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Louis III Caillebot

De Wikimanche

Louis III Caillebot, marquis de la Salle, né en 1645 et mort à Villemeu-sur-Eure en 1728, est une personnalité en lien avec la Manche.

Origines de la famille

Selon le Dictionnaire de la noblesse de France , la famille Caillebot est « sinon une des plus ancienne, du moins l’une des plus brillantes de la noblesse de Normandie. Elle est aussi l’une de celles que le duc de Saint-Simon a le plus maltraité dans ses Mémoires. »

Saint-Simon raconte en effet ce qu’il dit tenir d’un bailli de la Ferté, qui, parlant de Louis III, « le mit au fait pour l’extraction » : « Étant jeune, il avait connu son grand-père, qui vendait des sabots en gros, après en avoir fait dans sa jeunesse. Il nous dit qu’étant devenu à son aise sur ses vieux jours, il avait acquis une petite terre qui n’a jamais valu mille écus de rente, et sans aucune étendue, dans la lisière de la forêt de Senonches [près de La Ferté-Vidame, département d’Eure-et-Loir], qui s’appelle La Salle. J’y ai passé plusieurs fois : ils y ont fait un petit castel de carte proportionné à la valeur de ce petit bien.

Le fils du sabotier [Louis II] voulut aller à la guerre : il s’y distingua ; il parvint par son ancienneté à la tête des gendarmes de la garde ; il vivait dans un temps où on se battait beaucoup ; il était fort sur la hanche [très porté à se battre], et passa pour un brave à quatre poils [il est des plus braves] qu’il ne fallait pas choquer. Ce fut par ses bravades que le cardinal Mazarin, qui en avait aisément peur et qui voulait aussi s’en attacher partout, le poussa dans les gendarmes que Miossens commandait, si connu sous le nom de maréchal d’Albret, et si compté à la cour et dans le monde. La Salle sut si bien lui faire sa cour, et se faire passer d’ailleurs pour un brave important, qu’il eut la compagnie quand le maréchal la quitta en 1666. Il poussa son fils dans cette même compagnie quoique jeune, car il était de 1646. Il se trouva de la valeur et de l’honneur, et il monta assez vite [1] ».

Cette appréciation du mémorialiste est dénuée de tout fondement. La famille est d’une ancienne noblesse attestée au 15e siècle. Louis I Caillebot, visé par Saint-Simon, est fils de Robert Caillebot, gentilhomme ordinaire de Louis XIII, et de Léonarde de Montliart. Il est, quant à lui, chevalier, seigneur de la Salle et aussi gentilhomme ordinaire de la chambre du roi. Maréchal des camps et armées du roi, il quitte le service vers 1625. On est loin du commerçant en sabots.

Son fils Louis II, né en 1607, est capitaine aux gardes, puis, en 1652, lieutenant général, maître de la garde-robe du roi (1679), et conseiller d’État. Louis II a une sœur, Catherine, qui, en 1630, épouse François de L’Isle, marquis de Marivaux († 1666) ; elle meurt en janvier 1692.

Louis II est donc un brillant militaire dont la carrière justifie l’érection de sa terre de La Salle, située en Brie, en marquisat. C’est lui qui fait mettre un pied à sa famille en Basse-Normandie en épousant le 14 janvier 1646 Anne Madeleine Martel, dame de Montpinchon.

Louis II se démet en 1674 et meurt en 1682.

Le deuxième marquis de la Salle

Louis III Caillebot est le fils de Louis II Caillebot, marquis de La Salle (1607-1682) et d’Anne Madeleine Martel, dame de Montpinchon.

Louis III a un frère, François (1656-1736), qui est docteur en théologie, abbé de Rebais (1672) et de Plaimpied (1680), évêque de Tournai de 1690 jusqu’à sa démission en 1705 ; il est ensuite abbé de Couture du Mans. Ils ont une sœur, Marie-Ferdinande, qui, par contrat du 27 novembre 1683, épouse Charles-Balthazar de Clermont-Chaste, comte de Roussillon (1658-1740).

Lors de la guerre de Hollande, en 1672, Louis III est l’un de ces chefs intrépides qui traversent le Rhin à la nage, comme le souligne Boileau dans son Épître IV, vers 111. Remarqué par le roi, il est nommé aide de camp. Il obtient une sous-lieutenance en 1674 dans les chevau-légers de la garde (et non dans les gendarmes comme l'indique Saint-Simon). Il participe aux campagnes de 1675 et 1676 mais quitte le service armé pour acheter la charge de maître de la garde-robe du roi en 1679, une charge qu’il vend en 1712 au marquis de Seignelay, puis au maréchal de Maillebois.

Le 20 juin 1698, selon une lettre de Jean Racine à son fils Jean-Baptiste, du 23, on voit dîner à Auteuil, chez Nicolas Boileau-Despréaux, outre le dramaturge, plusieurs amis, dont le marquis de La Salle, le médecin Jean Boudin et Charles-François Félix de Tassy, chirurgien du roi, ainsi que le musicien André Destouches [2].

Le marquis de La Salle assiste aux funérailles, à Saint-Denis, de la duchesse de Bourgogne le lundi 18 avril 1712.

Louis III épouse, le 15 février 1713, Jeanne-Hélène Gillain de Bénouville (1693-1768), à soixante-sept ans ˗ elle en avait vingt ! ˗ : Saint-Simon a raconté leur idylle [3]. Jeanne-Hélène est la fille de François-Antoine Gillain, sieur de Bénouville, et d’Hélène de Marguerit. Leur mariage « a été très heureux, écrit Saint-Simon, et cette jeune femme a vécu avec lui à merveilles ; vertu, complaisance, soin d’attirer du monde, et pourtant avec économie. Ils se firent aimer et considérer chez eux […]. Il lui tint parole sur Paris ; mais lui-même ne faisait que deux ou trois apparitions sur Versailles, et encore moins à Paris. Ils ont eu un fils qui est dans le service, et marié » [4] : il s’agit de Marie-Louis de Caillebot, né le 11 février 1716, lieutenant général en 1648, et marié à Marie de Benoise de Mareuil, puis, en 1750, à Marie-Charlotte de Clermont-Roussillon ; il meurt, émigré, à Constance, le 3 février 1796.

Louis III Caillebot, marquis de La Salle décède en 1728 à quatre-vingt-trois ans au château de Renancourt à Villemeux-sur-Eure.

Notes et références

  1. Saint-Simon, Mémoires, éd. Yves Coirault, Paris, Gallimard, Bibl. de la Pléiade, t. IV, 1985, p. 544-545.
  2. Racine, Œuvres complètes, éd. Raymond Picard, Paris, Gallimard, Bibl. de la Pléiade, 1960, t. II, p. 615.
  3. ibid., t. IV, p. 546-547.
  4. ibid., t. IV, p. 547.

Sources

  • Racine, Œuvres complètes, éd. Raymond Picard, Paris, Gallimard, Bibl. de la Pléiade, t. II, 1960.
  • Boileau, Œuvres complètes, éd. Françoise Escal, Paris, Gallimard, Bibl. de la Pléiade, 1960, p. 115.
  • Saint-Simon, Mémoires, éd. Yves Coirault, Paris, Gallimard, Bibl. de la Pléiade, t. I (1983), t. III (1984), IV (1985).
  • M. de Courcelles, Dictionnaire universel de la noblesse de France, t. 1, 1820.
  • Edmond Lemonchois, Le Marquisat de la Salle, 1982 .