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Discussion utilisateur:96.231.214.189

De Wikimanche

Il voit des Vikings partout

Bonjour JS.

Si vous ne laissez ni signature, ni page d'utilisateur, vous répondre se révèle quelque peu aléatoire. Permettez-moi cependant de préciser un certain nombre de points tout d'abord :

  • Je suis d'origine parisienne, et simplement "normand" (si l'on peut dire) d'adoption.
  • Je n'ai aucun sentiment régionaliste ni nationaliste, et il m'indiffère totalement que telle ou telle région ait été ou non colonisée par les Vikings. Je suis d'ailleurs plutôt agacé (pour le moins) par le fait que certaines mouvances du genre agité veuillent réduire l'existence de la Normandie à une influence scandinave qui, si elle est incontestable, n'en est pas moins historiquement et linguistiquement très partielle.
  • Si je m'intéresse à l'histoire, je suis avant tout linguiste, et c'est à ce seul titre que je me permets d'exprimer certaines opinions.

Ceci dit, nul ne conteste (même pas moi !) que les Vikings ont razzié les côtes atlantiques et méditerranéennes, du golfe de Gascogne aux côtes de Toscane. Personne n'a jamais dit le contraire, et on trouve ces événements relatés, depuis longtemps, dans tout bon ouvrage historique sur le sujet. Le fait que Lucien Musset n'ait parlé que de la Normandie vient simplement du fait que c'était là son principal (pour ne pas dire unique) sujet d'étude.

Si j'ai encouragé HaguardDuNord à supprimer les ajouts qui avaient été faits concernant un certain nombre de toponymes pour lesquels une étymologie scandinave avait été avancée, c'est simplement pour des raisons d'ordre linguistique, et plus particulièrement de méthodologie toponymique. Les explications proposées, au regard des attestations connues pour ces noms, m'ont simplement paru intenables. Cela n'a rien à voir avec l'histoire : c'est une simple question de bon sens et de phonétique historique (voir par exemple mes remarques au sujet d'Escatalens sur la page de discussion ). Je suis prêt à accepter n'importe quelle étymologie historiquement plausible, à partir du moment où elle n'est pas démentie par les connaissances actuelles en matière de phonétique. En d'autres termes, si des Vikings ont effectivement razzié le golfe de Gascogne, ce ne peut être un argument toponymique que si la forme du toponyme s'y prête, ce qui, à ce que j'ai pu vérifier, n'est manifestement pas le cas. Avec des ressemblances phonétiques approximatives, on peut "prouver" absolument n'importe quoi : en l'occurrence, que Paris a été fondé par Pâris (chacun sait que les Grecs sont passés en Gaule…).

Cordialement, Dominique Fournier 27 novembre 2009 à 22:20 (CET).

Bonjour JS.
1. — Mes sources sont celles qu'utilisent tous les toponymistes : en l'occurrence, pour Escatalens, Ernest Nègre, Toponymie Générale de la France, Droz, Genève, t. II, 1991, p. 840, § 14640. Il y donne la toute première attestation connue du toponyme, el feus des Catalencs, 1179, relevée dans Clovis Brunel, Les plus anciennes chartes en langue provençale, Paris, 1926, 1952, p. 166, § 5.
2. — L'hypothèse Skathaling provient de E. Gamillscheg, Romania Germanica, Berlin-Leipzig, 1934-1936. Elle a été reprise en son temps par Albert Dauzat, qui en a reproduit la teneur dans son dictionnaire (Albert Dauzat et Charles Rostaing, Dictionnaire étymologique des noms de lieux en France, Larousse, Paris, 1963 (rééd. Guénégaud, avec supplément de Marie-Thérèse Morlet), p. 269b : c'est en effet lui qui popularise en France l'interprétation par « gotique skathaling, personne nuisible ». Problème : ni Gamillscheg ni Dauzat ne citent de formes anciennes. Or Dauzat le fait toujours lorsqu'il en dispose : c'est donc qu'il n'en connaissait pas, et que l'interprétation repose uniquement sur la forme moderne du toponyme.
3. — Dans l'édition de 1997 de la Toponymie occitane de Bénédicte et Jean-Jacques Fénié, je lis simplement p. 37 : Escatalens (TG) < *Skathaling, sans autre commentaire. Notez qu'entre-temps, ce nom est devenu hypothétique (il n'est en effet attesté nulle part), d'où le prudent astérisque. Vous remarquerez également que les auteurs citent comme référence Ernest Nègre quelques lignes plus haut, à propos d’Avens.
4. — Ernest Nègre (op. cit., loc. cit.) interprète Catalencs par le nom de personne d'origine germanique Gadeling, qu'il cite sous sa forme latinisée Gadelingus, tel qu'il figure chez Marie-Thérèse Morlet, Les noms de personnes sur le territoire de l’ancienne Gaule du VIe au XIIe siècle, Paris, CNRS, t. I, 1968, p. 97a. Cette hypothèse a le mérite de tenir compte des attestations anciennes. Et entre une hypothèse qui le fait, et une autre qui est manifestement incompatible avec ces attestations, on ne s'étonnera pas que je préfère la première.
Cordialement, Dominique Fournier 14 décembre 2009 à 11:19 (CET).

P.S. : pour me laisser un message, utilisez ma page plutôt que celle d'un autre !

God dag god dag JS.
Juste une petite remarque pour expliquer le es (je pensais que c'était évident, mais apparemment pas !). Il s'agit de la combinaison de en + les (on l'écrit ès aujourd'hui), avec le sens de « dans les » devant un appellatif, et « chez les » devant un nom de personne. On en a plusieurs exemples dans la toponymie occitane, et beaucoup plus, d'ailleurs, en Normandie : procédé très productif, qui a contribué à créer des centaines de toponymes et microtoponymes du même type. En d'autres termes, il ne s'agit pas d'une évolution, mais simplement de la fixation toponymique de la locution ès Catalencs, « chez les Catalencs ».
Par ailleurs, j'aimerais que l'on m'expliquât précisément comment -hus (c'est-à-dire, je suppose, -hús), qui ne comporte pas de nasale, peut aboutir à -enc, produit régulier du germanique -ing (mise à part l'argument consistant à dire qu'il y a eu « confusion »). Je me pose aussi la question de savoir pourquoi [l] ne se serait pas vocalisé devant [h] scandinave, qui devait être suffisamment articulé (contrairement au h latin qui était muet) pour provoquer cette évolution.
Je suis d'accord avec le fait que Gadeling n'est pas idéal tel quel; mais les formes mutées sont légion, et M.-Th. Morlet (op. cit., loc. cit.) atteste d'ailleurs Catulinus en tant que variante (à la finale près) de Gadelingus, ainsi que Katalo qui est encore plus intéressant, car il permet de poser un °Kataling qu'il faut, je vous l'accorde, supposer d'introduction assez tardive pour que le [-t-] intervocalique ne se sonorise pas.
Enfin, pour reprendre votre formulation, « est plus proche phonétiquement » n'est pas un argument scientifique (le français feu et l'allemand Feuer, le latin habere et l'allemand haben sont phonétiquement proches, veulent dire la même chose, mais sont d'étymologie différente; par contre, les mots anglais cow et beef ont une origine strictement identique). La seule manière de proposer un argument qui tienne debout est de le justifier, pas à pas, depuis l'étymon proposé jusqu'à la forme moderne, en rendant compte de tous les changements phonétiques qui se sont opérés. Je peux le faire avec un étymon tel que °Kataling (ce qui ne veut pas dire qu'il s'agisse de la réalité; mais c'est ce qui, à mes yeux, colle le mieux). Je ne pense pas qu'il soit possible de le faire avec °Ásketillhús. Et s'il vous plaît, astérisquez tout ce qui n'est pas formellement attesté : si vous vous retrouvez avec une page pleine d'astérisques, c'est qu'il y a un problème quelque part…
Cordialement, Dominique Fournier 15 décembre 2009 à 00:14 (CET).

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