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Madame de Mondonville

De Wikimanche

Madame de Mondonville (Jeanne de Juliard de Mondonville à l'état-civil), née à Toulouse (aujourd'hui en Haute-Garonne) en 1624 et morte à Coutances le 4 janvier 1703, est une personnalité catholique de la Manche.

Biographie

Le drame de cette toulousaine a commencé en 1686 : fondatrice de l'Institut des Filles de l'Enfance de Toulouse, Jeanne de Juliard, dame de Mondonville est alors séparée, de manière définitive, des jeunes filles auxquelles elle a consacré sa vie.

Fille aînée de Gilles de Juliard, conseiller au parlement de Toulouse, et de Jeanne de Puymisson, elle se convertit en 1641 : elle est allée écouter les sermons d’un prédicateur oratorien, Jean Le Jeune, le « Père aveugle ». Elle fait un mariage de raison, en 1646, avec Charles de Turle, seigneur de Mondonville, conseiller au parlement de Toulouse.

Veuve en 1653, elle n’a pas enfants. Elle fait la connaissance de Gabriel de Ciron, ecclésiastique en vue, alors que la peste commence à sévir à Toulouse. Elle fonde avec lui l'Institut des Filles de la Sainte Enfance, destiné à accueillir et à éduquer des jeunes filles pauvres.

La nouvelle institution prospère et s'établit dans d'autres villes. Mais, très tôt, la maison est en butte à de nombreuses difficultés, suscitées par les autorités ecclésiastiques et politiques : les relations de madame de Mondonville et de Ciron avec Port-Royal et certaines personnalités jansénistes en sont la cause. Ils ont pourtant le soutien de Nicolas Pavillon, évêque d’Alet, du prince et de la princesse de Conti. L'orage, levé dès 1663, se dissipe. Mais les hostilités reprennent contre les Filles de l'Enfance dans les années 70 : plusieurs de leurs protecteurs sont morts. Le 26 avril 1686, madame de Mondonville est envoyée à Coutances, dans la maison des religieuses hospitalières.

Le couvent des augustines hospitalières de Coutances, qui subsiste encore aujourd’hui, a été fondé pour aider le service des malades : un service qui était assuré par les frères augustins établis en 1217 dans l’hôtel-Dieu, fondé par l’évêque Hugues de Morville en 1209. D’où le nom donné aujourd’hui à cet ensemble de bâtiments : l’Hôtel-Dieu était destiné à héberger les voyageurs et les pèlerins, mais aussi à assister les pauvres. La chapelle de l’ancienne maison des augustines date du temps où madame de Mondonville y était pensionnaire car elle a été construite de 1682 à 1689. Pendant une quinzaine d’années, elle y mène la vie des religieuses hospitalières.

Divers proches de l'institution toulousaine se dressent pour défendre l’exilée, comme le grand théologien Antoine Arnauld : de son exil bruxellois, il compose, en 1687, un pamphlet intitulé : L'Innocence opprimée par la calomnie, ou l'Histoire des Filles de l'enfance. Selon l’érudit Jean Orcibal, Jean Racine se serait inspiré du drame de l'Institut de Madame de Mondonville pour composer sa tragédie d'Esther, qui en serait une sorte de plaidoyer. Cette thèse est contestée par certains historiens.

Après plus de seize ans d'exil dans la ville épiscopale, notre normande d’adoption meurt à Coutances, oubliée de tous, sauf de ses amis de Port-Royal.

Bibliographie

  • P. Le Cacheux, Essai historique sur l’hôtel-Dieu de Coutances, L’hôpital général et les Augustines hospitalières depuis l’origine jusqu’à la Révolution, Picard, 1789.
  • Émile Jacques, Les Années d’exil d’Antoine Arnauld, Louvain, Nauwelaerts, 1976.
  • Jean Orcibal, Études d’histoire et de littérature religieuses, Paris, Klincksieck, 1997.
  • Dictionnaire de Port-Royal, dir. Jean Lesaulnier et Antony McKenna, Paris, Champion, 2004.