. Le grand naturaliste Buffon le signalait déjà : « la plus petite feuille suffit pour le cacher » ! L’hiver est donc la meilleure période pour l’observation des roitelets. Ajoutons que le roitelet ne craint pas l'homme, on peut donc l'approcher.

Régime alimentaire

Le roitelet huppé est presque exclusivement insectivore. Son bec très fin lui permet de sonder les écorces et de capturer très facilement insectes et araignées, qu’il trouve dans les conifères. Insectivore de feuillage, Il se nourrit également de chenilles et d’œufs. En hiver, il trouve au sol des insectes ou même des graines.

Reproduction

La parade nuptiale des roitelets huppés commence fin avril, début mai. Mais les premiers chants des mâles peuvent commencer très tôt, par exemple dès le 16 janvier à Gavray en 2011. Mâle et femelle construisent le plus souvent leur nid à grande hauteur, principalement sur une branche d’épicéa ou de sapin. Le nid est sphérique, avec une petite entrée au sommet, la femelle pondant entre 8 et 11 œufs.

Migrations

Dans nos contrées, le roitelet huppé est sédentaire. Mais des roitelets vivant dans les pays scandinaves peuvent venir hiverner en France, et dans le département de la Manche en particulier. Ainsi, le Groupe ornithologique normand (GONm) a pu relever la présence de cinquante roitelets « nordiques » du 13 au 16 octobre 2010 sur l’île de Chausey. Cela signifie aussi qu’observer des roitelets en hiver dans la Manche ne garantit pas qu’ils soient des « natifs », il peut s’agir d’individus venus de très loin ! En tout cas, ce long voyage de passereaux aussi minuscules ne peut que susciter l‘admiration.

Rôle dans l’écosystème forestier

Selon l’office national des forêts, les populations de roitelets huppés jouent un rôle important dans l’écosystème de nos massifs forestiers. En effet ces insectivores du feuillage, malgré leur petite taille, consomment une énorme quantité de chenilles et d’œufs. Cette prédation permet d’éviter le pullulement des espèces d’insectes majoritaires, favorisant ainsi le maintien des espèces secondaires. Cela contribue à maintenir une biodiversité élevée, indispensable à la bonne santé des forêts.

Populations dans la Manche

Dans le cadre de l’enquête Atlas des oiseaux nicheurs de France, le GONm a pu établir, grâce à un relevé systématique mené pendant quatre ans (2009-2013) une estimation des populations de 77 espèces d’oiseaux en Normandie. Comme c’est le département de la Manche qui a bénéficié du plus grand nombre d’observateurs, on peut affirmer que les chiffres produits constituent une « estimation vraisemblable ».

Le nombre total d’oiseaux observés s’élève à 1 437 612, avec 8 358 individus pour le roitelet huppé. Ce nombre peut paraître dérisoire (0.59 %), mais cet effectif est le 26° de la liste par ordre d’importance, ce passereau n’est donc pas rarissime dans la Manche.

Si on étudie sa densité par milieu, on remarque, sans surprise, que le roitelet huppé a été observé dans 77 % des cas en forêt et 14 % en milieu bocager. Rappelons que la Manche a très peu de massifs forestiers et qu’elle fait partie des dix départements français ayant un taux de boisement inférieur à 10 %. Il est donc logique que les oiseaux arboricoles y soient peu nombreux.

L’Union internationale de la conservation de la nature (UICN) accorde le « statut LC » (espèce non menacée) au roitelet huppé. D’autres relevés plus ponctuels opérés par le GONm dans le département montrent des effectifs relativement stables. Certes cette espèce est très vulnérable lors des hivers très froids, mais si l’hiver est doux (ce qui est de plus en plus fréquent) le taux de reproduction est toujours satisfaisant.

Le roitelet huppé n’a donc pas fini de nous charmer et de nous étonner!

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