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Église Saint-Martin (Fontenay-sur-Mer)

De Wikimanche

Église de Fontenay-sur-Mer.

L'église Saint-Martin est un édifice catholique de la Manche, situé à Fontenay-sur-Mer.

Dédiée à saint Martin, elle relève, sous l'Ancien Régime, du doyenné du Plain, de l'archidiaconé du Cotentin et aujourd'hui de la paroisse Saint-Jacques centrée à Montebourg.

Il s'agit d'une des quatre églises du marquisat créé par Hervé II Le Berseur (1641-1696), avec celles de Saint-Marcouf, Émondeville et Azeville. Le tombeau du grand-père de Hervé II Le Berseur, Richard Le Berseur (inhumé en 1609) se trouve dans l'église de Fontenay [1].

Description

On trouve ces quelques lignes dans le Journal de l'arrondissement de Valognes en 1934 :

« Le clocher du XIIIe siècle à deux versants ou à double égout, comporte de solides contreforts et des gargouilles dont le sculptures représentent des tête [sic], ressemblant à celles des hiboux.
Le beffroi, destiné à permettre au son des cloches de de se répandre au loin, comprend de chaque côté trois arcades dont une seule est à jour.
La nef et le portail ne présentent rien d'intéressant.
Le chœur est voûté en ogive, éclairé par 4 fenêtres de même style, il est à chevet, droit et orné d'un autel surmonté d'un rétable Renaissance en bois sculpté dans le genre de celui d'Azeville [...] avec deux statues d'évêque.
Quatre piliers ornés de colonnes engagés supportent intérieurement le clocher qui est construit au centre de l'édifice entre la nef et le chœur, et sous lequel on voit encore 3 pierres tombales dont les inscriptions sont effacées.
La crédence, à deux compartiments, avec colonnettes et deux petites arcades ogivales est fort gracieuse.
Dans une chapelle à droite rajoutée à une époque relativement récente, on remarque une ancienne statue de Vierge, tenant l'Enfant Jésus dans ses bras et ayant une figure souriante : malheureusement, le tout est recouvert d'une peinture grisâtre. » [2]

Histoire

Époque moderne

L'église est visitée par le chanoine Jean François Guy de Hennot de Théville, archidiacre du Cotentin, vicaire général, en 1759, et la trouve en bon état.

Comme beaucoup d'autres lieux de culte lors de la Révolution française, elle est violemment saccagée et pillée :

« [...] Les tableaux, les statues, les tombeaux, tout fut arraché, mutilé, brisé, détruit. On vit disparaître sous la hache révolutionnaire toutes les épitaphes, qui, dans l'intérieur de l'église, célébraient les vertus et la générosité des bienfaiteurs [3]. Les croix furent abattues et le Christ foulé aux pieds. Les linges et ornements, les vases sacrés, deux cloches sur trois, jetés de haut en bas de la tour, tout fut porté en triomphe au district de Valognes.
Un misérable se passait le plaisir barbare d'abattre un à un le nez des statues et du Christ. Un autre, foulant de son talon la statue de la Ste. Vierge, lui adressait ces paroles blasphématoires : "Si tu as encore quelque pouvoir, fais-le voir". Un troisième s'emparait des bénitiers, un quatrième des fonts sacrés du baptême pour servir d'auge à leurs pourceaux. Un cinquième qui va porter au district de Valognes, les ornements sacrés, a l'impudence de s'en revêtir à l'entrée de Montebourg et de parodier dans la rue des Stes, cérémonies de la religion  »[4].

Toutefois, la famille Dupoërier de Francqueville put recueillir les reliquaires [5] et les reliques exposées dans l'église et les cacher pendant la Révolution dans le château de Franqueville, où, à la réouverture des églises, toute la paroisse alla, en procession et en grande pompe, les chercher pour les rétablir dans leurs anciennes places.

L'église est laissée dans son état de délabrement jusqu'en 1800, quand des travaux sur sa couverture et ses vitraux commencent, financés exclusivement par la commune. Ils durent plusieurs années, au moins jusqu'en 1807.

En 1819, Charles de Gerville écrit ces quelques remarques suite à sa visite de l'édifice :

« Le choeur, seule partie ancienne de cette église, est double. Extérieurement, il offre des fenêtres gothiques du 13ème ou 14ème siècle.
La nef et un portail ou portique occidental ont été bâtis vers le milieu du siècle dernier par Mr. GIFFARD, prédécesseur de celui qui a précédé Mr. LE LUBOIS. Le patronage avait été par les Seigneurs acquis de l'abbaye de Cerisy.
Clocher au centre d'une longue croisée entre choeur et nef.
Le portique W. à trois arches. Il occupe toute la largeur de la nef.
Le côté droit du choeur qui fait la continuation de la nef est terminé par le grand autel. L'autre étoit celui de l'abbaye de Cerisy qui l'a vendu aux ancêtres du Sgr. actuel (Les BERCEURS) dont les armes, fleur de lys et croissant, étoient naguère à la clef de la voûte.
Les deux côtés du choeur sont voûtés ainsi que la croisée. Il sont séparés par deux arches ogives et par de grosses colonnes grouppées dont les chapiteaux sont ornés de feuilles simples, allongées, recourbées au sommet.
Les 4 colonnes qui soutiennent le clocher sont du même travail mais encore bien plus grosses.
Un monument mural étoit érigé intérieurement contre le mur S. du choeur à la mémoire de Mr. JOURDAN, prêtre originaire de Fontenay qui avoit fait à l'égl. des donations considérables. L'inscription qui les recordoit, étoit sur une plaque de cuivre qu'on a enlevée à la révolution.
Au dehors du S. du choeur, il y a un rang de petites croisettes telles qu'on en voit à Bohon et à Montmartin en Graignes.
La simplicité des chapiteaux, les petites croisettes, l'apparence extérieure du clocher me porteroient à croire que l'abbaye de Cerisy qui dans le 12è siècle, fit de grandes réparations à St. Marcou, peut avoir fait ce travail. D'un autre côté, la largeur des fenêtres semble signaler un tems plus rapproché.
Mr. LE LUBOIS [6] est le 3ème curé que les BERCEUR aient nommé depuis leur marché avec l'ab. de Cerisy.
Upon a rising ground in a fruitful country both pasture near the point where the stratum of gryphites and dectinites meet. »

L'église est endommagée par les combats de la Libération, en 1944. Les dégâts touchent essentiellement la couverture de la nef et le clocher. Mgr Guyot bénit les travaux de restauration de l'édifice en 1956.

Statuaire

L'église abrite une Vierge à l'Enfant (première moitié du XIVe) classée à titre d'objet aux Monuments historiques[7] le 14 décembre 1914, étudiée par André Rostand [8] et par Brigitte Béranger-Menand [9]. On trouve aussi un saint Martin évêque du XVIIe siècle en pierre calcaire, un saint Thibaud abbé, en pierre, aussi du XVIIe, un Christ enseignant, en plâtre, de la seconde moitié du XVIIe.

Situation

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Bibliographie

  • Jeannine Bavay, « L'église de Fontenay », Vikland, n° 22, août 2017
  • Charles de Gerville in Michel Guibert, Voyage archéologique dans la Manche (1818-1820), vol. I, Arrondissement de Cherbourg, Saint-Lô, Société d'archéologie et d'histoire de la Manche, 1999, pp. 136-137.
  • Michel Guilbert et Michel Nortier, Les églises du département de la Manche de 1750 à 1820 : d’après les sources contemporaines et le rapport établi en 1802 par le comte de Montalivet, préfet de la Manche, tome I, vol. II : Ancien arrondissement de Valognes (1802),Société d’archéologie et d’histoire de la Manche, Saint-Lô, 2007, pp.398-399-400. ISBN 978-2-914329-13-2.

Notes et références

  1. « À la découverte des "églises Le Berseur" », La Presse de la Manche, 11 septembre 2023.
  2. Le journal de l'arrondissement de Valognes, 3 novembre 1934.
  3. Les armoiries d'Henri Le Berseur (1677-1762), marquis de Fontenay, ont toutefois résisté aux assauts des vandales.
  4. Jean-Louis Dossier, curé de Fontenay de 1842 à 1886, C E 66 in Les églises du département de la Manche de 1750 à 1820 : d'après les sources contemporaines et le rapport établi en 1802 par le comte de Montalivet, préfet de la Manche, tome 1, vol. 2 : Ancien arrondissement de Valognes (1802), Société d'histoire et d'archéologie de la Manche, Saint-Lô, 2007, p.399 - (Michel Guilbert et Michel Nortier, ISBN 978-2-914329-13-2).
  5. Il reste aujourd'hui une paire de reliquaires datant de la seconde motié du XVIIe siècle.
  6. Jacques François Lelubois
  7. « Notice n°PM50000422 », base Palissy (mobilier), plateforme ouverte du patrimoine (POP), ministère de la Culture.
  8. dans Les statues de la Vierge à l'Enfant du moyen âge dans l'ancien diocèse de Coutances, Bulletin monumental, 1937, T.96, p.72
  9. op. cit., T.2, p. 202-203

Liens internes

Lien externe