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Affaire Luchaire (1986)

De Wikimanche

L'affaire Luchaire est une affaire politico-financière de trafic d'armes entre a France et l'Iran, révélée par La Presse de la Manche en 1986.

Historique

Le 28 février 1986, la Presse de la Manche titre à la une « Cherbourg : trafic d'obus pour Khomeiny ». L'enquête de Daniel Jubert et Jean-Pierre Beuve révèle qu'au cours des sept derniers mois, plusieurs dizaines de milliers d'obus de la société parisienne d'armement Luchaire, sont partis de Cherbourg non pas vers le Brésil, le Portugal et à la Thaïlande comme officiellement déclaré, mais livrés à l'Iran de l'Hayatollah Khomeiny pourtant sous embargo du fait de sa guerre contre l'Irak[1]. Les deux voyages du Nicole et celui du Trautenbels sont confirmés par la compagnie d'assurances Lloyd's auprès de laquelle les propriétaires des cargos ne sont pas enregistrés[2].

Malgré les dénégations du gouvernement Fabius, ces livraisons auraient pu permettre à la France d'assouplir sa politique envers Téhéran alors que quatre otages sont retenus depuis mai 1985 par des pro-iraniens[3].

Le ministre socialiste de la Défense Paul Quilès porte plainte contre X pour infraction à la législation sur le commerce des armes de guerre[4]. Son successeur, André Giraud, ministre de la Défense de la première cohabitation, commande un rapport à Jean-François Barba, remis le 6 juin 1986 et dont l'Express révèle le contenu, le 16 janvier 1987 : 1982 à 1986, 450 000 obus ont été exportés par Luchaire vers l'Iran, avec l'accord officieux de l'ancien ministre de la Défense de François Mitterrand, Charles Hernu, et selon Armand Wautrin, directeur de la protection et de la sécurité défense, ce trafic aurait financé illégalement le Parti socialiste[4].

Le 17 octobre 1987, le juge d'instruction Michel Legrand obtient la communication du rapport, classé "confidentiel défense" et inculpe en décembre Jean-François Dubos, proche de Charles Hernu, et Daniel Dewavrin, PDG de Luchaire, pour corruption, usage de faux et infraction à la législation sur le commerce des armes. Le général Wautrin se rétracte, mettant fin à l'accusation de corruption[4].

Le magistrat n'obtient pas la déclassification d'autres documents de la Direction des affaires internationales de la part d'André Giraud, puis son successeur Jean-Pierre Chevènement[4]. Les deux années de procédure judiciaire se concluent par une ordonnance de non-lieu, signée le 16 juin 1989 par le juge d'instruction sous la pression du Garde des Sceaux, Pierre Arpaillange.

Pour la société Luchaire, cette affaire se conclut par son absorption par GIAT.

Notes et références

  1. 120 ans dans le Cotentin
  2. http://www.ina.fr/video/CAC87008736
  3. 120 ans dans le Cotentin
  4. 4,0 4,1 4,2 et 4,3 Gilles Gaetner, « 1987: l'affaire Luchaire », L'Express, 30 mars 1995. (lire en ligne)