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Embarquement de Charles X à Cherbourg (1830)

De Wikimanche

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Détrôné à la suite des trois glorieuses, Charles X décide de s'exiler en Angleterre, au départ de Cherbourg.

Le 7 août 1830, le conseil municipal proclame :

« Habitants de Cherbourg ,
» Descendu du trône qu'il occupait encore il y a quelques jours, Charles X vient s'embarquer en ce port, pour se rendre avec toute sa famille sur une terre étrangère. Quelles que soient les causes qui ont amené ce mémorable évènement, les habitants de Cherbourg n'oublieront pas que celui qui fut leur Roi va être pour quelques instants leur hôte ; qu'à ce dernier titre seul, il aurait droit à leurs égards, et deviendrait sacré pour eux, lors même que la pitié qui s'attache naturellement à tant de grandeur déchue ne suffirait pas pour inspirer ces sentiments. A la nouvelle qu'elle viendrait s'embarquer à Cherbourg, il n'est aucun citoyen digne de ce nom, qui ne se soit dit qu'insulter à la position de cette famille, lui causer la moindre injure, ne pas même seconder son départ de tous ses moyens, ce serait souiller la grande victoire, si pure de tout excès, que vient de remporter la nation, et dégénérer du caractère généreux qui distingue si éminemment un peuple qui chérit la liberté autant qu'il hait la licence.
» Les autorités et les citoyens qui, dans ces dernières circonstances, ont de concert uni leurs efforts pour maintenir la tranquillité de cette cité, sont pleinement convaincus que tels tranquillité de cette cité, sont pleinement convaincus que tels sont les sentiments qui animent la population tout entière, et ils se bornent à lui annoncer que Charles X et les membres de sa famille arriveront incessamment, accompagnés des commissaires chargés par le gouvernement de protéger leur départ.
» Cherbourg, le 7 août 1830. »
Signé : Collart, Laval-Bohn, Pinel, Noël-Agnès, Bonnissent, Lemansois-Dupré, Asselin
Caricature représentant l'embarquement de Charles X à bord du Great Britain

Le cortège royal vint coucher le 7 à Melleranlt, séjourna le 9 à Argentan, traversa Condé-sur-Noireau, le Val-de-Vire, Saint-Lô. A quelques lieues de Carentan, les commissaires qui précédaient les voitures furent avertis qu'un rassemblement nombreux de gardes nationaux et de paysans, avec de l'artillerie, avait projeté de s'emparer du roi et des princes, auxquels la malveillance imputait l'intention de gagner la Vendée pour y organiser la guerre civile. D'énergiques exhortations de M. Barrot dissipèrent ces démonstrations, plus inspirées que spontanées, et auxquelles Charles X opposa une sérénité qui ne s'était jamais démentie durant ce lugubre voyage. Ce fut à Valognes, où il arriva le 14 au soir, que le roi fit ses adieux aux gardes du corps qui l'avaient suivi, et dont les noms furent, par son ordre, inscrits dans les archives de la famille royale. Il embrassa avec effusion les officiers chargés de lui remettre les étendards de chaque compagnie : « Je les reçois sans tache, leur dit-il, et j'espère que le duc de Bordeaux vous les rendra de même un jour. » La plupart de ces militaires voulurent donner à Charles X un dernier témoignage de leur fidélité en l'accompagnant jusqu'au lieu de son embarquement.

La famille royale arriva le 16 août, vers deux heures, en vue du port de Cherbourg, où deux navires américains, le Great-Britain et le Charles-Caroll avaient été disposés pour sa traversée. Deux bâtiments de guerre français, désignés pour l'escorter, avaient reçu des instructions sévères dans le cas où Charles X voudrait se diriger sur la Hollande ou sur l'une des îles de la Manche. Une foule immense, mais calme et silencieuse, garnissait les quais, les remparts et les édifices. Le roi était vêtu d'un frac et d'un pantalon bleu et coiffé d'un chapeau, mais la dignité de ses manières perçait à travers la simplicité de son costume. Sa physionomie, de même que celle de la dauphine, portait l'empreinte d'une pieuse résignation. Il remercia affectueusement les commissaires des égards qu'ils avaient eus pour lui, les entretint de ses affaires personnelles, et leur déclara qu'il ne désirait rien que de ne pas être à la charge de la France ni d'aucune puissance étrangère. Dix-huit personnes s'embarquèrent à la suite de la famille royale. Le capitaine Dumont-Durville donna le signal du départ.