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Saint Ortaire

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Saint Ortaire est l’un des grands évangélisateurs de la Normandie (Neustrie) des Vème-VIème siècles, au commencement de la dynastie franque. Clovis, chef victorieux contre les Huns, décide de se faire baptiser avec toute son armée en 496 à Reims, alors que l’ancienne Gaule romaine est encore majoritairement fidèle aux cultes et rituels celtiques. Il est le contemporain de Saint Vigor dans la région, et de Saint Benoît.

Selon une très ancienne tradition, Saint Ortaire, issu de la noblesse gallo-romaine, naquit en 482 « au Dézert (Manche), à l’endroit où s’élève aujourd’hui la chapelle Saint Ortaire. Tout jeune, il s’adonna à la pénitence : il pratiquait des jeûnes prolongés, s’habillait pauvrement, portait le cilice, mangeait du pain d’orge, buvait l’eau d’une fontaine encore existante, et qui jouit d’une vertu miraculeuse. Sa charité envers les pauvres était inépuisable » lit-on dans les Cantiques des XVIIIème et XIXème, ainsi que dans l’ouvrage consacré à Saint Ortaire de J. Fourné et P. Courcelles (1989).

Il fut attiré très tôt par la vie monastique, quittant sa famille à l’âge de douze ans pour se faire moine dans l’abbaye près de Beaumesnil (Calvados) où il fit un long apprentissage, s’instruisant et s’adonnant à la pénitence. « En bien peu de temps, il devint un parfait exemple de toutes sortes de vertus » nous révèle les moines de La Perrine en 1707 (La vie du Bienheureux Saint Ortaire). Il y fit un long séjour, s’instruisant et s’adonnant à la pénitence.

Il fut ensuite envoyé par son supérieur dans la forêt des Andaines, à l’ouest de Bagnoles-de-l’Orne (Orne), pour y fonder une abbaye. « C’est dans ce hameau du Bas-Béziers, sur les mêmes lieux où vécut saint Ortaire, que s’est installé en 1945 la maison de Noviciat des frères Serviteurs de Sainte Marie, là où ce saint, précisément, suscita une dévotion à la Vierge qui subsista pendant des siècles et que la présence des frères servites pérennise » témoigne le frère servite Noël-M Rath dans sa brochure dédiée à Saint Ortaire (1995).

Saint Ortaire revint à Beaumesnil, mais en tant qu’ermite puisque les moines à l’époque n’avaient pas encore de structure encadrée par des règles précises comme ce fut le cas à partir du VIIIème siècle. Il avait pour refuge une grotte près de son monastère où il triompha à plusieurs reprises des attaques de Satan, grâce à la prière et au jeûne.

Il lui fut commandé en songe de se rendre au chevet de l’Abbé de Landelles, dont la fin était proche. Enarrivant à l’Abbaye de Landelles (Calvados), il vit une troupe d’anges emmener l’âme du défunt au Paradis. Retournant à sa solitude, il fut averti que les moines de Landelles l’avaient élu comme successeur. Cependant Saint Ortaire crut cette charge au dessus de ses forces et se retira à la grotte de Malloué « à cent mille du monastère » précise les « Acta sanctorum » du Bréviaire de Coutances de 1745 (elle se situe en effet à 8km 800 au nord-est de Landelles). Les moines vinrent l’y chercher de par l’ordre de Dieu Lui-même qui leur indiqua où il se dissimulait. L’ermite se résolut à la volonté divine.

« Rien ne changea à ses habitudes ascétiques » , il accomplit sa charge admirablement et « fut, de son vivant, l’objet d’une véritable ferveur populaire grâce, en particulier, au retentissement que connurent ses miracles » , don conféré par sa sainteté. Ses premières guérisons furent celles d’une jeune fille impotente aux genoux, puis d’une lépreuse. Sa réputation se répandit très vite et les miracles se multiplièrent. « Il avait notamment révélé les qualités curatives d’une source où certains malades, atteints de douleurs rhumatismales, voire de paralysie, se voyaient guéris » (Saint Ortaire, frère N-M Rath, Servite, 1995). Enseignant, « il parcourut une grande partie du Bocage » et se fit des disciples ; « les nombreux sanctuaires de nos trois départements bas-normands, où il est invoqué, peuvent fixer bien des points où il est passé » . Instruit des mystères de la religion celtique, il sut convertir les druides et fut ainsi un grand évangélisateur.

Ayant une grande dévotion pour la Vierge Marie, il lui construisit une chapelle « dans son monastère de Landelles » , où il se retira à 98 ans lorsqu’il sentit qu’il déclinait. Il convoqua alors ses moines pour les exhorter une dernière fois à la piété et à la pratique de toutes les vertus. Il les aurait quitté pour rejoindre le Seigneur le 15 avril 580 (Voyageurs et ermites, Saints populaires évangélisateurs de la Normandie. Catalogue de l’exposition tenue au musée de Normandie (Caen) du 8 juin au 28 octobre 1996).

De nombreuses guérisons d’enfants, de paralytiques et d’infirmes de toutes sortes, obtenues par son intercession, attirent encore aujourd’hui des centaines de pèlerins à son berceau chaque année.