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Économie de l'agglomération cherbourgeoise

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Cherbourg-en-Cotentin est le principal centre économique de la Manche, comme pôle industriel traditionnel et seule agglomération d'envergure du département.

Histoire

Sous l’impulsion de Colbert, la corporation des drapiers fonde, le 16 avril 1668, la manufacture de draps qui produit deux milliers de pièces par an [1]. Deux ans plus tôt, Colbert avait favorisé également l’implantation de la manufacture de verre dans la forêt de Tourlaville [2].

Au XVIIIe siècle, les ressources économiques proviennent principalement du commerce maritime, de la préparation des salaisons et des travaux du port et de la digue, auxquels s’ajoute une industrie textile moribonde. À la veille de la Révolution française, on importe du sel depuis Le Croisic, du grain britannique, du charbon de terre de Littry. Les exportations se font essentiellement vers la Grande-Bretagne (draps et toiles) et les Antilles (bétail et mulets, graisse et beurre salée, salaisons, morue, draps et toile), mais aussi vers Le Havre et La Rochelle pour le bois et le charbon. Des échanges licites ou non se font également avec les îles anglo-normandes (tan, grains, laine). Les armateurs cherbourgeois sont absents de la grande pêche, notamment de celle à la morue sur les bancs de Terre-Neuve, spécialité de Granville. Les 361 ouvriers (1764) et 69 métiers (1778) de la manufacture produisent annuellement (1760) 2 000 draps fins à lisière verte et blanche. Cherbourg compte aussi sept producteurs d’amidon [3]. Ouvert en 1793, à l’emplacement de l’actuel quai Lawton-Collins, l’arsenal déménage en 1803 sur décision de Bonaparte, au sein du projet du port militaire, . Construisant des navires à voile, dont le premier, le brick la Colombe, est lancé le 27 septembre 1797, puis à hélices jusqu’à la fin du XIXe siècle, l’arsenal se spécialise à partir de 1898, dans la construction de sous-marins. Les premiers sont le Morse et le Narval. Depuis, plus de 91 bâtiments y ont été construits.

L’Annuaire de la Manche en 1829 mentionne dans l’agglomération plusieurs ardoisières dont le produit est parfois exporté jusqu’au Havre, deux imprimeries, deux raffineries de soude (propriétés de M. Le Couturier et de MM. Crenier et Cie produisant environ 600 tonnes pour Ostende, Dunkerque, Rouen, Paris, l’Allemagne et la Russie), une raffinerie de sucre (M. Despréaux) dont les 50 tonnes sont vendues dans la Manche, une fabrique de dentelles dirigée par quatre religieuses pour le compte de MM. Le Blod et Lange, et plusieurs tanneurs. Il indique que le commerce du port repose sur l’exportation de mulets à la Réunion et aux Antilles, de salaisons de porcs, d’œufs en Grande-Bretagne, de vins et eaux de vie, et de l’importation de bois scandinave, polonais et russe, de graine de lin, de chanvre [4]. Mais son emploi comme place de guerre handicape l’essor de Cherbourg comme port commercial d’envergure, comparé au Havre. Pour ces échanges, Jean Fleury dénombre dix ans plus tard 225 à 230 navires tant français qu’étrangers, de 30 à 800 tonneaux, montés chacun de 6 à 18 hommes d’équipage. Il ajoute les constructions et armements maritimes ainsi que l’exportation de beurre de la Hague, et il évalue le total des échanges annuels entre 4 ou 5 millions de francs, dont un million pour l’exportation d’œufs vers le Royaume-Uni, et 850 tonnes de salaisons [5].

Au début du XXe siècle, Cherbourg est avant tout un port militaire. Le port de commerce est modeste, exportant toujours des mulets pour les Antilles et la Réunion et des produits alimentaires locaux vers la Grande-Bretagne (beurre, salaisons, œufs, bestiaux…), mais aussi des produits chimiques à base de soude extraite du varech, du granit des carrières avoisinantes, et important bois et fers du Nord, goudrons, chanvre, et denrées provenant des colonies. À cette époque le port embrasse l’épopée transatlantique. L'industrie cherbourgeoise est alors spécialisée dans la construction navale, ainsi que dans la confection de dentelles et la fabrication de cordage. La fin du XIXe siècle a également vu Cherbourg développer une industrie aéronautique, à travers la société de Félix du Temple, reprise en 1938 par Félix Amiot, autre pionnier de l’aviation pour fonder la Société aéronautique de Normandie. Peu à peu, les ouvriers développent une compétence particulière dans le travail du métal, tant pour les sous-marins de l'arsenal, que pour les avions et navires des chantiers Amiot ou les chaudières Babcock-Wilcox [6].

En 1916, Nestlé a implanté à Cherbourg sa première usine française.

Les années 1960 voient un renouveau de l’économie locale par la féminisation du travail et la chute de l’emploi agricole au profit d’une diversification des emplois et d’une industrie de pointe. En 1960, sous l’impulsion du maire Jacques Hébert, Hortson s’implante dans le quartier du Maupas. Une centaine de salariés fabriquent des projecteurs et de caméras pour le cinéma, notamment pour l’ORTF et la télévision russe. Rachetée, l’usine se spécialise sous le nom de Thomson-CSF Audiovisuel dans les caméras de surveillance et médicales, puis dans la production de circuits électroniques de terminaux d’ordinateurs pour le compte des CMN et de l’arsenal. À partir de 1976, elle se consacre à la production de dispositifs électroniques pour faisceaux hertziens, employant 260 ouvriers en 1979 avec pour contrat les radars des Mirage F1 et les Étendard de l’armée de l’air, et culminant à 400 employés à la fin des années 1980, après son emménagement en 1987 dans une nouvelle usine modernisée à Tourlaville : pendant une décennie, l’atelier électronique s'étoffe, se complète d’une chaîne de fabrication de relais mobiles pour la télévision, et d’un atelier de traitement de surface en mécanique [7]. Dans le cadre de la restructuration interne d’Alcatel, le site, qui compte 300 salariés, est vendu en 2002 à Sanmina-SCI qui cesse son activité en mars 2008 [8]. La Compagnie industrielle des télécommunications (CIT), fusionnée la décennie suivante à Alcatel, ouvre elle aussi dans les années 1960 une usine d’assemblage de centraux téléphoniques électroniques, à Querqueville. L’unité, visitée en tant que fleuron de l’industrie française par le nouveau président de la République François Mitterrand en 1982, est jugée superflue après l’intégration de la branche téléphonie de Thomson à Alcatel en 1984 et subit de lourds licenciements à partir de la fin des années 1980, avant de fermer en 1997 au terme d’un dur conflit social [9].

Quelques succès n'empêchent pas l'économie de la ville de subir de sévères revers : la fin des escales du Queen Elizabeth, la baisse du trafic marchandises du port de commerce, le transfert de l'École des fourriers, le départ du 143e Régiment d'infanterie, la fermeture des lignes ariennes avec l'Angleterre... [10]. « Nous sommes une ville du Far-West après la ruée vers l'or », confie un hôtelier [10].

Entre les années 1970 et 1990, les deux grands chantiers du Nord-Cotentin, l’usine de retraitement de la Hague et la centrale nucléaire de Flamanville, accentuent le développement industriel d’une cité qui vit alors son âge d’or [11] à travers ce que le journaliste François Simon nomme les « industries de mort », puisque environ deux tiers du tissu industriel local sont liés à la défense et au nucléaire [12].

Cherbourg est aussi le berceau de la famille et de la société Halley, devenue dans les années 1960 Promodès (hypermarchés Continent, supermarchés Champion). En 1999, Promodès fusionne avec Carrefour. Les anciens bâtiments de la maison Halley sont devenus le pôle technique du Lycée Ingénieur-Cachin, avenue Aristide-Briand.

Données économiques

En 2008, la population active de Cherbourg-Octeville était de 17 754 habitants sur une population totale de 39 774 habitants [13].

Cherbourg-Octeville supporte un taux de chômage élevé (19,6% en 1999), le double de celui de son bassin d’emploi (9 % au 4e trimestre 2010, soit une baisse de 0,1% en un an) qui lui-même possède le taux de chômage le plus élevé des bassins d'emploi du département, mais inférieur au taux national. Au 31 décembre 2004, on comptait 3 700 demandeurs d'emploi. Dès lors, le revenu moyen annuel par ménage est inférieur à la moyenne nationale (13 730  pour la ville, contre 15 027  en France) malgré un salaire mensuel moyen (1 590  en 2001) le plus élevé des bassins d’emplois du département et supérieur à celui de Caen-Bayeux (1 550 ) [14],[15],[16].

Le taux d'emploi industriel est supérieur dans le Cotentin (19,9% des actifs ayant un emploi) à la moyenne régionale (17,3 %) et nationale (14,8 %) [15].

Emplois par catégories socio-professionnelles (2007)[15]
Nombre d’emplois (%) Arrondissement Manche Basse-Normandie
Agriculteurs exploitants 3,6 5,6 4,1
Artisans, commerçants et chefs d’entreprise 5,5 6,8 6,6
Cadres et prof intell sup 9,3 8,5 9,9
Professions intermédiaires 25,1 21,7 22,4
Employés 30,6 29,1 29
Ouvriers 25,8 28,3 28,1

Activités principales

Cherbourg-Octeville est le siège de la Chambre de commerce et d'industrie Cherbourg-Cotentin qui gère notamment l’aéroport, les ports de pêche et de commerce de Cherbourg, et, conjointement avec la Chambre de commerce et d'industrie Centre et Sud Manche, l'organisme de formation groupe FIM.

Principaux employeurs au 1er janvier 2001 [17]
Nom Activité Effectifs
DCNS Construction navale 3 190
Centre hospitalier public du Cotentin Santé/social 1 411
EDF Production d’électricité 625
Ville de Cherbourg-Octeville Administration publique 606
ACAIS (Association Cherbourg action sanitaire/sociale Santé / social 531
CMN Construction navale 522
CUC Administration publique 458
Auchan Grande distribution 426
Sanmina (ex-Alcatel) Production d’équipements électroniques 364
Euriware Informatique 291
Lycée Alexis de Tocqueville Enseignement secondaire 275
Centre communal d’action sociale Santé-social 264
Grandes entreprises de l'arrondissement (2013) [18]
Nom Activité Effectifs
Areva NC Recyclage de combustibles nucléaires 3 245
DCNS Construction navale 2 365
EDF CNPE Flamanville Production d’électricité 1 019
Maîtres laitiers du Cotentin Agroalimentaire 760
Euriware Informatique 489
CMN Construction navale 400
SGN Ingénierie 382
Auchan Grande distribution 359
Onet Services Nettoyage 283
Spie Nucléaire Ingénierie 249

Filière maritime

Trafic[19],[15],[18]
Activités 2006 2007 2009 2010 2011 2012
Escales 2 056 2 053 1 624 1 388 1 376 995
Trafic passagers 805 115 781 349 761 343 619 411 700 581 580 401
Trafic véhicules car-ferries
- voitures 204 676 207 363 194 169 158 836 178 502 152 025
- véhicules utilitaires 97 756 93 451 69 981 55 622 51 342 43 280
Tonnage fret 2 923 095 2 949 800 2 152 669 1 854 240 1 890 333 1 662 176

L'économie cherbourgeoise tire de sa position maritime une grande partie de ses activités [20]. Cherbourg dispose en effet de quatre ports : port de pêche, port militaire, port de commerce (trafic passager et marchandise transmanche) et port de plaisance, parmi les plus grands d’Europe.

La perte des livraisons de Toyota, à l’ouverture de l’usine de Valenciennes, a sérieusement affaibli le port de commerce qui voit transiter 110 000 camions en provenance ou en direction de l’Irlande et de Grande-Bretagne. Convoité depuis quinze ans, le projet Fastship de transport de conteneurs depuis Philadelphie (États-Unis) par navires ultrarapides est oublié au profit des autoroutes de la mer dans le cadre de l’Ena (Eurocoast Network Association), avec Cuxhaven (Allemagne), Ostende (Belgique), Rosslare (Irlande) et Ferrol (Espagne), sans effet pour le moment [8].

Ces dernières années, le trafic transmanche passagers a décliné, concurrencé par le port de Caen et le Pas-de-Calais. Le retrait de la compagnie P&O, qui desservait Poole et Southampton, a laissé à deux compagnies les liaisons transmanche : Brittany Ferries vers Portsmouth et Poole et Irish Ferries vers Rosslare (Irlande). Une nouvelle compagnie, Celtic Link Ferries, a repris le marché de P&O et réactivé la liaison vers Rosslare en février 2005, et la compagnie HD Ferries dessert éphémèrement entre août 2007 et le printemps 2008 Jersey et Guernesey par navire rapide depuis Cherbourg. Sur les onze premiers mois de 2007, par rapport à la même période de 2006, le trafic passagers a baissé de 3,84 % à 750 000 unités, tandis que le fret a perdu 4,43 % points avec 87 000 camions débarqués, alors qu'en 1995, le port comptait 1,7 million de passagers et 138 000 camions [21]. Depuis le début de l’année 2008, et pour la première fois depuis plusieurs années, le trafic transmanche au départ de Cherbourg opère un net redressement : fin février, Cherbourg affiche, par rapport au deux premiers mois 2007, une progression de 17 % pour les passagers à 24 463 et de 39 % pour les voitures de tourisme avec 10 586 unités. Cette hausse provient de la mise en place de nouvelles rotations, principalement avec l’Irlande.

Depuis 2007, le port de Cherbourg est la propriété avec le port de Caen-Ouistreham du syndicat mixte Ports normands Associés, créé par le conseil régional de Basse-Normandie avec les conseils généraux de la Manche et du Calvados. Gérée jusqu'alors par la Chambre de commerce et d'industrie Cherbourg-Cotentin, la concession sera assurée à partir du 1er janvier 2009 par une société par actions simplifiées alliant la chambre de commerce à Louis Dreyfus Armateurs, pour douze ans concernant les trafics ferries et trois ans pour les autres activités maritimes [22]. L'implantation d'un terminal dédié au trafic de charbon en provenance d'Amérique du Sud et à destination du Royaume-Uni doit mettre fin à l'hémorragie de l'activité du port, mais le retard du à l'opposition des riverains et la volatilité du marché, font échouer le projet. En 2010, le trafic vers l’Angleterre poursuit sa chute, que ne permet pas de compenser la hausse des échanges avec l’Irlande (185 000 passagers et 26 000 camions) [23]. Quant aux escales de croisiéristes, leur nombre a baissé de 30 % entre 2009 et 2010, avec 60 167 croisiéristes contre 86 544 en 2009 [15].

Statistiques du centre de marée[19],[15],[18]
Année Tonnage (en kg) Valeur (en €) Prix moyen (en €)
2012 5 974 873 14 735 620 2,47
2011 5 278 559 14 070 971 2,67
2010 5 648 265 13 736 297 2,43
2009 6 511 670 14 961 731 2,3
2008 6 746 763 16 857 788 2,5
2007 8 141 611 18 996 819 2,33
2006 8 576 748 21 479 174 2,50
2005 8 282 222 19 374 573 2,34
2004 8 830 713 18 820 243 2,13
2003 7 996 305 16 988 490 2,12
2002 8 653 208 18 089 292 2,09

La filière pêche est touchée par la crise qui affecte l’ensemble du secteur, et le port voit sa flottille diminuer [8]. En 2010, le tonnage du centre de marée baisse de 13 % en un an, celle du chiffre d’affaires de 8%, alors que le prix moyen augmente de 5,6%[15]. Début 2011, le port perd le Fred Éric Jacky, pesant 14 % des apports de poisson traités sous criée [23].

voir aussi l'article détaillé Port de pêche de Cherbourg

Tradition de l’industrie locale, la construction navale repose sur les deux piliers que sont la DCNS pour les sous-marins et les Constructions mécaniques de Normandie (CMN), célèbres pour leurs vedettes rapides. Ce secteur s'est largement restructuré au cours des vingt dernières années. L’arsenal militaire a vu le terme de la construction des sous-marins de classe Redoutable 2 et a élargi sa clientèle, jusqu’alors exclusivement la Marine nationale, avant d’être privatisé en 2007. Avec les sous-marins diesel classe Agosta 2, élaborés depuis 1994 pour le Pakistan, et la classe Scorpène, en collaboration avec les chantiers de Carthagène, vendus à la Malaisie, le Chili et l’Inde, 25 % du chiffre d’affaires de l’établissement est d’origine étrangère. Des partenariats avec le Pakistan et l’Inde sont conclus pour que la construction se fasse à terme chez eux. DCNS emploie 2 365 personnes en 2011. Les CMN, qui employaient 1 200 personnes au début des années 1980, se sont modernisées et automatisées, et comptent 407 salariés en 2011. L’entreprise s'est diversifiée dans les grands yachts de luxe, sans abandonner pour autant le marché militaire, et a signé notamment des contrats avec les Émirats arabes unis et le Qatar grâce à l’homme d’affaire franco-libanais Iskandar Safa, propriétaire depuis 1992 [20], [15].

Alors que ces deux entreprises à vocation militaire ont connu des baisses de charges importantes (le nombre d’emplois à l’arsenal est passé de 6 000, dont 1 000 en sous-traitance en 1988, à 2 600, dont 500 sous-traitants), des sociétés se sont positionnées sur la filière du nautisme. Ainsi, JMV Industries (100 salariés) construit des navires de course en collaboration avec les CMN. Allures Yachting, fondé par les ingénieurs Xavier Desmarest et Stéphan Constance en 2003, s’est spécialisé dans la conception de yachts géants de luxe, en partenariat avec les CMN pour la coque et James Ébénistes (Saint-Laurent-de-Cuves) pour l’intérieur. Les chantiers Allais, de Dieppe (Seine-Maritime), ont implanté une filiale, ICAN, consacrée aux bateaux civils et de plaisance [20].

Un maillage de sous-traitants et spécialistes s'est constitué autour de ce pôle, à travers Ameris France (créé en 1994 sous le nom de Cap 50 export, spécialisé dans la recherche et l’approvisionnement de pièces de rechange pour navires et avions militaires), le groupe Éfinor (fondé en 1988, spécialisé dans la métallurgie, le démantèlement nucléaire et l’ingénierie), MPH (aide à la maîtrise de projet, 140 employés)… À Saint-Vaast-la-Hougue, Facnor est devenu le spécialiste mondial des enrouleurs de voiles [24].

La Marine nationale emploie près de 3 000 fonctionnaires dans l’agglomération, en particulier dans le cadre de l’administration (préfecture maritime), de la sécurité maritime (douanes, CROSS Jobourg, Abeille…), du soutien logistique des forces navales françaises et étrangères de passage, et de la formation [25].

Industrie : répartition des effectifs salariés [18]
Activité Nbre d’éts Effectifs
Énergie, retraitement 45 5 185
Construction 736 4 381
Fabrication de matériel de transport 31 3 185
Mécanique 63 1 214
Industries agroalimentaires 31 1 070
Métallurgie 39 891
Agriculture, chasse, pêche, sylviculture 239 398
Fabrication de caoutchouc, plastique et autres produits minéraux 34 336
Ind. textile, habillement et cuir 19 105
Édition, imprimerie 16 134
Équipements du foyer, électricité, électronique 26 105
Industries extractives 11 30
Bois et papier 13 25
Industries chimiques, pharmaceutiques 1 2

Métallurgie

La métallurgie a longtemps représenté une grande source d'emploi dans l'agglomération. Autour de l'arsenal et de ses chaudronniers, se sont constituées à partir des années 1900 plusieurs industries de travail du métal et de mécanique. C'est le cas de l'entreprise doyenne de la ville, Simon Frères, fondée en 1856, passée d'atelier de mécanique à fabriquant de machines agricoles à vapeur puis agroalimentaires en un demi siècle. Fabriquant des canons en 1870 et 1939, l'entreprise devient leader mondial pour les barattes et malaxeurs pour beurre industriel. De même, le fabricant de chaudières Babcock s'implante à Cherbourg dans l'entre-deux-guerres et ne ferme ses portes qu'après un long conflit social, en 1979. Plus tard, dans les années 1973, l'Union industrielle d'entreprise (UIE) débauche à prix d'or les ouvriers de l'arsenal pour la construction des plates-formes pétrolières, mais ferme en 1985 [12].

Timolor Leroux & Lotz ancienne entreprise spécialisée dans les travaux d'industrie et les chantiers navals.

Agro-alimentaire

L'industrie agro-alimentaire, essentielle en Basse-Normandie, n'est pas absente du bassin d’emploi. Une ferme aquacole élève des saumons dans la rade, les abattoirs traitent le bétail d’élevage du Nord-Cotentin, et plusieurs entreprises de transformation existent. Les établissements Simon Frères (50 salariés) proposent depuis plus d’un siècle des équipements pour l’industrie cidricole et laitière.

Électronique

Alcatel disposait de deux unités dans les années 1980, l’une à Cherbourg, puis Tourlaville (anciennement Thomson CSF), l’autre à Querqueville (Alcatel CIT). Toutes deux considérées comme fleurons du groupe, spécialisées respectivement dans les faisceaux hertziens et les centraux téléphoniques électroniques. Mais Alcatel décide de fermer, en 1997, l’usine de Querqueville dont Cofidur reprend une partie des activités avec une centaine de salariés. En 2002, elle se déleste également de l’unité de Tourlaville au profit de Sanmina-SCI, qui délocalise sa production six années plus tard. Cofidur reprend l’activité service après-vente d’Alcatel, soit 5 % de l’activité initiale, et quelques dizaines de salariés [26].

Autres industries

Socoval, fabriquant de vêtements masculins du groupe italien Cantoni, dernière usine textile du Cotentin, emploie une centaine de salariés, depuis la quarantaine de postes supprimés lors du plan social de 2001 [27]. Dans les années 1970, Socoval employait 750 couturières, Miss Burty 250 [28].

Les partenaires économiques misent désormais sur la « maîtrise d’ambiance », c'est-à-dire la maîtrise des contaminations des procédés industriels, à travers la technopole Cherbourg-Normandie créé en 2001. Fort de l’expérience de travail en milieu à risque nucléaire, il veut transférer ces compétences aux industries agroalimentaires, électroniques et pharmaceutiques. Deux formations ont été conçues à cet effet : un BTS en maintenance nucléaire au lycée Alexis-de-Tocqueville et un DESS de maîtrise d’ambiance à l’école d'ingénieurs de Cherbourg.

Tidalys met au point une hydrolienne d'un nouveau type, Électrimar

Commerces

Commerce : répartition des effectifs salariés (2013) [18]
Activité Nbre d’éts Effectifs
Commerce de détail 1 375 5 312
Commerce de gros, intermédiaire 227 1 249
Commerce et réparation auto/moto 221 978

La communauté urbaine, principal pôle commercial du Cotentin, rassemble les quatre hypermarchés de l'arrondissement (26 780 m²) [19] qui couvrent 72% des surfaces alimentaires de l’agglomération [29]. Parmi eux, on compte Auchan (359 salariés) et Carrefour (260 employés), ce qui en fait le troisième plus gros employeur privé de Cherbourg-Octeville.

L'agglomération cherbourgeoise concentre les trois quarts des surfaces commerciales non alimentaires et plus des deux tiers de la surface commerciale totale (219 333 m2) des 169 établissements commerciaux de plus de 300 m², de l'arrondissement de Cherbourg. Les sept pôles principaux sont le centre commercial régional du Cotentin (dominante alimentaire et culture-loisirs), Tourlaville (dominante bricolage et meubles), Cherbourg Val-de-Saire (Carrefour et av. Amiral-Lemonnier), Querqueville, Equeurdreville, Cherbourg Centre et Octeville[29].

Équipement commercial de +de 300m²[15]
Nbre d’éts Surface de vente (m²)
GS alimentaires 47 76 992
Équipement maison 63 73 806
Culture-loisirs 26 41 573
Équipement personne 27 19 665

Le commerce emploie près de 1 400 personnes dans le centre-ville [27], mais la baisse du trafic transmanche a provoqué un gros manque à gagner, accentué par la fragilité économique locale [8].

Si le centre-ville cherbourgeois est bien le pôle commercial principal de l’agglomération, avec 340 établissements, on constate néanmoins que sa domination est moindre dans la communauté urbaine, que Caen vis à vis de son agglomération. En effet, Cherbourg concentre 35 % des activités commerciales et 45 % du commerce de détail de l’agglomération, contre 40 % et 55 % pour le centre caennais, et particulièrement deux tiers des magasins d’équipements de la personne contre 90 % dans la capitale bas-normande. Enseignes d’alimentation, d’équipement de la maison et d’électroménager quittent le centre pour les pôles commerciaux périphériques. Le nombre d’établissements de restauration rapide a doublé entre 1995 et 2005, tandis que les effectifs de la restauration traditionnelle a stagné [30].

Services

Cherbourg-Octeville, plus importante ville du département, est le principal pôle administratif et de services pour le Cotentin. La santé est un important pourvoyeur d’emplois avec le centre hospitalier Pasteur (470 lits, deuxième établissement bas-normand, fusionné depuis 2006 avec le centre hospitalier de Valognes), et la Polyclinique du Cotentin. Il en va de même pour le secteur éducatif avec quatre lycées publics et quatre privés, un lycée maritime et aquacole, un pôle universitaire et plusieurs écoles d’études supérieures. Les antennes des entreprises publiques y sont également implantées (EDF, 120 agents et la SNCF, 50 agents). L’emploi public représente une part importante avec, en plus de l’hôpital et des établissements scolaires, les effectifs communaux et communautaires [27].

Si l'usine de retraitement de la Hague est hors de l'agglomération cherbourgeoise, Areva NC est présente par ses filiales : Euriware (informatique, 489 salariés) et SGN (ingénierie, 382 salariés) [15]. D'autres entreprises de services aux entreprises sont présentes dans la propreté (Onet, 283 salariés, et Sin&Stes, 100 salariés) et la publicité (Adrexo, 50 employés) ou l'ingenierie comme Oreka Ingénieries.

Cherbourg-Octeville accueille le siège de la radio publique France Bleu Cotentin, et du quotidien départemental La Presse de la Manche (120 salariés avec son imprimerie SCE), successeur à la Libération de Cherbourg-Éclair, et filiale du groupe Ouest-France depuis 1990. France 3 Normandie dispose d’une rédaction locale dans la ville ; l’édition cherbourgeoise de l’hebdomadaire La Manche Libre couvre l’agglomération, la Hague et le Val de Saire. 5050 TV, télévision locale sur Internet, y a son siège social et son studio principal.

Les emplois du secteur de la construction se répartissent entre Faucillion (80 salariés), Eiffage (75) et Colas (60).

Depuis son ouverture, la Cité de la Mer est la locomotive touristique du Nord-Cotentin, site payant du Cotentin le plus fréquenté en 2010 avec 194 110 visiteurs [15]. Le terminal croisières attire également chaque année des paquebots. Le port de plaisance de 1 300 places est le premier port d’escale français (11 000 par an). La capacité d’accueil de la ville était au 1er janvier 2007 de 15 hôtels et 429 chambres [27]. Dans l'arrondissement, on compte en 2011 56 hôtels de tourisme (2 460 lits), 11 hébergements collectifs (1 371 lits), 24 hôtels non classés tourisme (24 592 lits), 87 chambres d’hôtes labellisées (536 lits), 662 meublés classés préfecture, gîtes et villages (3 440 lits), 56 campings et parcs résidentiels de loisirs (18 158 lits) et 12 603 résidences secondaires (63 015 lits) [15]. Le casino, propriété du groupe Cogit, est le 109e en France, avec un chiffre d’affaires de 6,7 M€ [27].

Autres entreprises

  • Normatrans : transport routier

Bibliographie

  • Auguste Le Jolis, Notice sur les anciennes fabriques de drap de Cherbourg, 1854

Notes et références

  1. Raymond Lefèvre, Histoire anecdotique de Cherbourg à l’intention de nos écoliers. éd. Cherbourg-Éclair, 1941.
  2. Voisin-La-Hougue, Histoire de la Ville de Cherbourg, Boulanger, 1835, pp 104-109.
  3. Georges Lefebvre, Cherbourg à la fin de l’Ancien Régime et au début de la Révolution, Société d’enquêtes ethnographiques normandes, coll. Cahier des Annales de Normandie, Caen, 1965.
  4. « Industrie et commerce - Arrondissement de Cherbourg », Annuaire du Département de la Manche. Saint-Lô, impr. de J. Élie, 1829.
  5. Jean Fleury, « Notions générales sur la Ville et l’arrondissement », Jean Fleury et Hippolyte Vallée, Cherbourg et ses environs : nouveau guide du voyageur à Cherbourg. Impr. de Noblet, Cherbourg, 1839 - p. 2-18.
  6. « Félix du Temple, un génial inventeur », Reflets, n° 96, ville de Tourlaville (lire en ligne).
  7. Frédéric Patard, « D’Hortson à Sanmina, quarante-cinq ans d’histoire industrielle », La Presse de la Manche, 17 novembre 2007.
  8. 8,0 8,1 8,2 et 8,3 « Comment redynamiser l'économie de la ville centre ? », Ouest-France, 5 mars 2008.
  9. Sylvie Malsan, « Licenciements collectifs : le prix d’une dette symbolique », Revue du MAUSS, La Découverte, ISBN 9782707152534. pp. 180-206.
  10. 10,0 et 10,1 François Grosrichard, « Cherbourg est plongé dans l'amertume... », Le Monde, 6 mai 1969.
  11. Frédérick Macé, « Cherbourg, une cité inquiète », La Manche Libre, 10 novembre 2007.
  12. 12,0 et 12,1 Thierry Durand et Dominique Guillemois, Cotentin - Une histoire industrielle : 1960-2000, QAMVINC-ACCAAM, 2004 (documentaire).
  13. « Recensement INSEE » (lire en ligne).
  14. Mémento économique du Cotentin 2007, Chambre de commerce de Cherbourg-Cotentin, 2007.
  15. 15,00 15,01 15,02 15,03 15,04 15,05 15,06 15,07 15,08 15,09 15,10 et 15,11 Mémento économique du Cotentin 2011, Chambre de commerce de Cherbourg, 2011 (lire en ligne).
  16. « Cherbourg », « L'Encyclopédie des villes de France », L'Internaute (lire en ligne) et « « Octeville », « L'Encyclopédie des villes de France », L'Internaute (lire en ligne).
  17. « Observatoire communautaire », Communauté urbaine de Cherbourg, d’après le recensement de 1999 » (lire en ligne).
  18. 18,0 18,1 18,2 18,3 et 18,4 Mémento économique du Cotentin 2013, Chambre de commerce de Cherbourg, mai 2013 (lire en ligne).
  19. 19,0 19,1 et 19,2 Mémento économique su Cotentin 2008, Chambre de commerce de Cherbourg, 2008 (lire en ligne).
  20. 20,0 20,1 et 20,2 « Cherbourg : le bon cap », Le Point, n° 1732, 24 novembre 2005.
  21. Frédéric Patard, « Deux bouées de sauvetage pour le port », La Presse de la Manche, 3 janvier 2008.
  22. « LD Armateurs s'installe avec la CCI à la tête du port de Cherbourg », DrakkarOnLine, 14 novembre 2008 (lire en ligne).
  23. 23,0 et 23,1 Louis Laroque, « Le naufrage du port », Le Point, 21 avril 2011.
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  25. Site internet de la Maison du tourisme de Cherbourg-Octeville Marine nationale (lire en ligne).
  26. Gérald Lerouvreur, « Sanmina loue 5 000 m2 au groupe Cofidur », Ouest-France, 17 avril 2008.
  27. 27,0 27,1 27,2 27,3 et 27,4 « Cherbourg-Octeville », Trésor des régions, 2007.
  28. « L'usine textile Socoval va définitivement fermer », Ouest-France, site internet, 9 janvier 2013 (lire en ligne).
  29. 29,0 et 29,1 « L'équipement commercial dans le Cotentin », Vigie du Cotentin, juillet 2010 (lire en ligne).
  30. Michel Moisan, « Le commerce de centre-ville à Cherbourg et Caen », Cent pour Cent Basse-Normandie n° 158, juin 2006.

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