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Phénomène lumineux de Cherbourg (1905)

De Wikimanche

Le 30 mars 1905, un étrange phénomène lumineux est observé dans le ciel de Cherbourg. Il apparaît vers 20 h 30 et disparaît vers 23 h. Le phénomène se répète chaque soir jusqu'au 19 avril.

Des curieux se rassemblent place Napoléon. Intriguée, la Marine nationale active ses projecteurs électriques, mais cela ne donne rien. Le vice-amiral Besson, préfet maritime, charge donc le croiseur Chasseloup-Laubat d'aller observer le phénomène en mer le 4 avril. La presse parisienne, bien sûr, se saisit de l'affaire. Les hypothèses ne manquent pas. Pour L'Humanité, ce peut être aussi bien un météore qu'un bolide ou une planète, voire une comète [1]. Très vite sollicité, un spécialiste local, Lucien Rudaux, qui dispose d'un petit observatoire personnel à Donville, exclut que le phénomène « puisse être astronomique » et penche pour « un ballon captif lumineux » [2]. En tout cas, les Cherbourgeois sont sans cesse plus nombreux pour admirer le phénomène : « curieux, bourgeois, officiers de tous grades, et de toutes armes, dames en très grand nombre » [3]. Le 8 avril, Le Matin compte 3 000 personnes, certaines équipés de lorgnettes [4]. Pour les autorités du port, qui ont « tenu conseil » et « monté le quart sur la place Napoléon », l'affaire est entendue : il s'agit d'un astre [4]. On évoque Jupiter, puis enfin Vénus. Après avoir hésité, l'astronome Camille Flammarion confirme, c'est bien Vénus : « Depuis trois grands mois, la belle planète Vénus, l'étoile du Berger, l'astre le plus éclatant de la voûte étoilée, brille tous les soirs dans le ciel de l'ouest, crevant les yeux, pour ainsi dire, de son éblouissante lumière. Elle est si lumineuse qu'elle porte ombre, comme un petit clair de lune. On peut l'apercevoir en plein jour même, avant le coucher du soleil. » [5].

L'hebdomadaire Les Annales, lui, se gausse carrément : - « Ce n’est pas le phénomène perçu, au fond, qui présente quelque interêt ; c’est cette hallucination d’une foule considérable qui, une semaine durant, a tout vu, sauf la réalité. Quelle singulière mentalité ! Toutes les hypothèses ont été mises en avant, sauf la bonne : signaux, ballons, cerfs-volants avec foyer d’acétylène, nouvel astre, comète, planète, astre rouge ou vert, projections lumineuses etc. Que d'ingéniosité. Il était pourtant si simple de regarder les éphémérides, de savoir quand telle planète se levait et se couchait, passait au méridien, et de comparer avec la marche du fameux et indéfinissable météore. On peut vraiment avouer que Vénus, pendant quinze jours, s'est joliment jouée des habitants de Cherbourg et des environs. » [6].

Notes et références

  1. « À vos lunettes ! », L'Humanité, 4 avril 1905.
  2. Le Temps, 4 avril 1905.
  3. Le Matin, 5 avril 1905.
  4. 4,0 et 4,1 Le Matin, 9 avril 1905.
  5. Camille Flammarion, « Le mystère de Cherbourg », L'Illustration, n° 3243, 22 avril 1905.
  6. Henri de Parville, « Les lueurs mystérieuses », Les Annales, n° 1139, 23 avril 1905.

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