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Les '''Abrincates''' (''Abrincatui'' en latin) sont l'un des deux peuples gaulois qui vivaient dans le territoire de la Manche.
Les '''Abrincates''' (''Abrincatui'' en latin) sont l'un des deux peuples gaulois qui vivaient dans le territoire de la [[Manche]].


==Histoire==
==Histoire==
Leur capitale était ''Ingena'' ; elle fut rebaptisée ''civitas Abrincatis'' « la cité des Abrincates » à la fin de l'époque gallo-romaine (4{{e}} siècle). C'est aujourd'hui [[Avranches]].
Leur capitale était ''Ingena'' ; elle fut rebaptisée ''civitas Abrincatis'' « la cité des Abrincates » à la fin de l'époque gallo-romaine (4{{e}} siècle). C'est aujourd'hui [[Avranches]].


Les Abrincates avaient pour voisins les [[Unelles]] (''Unelli'') au nord ; les Bajocasses et les Viducasses au nord-est ; les Esuvii au sud-est ; les Aulerques (''Aulerci'') Diablinthes et les Redones au sud. La limite sud du territoire des Abrincates est matérialisée par le nom de la commune d'[[Argouges]], issu du gallo-roman ARCUBIAS « les postes de guet ». Cette commune, la plus méridionale de la Manche, est située aujourd'hui encore à la frontière de ce département et de l'Ille-et-Vilaine dont le chef-lieu, Rennes, était la capitale des Redones.
Les Abrincates avaient pour voisins les [[Unelles]] (''Unelli'') au nord ; les Bajocasses et les Viducasses au nord-est ; les Esuvii au sud-est ; les Aulerques (''Aulerci'') Diablinthes et les Redones au sud.


==Étymologie==
==Étymologie==

Version du 30 juin 2009 à 23:02

Les Abrincates (Abrincatui en latin) sont l'un des deux peuples gaulois qui vivaient dans le territoire de la Manche.

Histoire

Leur capitale était Ingena ; elle fut rebaptisée civitas Abrincatis « la cité des Abrincates » à la fin de l'époque gallo-romaine (4e siècle). C'est aujourd'hui Avranches.

Les Abrincates avaient pour voisins les Unelles (Unelli) au nord ; les Bajocasses et les Viducasses au nord-est ; les Esuvii au sud-est ; les Aulerques (Aulerci) Diablinthes et les Redones au sud.

Étymologie

L'interprétation du nom des Abrincates ne fait pas l'unanimité parmi les spécialistes.

Le nom de ce peuple est tout d'abord mentionné au cours du premier siècle de notre ère par Pline l'Ancien [1] sous la forme Abrincati, variante Abringati; puis vers 150 par Ptolémée : ᾈβριγϰάτουoι [Abrinkátouoï], ᾈβριγϰατοῦoι [AbrinkatoûoÎ], ᾈβριγγατοῦoι [Abringatoûoi] [2]. Curieusement, il n'est jamais mentionné par Jules César, pas plus que la ville d'Ingena.

La plupart des spécialistes y ont vu la racine celtique que l'on retrouve dans le breton ambrouga « conduire » ou le gallois hebryngydd, hebryngiad « chef, guide », suivie du suffixe -ate présent dans le nom de nombreux autres peuples gaulois (Atrebates à Arras ; Cocosates, peuple d'Aquitaine ; Nantuates à Nantua, etc.). Le mot « conduire » n'est pas attesté en gaulois, mais on sait que notre connaissance actuelle de cette langue est extrêmement fragmentaire, d'où la nécessité de procéder presque toujours par comparaison avec les autres langues celtiques. Dans l'hypothèse d'un sens « conduire » ou « chef, guide », l'interprétation du nom n'est pas plus claire : certains penchent pour le sens « les chefs, les guides » [3], ce qui est acceptable en tant que nom de peuple, alors que d'autres, à partir du verbe signifiant « conduire », formulent l'hypothèse d'un sens différent : « ceux qui doivent être conduits, mis à l'écart » [4]. Il est évidemment impossible de trancher (si tant est que ces rapprochements soient corrects), mais on peut néanmoins faire une remarque : le fait que César soit muet au sujet des Abrincates pourrait faire penser qu'ils n'existaient pas en tant que tribu au milieu du 1er siècle avant notre ère. Le sens (hypothétique) de « mis à l'écart » pourrait alors correspondre à un démembrement d'un des peuples voisins, peut-être les Unelles, pour une raison inconnue, entre le 1er siècle avant et après notre ère.

Parmi les autres hypothèses émises à ce sujet (elles sont nombreuses), il faut citer l'une des plus récentes : celle de Jacques Lacroix [5], qui propose de voir dans la seconde partie du nom des Abrincatui le gaulois catu- « combat, bataille », lui aussi présent dans de nombreux toponymes (tels que Caen < °Catu-magos « champ de bataille » ou « terrain d'exercice »), anthroponymes, et quelques ethnonymes tels que le nom des Catalaunes à Châlons-en-Champagne. L'auteur rattache alors la première partie du mot au gaulois °abro-, °ablo- « fort, violent ; puissant », qui n'est qu'indirectement attesté, d'où le sens global de « puissant ou violent au combat », sémantiquement possible mais tout aussi hypothétique.

Annexes

Notes et références

  1. Caius Plinius Secundus, Histoire Naturelle (éd. Jan et Mayhoff, Teubner, Beaujeu et al.), C.U.F., IV, 107.
  2. Claude Ptolémée, Guide géographique (éd. Cuntz), 214, 10 ; 214, 12.
  3. Louis Deroy et Marianne Mulon, Dictionnaire de noms de lieux, Robert, Paris, 1992, p. 39a.
  4. Ogam, tradition celtique, Rennes, année 1968, p. 190-195.
  5. Jacques Lacroix, Les noms d’origine gauloise I (la Gaule des combats), Errance, Paris, 2003, p. 171.

Articles connexes