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Église Notre-Dame (Saint-Lô)

De Wikimanche

L'église Notre-Dame.

Notre-Dame de Saint-Lô est une église de la Manche, située à Saint-Lô, parvis Notre-Dame.

Elle est parfois connue comme la « cathédrale de Saint-Lô ».

Historique

Gravure de 1884.
Vue intérieure par Sagot

Construite entre la fin du XIIIe siècle et 1685, puis rebâtie après la Libération, cette église paroissiale et ancienne collégiale est considérée comme le symbole de la ville de Saint-Lô.

Cette église dédiée à Notre-Dame a pour origine la paroisse du château de Saint-Lô, sur le mont Briovère : la paroisse de « l'Enclos », dont le patron était le seigneur du château, à savoir l'évêque de Coutances.

Avec l'activité des foires, de l'activité drapière et du pèlerinage à Notre-Dame-du-Pilier, les bourgeois de Saint-Lô contribuent à l'agrandissement et à l'embellissement progressif de leur église paroissiale. La nef à cinq travées barlongues date du premier tiers du XIVe siècle, ainsi que ses collatéraux immédiats ; les corbeilles de feuillage des chapiteaux sont très caractéristiques de l'époque. La tour nord date aussi du XIVe et la tour sud de 1464, d'après une inscription. Il n'y a pas de transept et le chœur est à quatre travées ; le sanctuaire est fermé de six colonnes. L'église possède d'anciens vitraux, déposés pendant la période des bombardements, qui datent du XVe siècle, dont le vitrail royal qui, selon la tradition, aurait été offert par Louis XI vers 1470. Il présente le couronnement de la Vierge et l'histoire de saint Crépin et saint Crépinien. La tour sud, carrée à la base, devient octogonale. Les deux tours sont complétées de flèches au XVIIe siècle, réalisées sur le modèle de celle de Saint-Pierre de Caen. Le coq en cuivre coiffant la flèche nord conservait dans une ampoule le texte de l'édit de 1685 autorisant la destruction du temple protestant de Saint-Lô. En 1561, la cathédrale abrite alternativement les cultes catholique et protestant [1]. Désormais, l'église a cette « façade harmonique » à deux flèches qui donne à l'édifice un faux air de cathédrale qui fait la fierté des Saint-Lois et rivalise avec la cathédrale de Coutances : c'est ainsi que l'édifice apparaît dans un tableau peint par Camille Corot, conservé au Louvre. L'église Notre-Dame devient dès lors le symbole visuel de la ville. Une rare chaire extérieure flanque encore le bas-côté nord juste avant la première abside du chevet. Décrite et croquée par Victor Hugo, elle servait plus à donner le prône (annonces officielles) qu'à délivrer le sermon religieux. Elle est composée d'une cuve à cinq panneaux de décor flamboyant surmontée d'une flèche à crochets de feuilles de fougères. Elle donnait autrefois sur la cour intérieure de l'ancien château épiscopal dont il ne reste plus aucune trace.

Vue générale de Saint-Lô par Corot

Mis à part le pillage de l'église en 1562 par les protestants, l'édifice ne subit pas de dégradations majeures avant 1944. Au 18 juillet, après les féroces combats de la Libération, l'édifice était détruit à près de 50 % : nef privée de sa couverture et de ses voûtes, façade effondrée à la suite du bombardement de la tour nord par l'artillerie allemande. Seuls la tour sud sans sa flèche, le chœur et les bas-côtés restaient debout à peu près intacts.

La restauration de l'église (1944-1974) est longue et difficile en raison d'un changement radical dans le parti pris de restauration au cours du chantier. Après les premiers travaux d'urgence, l'architecte des Monuments historiques Louis Barbier prépare un projet de reconstruction à l'identique de la façade ouest en récupérant la plus grande partie des pierres taillées d'origine. Mais en 1947, sur proposition du révérend père Régamey, alors directeur de l'influente revue Art sacré, il est remplacé par Yves-Marie Froidevaux, qui propose en 1953 le principe de garder la ruine de la façade ouest et d'en faire un mémorial contre la guerre. Mais ce projet fut combattu localement: le conseil municipal ne donna jamais son accord et ne participa pas financièrement à la restauration imposée. Un mur pignon aveugle « cicatrisant » en schiste vert du Nord-Cotentin est construit en retrait de la façade disparue et les pierres de l'ancienne façade sont dispersées dans divers dépôts lapidaires quand elles ne servent pas aux remblais nécessaires à la reconstruction de la ville... Confronté à des difficultés techniques imprévues (la taille de la pierre) et à des difficultés financières récurrentes, Yves-Marie Froidevaux n'achève son œuvre qu'en 1972 avec l'installation de trois portes historiées en bronze atténuant ainsi la sévérité de l'ensemble qui fait regretter la disparition de la façade historique.

L'église ainsi restaurée reçoit sa nouvelle dédicace à l'occasion du 30e anniversaire de la Libération. En 1994, à l'occasion du 50e anniversaire, l'artiste peintre Bruno Dufour-Coppolani [1], dresse une toile peinte provisoire représentant l'élévation de la façade disparue devant la béance voulue par l'architecte restaurateur.

En 2016, l'architecte des Bâtiments de France propose un programme de travaux de 185 000 € [2]. En 2017, la municipalité et la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) envisagent de faire réaliser une étude pour connaître « l'état global » de l'édifice et établir un plan de restauration sur dix ou vingt ans [2].

Liste des curés

Le bourdon

Les « bourdons » ou grosses cloches apparaissent à la fin du XIVe siècle.

Quelques dates marquantes

  • 1430 : les bourgeois de la ville de Saint-Lô décident de faire couler une grosse cloche de 7 000 livres ; elle sera mise en place dans la tour nord de l'église devenue par la suite Tour de l'horloge.
  • 1732 : Jean-Baptiste Brocard et Antoine Delapaix, fondeurs lorrains, avaient refondu la cloche fêlée par l'imprudence des sonneurs.
  • Juillet 1944 : la tour nord de l'église s'effondre dans les flammes, entraînant dans sa chute le bourdon.
  • 31 mai 1965 : le bourdon est classé monument historique.
  • Mai 1974 : la cloche rejoint ses quatre sœurs dans le beffroi neuf de la tour sud.
  • 1980 : la cloche est fêlée.
  • 1990 : le bourdon sombre dans un mutisme total malgré une opération de brasure.
  • 7 mai 2004 : coulée d'un nouveau bourdon.
  • 7 juin 2004 : bénédiction par Mgr Jacques Fihey, évêque de Coutances et Avranches.
  • 18 juillet 2004 : inauguration de la cloche « Laud », ainsi nommée par ses parrains, le préfet, le président du Conseil régional, le président du Conseil général et le maire.


Inscription

Le bourdon.

« Mes prédécesseurs naquirent en 1430 et en 1732.
Pour marquer le 60ème anniversaire
de la Libération de la ville de Saint-Lô en 1944
Nicolas Desforges, Préfet de la Manche
Le président du Conseil Régional
Jean-François Le Grand, président
du Conseil général de la Manche
François Digard, maire de Saint-Lô
m'ont nommé Laud
J'ai été béni le 7 juin 2004
par Mgr Jacques Fihey,
Evêque de Coutances et Avranches
Daniel Jamelot étant curé-archiprêtre de Saint Lô
Je chante la liberté, l'égalité et la fraternité. »

Caractéristiques

  • Composition : 78 % de cuivre / 22 % d'étain.
  • Poids : 3 480 kg
  • Diamètre : 1,695 m
  • Note : Si 2
  • Couronne : 6 anses représentant des têtes de lions.
  • Décoration : effigie de Saint-Laud et blason de la ville.

Vues de Saint-Lô depuis la tour sud

Bibliographie

Articles
  • Abbé Delauney, « Notice sur l'église Notre-Dame de Saint-Lô », Notices, mémoires et documents publiés par la Société d'agriculture, d'archéologie et d'histoire naturelle du département de la Manche, Imprimerie d'Elie fils, Saint-Lô, 1864, p.59-147 (lire en ligne)
  • Bernard Jacqueline, « Essai d'identification de trois scènes d'un vitrail », Revue du département de la Manche, n° 74, avril 1977
  • « L'église Notre-Dame de Saint-Lô », Annuaire des cinq départements normands, congrès de Saint-Lo, 1977, pp. 6-7
  • Yves Nédélec, « Église Notre-Dame », Annuaire des cinq départements normands, congrès de Saint-Lô, 1998, pp. 12-17

Notes et références

  1. André Dupont, Histoire du département de la Manche, tome V, « Le grand bailliage de 1450 à 1610 », éd. Ocep, 1979, p. 62.
  2. 2,0 et 2,1 Sylvie Roussine, « Notre-Dame : pas de travaux dans l'immédiat », Ouest-France, 29 mars 2017.

Sources

  • Saint-Lô, sur Wikipédia, l'encyclopédie libre. Version du 22 mai 2007 13:23 UTC (Auteurs).
  • Bulletins de la Société d'histoire et d'archéologie de la Manche
  • Informations orales données par † Mgr Bernard Jacqueline
  • Feuillet « Visite de la tour sud de l'église Notre-Dame de Saint-Lô » remis lors des Journées européennes du patrimoine (19 et 20 septembre 2009)

Liens internes

Lien externe