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Jean Rabec

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Jean Rabec, né à Cerisy-Montpinchon et mort à Angers (Maine-et-Loire) le 24 avril 1556, est une personnalité religieuse de la Manche, prêtre franciscain apostat, pasteur calviniste et martyr protestant.

Originaire du diocèse de Coutances, il entre en religion chez les Cordeliers de Vire (Calvados). Il abandonne rapidement son monastère et jette le froc pour aller à Lausanne[1] où il étudie la théologie et vit d'une pension du sénat de Berne [2].

Après plusieurs années en Suisse, il entre en France et prêche secrètement le calvinisme à Angers (Maine-et-Loire)[1] sur la base du livre des Martyrs paru et acheté à Genève en 1554 [3]. Il se rend ensuite à Château-Gontier, où il est arrêté le 1er août 1555, dénoncé par un sergent voisin de la maison où il demeure [1].

Après une longue détention, il est interrogé sur ses conceptions théologiques et son procès canonique devant l'évêque d'Angers le juge le 24 octobre 1555 hérétique, schismatique, apostat, l’excommunie et le condamne à la dégradation [2]. Rabec fait appel auprès du parlement de Paris et reste en prison, alors que le Sénat de Berne le réclame à la justice en qualité d'écolier de Lausanne. En réponse à cette requête, et en dépit de l'appel, le roi Henri II, ordonne par lettre du 24 mars 1556 l'exécution de la sentence [2]. Il est supplicié le 10 avril [3] devant le parvis de la cathédrale Saint-Maurice, et face à une foule nombreuse [1].

La justice du Présidial le condamne ensuite à être brûlé vif sur la place du Pilori et à avoir la langue coupée s'il ne se confesse pas. À l'annonce de la sentence, il s'exclame « Dieu soit loué et me fasse sa grâce de persévérer jusque à la fin. Ô Dieu, que tu me fais de grâces de m'appeller pour soustenir la parole évangélique ! Car tu as dit que quiconque te confessera devant les hommes, tu le confesseras aussi devant ton Père ; tu as aussi dit, que quiconque persévérera jusqu'à la fin sera sauvé. » [2]. Il repousse le cordelier Alain et Jean de l'Espine, envoyés par Gabriel Bouvery pour le convertir. Sa fin est décrite par l'éditeur protestant Crespin :

« Le bourreau le prit et l'attacha à une claie derrière une charrette, en piteux spectacle. Et Rabec, dressant les yeux au ciel, priait Dieu et ne cessa jusqu'à ce qu'il fut arrivé au lieu du supplice, jetant force sang par la bouche et fort défiguré à cause de ce sang. Étant dévêtu, il fut environné de paille devant et derrière, et force soufre jeté dessus sa chair. Élevé en l'air, il commença le psaume LXXIX : Les gens entrés sont en ton héritage, voire intelligiblement, quoiqu'il eût la langue coupée, pour n'avoir pas voulu prononcer Jésus Maria. Et ainsi étant élevé, comme il est dit, il demeura plus d'un demi-quart d'heure devant que le feu fût allumé, continuant son psaume et invoquant à son aide Jésus-Christ par plusieurs fois. Le feu étant mis, Rabec encore poursuivit le psaume et fut abaissé, puis élevé par plusieurs fois, au gré et souhait des moines, disant au bourreau : « Hausse et baisse, jusqu'à ce qu'il ait prié la vierge Marie! » de sorte que les entrailles étant déjà à moitié sorties, encore parlait-il n'ayant quasi plus figure d'homme, lorsqu'il fut du tout dévalé sur le bois et ainsi rendit l'âme à son Créateur. »

Défiguré par le sang sortant de sa bouche à la langue sectionnée, il est exposé quelques minutes aux railleries du peuple et supplicié [2], marquant ceux qui assistent à son supplice par son courage et sa fermeté jusqu'au milieu des flammes [1].

Notes et références

  1. 1,0 1,1 1,2 1,3 et 1,4 André Joubert, Histoire de la baronnie de Craon de 1382 à 1626, Germain et G. Grassin, 1888.
  2. 2,0 2,1 2,2 2,3 et 2,4 Eugène et Emile Haag, La France protestante, J. Cherbuliez, Paris, 1846-1859.
  3. 3,0 et 3,1 « Le cordelier martyr Jean Rabec. Procès-verbal officiel et inédit de sa dégradation, Angers 10 avril 1556 », Bulletin historique et littéraire, volume 39, Société de l'histoire du protestantisme français, 1890. en ligne.

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