Actions

« Vocalisation » : différence entre les versions

De Wikimanche

(cat)
m (retouche)
Ligne 7 : Ligne 7 :
La principale répercussion sur la grammaire, encore sensible aujourd'hui, a concerné les pluriels des noms et des adjectifs terminés par ''-l'' précédé d'une voyelle. Ils ont suivi le mouvement, et ''cheva'''l'''s'' est devenu ''cheva'''u'''s'', ''fo'''l'''s'' est devenus ''fo'''u'''s'', ''genoi'''l'''s'' est devenu ''geno'''u'''s'', etc. L'histoire de ces pluriels est assez complexe en français, où il ne nous reste que ceux des mots en ''-al'' et ''-ail'', dont le pluriel ''-aux'' conserve une ancienne graphie manuscrite ''-x'' notant initialement ''-us''.
La principale répercussion sur la grammaire, encore sensible aujourd'hui, a concerné les pluriels des noms et des adjectifs terminés par ''-l'' précédé d'une voyelle. Ils ont suivi le mouvement, et ''cheva'''l'''s'' est devenu ''cheva'''u'''s'', ''fo'''l'''s'' est devenus ''fo'''u'''s'', ''genoi'''l'''s'' est devenu ''geno'''u'''s'', etc. L'histoire de ces pluriels est assez complexe en français, où il ne nous reste que ceux des mots en ''-al'' et ''-ail'', dont le pluriel ''-aux'' conserve une ancienne graphie manuscrite ''-x'' notant initialement ''-us''.


Ce sont les pluriels des noms en ''-el'' qui méritent notre attention ici : à la suite de la vocalisation de [l], la finale ''-els'' d'abord a évolué en ''-eus'', puis très rapidement ''-eaus'', avec un [a] de transition entre [e] et [u]. On a donc dit ''un chap'''el''''', ''des chap'''eaus''''', ''un ois'''el''''', ''des ois'''eaus''''', etc. En [[moyen français]], tous ce mots ont été normalisés, et la terminaison du nouveau pluriel étendue au singulier, d'où le français moderne ''un château'', ''des châteaux'', ''un oiseau'', ''des oiseaux'', etc. Dans beaucoup de dialectes cependant, et en l'occurrence dans certains parlers de la Manche, l'ancien singulier en ''-el'', devenu ''-é'' dans notre région, a été maintenu, et l'on dit toujours ''un cap'''é''''', ''des cap'''iâos''''', ''un oués'''é''''', ''des oués'''iâos''''', etc.
Ce sont les pluriels des noms en ''-el'' qui méritent notre attention ici : à la suite de la vocalisation de [l], la finale ''-els'' d'abord a évolué en ''-eus'', puis très rapidement ''-eaus'', avec un [a] de transition entre [e] et [u]. On a donc dit ''un chap'''el''''', ''des chap'''eaus''''', ''un ois'''el''''', ''des ois'''eaus''''', etc. En [[moyen français]], tous ces mots ont été normalisés, et la terminaison du nouveau pluriel étendue au singulier, d'où le français moderne ''un château'', ''des châteaux'', ''un oiseau'', ''des oiseaux'', etc. Dans beaucoup de dialectes cependant, et en l'occurrence dans certains parlers de la Manche, l'ancien singulier en ''-el'', devenu ''-é'' dans notre région, a été maintenu, et l'on dit toujours ''un cap'''é''''', ''des cap'''iâos''''', ''un oués'''é''''', ''des oués'''iâos''''', etc.


== Annexes ==
== Annexes ==

Version du 11 juin 2009 à 14:24

En phonétique, on appelle vocalisation la transformation d'une consonne en voyelle.

En ce qui concerne l'histoire du français et de ses dialectes, le principal phénomène de vocalisation a concerné le son [l] qui, en très ancien français, est devenu [u] devant une consonne et après [a], [e] et [o] entre le 7e et le 9e siècle. Cette transformation a été favorisée par la prononciation vélaire [1] du [l] dans cette position, comparable à celle du [l] anglais. Le passage de [l] vélaire à [u] s'est produit lorsque, par un relâchement de la prononciation, la pointe de la langue a cessé d'être en contact avec le palais. On considère cette évolution caractéristique des dialectes français comme terminée vers l'an 800, mais elle ne se manifeste dans l'écriture, généralement conservatrice, qu'à partir du 12e siècle.

Les conséquences de cette vocalisation de [l] ont été nombreuses : le son [u] nouvellement apparu a créé ce que l'on appelle une diphtongue de coalescence avec la voyelle précédente. Ainsi, jalne est devenu jaune, feltre est devenue feutre, colp est devenu coup, etc.

La principale répercussion sur la grammaire, encore sensible aujourd'hui, a concerné les pluriels des noms et des adjectifs terminés par -l précédé d'une voyelle. Ils ont suivi le mouvement, et chevals est devenu chevaus, fols est devenus fous, genoils est devenu genous, etc. L'histoire de ces pluriels est assez complexe en français, où il ne nous reste que ceux des mots en -al et -ail, dont le pluriel -aux conserve une ancienne graphie manuscrite -x notant initialement -us.

Ce sont les pluriels des noms en -el qui méritent notre attention ici : à la suite de la vocalisation de [l], la finale -els d'abord a évolué en -eus, puis très rapidement -eaus, avec un [a] de transition entre [e] et [u]. On a donc dit un chapel, des chapeaus, un oisel, des oiseaus, etc. En moyen français, tous ces mots ont été normalisés, et la terminaison du nouveau pluriel étendue au singulier, d'où le français moderne un château, des châteaux, un oiseau, des oiseaux, etc. Dans beaucoup de dialectes cependant, et en l'occurrence dans certains parlers de la Manche, l'ancien singulier en -el, devenu dans notre région, a été maintenu, et l'on dit toujours un capé, des capiâos, un ouésé, des ouésiâos, etc.

Annexes

Notes et références

  1. Rapprochement de l'arrière de la langue et du palais mou ou voile (latin velum).