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Église Notre-Dame (La Bloutière)

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L'église

L’église Notre-Dame de La Bloutière est une édifice catholique de la Manche.

Histoire

L’église relevait sous l’ancien régime du doyenné de Gavray et de l’archidiaconé du Val de Vire.

Elle est placée sous le vocable de Notre-Dame de l’Assomption. Elle présente une disposition classique en forme de croix latine. L’édifice fut sous l’ancien régime placé sous le patronage du prieuré voisin de l’ordre de saint Augustin en 1199. Elle n’a pas conservé de vestiges apparents de cette période.

Les curés furent des religieux de saint Augustin qui assumèrent la fonction de prieur. Quelques noms issus du moyen âge sont connus grâce au prieur Guillaume Legros (1360- mort le 17 mars vers 1380) qui narra l’existence de son établissement en 1360. Nous connaissons aussi Laurent Le Breton en 1360, François de La Bellière curé en 1582. D’autres noms sont connus grâce aux visites archidiaconales du Val-de-Vire : Paul Colas (1674), Gilles Colas (1689), Nicolas Thouze (1695), Jean Bosquet (1697), Pierre Costard (1701), François Maxillet (1703), Anthoine Leroy (1707), Jean Baptiste de Clérambourg (1753), Guillaume Bosquet (1764), Guillaume Féret († le 22 Xbre 1788), Pierre Laurence (1789) etc.

Plusieurs actes capitulaires de la collation du curé subsistent avec la nomination et présentation du prieur chanoine régulier de l’ordre de saint Augustin en l’abbaye, monastère et convent de saint Thomas de la Bloutière par le chapitre dudit lieu. Les custos (ancêtres des sacristains sont connus : Jean Lecourt en 1674, Pierre Lebouteiller en 1700, Michel Brians, en 1724, François Chapel en 1726, François Deschamps en 1728, Pierre Larigot et Jacques Lehaguais en 1730.

C’est Émile Brégeaux qui l’assume aujourd’hui. Le pouillé dit de Louis XVI (composé entre 1770 et 1785) nous apprend que le prieur curé est sans presbytère (il résidait au convent) et n’a pour tout revenu qu’une portion congrue. L’abbaye de La Bloutière possède les 2/3 des grosses dîmes et les menues dîmes ; et l’Abbesse et les religieuses bénédictines de Saint-Désir de Lisieux percevaient l’autre tiers. Les décimateurs avaient à pourvoir à l’entretien du chœur. Le curé entretenait un vicaire.

Description

L’église est connue pour abriter une statue de sainte Venisse, toujours très invoquée dans la région. Elle possède aussi un ensemble mobilier très intéressant L’édifice se compose d’un chœur orienté et éclairé par cinq fenêtres trilobées (trois au midi et deux au septentrion) de style gothique tardif dont deux ouvertes au 18e sur les flancs latéraux. Ces fenêtres présentes des variantes dues à des interventions ultérieures. Une belle fenêtre en arc brisé à trois lancettes simples du 13e ou du 14e siècle éclaire le chœur au levant. Il est prolongé par la nef dont la porte principale se trouve au couchant. Le porche ancien a disparu dans le milieu du 19e. La nef est elle aussi éclairée par quatre fenêtres dont les formes varient selon les époques auxquelles elles appartiennent : arc brisé, arc trilobé, arc à accolade, fenêtres du 19e au nord. Un bel arc triomphal en granit de style gothique sépare le chœur et la nef. Remarquez les personnages sculptés : quatre au nord et deux au sud avec un joli cordon. Il s’en fallut de peu qu’il disparaisse en 1703 car l’archidiacre fait écrire par son greffier «  nous avons défendu qu’on aie à détruire l’arcade qui fait la séparation du chœur et de la nef parce que cela gâterait l’église ». L’ensemble du vaisseau central est voûté de bois : une carène plein cintre classique façon 19e dans le chœur, une carène à cinq pans dans la nef de la même période.

L’église possède un très bel autel majeur avec sa contretable à deux colonnes torses dites de Salomon garnies de pampres, deux gradins, un entablement avec une corniche saillante, un attique illustré d’une toile représentant la colombe de l’Esprit saint, deux pots à feu. Il forme avec les deux portes latérales de la sacristie et les deux niches qui les surmontent un bel ensemble qui fut malheureusement repeint au 19e comme dans beaucoup d’autres endroits. Ce sera Anthoine Leroy, religieux de saint Augustin, prieur et curé du lieu qui fera placer la contretable au grand autel en 1707. L’archidiacre précisa « qu’elle est fort belle, mais que le tabernacle n’y est pas encore placé parce qu’on a voulu nous en faire voir un modèle auparavant que d’y travailler. Il rappelle qu’il est nécessaire de faire un tableau au milieu du cadre plus propre que le vieux qui y est à quoi on satisfera le plus tôt qu’on pourra ». Le tabernacle neuf fut effectivement posé en 1708. De forme cubique il est orné de personnages en ronde bosse représentant Jésus sauveur du monde, l’apôtre Jean évangéliste et un troisième personnage non identifié. Une toile de l’Assomption de Marie est présentée au centre. C’est une copie, réalisée au 19e, de l’œuvre du célèbre peintre Nicolas Poussin. Remarquez l’ensemble de la structure de bois avec ses décors faits pour magnifier le sacrement de l’Eucharistie.

L’archidiacre recommande de faire boucher la vitre de la sacristie qui est au septentrion (nord) et de faire l’ouverture d’une fenêtre du côté de l’Evangile, semblable à celle qui a été ouverte du côté de l’Épître. Il demande également à ce que l’on fasse deux images (statues) bien propres et de les placer dans les deux niches sur les consoles de l’autel majeur. Remarquez les angelots qui se trouvent sous les consoles.

Un second retable désarticulé est déposé dans la chapelle sous la tour. Il provient de la chapelle du midi. Vous remarquerez la colombe de l’Esprit saint en relief sur le fronton. Ce retable fut construit à la fin du 17e. Cette chapelle possède un beau confessionnal avec notamment une grille de fonte bien ouvragée.

La tour-clocher (15e-16e) s’élève au septentrion de la nef. Elle est coiffée d’une toiture en bâtière. La chapelle sous la tour était consacrée à sainte Barbe. Elle est voûtée sur croisée d’ogives. La clef est illustrée d’une grande marguerite. Une seconde chapelle fut édifiée au midi dans le courant du 17e. L’arcade en plein cintre classique confirme son appartenance au grand siècle. Vous remarquerez les piles cylindriques, plus anciennes, portant les arcades. La chapelle du midi n’était couverte que de paille en 1686. Elle est voûtée sur croisée d’ogives simples. Une très clef armoriée bloque les quatre nervures de la voûte. Le blason est illustré de l’écu du prieuré inspiré du blason des Rollos qui portaient une lamie (animal fabuleux à tête de femme). Vous remarquerez aussi le tau (croix de saint Antoine ermite) rappelant la présence des deux solitaires Hugues et Simon, ermites présents dans la vallée bien avant la fondation du prieuré.

Les deux constructions saillantes forment le bras transversal de la croix. Cette chapelle du midi n’avait pas d’autel en 1686 et l’archidiacre ne manqua pas d’en réclamer un. Une annexe a été bâtie sur le flanc de la chapelle du midi. Le linteau historié de la porte indique l’année 1775 qui est probablement la date de construction de cet abri. L’archidiacre révèle en 1689 la présence d’une chapelle dite « des agonisants » qui vient justement de bénéficier de l’installation d’une petite contretable où il y sera placé un tableau dans le cadre réservé à cet effet. Le visiteur précise deux ans plus tard qu’un tableau sera mis dans le milieu de la contretable qui est fort jolie. Le sieur Bosquet prêtre habitué est loué par l’archidiacre parce qu’il fait travailler à la décoration de la chapelle des agonisants. L’autel majeur était encore dépourvu en 1700 d’une contretable et le visiteur n’eut de cesse de la réclamer et d’encourager le général à faire bâtir une sacristie à l’arrière du chœur.

Un autre autel était consacré à saint Laurent en 1698. Était-il l’un des deux autels de la nef ? Deux autels se trouvaient en 1720 sous l’arcade. L’archidiacre demanda leur interdiction parce que inutiles et sans aucune décoration.

Qu’est devenu le tableau dit de la bonne mort peint par un appelé Néel et qui avait été placé sur l’autel de la sainte Vierge au début du 19e ?

La statuaire

Statue de Sainte Venice

L’église possède de beaux exemples de statues :

- saint Roch, bois peint polychrome, 16e, avec un enfant.
- saint Augustin, évêque, bois peint ou terre cuite polychrome, 18e,
- sainte Venice, pierre polychrome, 15e, classée monument historique,
- saint Adrien ( ?) décapité à sa découverte en 2000, tête refaite, colmaté au ciment et repeint en 2001, à l’origine 16e. Petit personnage agenouillé à ses pieds (donateur).
- saint Pierre, apôtre, 14e, décapité à sa découverte en 2000, tête en plâtre moderne, repeint en 2001,
- saint Thomas ou saint Julien, pierre polychrome, 17e,
- saint Jacques le majeur, pierre polychrome, 14e-15e siècle,
- sainte Catherine d’Alexandrie (roue du martyr), pierre polychrome modifiée au 15e,
- Notre-Dame à l’enfant Jésus, bois polychrome, 18e, repeinte ;
- saint Sébastien, bois polychrome, 18e,

Un groupe sculpté malheureusement décapé avec le Christ en croix, Marie et saint Jean (chapelle du midi), provenant probablement d’une ancienne perque ou poutre de gloire,

D’autres pièces plus récentes :

- Immaculée conception de Lourdes, plâtre moderne,
- sainte Thérèse de l’enfant Jésus et de la sainte face,
- sacré Cœur de Jésus,
- sainte Marie-Madeleine Postel,
- saint Antoine de Padoue,
- saint Pierre apôtre,
- sainte Barbe,
- saint Mathieu, évangéliste,
- sainte Claire, plâtre moderne (au fond de la nef)
- un Christ en croix signé Lepoultier (20 septembre 1978) ;

Les vitraux

L’église dispose de vitraux à losanges créés par Henry Mazuet de Bayeux en 1926 à l’instigation de l’architecte David de Vire dans la nef, le vestibule et la chapelle de la tour. Il subsiste une charité saint Martin sur le flanc nord du chœur et des vitraux abstraits modernes sur les autres fenêtres du chœur. Un vitrail moderne consacré à la sainte Famille a été créé en 1989 par les ateliers d’art de Janzé en Ille-et-Vilaine dans la chapelle du midi.

Les bannières

Une bannière en velours écarlate est consacrée à l’avers à l’Assomption de Notre-Dame et au revers à saint Roch. Les personnages sont des appliques de soie et de broderie plus anciennes.

Une bannière blanche est signée de la J.A.C.F. (jeunesse agricole chrétienne féminine) 1947. Un inventaire de 1894 nous apprend qu’il y avait quatre bannières : velours ras écarlate, blanche brodée d’argent, drap d’or au saint Sacrement, soie brodée d’argent. Remarquez aussi la belle cuve baptismale carrée en granit ornée d’un lys sur l’une de ses faces.

Les cloches

Les cloches sont au nombre de trois :

  • Eugénie, Augustine, Léonide, Françoise fondue en 1858 par Viel-Trétel de Villedieu,
  • Angèle, Henriette, Louise, refondue en 1946,
  • Et une cloche exceptionnelle de la réouverture de l’église dont l’épigraphie campanaire est la suivante : CL / XL / P / AN 9 / OVES / AD / OVILE / REDUO.

Autres curiosités

L’if funéraire quasi millénaire abrite selon la tradition la dépouille d’un appelé Richard, ancien garde-chasse, qui fut tué sous la chouannerie à Villedieu-les-Poêles et enterré sous l’if. Plusieurs meurtres eurent lieu sous la révolution (vers 1796) notamment à l’usine de papier de monsieur Piel-Ferronnière, juge de paix du canton de Gavray et l’if servit de support à une pancarte pour justifier un assassinat.

La concession funéraire de Charles Jouault et de Marie Lelandais constitue avec les anciennes plate tombes un héritage d’art funéraire non négligeable. Cette concession Jouault présente deux tombeaux de granit sculpté avec inscriptions tumulaires protégés par une très belle clôture en fer forgé et fonte. Deux côtés de cette clôture sont illustrés d’un phylactère « priez Dieu pour eux » et d’un crâne avec deux tibias croisés et les larmes pour retenir l’ensemble sur l’écu.

Plates tombes

Fragment d’un écu armorié avec un éperon.

Un fragment illustré de deux chandeliers et d’un calice avec hostie au centre, pouvant être daté de 1775. La pierre endommagée fait apparaître le mot « édification »,

  • Guillaume, mort en 1716, dans l’emmarchement de la croix du cimetière. Malheureusement le réemploi dans l’emmarchement rend difficile l’interprétation de l’épitaphe.
Ici gît le corps de vénérable et discrète personne Guillaume Bosquet, prêtre, dont la conduite a été l’exemple des plus zélés. Il a été le restaurateur de ce temple, le soutien des pauvres avant et après sa mort, 1764. Cette pierre se situe au milieu du chœur.
  • Mauviel, ove et blason, idem
  • Maître Adr (adrien ?) Bosquet, sieur de Rougepalu, bailli de Villedieu-les-Poêles.

Croix de cimetière ou croix hosannière

Triple emmarchement, dé cubique avec talons galbés, fût cylindrique, croisillon rapporté daté de 1804 (croix funéraire ?)

Croix de chemin

Parmi les croix édifiées citons : Dé gravé : MGLCP / LLE / CLERC / 1661 Fut en trois tronçons : second gravé JAQE LENOIR 1804

Le clergé depuis la révolution

  • Pierre Laurence, desservant jusqu’en 1808 († le 8 janvier 1815)
  • Jean Lebargy, né à Sourdeval les bois en 1764 († le 24 9bre 1835)
  • Joseph Louis Pitel,
  • François Jean-Louis Bailleul, 1857, démissionnaire
  • Victor Honoré Dubois, curé 1885 († le 17 7bre 1902)
  • Victor Pierre Lemazurier, curé 1902 († 29 mars 1916)
  • Félix Gustave Joseph Lecoursonnais, curé 1917 († 30 mai 1944)
  • Constant Amand Brétel, curé 1944 († 4 mars 1947)
  • Jean Désiré Canu, desservant, 1947-1948, résidant à Fleury
  • Joseph Alexis Pierre Félix, desservant, 1948-1986, résidant à Fleury
  • Ernest Hamel, desservant, 1987-1994, résidant à Fleury
  • Jean-Claude Mabille, curé de la paroisse sainte Bernadette de Villedieu-les-Poêles et doyen,
  • Maurice Lejolivet, desservant, prêtre coopérateur, résidant à Fleury
  • Hervé Destres, curé de sainte Bernadette de Villedieu-les-Poêles et doyen

Sources

  • Manuscrits des visites archidiaconales du Val-de-Vire (ADC) 1674-1753 aux archives diocésaines à Coutances ;
  • Conférences ecclésiastiques dites de Mgr Bravard , 1866 et 1867, idem ;
  • Histoire de Villedieu-les-Poêles, tomes 1 et 2 du chanoine Joseph Grente et Oscar Havard, en bibliothèque ;
  • Cartulaire de Guillaume Le Gros, mélanges de Société d’Histoire de Normandie, 9e série, 1925, Paul Lecacheux ;
  • Manuscrit 4900, bibliothèque nationale Paris
  • Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastiques, tome 9, 1937
  • Avranchin monumental et historique de Le Héricher ; tomes II (pages 672-681) et III (page 99)
  • Monographie agricole de monsieur Charuel 1899
  • La Bloutière : agression dans le bois, 1748, 52 J 9
  • La Bloutière par Charles Duhérissier de Gerville, anciens châteaux de la Manche, M.S.A.N. tome 4 1827/1828
  • Toustain de Billy, Histoire du diocèse de Coutances.
  • Abbé Auguste François Lecanu, Histoire du diocèse de Coutances et d'Avranches depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, impr. de Salettes, Coutances, tome II, 1878.
  • Plan cadastral Napoléonien en mairie de La Bloutière, accessible sur le site manche.fr ;
  • État des édifices « églises et presbytères » du département de la Manche, 1845, aux archives diocésaines de Coutances ;
  • Dossier « P » (paroisse) idem ;
  • Récolement aux A.O.A. (service des antiquités et objets d’art du département de la Manche à Saint-André-de-Bohon ;
  • Matrices cadastrales Napoléoniennes aux archives départementales de la Manche ;
  • Concession funéraire de Charles Jouault, idem, fonds communal aux archives départementales côte 1 N 2 ;
  • Dossier T 49 Villedieu aux archives diocésaines (testaments et fondations)
  • Monographie de l’abbé Hulmel, publication de l’Avranchin,
  • Cahiers Léopold Delisle, tome 50, d’Yvonne Papin-Drastik publié en 2001.

Il n’a pas été retrouvé de « livre paroissial » ni de « mémorial » ni d’ailleurs aucun compte de l’ancien régime et de la fabrique XIXe.

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