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Surcouf (NN-3)

De Wikimanche

Le Surcouf était un sous-marin Français, construit en 1929 et qui disparut en mer en 1942. Il avait rejoint l'Angleterre et les rangs de la résistance en 1940.

Fichier:Image surcouf.jpg

Caractéristiques techniques et essais

Son rôle était d'assurer le contact avec les colonies, de chercher et détruire les flottes ennemies en collaboration avec les escadres de surface et de pouvoir mener une guerre de course contre les convois ennemis.

Caractéristiques / Habitabilité / Equipage :

Le sous-marin le Surcouf avait une masse de 3 304 tonnes. Il mesurait 110m par 9m et sa puissance était de 7 600 chevaux.

L'équipage était composé de 8 officiers dont 1 médecin et 2 aviateurs, 3 premiers maîtres, 21 maîtres et second maîtres, 85 quartiers maîtres et matelots ainsi que 31 matelots dans l’équipage supplémentaire.

Il réunissait 150 membres actifs au total.


"L'appareil moteur du Surcouf, qui comprend deux moteurs Diesels de chacun 3 800 chevaux, a été exécuté par les ateliers et chantiers de la Loire et les forges et chantiers de la Méditerranée.

L’équipage du Surcouf, y compris les officiers et gradés atteint 150 hommes. Le premier commandant du bâtiment est le Capitaine de frégate De Belot (15 août 1929).

Sa vitesse en surface est de 18 nœuds. Sa vitesse en plongée est de 10 nœuds."


Le Livre d’Or du croiseur sous-marin Surcouf.


Essais du Sous-marin croiseur le Surcouf :

1930 :

-19 décembre = Première sortie à la mer. Essais du Moteur Electrique Principal (MEP)

- 25 décembre = Le Capitaine de vaisseau Roquebert, frère de l’ingénieur constructeur est nommé président de la commission locale des essais.

1931 :

- 7 mars = Premiers essais des diesels.

- 3 avril = Essais préliminaires des MEP.

- 16 avril = Essais préliminaires des diesels.

- 12 mai = Passage au bassin pour la révision jusqu’au 15 mai.

1933 :

- 30 juillet = Inauguration de la Gare Maritime de Cherbourg, le Surcouf est visité par le Président de la République, Paul Doumer.



Le Surcouf avant la 2nde Guerre mondiale

Avant la seconde Guerre mondiale, le Surcouf effectue de nombreuses et diverses missions. Il aura d'ailleurs de nombreux commandants à sa direction.


"C’est en 1929 que le Capitaine de frégate De Belot est désigné pour armer le Surcouf. Tâche difficile, le Surcouf est un prototype. Bien des appareils sont expérimentés sur lui pour la première fois et jamais on n’a encore fait plonger un navire aussi grand. C’est le géant des sous-marins avec ses 3 000 tonnes, ses 150 marins, sa tourelle extraordinaire qui renferme 2 canons de 203 mm et ses 14 tubes lance-torpilles.

Sous l’impulsion du commandant De Belot, secondé par le Lieutenant de vaisseau Baussant et d’un jeune officier qui s’appelait Ortoli, le Surcouf fut rapidement armé, effectua ses premiers essais et accomplit une longue croisière d’endurance. Le Commandant De Belot a terminé sa carrière d’une manière originale : Il fut à la fois préfet des Pyrénées Orientales et Contre-amiral.

Après lui, les commandants Leportier, Derrien et Le Gouic commandèrent chacun pendant les deux années réglementaires le sous-marin qui, au cours de ses croisières en Afrique et en Amérique, faisait sensation et qui, au cours des manoeuvres, se révélait un croiseur sous-marin d'une redoutable efficacité."

Le Surcouf et ses commandants. 16 janvier 1954. P.235. N°333


Le Surcouf de 1940 à 1942

Dès le début de la guerre, le Surcouf rejoint les rangs de la résistance en Angleterre, alors sous les ordres du Général Charles de Gaulle.

"Au mois de juin 1940 ; le Surcouf était en Angleterre. Il fut l’un des premiers bâtiments à porter la marque des Forces Navales Françaises Libres, et sous les ordres du commandant Ortoli, il participera activement, en liaison avec les alliés, à la recherche des corsaires ennemis dans l’Atlantique Nord. Au cours de nombreux mois de navigation en opérations de guerre, il fit preuve de magnifiques qualités d’endurance.

En décembre 1941, il faisait partie de l’expédition de Saint Pierre et Miquelon.

Peu après, se rendant compte des remarquables services qu’il pouvait rendre, les alliés demandèrent à l’utiliser sur le vaste théâtre du Pacifique, où ils envisageaient une lutte dure et longue. Le Surcouf, commandé alors par le Capitaine de frégate Blaisot, fut mis à leur disposition."

Comment le Surcouf disparut. 1947. Cols Bleus. P.235

"Vint la guerre. Le Surcouf était en réparation à Brest sous les ordres du commandant P. Martin. Au prix d'incroyables difficultés et à l'extrême limite des possibilités, Martin put échapper aux Allemands et conduire son bateau à Plymouth. Là, on sait dans quelles douloureuses et tragiques conditions -Churchill l'a raconté sans ambrages dans ses mémoires- les Anglais s'emparèrent du Surcouf à l'aube du 3 juillet 1940. Mais peu de temps après, le Surcouf redevenait français, et sous les ordres du commandant Ortoli, continuait la guerre."


Le Surcouf et ses commandants. 16 janvier 1954. P.235. N°333


La fin tragique du Surcouf

Le 18 février 1942, le Surcouf, en mission vers le Mexique, fit une rencontre fatale, au large des Caraïbes, avec un cargo ... Les causes de la disparition du Surcouf ont longtemps été inconnues, jusqu'au jour où les Américains publièrent un rapport expliquant au monde entier les circonstances du naufrage.

Voici son histoire racontée par un journaliste de l'époque :

"Avec une émotion profonde, les Français ont appris, à la libération, que le Surcouf avait disparu, corps et biens. Ils étaient fiers de ce sous-marin géant, chef d’œuvre de nos constructions navales, qui, au cours de lointaines croisières, avait montré le pavillon sur les 2 rives de l’Atlantique. Le Surcouf était un redoutable et puissant instrument de combat, non seulement en tant que sous marin mais encore en tant que croiseur. [...] Son rayon d’action de 10 000 milles était largement suffisant pour accomplir 3 fois sans escale la traversée du Havre à New-York. La principale caractéristique du Surcouf était son avion. Dans un hangar spécial, semblable à un gros cylindre, placé derrière la tourelle, il y avait effectivement un petit avion de croisière, à ailes repliables, qui augmentait dans des proportions immenses les possibilités d’action du Surcouf. Les aménagements étaient particulièrement soignés, et c’est dans un confort satisfaisant que l’équipage vivait et travaillait. [...] Au début de février, le Surcouf appareilla pour le canal de Panama. D’après les ordres de route qu’il avait reçus, il devait arriver à Cristobal, à l’entrée du canal, le 19 février. Ce jour là à Cristobal, on l’attendit, en vain. Et le lendemain, et les jours suivants, il en fut de même. Le Surcouf jamais ne parvint à destination. On ne le revit plus. Perdu corps et biens.

En Angleterre, en France, les bruits les plus divers coururent. D’après les uns, le Surcouf avait été coulé à la suite d’un abordage avec un cuirassé américain. D’après les autres – et des récits de nombreux journalistes- il avait été, par méprise, canonné et coulé par un croiseur allié au large d’Halifax. Mais au final on ne savait rien. Et le mystère, longtemps, demeura entier. Jusqu’au jour, tout récent, où les Etats-Unis publièrent le rapport d’une commission d’enquête qui s’était réunie au début d’avril 1942 pour établir dans quelles circonstances le vapeur américain Thompson Lykes avait subi des avaries à la suite d’une collision. Et le rapport disait ceci :


"Dans l’après midi du 18 février 1942, le Thompson Lykes, cargo à une hélice, construit en acier, jaugeant environ 7000 tonnes, appareillait de Cristobal pour se rendre à Cuba. Il était en partie chargé avec une cargaison de l’armée, et avait un tirant d’eau de 10 pieds 6 pouces soit un peu plus de la moitié de son tirant d’eau en pleine charge normale. "

"Les ordres du Thompson Lykes ne lui prescrivaient, pour se rendre à Cuba, aucune route ni aucune vitesse, si bien que le commandant adopta la route normale commerciale, de Cristobal à Guantanamo Bay (Cuba). Il lui était seulement enjoint de naviguer tous feux éteints et avec un obscurcissement total."

"A 21h45, au reçu d'un message chiffré du Canal Zone lui ordonnant de se rendre à Cienfugos au lieu de Guantanamo, le commandant prit la route au 356, puis quitta la passerelle, laissant les instructions écrites pour la nuit, parmi lesquelles celle de l'appeler en cas d'urgence."

"Il restait sur la passerelle l'officier de quart et l'homme de barre. Un matelot avait été placé en vigie, et d'autres étaient de veille avec l'armement du canon du bord."

"A 22h30, tandis que le Thompson Lykes faisait route par nuit obscure et assez forte houle, un brillant feu blanc fut aperçu à un quart sur l'avant tribord, à courte distance. C'était un feu analogue à celui d'une lampe à main à éclats, du type courant. Le feu s'éteignit aussitôt."

"Pour laisser la route libre au navire inconnu d'où il émanait, l'officier de quart donna l'ordre de mettre la barre tout à gauche. Mais, avant que le Thompson Lykes ait pu répondre à la barre, le feu apparut de nouveau, juste sur l'avant et tout près, indiquant par là au Thompson Lykes que l'autre bâtiment lui coupait la route de tribord à bâbord."

"Aussitôt, l'officier de quart fit mettre la barre tout à droite, afin d'essayer de doubler le bâtiment par l'arrière, mais presque immédiatement, l'avant du Thompson Lykes entra brutalement en contact avec l'autre navire."

"La violence du choc réduisit momentanément l'allure du Thompson, et c'est alors que, sous son avant, un brillant jet de flammes jaillit. Il était semblable à celui que produit l'explosion d'un combustible liquide, et on perçut l'odeur du mazout enflammé."

"Le jet de flammes disparut rapidement, et on vit passer le long du bord, la silhouette d'un bâtiment, silhouette basse sur l'eau, pareille à celle d'un sous-marin, qui s'enfonça promptement sous la houle. Aussitôt après sa disparition, une violente explosion sous-marine fit trembler le Thompson Lykes, et un autre jet de flammes s'éleva à la surface de l'eau."

"Le commandant du Thompson Lykes, qui avait bondi sur la passerelle, fit stopper la machine. Puis il vira de bord et revint sur les lieux de l'accident. Il alluma son projecteur et chercha jusqu'au jour. Il ne trouva rien. Pas un survivant. Pas une épave."

"Au matin, il fit route sur Cristobal pour réparer ses avaries."


La Comission d'enquête conclut que le Thompson Lykes avait abordé un bâtiment inconnu, de nationalité inconnue, et qu'il en était résulté la perte, corps et biens, de ce navire et de son équipage.

Et ceci se passait à 80 miles de Cristobal. Or, dans la même nuit, au même endroit, le Surcouf devait passer. Il est donc certain, hélas ! que ce navire, c'était le Surcouf, et que cet équipage, c'était ses 150 marins..."


Pierre Tardino Comment le Surcouf disparut. 1947. Cols Bleus. P.235


Sources

Service historique de la défense "Département de la Marine" (Cherbourg, 50) Comment le Surcouf disparut. 1947. Cols Bleus. P.235

Le Livre d’Or du croiseur sous-marin Surcouf.

Le Surcouf et ses commandants. 16 janvier 1954. P.235. N°333 Fichier:Image surcouf.jpg