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Histoire de [[Saint-Sauveur-Lendelin]] de 1778 à 1782
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L'hiver en cette année fut changé de place: avril se trouva en février et février en avril. Le froid ne commença que le quinze de mars et continuait encore à la pentecôte. Les herbes très avancées dans le mois de février furent beaucoup retardées par le froid inattendu dans la saison où il arriva. Les bestiaux souffrirent beaucoup par la disette du fourrage qui devint si rare qu'à peine on en pouvait trouver pour son argent. On ne put ensemencer l'orge qu'à la mi-mai et les arbres n'ouvrirent qu'à la fin de ce mois. La quantité de grains qu'on transporta dans les colonies en augmenta beaucoup le prix et fit monter le sac jusqu'à trente deux livres. Les François se rendirent maîtres en cette année des iles Saint-Eustache, Saint Christophe Démérary et Essequibo et Berbices. Le fort Saint-Philippe fut pris le 31 janvier de la dite année. Le pape Pie VI fit en cette année un voyage à Vienne chez l'empereur Joseph second: sa sainteté y vit le respect qu'on portait au chef de l'église et au père commun des chrétiens dans l'affluence immense du monde qui venaient de tous cotés recevoir sa bénédiction. On en comptait un jour plus de 40 000 ....<br>
L'hiver en cette année fut changé de place: avril se trouva en février et février en avril. Le froid ne commença que le quinze de mars et continuait encore à la pentecôte. Les herbes très avancées dans le mois de février furent beaucoup retardées par le froid inattendu dans la saison où il arriva. Les bestiaux souffrirent beaucoup par la disette du fourrage qui devint si rare qu'à peine on en pouvait trouver pour son argent. On ne put ensemencer l'orge qu'à la mi-mai et les arbres n'ouvrirent qu'à la fin de ce mois. La quantité de grains qu'on transporta dans les colonies en augmenta beaucoup le prix et fit monter le sac jusqu'à trente deux livres. Les François se rendirent maîtres en cette année des iles Saint-Eustache, Saint Christophe Démérary et Essequibo et Berbices. Le fort Saint-Philippe fut pris le 31 janvier de la dite année. Le pape Pie VI fit en cette année un voyage à Vienne chez l'empereur Joseph second: sa sainteté y vit le respect qu'on portait au chef de l'église et au père commun des chrétiens dans l'affluence immense du monde qui venaient de tous cotés recevoir sa bénédiction. On en comptait un jour plus de 40 000 ....<br>
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==Source==
==Source==
* Registres paroissiaux
* Registres paroissiaux


[[Catégorie:Manche au XVIIIe siècle]]
[[Catégorie:Manche au XVIIIe siècle]]

Version du 10 août 2008 à 10:49

Histoire de Saint-Sauveur-Lendelin de 1778 à 1782

1778
Le 22(8) de janvier le tonnerre tomba sur la tour de cette église, abattit les deux Eguilles du Levant et du Couchant, enfonça la côtière du chœur sur la croisée contre le lutrain, souleva tout le plomb de l'enfesture de la nef et se porta à quelques autres où il fit peu de dommage. Pour le réparer, les paroissiens convinrent à l'amiable de se cotiser sans y appeler le ministère public et fournirent la somme nécessaire pour cette réparation et ce sans aucun trouble ni plainte de la part de personne. Etaient à la tête de cette sage conduite les sieurs Ferrand de la Conté Lebrun de la Sesnière et Jacques Almy.
En cette année, dans le mois d'octobre, la paroisse perdit le curé de la petite portion (Monsieur Le pelletier) qui permuta son bénéfice avec messire René de Guerpel Ecuyer curé de la paroisse de Neauphe dioufre de Séez.La paroisse ne fit que gagner au change, monsieur le sieur de Guerpel parut destiné pour cette paroisse pour en faire les délices avec le sieur Vilet curé des trois portions royales regardé pour le plus grand curé du diocèse et à très juste titre.
En cette année courut une grande sècheresse depuis le mois de de may jusqu'au mois de 9bre qui fit que les orges ne purent croître ce qui rendit la paille de cette espèce rare et cherre et le prix monta jusqu'à .......Le prix du froment fut depuis 24 à 30 la somme des cinq boisseaux. Elle fut abondante en fibre et on conta valoir plus de 80000 le profit que cette denrée apporta dans cette paroisse.
Le 27 juillet se donna un combat naval entre les François et les Anglais à la hauteur de Ouessant; amiraux le duc de Chartre commandant mr le comte d'Orvilliers pour les François, de Keppel pour les Anglais qui furent battus par les François, on fit encore sur eux beaucoup .....

1779
En cette année il régna dans le mois de juillet, août, septembre et octobre de très grandes chaleurs, qui occasionnèrent des fièvres malignes putrides, et des dysenteries des plus universelles et qui dans la partie méridionale de ce diocèse furent très meurtrières. Les remèdes indiqués dans les livres de médecines ne pouvaient garantir de la mort, on ne put lui faire lâcher prise que par des vomissements occasionnés par le picacaona deux ou trois fois dans le commencement de la maladie, par des lavements d'eau de tripe, par la tisane faite avec de la vinette, on en boit un nouet gros comme un œuf dans un petit linge dans un pot d'eau: il fallait purger tous les trois jours et des lavements non obstant la diarrhée. Dans cette paroisse, sur huit personnes qu'elle attaqua, elle en emporta six, parce qu'elles voulaient dans leur maladie du vin, liqueur qui était mortelle pour elles. Il ne fallait point saigner .....
Dans la même année continuait encore la guerre entre les Bastonniens et les François d'un côté, auxquels se joignirent les espagnols et les anglais de l'autre. La flotte combinée des deux nations fut la plus belle qu'on eut jamais eue sur mer: elle monta jusqu'à soixante dix vaisseaux, elle donna la chasse à la flotte anglaise pendant huit jours, jeta l'épouvante dans Plimouth et rentra dans Brest n'ayant pris qu'un navire de ligne nommé l'ardent ....
Dans la même année, le quatre de juillet l'isle de la Grenade fut enlevée aux anglais par Monsieur le conte d'Estaing qui soutint le six du même mois un combat naval, ou les anglais eurent le désavantage .... C'est à cette occasion qu'on a adressé ces vers à Mr d'Estaing ....
écoute, ô mon élève, espoir de ta patrie !
d'Estaing, pour tant de flamme, à qui le sang me lie
toi pour être un jour, par tes hardis exploits,
ainsi que ton aïeul, courtier de ton roy


1780
En cette année courut une maladie épidémique des plus contagieuses, c'était une espèce de fluxion de poitrine ou pleuraisie, qui commençait par un frisson, qui durait deux ou trois heures, après suivait la fièvre chaude: aussitôt vous étiez pris d'une pointe de côté qui se faisait sentir vers le sein gauche; cette pointe serrait violemment quelques uns et d'autres moins pendant trois ou quatre jours au bout desquels elle cessait, symptôme funeste, puisque c'était la veille de la mort. On se croyait à la veille de guérir et le lendemain on était dans son éternité. Elle emportait en cinq ou six jours et ne manquait presque personne. Depuis le commencement d'avril jusqu'à la fin de juin elle nous enleva près de 70. Elle brava toute la médecine, et ceux auxquels appelait les médecins étaient ceux qui partaient le plus vite. Au commencement, les médecins de Périers et de Coutances attribuant la cause du mal à une abondance de matières séjournantes dans l'esthomach et les premières voies employèrent l'émétique en lavage ou lepicacanua. Tous ceux qui furent traités de la sorte moururent.
Les vescicatoires sur les jambes n'étaient point capables de détourner l'humeur mortifère; à la fin cependant on y réussit en mettant les vescicatoires sur l'endroit du côté où se faisait sentir la pointe. L'espèce de vescicatoire qui avait le plus de force pour enlever l'humeur c'était celui qu'on composait avec deux onces de poivre blanc et de trois gros de frêné en poudre. On déliait le tout dans quatre blancs d'œufs après les avoir battus jusqu'à ce qu'ils fussent réduits en broux, il ne fallait point manger du tout principalement pendant les dix premiers jours, ni boire de cidre; pour toute boisson, la tisane faite avec des fleurs pectorales et du ciro de viole, du bouillon de poulet et de veau. Ce bouillon devait être très léger et on devait prendre de deux heures en deux heures une cuillerée de lai blanc pour faciliter l'expectoration.

Mort de Me Marie François Vitel

Cette maladie fut bien funeste à la paroisse, puisqu'elle lui enleva son très respectable pasteur Me Marie François Vitel curé des trois portions royales, pasteur sans pareil et qui fut regardé comme le plus grand curé du diocèse de Coutances. Monseigneur de Chalmarel de Talaru alors évêque de Coutances le regretta vivement et dit de lui, lorsqu'il en apprit la mort, oui c'était un curé qui faisait plus de bien dans le diocèse que moi. Né à Saint Quay paroisse de basse Bretagne proche de Saint Brieuc diocèse de Dol le 18 août 1718 d'une honnête famille de navigants, car son père et ses deux frères furent capitaines de navire. Il fit ses classes à Rennes. Étant fait prêtre, il fut nommé à sa paroisse pour curé. Il n'y résida point, il y avait procédé entre les présentateurs. Monseigneur de Dol qui soutenait son parti, l'ayant perdu, le nomma pour le dédommager à Saint Solem paroisse de Dol où il résida sept ans. Monsieur de Montlouet ,Grand vicaire de Dol ayant été nommé à l'évesché de Saint Omer le tira de cette paroisse pour l'avoir avec lui comme son soutien dans le gouvernement de son diocèse. Il fut l'âme de son conseil pendant 10 ans au bout desquels, cet évêque étant mort laissa monsieur Vitel chargé de toutes ses affaires.
Ce fut un an après cette mort que, Monseigneur le Duc de Pontière le nomma à la cure de Saint Sauveur en l'an 1767. Il vint en prendre la conduite le premier janvier 1768, mit le plus bel ordre dans la paroisse, nourrit sans cesse son peuple du pain de la divine parole, orna la maison de Dieu de son grand autel, de la chaire, des stales et lambris du chœur, donna les deux petites chapelles, les deux plus beaux ornements et avait encore les plus beaux desseins pour son église, lorsque le deux juin, un dimanche matin en disant la messe à la chapelle de la vierge il fut pris de frissons après avoir célébré le Saint Sacrifice. Il s'en revint chez lui, passa la journée dans un malaise général. Le lendemain la pointe de côté le saisit, elle dura jusqu'au mercredi au soir, le jeudy les médecins après lui avoir donné les deux jours précédents l'émétique en lavage perdirent la tête ne connaissant plus que faire. Ils nous l'abandonnaient le vendredy matin voyant que le mal était sérieux. Il appella Mr Le noir alors son premier vicaire, qui avait soin du temporet du bénéfice, lui fit rayer sur son mémoire toutes les dettes que lui devaient les paroissiens peu fortunés, légua le sarrazin et l'orge des aumosnes et du quartier du bourg dont il jouissait dans ce temps là, pour les pauvres. Après ces bonnes œuvres il se disposa à la mort, reçut le Saint Viatique et l'extrême-onction sur les deux heures après midi et à neuf heures du soir il passa dans son éternité après avoir gouverné sa paroisse 14 ans, 6 mois, 7 jours. Son oraison funèbre fut faite le jour de son inhumation le samedy 8 juin à 7 heures de soir d'une manière bien digne de lui et par des bouches qui firent entendre à quatorze curés qui étaient là ainsi qu'à tout le peuple qui y était venu de toutes parts en foule, quel pasteur elles regrettaient. Lorsque nous vînmes à entrer dans l'église avec le corps, de tous les côtés de l'église partirent des soupirs qui continuèrent dans un bruit sourd pendant qu'on chanta vespres des morts. Ces soupirs s'élevèrent lorsqu'ils le virent partir de l'église pour porter sous terre. Il n'y avait figure sur qui vous ne vissiez des larmes dans le cimetière. L'ors de son inhumation étaient mille personnes tous le mouchoir à la main et pour ainsi dire prosternées à terre. Des étrangers qui auraient passé par là auraient cru que c'était un père que cette famille pleurait (et c'en était un véritablement). Lorsque le clergé rentra dans l'église, ce fut alors le coup le plus frappant. Tout ce peuple qui était resté là pour dans l'église pendant l'inhumation nous voyant revenir sans son pasteur, il s'éleva une voix générale qui dit : nous ne le reverrons donc plus. Alors les cris se redoublent, les larmes coulent des yeux, et presque tout le monde tombe par terre. Le clergé comme le peuple se livre à la douleur qu'il s'efforçait de cacher au fond de son cœur et verse un torrent de larmes en présence du Saint autel. Cependant on ne put appaiser le peuple lorsqu'il s'agit de sortir de l'église pour en faire fermer les portes et jusqu'à neuf heures de soir l'église retentit encore des sanglots et des gémissements d'une grande multitude que la tristesse, la douleur et les regrets retenaient comme immobiles. Jamais le plus tendre père ne fut pleuré de la sorte. Si la paroisse l'a perdu, sa mémoire vivra longtemps dans l'esprit des enfants qu'il a enseignés, des pauvres qu'il a assistés de ses biens et des riches même qui le regardaient comme l'âme du conseil divin. Il fut inhumé dans le cimetière de ce lieu car depuis le mois de may de l'année précédente il avait été défendu par un arrêt du parlement d'inhumer dans les églises. Son corps repose contre la muraille du cœur sous la fenêtre qui donne vis à vis du lutrin à quatre pieds de la muraille entre le pilier du chœur et le mur du bout du bas côté du midi. Cette place doit être respectée et et pour la vénération qu'on doit avoir pour ce digne pasteur, Mrs les curés à venir ne doivent pas permettre qu'on inhume dans cet endroit là.

Tous les coups les plus funestes qui pouvaient arriver à la paroisse furent frappés sur elle en ce mois de juin car le quatorze la mort lui enleva aussi le paroissien, qui faisait le plus de bien après Mr Vitel. Ce fut monsieur (H)aut Le Brun Ecuyer Sieur de la Scenière. Cet homme né le 23 mars 1709 d'une honnête famille de laboureur de cette paroisse ayant voyagé pendant près de 16 ans acquit des connaissances supérieures dans les grandes affaires, s'étant marié en 1731, le 18 9bre, il eut trois fils. Il leur donna toute l'éducation possible quoiqu'il ne fut pas des plus fortunés, cependant il les envoya à Paris où l'ainé mourut diacre; Jean Le Brun le second étudia à Montpellier en médecine et fut reçu docteur. Le troisième Charles Le Brun qui porte aujourd'hui le nom de grand brun devint premier secrétaire de Monsieur de Maupeon chancelier de France. Il fut regardé si puissant dans ce poste, qu'on lui attribue en partie l'écrit de Cassation du parlement de France, que porta Louis quinze en l'an 1771. Monseigneur le chancelier ayant été disgracié lors de l'avènement de Louis seize à la couronne en l'an 1774, Monsieur Le Brun se retira avec lui et acquit sur la tête de son père la charge de conseiller Secrétaire du Roy au parlement de Grenoble. Des privilèges de la quelle il commença à jouir en 1777 s'étant fait tirer du rôle a taille en signifiant ses titres et qualités à la paroisse à laquelle il fit alors présent du grand calice en vermeil qui porte son nom. Ce n'est pas là le seul bien qu'il a fait à sa patrie. Etabli syndic de la paroisse en 1740 il fut chaque année continué dans cette place jusqu'à sa noblesse en 1776. On ne peut exprimer les biens qu'il a fait pendant le temps de cette gestion. Sans avoir une seule vergée de terre qui relevat du domaine, il entreprit seul, car ceux qui avaient signé la délibération pour cet effet s'en désistèrent. Le procès contre le Receveur du domaine pour l'obliger à venir faire

1782
L'hiver en cette année fut changé de place: avril se trouva en février et février en avril. Le froid ne commença que le quinze de mars et continuait encore à la pentecôte. Les herbes très avancées dans le mois de février furent beaucoup retardées par le froid inattendu dans la saison où il arriva. Les bestiaux souffrirent beaucoup par la disette du fourrage qui devint si rare qu'à peine on en pouvait trouver pour son argent. On ne put ensemencer l'orge qu'à la mi-mai et les arbres n'ouvrirent qu'à la fin de ce mois. La quantité de grains qu'on transporta dans les colonies en augmenta beaucoup le prix et fit monter le sac jusqu'à trente deux livres. Les François se rendirent maîtres en cette année des iles Saint-Eustache, Saint Christophe Démérary et Essequibo et Berbices. Le fort Saint-Philippe fut pris le 31 janvier de la dite année. Le pape Pie VI fit en cette année un voyage à Vienne chez l'empereur Joseph second: sa sainteté y vit le respect qu'on portait au chef de l'église et au père commun des chrétiens dans l'affluence immense du monde qui venaient de tous cotés recevoir sa bénédiction. On en comptait un jour plus de 40 000 ....

Source

  • Registres paroissiaux