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Pierre Clavenad

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Le capitaine Clavenad.

Nicolas Claude Pierre Clavenad, né à Cherbourg le 22 avril 1878 et mort à Noisy-le-Grand le 17 avril 1913, est une personnalité militaire de la Manche.

Il naît au 55, rue de la Duché, d'un père polytechnicien et ingénieur des ponts et chaussées [1].

Il sort de Saint-Cyr le 1er octobre 1900 [2][3].

Alors lieutenant de chasseurs à pied [4], il obtient le brevet de l'Aéro-Club de France n° 294 à l'issue d'épreuves sur monoplan à Mourmelon, le 23 novembre 1910 [5][6]. Encore attaché au centre d'aviation de Versailles, il est l'un des premiers à se faire inscrire pour la course Paris-Rome, organisée par Le Petit Journal [7]. Quelques mois plus tard, il prend le commandement du centre d'aviation de Nancy, « où ses grandes qualités d'organisateur et de chef furent très remarquées » [7]. Il réfléchit aussi à la formation des nouveaux pilotes, imaginant un appareil donnant l'impression du vol [8].

La France et l'Allemagne ont alors des vues sur le Maroc. En juillet 1911, le coup d'Agadir fait peser la menace d'une guerre imminente entre les deux grandes puissances coloniales. Un accord est finalement trouvé le 11 octobre qui laisse les mains libres à la France au Maroc. Clavenad est alors chargé d'y organiser l'aviation [4] et prend le commandement du centre d'aviation militaire de Casablanca. Il est promu capitaine le 10 février 1912 [3]. Dans les mois qui suivent, il s'emploie à mettre sur pied le centre de Fez [9]. Mais l'argent manque, et c'est grâce à une souscription ouverte dans la Vigie marocaine qu'il peut faire construire un hangar sur le terrain d'aviation de Casablanca [10]. C'est son premier acte d'indiscipline.

Le 20 juillet 1912, dans l'article paru dans Le Matin et intitulé « Un Cri de soldat », il dénonce l'inertie des bureaux du ministère de la Guerre, qui ne répondent pas à ses demandes de crédits et freinent le développement de l'aéronautique. Le Temps souligne alors le « courage » du capitaine, qui a « mis les intérêts de l'aviation et de l'armée plus haut que ceux de sa carrière personnelle ». La publication de son article vaut néanmoins à Clavenad d'être relevé de son commandement au Maroc le surlendemain et d'être puni de 45 jours d'arrêts [11]. Il est appelé à commander la 12e compagnie du 162e régiment d'infanterie à Verdun.

Le 6 janvier 1913, alors qu'il s'entraîne à l'aérodrome militaire d'Étampes depuis peu [5], le ministre de la Guerre Millerand lui donne l'ordre de rejoindre le centre d'aviation de Reims, où il doit se mettre à la disposition du commandant du 2e groupe pour l'organisation du centre de Mézières, qu'il sera chargé de commander [6].

Le 17 avril 1913 à 14 h 10, « malgré un temps épouvantable », trois ballons sphériques partent du parc de l'aéro-club de Saint-Cloud. Dans l'un d'eux se trouvent le capitaine Clavenad et quatre autres personnes (trois militaires et un civil). L'équipage survole Paris à toute vitesse, pris dans des vents très forts. À 14 h 30, l'aéronef passe au-dessus de Fontenay-sous-Bois, « à demi dégonflé, effroyablement ballotté ». Il traverse le bois de Vincennes, heurte une maison de la rue de Plaisance à Nogent-sur-Marne, poursuit sa course vers le champ de courses du Tremblay et disparaît dans la direction de Villiers-sur-Marne. Il s'abat d'une hauteur d'environ deux cents mètres dans la propriété du comte Cahen d'Anvers. Trois des cinq hommes meurent sur le coup, les deux autres succombent un peu plus tard à leurs blessures. Les corps des victimes sont transportés à l'hôpital militaire Bégin, à Vincennes [6]. Le 19 avril, Clavenad est inhumé au cimetière du Montparnasse après la célébration de ses obsèques en la chapelle de l'hôpital [12]. Les experts concluent dans leur rapport sur l'accident que la chute s'est produite parce que les aviateurs se sont servi la corde de déchirure au lieu de celle faisant fonctionner la soupape [13].

Pierre Clavenad « avait piloté tour à tour à peu près tous les systèmes d'aéroplanes existants, tant biplans que monoplans, et sa connaissance approfondie de l'aviation le désignait pour les plus hautes fonctions dans cette arme » [14]. Il devait partir en Indochine.

Hommage

Le 22 mai 1913, l'Aéro-Club de France décide d'ouvrir une souscription en vue d'ériger un monument à la mémoire des cinq disparus [15]. La guerre retarde l'inauguration, qui a lieu le 25 novembre 1922 à Noisy-le-Grand, sur les lieux mêmes du drame [16].

Le nom du capitaine Clavenad est donné à un avion du comité de Constantine [17].

Notes et références

  1. Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, 21 avril 1913.
  2. Le Petit Parisien, 18 avril 1913.
  3. 3,0 et 3,1 Courrier de Saône-et-Loire, 19 avril 1913.
  4. 4,0 et 4,1 Le Matin, 18 avril 1913.
  5. 5,0 et 5,1 Le Petit Courrier de Bar-sur-Seine, 22 avril 1913.
  6. 6,0 6,1 et 6,2 « La catastrophe du "Zodiac" », L'Avenir du Tonkin, 22 mai 1913.
  7. 7,0 et 7,1 Le Petit Journal, 18 avril 1913.
  8. Le Petit Journal, 24 juin 1920.
  9. La vie au grand air, 6 septembre 1913.
  10. France Outre-Mer, 6 octobre 1938.
  11. Le Phare de la Loire, 23 juillet 1912.
  12. L'Aurore, 20 avril 1913.
  13. Le Petit Parisien, 1er janvier 1914.
  14. La Petite Gironde, 19 avril 1913.
  15. Le Radical, 15 janvier 1914.
  16. Excelsior, 26 novembre 1922.
  17. Le Temps, 21 décembre 1913.