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Combat du Renard contre l'Alphea (1813)

De Wikimanche

Combat du Renard contre l'Alphea

Dans la nuit du 9 au 10 septembre 1813 [1], le corsaire français Le Renard triomphe de la goélette anglaise l'Alphea au large d'Aurigny [2].

Contexte

Le 8 septembre 1813, le cotre à hunier Le Renard, propriété du célèbre corsaire Robert Surcouf (1773-1827) [2], sorti des chantiers de Saint-Malo en 1812, jaugeant 70 tonneaux, armé de 4 canons de 4 et de 10 caronades de 8, et fort d'un équipage d'environ 50 hommes [3] (Bretons et Portugais), part de l'île de Batz, au large de Roscoff, en Bretagne. Au matin du 9, le bâtiment se trouve à environ quatre lieues de « Starpointe » [4], lorsque son capitaine, Leroux-Desrochettes, aperçoit « une voile sous le vent, courant tribord amures » [5]. Le capitaine Leroux s'empresse de chasser le vaisseau, qu'il reconnaît ensuite être une « goëlette de guerre » [5]. Il s'agit de L'Alphea, armée de 16 canons de 12 et 16 pierriers d'une livre, commandée par le lieutenant Thomas Williams Jones et auquel obéissent entre 80 et 120 hommes, selon les voyages (ici, 80).
Leroux vire de bord, mais s'aperçoit que la goélette fait de même et se trouve « à une distance de deux lieues derrière nous » [5]. La distance entre les deux navires s'amenuisant, le capitaine Leroux fait préparer la batterie et placer chacun à son poste. L'ennemi engage le feu par des coups de canon de chasse.

Le combat

Le combat dure deux heures et demie [1]. Il est très inégal, l' Alphea disposant d'une puissance de feu et d'un équipage très largement supérieurs en nombre [1]. Mais Le Renard rend coup pour coup et tente même deux abordages repoussés par les Anglais. Le 10 septembre vers 3 h du matin, le capitaine Leroux a le bras emporté par une décharge [1] et confie le commandement à son unique lieutenant valide, Jean Herbert. Le combat s'achève une demi-heure plus tard par l'explosion de lAlphea, touchée par deux boulets français [1].
Le bilan est lourd. Aucun des 80 membres de l'équipage de l'Alphea ne survit, car les rares marins qui ne sont pas morts dans l'explosion ne parviennent pas à gagner le vaisseau vainqueur à la nage et se noient. À bord du Renard, on dénombre 5 morts et 31 blessés, dont 4 mourront plus tard : le capitaine Emmanuel Leroux-Desrochettes, 26 ans, originaire de Saint-Malo, le lieutenant Louis Michel Duval-Ramerie, 33 ans, le matelot Mathieu Bragaja, 42 ans, et le mousse Thomas Lepelletier, 15 ans [2], de Saint-Malo. Tous reposent au cimetière de Tréauville.

Le Renard fait route vers Cherbourg mais ne peut entrer dans le port à cause de la marée. Il touche le port de Diélette le 14 avec les treize marins encore valides [2], qui sont pris en charge par l'aubergiste David Buhot [6] et la comtesse de Bruc. Le capitaine Leroux-Desrochettes a le temps de dicter à Jean Herbert, son lieutenant, un rapport qui donne sa version du combat [7]. Le préfet maritime de Cherbourg, ayant pris connaissance de ce rapport, signale la bravoure de l'équipage au ministre de la Marine et demande à l'Empereur qu'ils soient récompensés [8].

Les tombes des victimes sont redécouvertes au début des années 1930 par Robert Asselin, qui les fait sortir de l'oubli [8]. Le 11 novembre 1932, une délégation du Souvenir Français inaugure les quatre plaques apposées sur les tombes des quatre marins inhumés à Tréauville [8].

Chaque année depuis 1984 [9], les anciens combattants du Souvenir français de la commune de Tréauville rendent hommage aux corsaires du Renard au début du mois de septembre [10][11]. Ils se chargent aussi de l'entretien des tombes.

Notes et références

  1. 1,0 1,1 1,2 1,3 et 1,4 Alain Berbouche, « La victoire du Renard sur l'Alphea, un exploit méconnu de la marine impériale », Revue du Souvenir napoléonien, n° 496, juillet 2013, pp. 34-39 (lire en ligne).
  2. 2,0 2,1 2,2 et 2,3 « Un émouvant hommage aux héroïques corsaires du “Renard” », La Presse de la Manche, 9 septembre 2023.
  3. Selon le rapport de 1813, qui compte 31 blessés, 5 tués, 13 valides et le capitaine (blessé). L'Ouest-Éclair du 13 novembre 1932 en compte 61, Ouest-France du 11 septembre 1989 en compte 46.
  4. Start Point, Devon ?
  5. 5,0 5,1 et 5,2 Le Propagateur, 25 septembre 1813.
  6. L'Ouest-Éclair, 19 février 1932.
  7. « 1813-2013 : bicentenaire du combat naval entre l'Alpha et Le Renard », Le blog du Cotentinois, site internet, 15 juillet 2013 (lire en ligne).
  8. 8,0 8,1 et 8,2 « Une cérémonie en l'honneur des marins de Robert Surcouf », L'Ouest-Éclair, 13 novembre 1932.
  9. « Tréauville et les Malouins célèbrent leurs corsaires », Ouest-France, 11 septembre 1989.
  10. D'abord le 10, aujourd'hui le premier dimanche du mois.
  11. « Tréauville se souvient de la bataille du cotre de Surcouf au large de Diélette, en 1813 », Ouest-France, site internet, 2 septembre 2022.