Actions

« Visite d'une église » : différence entre les versions

De Wikimanche

(46 versions intermédiaires par 2 utilisateurs non affichées)
Ligne 1 : Ligne 1 :
'''Visite des églises dans le [[diocèse de Coutances et Avranches]]'''
'''Visite des églises dans le [[diocèse de Coutances et Avranches]]'''


Une église, au sens large, est un édifice initialement consacré aux offices et à la prière. Dans la [[Manche]] ce sont des églises catholiques. Pour les édifices consacrés aux cultes protestants on parle plutôt de temples.
Une église, au sens large, est un édifice initialement consacré aux offices, à la prière et, jusqu'au 17{{e}} siècle, à enterrer les défunts dans le sol de l'espace interne. Dans la [[Manche]] ce sont des églises catholiques (ailleurs il y en a d'orthodoxes). Pour les édifices consacrés aux cultes protestants on parle plutôt de temples.


Pour profiter de la visite des églises du diocèse, il est utile de connaître les éléments de son architecture, de son mobilier et de sa symbolique.
Pour profiter de la visite des églises du diocèse, il est utile de connaître les éléments de son architecture, de son mobilier et de sa symbolique.
Ligne 10 : Ligne 10 :
Le seul point commun qu'on peut trouver à ''toutes'' les églises, c'est que leur plan n'est jamais « barlong » : c'est à dire qu'il n'existe pas d'église dont l'espace intérieur soit orienté vers le plus long mur de l'édifice<ref>Encore existe-t-il des églises dites « à plan centré » qui n'ont pas de direction préférentielles. À notre connaissance il n'en existe pas dans la Manche. Par ailleurs, signalons que le plan barlong est une caractéristique de très nombreuses mosquées arabes.</ref>.
Le seul point commun qu'on peut trouver à ''toutes'' les églises, c'est que leur plan n'est jamais « barlong » : c'est à dire qu'il n'existe pas d'église dont l'espace intérieur soit orienté vers le plus long mur de l'édifice<ref>Encore existe-t-il des églises dites « à plan centré » qui n'ont pas de direction préférentielles. À notre connaissance il n'en existe pas dans la Manche. Par ailleurs, signalons que le plan barlong est une caractéristique de très nombreuses mosquées arabes.</ref>.


Cependant, au fil de l'évolution des modes de constructions et du rituel chrétien, il s'est établi un certain nombre d'éléments architectoniques reconnaissables d'une église à l'autre, dont on peut ici dresser une répertoire, sans prétendre à l'exhaustivité. C'est la raison pour laquelle, on reconnait toujours l'église du premier coup d'œil dans les villages, même si elles prennent des aspects totalement différents.
Cependant, au fil de l'évolution des modes de constructions et du rituel chrétien, il s'est établi un certain nombre d'éléments architectoniques reconnaissables d'une église à l'autre, dont on peut ici dresser un répertoire, sans prétendre à l'exhaustivité. C'est la raison pour laquelle, on reconnait toujours l'église du premier coup d'œil dans les villages, même si elles prennent des aspects totalement différents.


===Au plus simple : une nef et un chœur===
===Au plus simple : une nef et un chœur===
Ligne 25 : Ligne 25 :


====Typologie des clochers====
====Typologie des clochers====
Il n'y a pas de terme consacré pour toutes les situations du clocher, mais on peut distinguer :
Il n'y a pas de termes consacrés pour toutes les situations du clocher, mais on peut distinguer :
* Le ''clocher mur,'' généralement au-dessus de l'entrée [[Église Saint-Vigor (Champeaux)|(exemple : Champeaux)]]
* Le ''clocher mur,'' généralement au-dessus de l'entrée [[Église Saint-Vigor (Champeaux)|(exemple : Champeaux)]]
* Le ''clocher porche,'' situé à l'est en avant de la nef et dans le pied duquel se trouve l'entrée de l'église [[Église Saint-Martin (Baubigny)|(Baubigny)]]  
* Le ''clocher porche,'' situé à l'est en avant de la nef et dans le pied duquel se trouve l'entrée de l'église [[Église Saint-Martin (Baubigny)|(Baubigny)]]  
Ligne 40 : Ligne 40 :


====Le sommet des clochers====
====Le sommet des clochers====
La couverture des clochers peut affecter au moins trois formes :
La couverture des clochers peut affecter au moins quatre formes :
#Ce peut être une terrasse, entourée d'un garde-corps généralement une dentelle de pierre [[Église Saint-Pierre apôtre (Saint-Pierre-Église)|(Saint-Pierre-Église)]]. De tous temps la terrasse a été un organe architectural difficile à réaliser à cause de l'étanchéité. Ces clochers, fréquents dans le nord Cotentin sont réputés avoir une une fonction défensive de tour de gué depuis leur origine, mais aussi beaucoup plus tardivement ! Témoin l'église de [[Église Saint-Martin (Réthoville)|Réthoville,]] dont le garde-corps sommital a été copieusement bétonné pour servir de protection aux artilleurs allemands durant la Seconde guerre mondiale. Espérons qu'un jour un habile restaurateur saura jouer du burin pour retrouver l'originale dentelle de pierre qui est - parait-il - toujours noyée dans l'épouvantable ouvrage défensif.<br>On parle souvent dans ce cas ''d'église fortifiée''.
#Ce peut être une terrasse, entourée d'un garde-corps généralement une dentelle de pierre [[Église Saint-Pierre apôtre (Saint-Pierre-Église)|(Saint-Pierre-Église)]]. De tous temps la terrasse a été un organe architectural difficile à réaliser à cause de l'étanchéité. Ces clochers, fréquents dans le nord Cotentin sont réputés avoir une une fonction défensive de tour de gué depuis leur origine, mais aussi beaucoup plus tardivement ! Témoin l'église de [[Église Saint-Martin (Réthoville)|Réthoville,]] dont le garde-corps sommital a été copieusement bétonné pour servir de protection aux artilleurs allemands durant la Seconde guerre mondiale. Espérons qu'un jour un habile restaurateur saura jouer du burin pour retrouver l'originale dentelle de pierre qui est - parait-il - toujours noyée dans l'épouvantable ouvrage défensif.<br>On parle souvent dans ce cas ''d'église fortifiée''.
#Il peut s'agir d'une simple toiture à deux versants. On parle alors de [[clocher en bâtière]]<ref>Il y aurait dans la Manche plus de trois-cent-quarante clochers en bâtière</ref>. Ce type est par construction le plus facile à réaliser, car ne comportant que des pannes rectilignes portées par les murs-pignons ; c'est donc le clocher le moins onéreux à construire…
#Il peut s'agir d'une simple toiture à deux versants. On parle alors de [[clocher en bâtière]]<ref>Il y aurait dans la Manche plus de trois-cent-quarante clochers en bâtière</ref>. Ce type est par construction le plus facile à réaliser, car ne comportant que des pannes rectilignes portées par les murs-pignons ; c'est donc le clocher le moins onéreux à construire…
#Ou bien une « flèche » ouvrage pyramidal très aigu, le plus souvent à structure de charpente.
#Ou bien une « flèche » ouvrage pyramidal très aigu, le plus souvent à structure de charpente comme à [[Église Saint-Loup (Saint-Loup)|Saint-Loup]].
 
#Les clochers couverts d'un dôme, en pierre comme à [[Église Notre-Dame (Sainte-Marie-du-Mont)|Sainte-Marie-du-Mont]], ou plus simples comme à [[Église Saint-Martin (Sacey)|Sacey]], ces derniers sont nombreux dans le sud-ouest du département.
<br />
Certains clochers combinent plusieurs formes :
Certains clochers combinent plusieurs formes :
*terrasse et bâtière [[Église Saint-Germain (Saint-Germain-sur-Ay)|(Saint-Germain-sur-Ay)]]
*terrasse et bâtière [[Église Saint-Germain (Saint-Germain-sur-Ay)|(Saint-Germain-sur-Ay)]]
Ligne 51 : Ligne 52 :


===Un pas de plus dans la complexité : les bas-côtés et le transept===
===Un pas de plus dans la complexité : les bas-côtés et le transept===
Nous n'avons jusque là parlé que des formules d'église les plus simples en ''plan''. Il faut maintenant parler de ''coupe'' pour distinguer des dispositifs de plus en plus complexes. Donc prenons une église pour la scier vigoureusement et regarder à quoi ressemble notre trait de scie, et voyons apparaître les bas-côtés (aussi appelés les collatéraux).
Nous n'avons jusque là parlé que des formules d'église les plus simples en ''plan''. Il faut maintenant parler de ''coupe'' pour distinguer des dispositifs de plus en plus complexes. Donc empoignons une église pour la scier vigoureusement et regarder à quoi ressemble notre trait de scie, et voyons apparaître les bas-côtés (aussi appelés les collatéraux).


{| class="wikitable"
{| class="wikitable"
Ligne 61 : Ligne 62 :
|}
|}


On comprend qu'il s'agit d'agrandir l'église. En écartant les murs on arrive vite à la limite des procédés de construction, qu'il soient de bois ou de pierre. Par exemple on ne trouve pas d'arbre assez grand pour faire une poutre qui va d'un mur à l'autre, ou bien l'arc maçonné devient tellement long qu'il serait très fragile et de toute façon très coûteux à construire.  La lumière a de plus en plus de mal à rentrer jusqu'au centre du bâtiment. L'idée est donc de remplacer ''les longs murs'' par une série de piliers, et de créer deux nouveaux espaces de part et d'autre de la nef en reportant plus loin ''l'enveloppe'' du bâti : ce sont les bas-côtés.
On comprend qu'il s'agit d'agrandir l'église. En écartant les murs on arrive vite à la limite des procédés de construction, qu'il soient de bois ou de pierre. Par exemple on ne trouve pas d'arbre assez grand pour faire une poutre qui va d'un mur à l'autre, ou bien l'arc maçonné devient tellement long qu'il serait très fragile et de toute façon très coûteux à construire.  La lumière a de plus en plus de mal à entrer jusqu'au centre du bâtiment. L'idée est donc de remplacer ''les longs murs'' par une série de piliers, et de créer deux nouveaux espaces de part et d'autre de la nef en reportant plus loin ''l'enveloppe'' du bâti : ce sont les bas-côtés.


En même temps que cette innovation en coupe, on voit apparaître le transept qui, cette fois, bouleverse le plan : de rectangulaire, l'église peut prendre une forme de croix généralement latine, rarement grecque. Quand une croix latine est debout, le transept en serait la barre horizontale.
En même temps que cette innovation en coupe, on voit apparaître le transept qui, cette fois, bouleverse le plan : de rectangulaire, l'église peut prendre une forme de croix généralement latine, rarement grecque. Quand une croix latine est debout, le transept en serait la barre horizontale.
Ligne 74 : Ligne 75 :
Le porche est un espace de transition, couvert mais non clos, fréquent dans la Manche. Il est préférentiellement en façade Est, mais on peut le trouver aussi sur le flanc Sud de la nef.
Le porche est un espace de transition, couvert mais non clos, fréquent dans la Manche. Il est préférentiellement en façade Est, mais on peut le trouver aussi sur le flanc Sud de la nef.


À Marchésieux, si le portail affecte une forme courante, par contre la sacristie prend une position atypique. Dans la Manche on la trouve plutôt à l'Est du chœur, ici elle est au sud, principalement par manque de place.
À Marchésieux, si le portail affecte une forme courante, par contre la sacristie prend une position atypique. Dans la Manche on la trouve plutôt à l'Est du chœur, ici elle est au sud, principalement par manque de terrain.


On remarque que la première travée de la nef (à l'ouest, donc à gauche sur le plan) est très particulière. D'une part parce que c'est… la première, mais surtout parce que ses bas côtés étant aveugles, elle s'éclaire à l'ouest. C'est un peu excessif de parler de narthex, mais l'idée est là. C'est l'espace de transition entre le profane (l'extérieur) et le sacré (la nef et le chœur). Localement on trouve dans les écrits anciens le terme de « portail » pour désigner cette première travée. On préfèrera garder le terme narthex pour des ouvrages plus complexes ou plus caractérisés [[Église Saint-Quentin (Saint-Quentin-sur-le-Homme)|(exemple : Saint-Quentin-sur-le-Homme)]]. On trouve souvent une tribune dans cette première travée, renforçant l'aspect narthex du rez-de-chaussée. Cette tribune ayant été établie pour loger quelque seigneur et patron dans les époques reculées, ou plus simplement l'orgue de l'église.
On remarque que la première travée de la nef (à l'ouest, donc à gauche sur le plan) est très particulière. D'une part parce que c'est… la première, mais surtout parce que ses bas côtés étant aveugles, elle s'éclaire à l'ouest. Il serait excessif de parler de narthex, mais l'idée est là. C'est l'espace de transition entre le profane (l'extérieur) et le sacré (la nef et le chœur). Localement on trouve dans les écrits anciens le terme de « portail » pour désigner cette première travée. On préfèrera garder le terme « narthex » pour des ouvrages plus complexes ou plus caractérisés [[Église Saint-Quentin (Saint-Quentin-sur-le-Homme)|(exemple : Saint-Quentin-sur-le-Homme)]]. On trouve souvent une tribune dans cette première travée, renforçant l'aspect narthex du rez-de-chaussée. Cette tribune ayant été établie pour loger quelque seigneur et patron dans les époques reculées, ou plus simplement l'orgue de l'église.


Il faut aussi parler du « chevet », qui, pour aller vite, désigne le chœur vu de l'extérieur. On a ici un « chevet plat », c'est-à-dire que sa façade Est est rectiligne. Ce chevet plat est « à verrière » : il est percé d'une grande fenêtre.
Il faut aussi parler du « chevet », qui désigne exactement la même chose que le terme « chœur » mais cette fois vu de l'extérieur. On a ici un « chevet plat », c'est-à-dire que sa façade Est est rectiligne. Ce chevet plat est « à verrière » : il est percé d'une grande fenêtre.


À Marchésieux, le clocher est à la croisée du transept. Il repose sur les quatre piliers centraux, ce qui est somme toute un tour de force structurel. Il faut monter (à la main) quelques centaines de tonnes de cailloux sur quatre malheureux poteaux.
À Marchésieux, le clocher est à la croisée du transept. Il repose sur les quatre piliers centraux, ce qui est somme toute un tour de force structurel. Il faut monter (à la main) quelques centaines de tonnes de cailloux sur quatre malheureux poteaux.


Quand le transept a la même largeur que la nef, le clocher peut alors se poser sur la totalité de la croisée du transept [[Le Mesnil-Villeman|comme au Mesnil-Villeman,]] ce qui parait plus simple à construire.
Quand le transept a la même largeur que la nef, le clocher peut alors se poser sur la totalité de la croisée du transept [[Le Mesnil-Villeman|comme au Mesnil-Villeman,]] ou dans [[Abbaye Sainte-Trinité (Lessay)|l'abbaye de Lessay]] ce qui parait plus simple à construire.


Une curiosité à Marchésieux : l'église est dotée d'un seul et unique arc-boutant ! Il apparait dans l'angle nord-est, en haut à droite du plan.
Une curiosité à Marchésieux : l'église est dotée d'un seul et unique arc-boutant ! Il apparait dans l'angle nord-est, en haut à droite du plan.
Ligne 88 : Ligne 89 :
Parlons un peu chantier. On voit sur le deuxième plan coloré que les plus anciennes parties datent de la fin du 12{{e}} siècle et que depuis l'église est en perpétuelle reconstruction sur elle même. La dernière grosse campagne de travaux datant d'après la seconde guère mondiale, puisqu'une bombe s'est égarée par là et (par chance) n'a fait tomber que le clocher. Il est donc souvent hasardeux de dire qu'une église date de tel ou tel siècle !
Parlons un peu chantier. On voit sur le deuxième plan coloré que les plus anciennes parties datent de la fin du 12{{e}} siècle et que depuis l'église est en perpétuelle reconstruction sur elle même. La dernière grosse campagne de travaux datant d'après la seconde guère mondiale, puisqu'une bombe s'est égarée par là et (par chance) n'a fait tomber que le clocher. Il est donc souvent hasardeux de dire qu'une église date de tel ou tel siècle !


On aura remarqué qu'avec l'invention de tous ces espaces ''savants'' les mots pour les désigner deviennent tous ambigus. La nef peut désigner tout ce qui est avant le transept, ou seulement le vaisseau central. Le chœur est ce qui est dans l'espace interne à l'ouest mais vu de dehors, on dit que c'est un chevet, etc. Tout dépend de celui qui écrit, n'y attachons pas trop d'importance.
On aura remarqué qu'avec l'invention de tous ces espaces ''savants'' les mots pour les désigner deviennent tous ambigus. La nef peut désigner tout ce qui est avant le transept, ou seulement le vaisseau central, voire la totalité du long bras de la croix latine incluant dès lors le chœur. Le chœur est ce qui est dans l'espace interne à l'ouest mais vu de dehors, on dit que c'est un chevet, etc. Tout dépend de celui qui écrit, n'y attachons pas trop d'importance.


===Encore un pas dans la complexité : l'abside et la crypte===
===Encore un pas dans la complexité : l'abside et la crypte===
[[Fichier:Eglise Tollevast.jpg|Abside de l'église Saint Martin à [[Tollevast]]|thumb]]
[[Fichier:Eglise Tollevast.jpg|Abside de l'église Saint Martin à [[Tollevast]]|thumb]]
On voit bien qu'à Marchésieux, le plan affecte des formes simples : murs rectilignes sur une trame orthogonale, ou à peu-près…
On voit bien qu'à Marchésieux, le plan affecte des formes simples : murs rectilignes sur une trame orthogonale. Enfin, à peu-près…


En lieu et place du « chevet plat », on trouve souvent une « abside » : en plan le chevet a pris la forme d'un demi cercle.
En lieu et place du « chevet plat », on trouve souvent une « abside » : en plan le chevet a pris la forme d'un demi cercle.
Ligne 98 : Ligne 99 :
C'est une forme héritée de l'antiquité romaine, qui fait florès dès les premières églises paléochrétiennes.
C'est une forme héritée de l'antiquité romaine, qui fait florès dès les premières églises paléochrétiennes.


L'espace prend une toute autre saveur, ses limites s'amenuisent, tant elle deviennent difficiles à appréhender… On dit parfois qu'il devient fuyant  
L'espace prend une toute autre saveur, ses limites disparaissent presque, tant elles sont difficiles à appréhender… On dit parfois qu'il devient fuyant.


Ceci se paye au prix de nombreuses difficultés techniques : qu'on songe simplement à la charpente conique nécessaire à la couverture…
Ceci se paye au prix de nombreuses difficultés techniques : qu'on songe simplement à la charpente conique nécessaire à la couverture…
Ligne 109 : Ligne 110 :


===Complexité ultime : abbatiales et cathédrales===
===Complexité ultime : abbatiales et cathédrales===
<gallery mode=packed height=600>
On l'a vu le bas-côté dédouble les espaces des églises paroissiales. Pour les très grandes églises, l'imagination des bâtisseurs va sans limite ajouter des espaces aux espaces : absidioles ajoutées aux absides ou aux bras du transept, chapelles rayonnantes ajoutées au chœur etc.
 
La Manche comptait deux cathédrales, mais n'en a plus qu'une à [[Cathédrale Notre-Dame (Coutances)|Coutances,]] celle [[Cathédrale Saint-André (Avranches)|d'Avranches]] ayant été rasée au 19{{e}} siècle.
<gallery mode=packed heights=400>
Fichier:Plan de la cathédrale d'Avranches.JPG|Cathédrale d'Avranches
Fichier:Plan de la cathédrale d'Avranches.JPG|Cathédrale d'Avranches
Fichier:Plan de la cathedrale Coutances 1901 Archives nationales France.jpg|Cathédrale de Coutances
Fichier:Plan de la cathedrale Coutances 1901 Archives nationales France.jpg|Cathédrale de Coutances
Fichier:110 of 'Description de l'abbaye du Mont Saint-Michel et de ses abords, précédée d'une notice historique. (With plates.)' (11120017836).jpg|L'abbaye du Mont-Saint-Michel
</gallery>
</gallery>
On l'a vu le bas-côté dédouble les espaces des églises paroissiales. Pour les très grandes églises, l'imagination des bâtisseurs va sans limite ajouter des espaces aux espaces : absidioles ajoutées aux absides ou aux bras du transept, chapelles rayonnantes ajoutées au chœur etc.


La Manche comptait deux cathédrale, mais n'en a plus qu'une à [[Cathédrale Notre-Dame (Coutances)|Coutances,]] celle [[Cathédrale Saint-André (Avranches)|d'Avranches]] ayant été rasée au 19{{e}} siècle.
Pour Avranches on lit bien maintenant la structuration du plan : on reconnait le vaisseau central avec ses bas-côtés, mais cette fois on a encore ajouté une épaisseur supplémentaire : les chapelles.
 
On lit bien maintenant la structuration du plan : on reconnait le vaisseau central avec ses bas-côtés, mais cette fois on a encore ajouté une épaisseur supplémentaire : les chapelles.


Le transept est curieusement très court. Un « jubé » y était installé, c'est à dire un dispositif architectural séparant la nef du chœur.
Le transept est curieusement très court. Un « jubé » y était installé, c'est à dire un dispositif architectural séparant la nef du chœur.
Ligne 126 : Ligne 128 :


Sur le plan de Coutances les absidioles sont plus clairement exprimées. Il y en d'ailleurs une au bras sud du transept.
Sur le plan de Coutances les absidioles sont plus clairement exprimées. Il y en d'ailleurs une au bras sud du transept.
----
* Le parvis : espace extérieur, situé devant l'entrée principale (le portail), qui est souvent un lien d'échange, de rencontre et de rassemblement.


== Périodes ==
Et enfin, à tout seigneur tout honneur, un mot sur l'abbatiale du Mont-Saint-Michel. Tous les éléments de vocabulaire architectural qu'on a tenté d'expliquer ici s'y déploient dans une grâce qui parait  ''évidente'', alors qu'on connait les impossibles conditions du chantier, commencé au 7{{e}} siècle et qui continue aujourd'hui…
* [[:Catégorie:Église de style Roman|Roman]] : style le plus ancien, il livre des édifices massifs, utilisant des arcs semi-circulaires, dits en plein cintre, des colonnes aux chapiteaux historiés d'où sortent personnages et animaux.
 
* [[:Catégorie:Église de style Gothique|Gothique]] : initié dans les années 1160-1170, le gothique joue, grâce aux voûtes sur croisées d'ogives, aux arcs brisés et aux arcs-boutants, sur la hauteur et la lumière qui entre par les grandes fenêtres percées dans les murs et ornées de vitraux.
== Périodes et styles==
* [[:Catégorie:Église de style Gothique rayonnant|Gothique rayonnant]] : entre 1230 et 1380, le gothique évolue vers des fenêtres de plus en plus grandes, des colonnes de plus en plus fines, et des ornements plus nombreux (cercles, trèfles polylobes, rosaces...).   
[[Fichier:Nef-romane-abbatiale-Mont-Saint-Michel.jpg|200 px|vignette|Travées romanes au Mont-Saint-Michel.]]
* [[:Catégorie:Église de style Gothique flamboyant|Gothique flamboyant]] : postérieur à la Guerre de Cent Ans, [[Gothique flamboyant|ce style]] est caractérisé par une profusion décorative : portails monumentaux aux multiples statues, pinacles, balustrades sculptées...
Il est maladroit de parler maintenant de ''style'' roman, gothique, renaissance ou classique. Ces termes utilisés en histoire de l'art correspondent plutôt a des compréhensions du monde variant d'une époque à l'autre. Par contre, au XIX{{e}} siècle, le terme reste valide pour désigner tous les « néo-quelque-chose » revendiqués par les architectes des églises : néo-roman, néo-gothique, néo-byzantin, etc. Et il reste valide en période romane pour le « style normand ». On y reviendra.
* [[:Catégorie:Église de style Reconstruction|Reconstruction]] : après les destructions de la [[Seconde Guerre mondiale|Seconde Guerre mondiale]], les églises sont reconstruites en appliquant les méthodes architecturales modernes : usage quasi-exclusif du béton, vaisseau souvent unique éclairé des grandes verrières aux vitraux abstraits, une sobriété extérieure et une recherche de chaleur intérieure, l'incrustation dans les murs des vestiges des anciens bâtiments...  
===Haut moyen-âge===
Sauf erreur il n'existe plus de bâtiments paléochrétien en élévation dans la Manche. Du haut moyen-âge il ne nous reste que les fondations du [[Baptistère de Portbail]] et le plan ''tréflé'' de [[Chapelle Saint-Germain (Querqueville)|la chapelle Saint-Germain]] à [[Querqueville]].
 
===Roman===
Les maîtres bâtisseurs de la période [[:Catégorie:Église de style Roman|romane]] tablaient sur de puissants murs. Il ne faut pas prendre le faible éclairement de nombreuses églises romanes pour un manque de compétence : c'est au contraire une volonté délibérée de différencier l'obscurité de l'espace sacré par opposition à un extérieur lumineux et potentiellement dangereux, éventuellement peuplé de loups.<br>À ce titre, entrer dans l'[[Église Saint-Martin (Tollevast)|église]] de [[Tollevast]] par une belle journée d'été est une expérience surprenante : on y devient subitement aveugle tant il y entre peu de lumière. Il faut prendre le temps de laisser nos yeux s'y habituer pour découvrir à quel point cet espace est ''apaisant''.<br>Par ailleurs il est faux de penser que la période romane utilise des arcs semi-circulaires, dits en « plein cintre », spécifiquement en Normandie où l'arc en « tiers point » apparait très tôt.<br>Et c'est ici qu'on découvre le ''style normand''<ref>Univers Roman - Encyclopédie
: Architecture universelle - Texte : Raymond Oursel, photos Jacques Rouiller, préface Hermann Baur pages 132 - 1964 - office du Livre ed.</ref>. Ce ''style'' est dans un premier temps caractérisé par le refus de la voute maçonnée ! C'est encore visible dans ce qu'il reste de la nef du Mont-Saint-michel. Il est vrai qu'amener quelques milliers de tonnes de cailloux y eut été difficile, mais ce n'est pas la raison première. Et puisque nous sommes dans les années 1070, les plus beaux fleurons du ''style normand'' sont sans surprise en Angleterre…
 
===Gothique===
[[Fichier:Le Mont-Saint-Michel France Abbey-Church-01.jpg|thumb|200px|Le chœur du Mont-Saint-Michel]]
Les bâtisseurs de la période [[:Catégorie:Église de style Gothique|gothique]] auront l'attitude exactement inverse, imaginant tout ce qu'ils pouvaient pour faire ''disparaître le mur'', et faire entrer abondamment la lumière, même si éventuellement on la transforme par les vitraux. Le plus fort témoignage manchot de cette volonté est dans le chœur du Mont-Saint-Michel. Regardez bien dans les hauts : le mur a complétement disparu. Corolaire embarrassant de cette attitude : le bâtiment devient fragile : affaissement, déformations et effondrement sont légions.<br>Traditionnellement on débite la période en plusieurs étapes, mais ce ne sont que des variantes décoratives :
*[[:Catégorie:Église de style Gothique rayonnant|Gothique rayonnant]] : entre 1230 et 1380, le gothique évolue vers des fenêtres de plus en plus grandes, des colonnes de plus en plus fines, et des ornements plus nombreux (cercles, trèfles polylobes, rosaces...).   
*[[:Catégorie:Église de style Gothique flamboyant|Gothique flamboyant]] : postérieur à la Guerre de Cent Ans, [[Gothique flamboyant|ce style]] est caractérisé par une profusion décorative : portails monumentaux aux multiples statues, pinacles, balustrades sculptées…
 
===Renaissance et période classique===
Curieusement, du 16{{e}} au 18{{e}} siècles, bien qu'on continue à bâtir de nouvelles églises et à en embellir d'anciennes l'influence de la renaissance ou des périodes ultérieures ne se fait pas trop sentir dans les églises manchotes. On ne saurait trop dire pourquoi. Tout au plus peut-on citer quelques façades dont celle notable à l'entrée de l'abbatiale  du Mont-Saint-Michel, après que quatre travées de la nef se soient effondrées.
 
===19{{e}} siècle===
Le dix-neuvième nous amène donc ses ''styles'' divers et variés. Le résultat présente souvent des églises à l'aspect sévère, intérieurement comme extérieurement.
 
===Reconstruction===
[[:Catégorie:Église de style Reconstruction|Reconstruction]] : après les destructions de la [[Seconde Guerre mondiale|Seconde Guerre mondiale]], les églises sont reconstruites en appliquant les méthodes architecturales modernes : usage quasi-exclusif du béton, vaisseau souvent unique éclairé des grandes verrières aux vitraux abstraits, une sobriété extérieure et une recherche de chaleur intérieure, l'incrustation dans les murs des vestiges des anciens bâtiments...


== Le mobilier ==
== Le mobilier ==
* Le bénitier : récipient en forme de coquille contenant l'eau bénite avec laquelle les chrétiens tracent sur eux le signe de croix en entrant dans l'église.
* Le bénitier : récipient fréquemment en forme de coquille contenant l'eau bénite avec laquelle les chrétiens tracent sur eux le signe de croix en entrant dans l'église.
* Les fonts baptismaux : cuve destinée à recevoir l'eau utilisée lors du sacrement du baptême.
* Les fonts baptismaux : cuve destinée à recevoir l'eau utilisée lors du sacrement du baptême.
* La chaire : située au milieu ou en haut de la nef, surélevée grâce à un escalier, elle permet au prêtre de faire entendre son homélie aux fidèles.
* La chaire : située au milieu ou en haut de la nef, surélevée grâce à un escalier, elle permet au prêtre de faire entendre son homélie aux fidèles.
* L'autel : situé au centre de l'édifice, c'est l'objet le plus saint de l'église. Il rappelle à la fois la prière du sacrifice et la table de la Cène (dernier repas de Jésus avec ses disciples).
* L'autel : n'est situé au centre de l'édifice que depuis le concile de Vatican II (1962). Il rappelle à la fois la prière du sacrifice et la table de la Cène (dernier repas de Jésus avec ses disciples).
* Le tabernacle : petit meuble fermant à clé où sont conservées les hosties consacrées. Il est souvent situé au centre du retable.
* Le tabernacle : petit meuble fermant à clé où sont conservées les hosties consacrées. Il est souvent situé au centre du retable.
* Le retable : décor vertical entourant l'ancien maître-autel situé au fond de l'église.
* Le retable : décor vertical entourant l'ancien maître-autel situé au fond de l'église.

Version du 25 juillet 2021 à 16:59

Visite des églises dans le diocèse de Coutances et Avranches

Une église, au sens large, est un édifice initialement consacré aux offices, à la prière et, jusqu'au 17e siècle, à enterrer les défunts dans le sol de l'espace interne. Dans la Manche ce sont des églises catholiques (ailleurs il y en a d'orthodoxes). Pour les édifices consacrés aux cultes protestants on parle plutôt de temples.

Pour profiter de la visite des églises du diocèse, il est utile de connaître les éléments de son architecture, de son mobilier et de sa symbolique.

Architecture : les espaces d'une église

Il n'existe pas de plan type d'église. Depuis la simple salle rectangulaire d'une église rurale de faible importance, jusqu'à la complexité inégalable de l'abbatiale du Mont-Saint-Michel, la disposition des espaces et des éléments bâtis est d'une très grande variété.

Le seul point commun qu'on peut trouver à toutes les églises, c'est que leur plan n'est jamais « barlong » : c'est à dire qu'il n'existe pas d'église dont l'espace intérieur soit orienté vers le plus long mur de l'édifice[1].

Cependant, au fil de l'évolution des modes de constructions et du rituel chrétien, il s'est établi un certain nombre d'éléments architectoniques reconnaissables d'une église à l'autre, dont on peut ici dresser un répertoire, sans prétendre à l'exhaustivité. C'est la raison pour laquelle, on reconnait toujours l'église du premier coup d'œil dans les villages, même si elles prennent des aspects totalement différents.

Au plus simple : une nef et un chœur

Le chœur de l'église de Vrasville ne se distingue de la nef que par son aménagement mobilier.

A minima l'espace interne d'une église est un simple rectangle, préférentiellement avec ses petits côtés à peu près à l'est et à l'ouest. On entre traditionnellement par le petit côté ouest directement dans ce qu'on appelle la nef. C'est l'espace principal d'accueil des fidèles.

Le chœur constitue alors l'extrémité est. Il peut se distinguer de la nef de multiples façons : un artifice mobilier, un emmarchement, etc. Le chœur est l'espace principal où est célébré le rituel. Suivant les périodes il peut être réservé au clergé.

L'église de Vrasville est un bon exemple d'église minimale, pour sa partie la plus ancienne.

Voir et entendre l'église : le clocher

Un clocher à bâtière, ici entre nef et chœur, à Saint-Jean-des-Champs

Le clocher est l'endroit où sont les cloches. C'est la seule et unique caractéristique commune à tous les clochers ! Cette construction s'élève au-dessus, à côté, à l'une ou l'autre des extrémités de l'église, il peut en être séparé de quelques mètres, ou de beaucoup plus ! Il affecte généralement la forme d'une tour, c'est la caractéristique iconique de tous les villages de France, mais ce n'est pas toujours le cas.

Typologie des clochers

Il n'y a pas de termes consacrés pour toutes les situations du clocher, mais on peut distinguer :

  • Le clocher mur, généralement au-dessus de l'entrée (exemple : Champeaux)
  • Le clocher porche, situé à l'est en avant de la nef et dans le pied duquel se trouve l'entrée de l'église (Baubigny)
  • Le clocher à l'extrémité ouest au-dessus de la nef, qui est généralement un ouvrage de charpente (Fontenay) mais peut aussi être maçonné (Maupertuis)
  • Le clocher à l'extrémité est. (Agneaux). Sauf omission, on ne connait pas de clocher à l'extrémité est au dessus du chœur dans la Manche.
  • le clocher qu'on appellera ici latéral, au nord ou au sud de l'église (sud à Tamerville, nord à Breuville), généralement situé à hauteur de la limite entre nef et chœur.
  • le clocher entre nef et chœur, au-dessus de l'église (Bérigny)
  • le clocher à la croisée du transept (on verra ce terme plus loin) (Marchésieux)
  • Le clocher autonome du type campanile, fréquent dans les églises de la reconstruction (Donville-les-Bains ou Sainte-Croix-de-Saint-Lô).
Église de Fermanville, on distingue tout là haut son clocher, dans une situation atypique.
  • On trouve aussi des clochers très éloignés de l'église comme à Fermanville. L'église étant située au fond de la Vallée des Moulins, le son des cloches, si on les avait avait placées dans l'église, aurait été réverbéré par les flancs du vallon et n'aurait eu qu'une portée très médiocre. Il a donc été construit sur les hauteurs du lieu, simplement pour avoir de la voix. Il n'avait plus besoin d'être une tour et ressemble donc à une bâtisse tout à fait banale.
  • Certaines églises sont dépourvues de clocher comme l'église paroissiale de La Luzerne. Une simple cloche est suspendue sur un support métallique en façade est.
  • À l'inverse, d'autres églises ont deux clochers totalement différents, comme celles de Saint-Jores ou Gatteville-le-Phare.

Le sommet des clochers

La couverture des clochers peut affecter au moins quatre formes :

  1. Ce peut être une terrasse, entourée d'un garde-corps généralement une dentelle de pierre (Saint-Pierre-Église). De tous temps la terrasse a été un organe architectural difficile à réaliser à cause de l'étanchéité. Ces clochers, fréquents dans le nord Cotentin sont réputés avoir une une fonction défensive de tour de gué depuis leur origine, mais aussi beaucoup plus tardivement ! Témoin l'église de Réthoville, dont le garde-corps sommital a été copieusement bétonné pour servir de protection aux artilleurs allemands durant la Seconde guerre mondiale. Espérons qu'un jour un habile restaurateur saura jouer du burin pour retrouver l'originale dentelle de pierre qui est - parait-il - toujours noyée dans l'épouvantable ouvrage défensif.
    On parle souvent dans ce cas d'église fortifiée.
  2. Il peut s'agir d'une simple toiture à deux versants. On parle alors de clocher en bâtière[2]. Ce type est par construction le plus facile à réaliser, car ne comportant que des pannes rectilignes portées par les murs-pignons ; c'est donc le clocher le moins onéreux à construire…
  3. Ou bien une « flèche » ouvrage pyramidal très aigu, le plus souvent à structure de charpente comme à Saint-Loup.
  4. Les clochers couverts d'un dôme, en pierre comme à Sainte-Marie-du-Mont, ou plus simples comme à Sacey, ces derniers sont nombreux dans le sud-ouest du département.


Certains clochers combinent plusieurs formes :

Un pas de plus dans la complexité : les bas-côtés et le transept

Nous n'avons jusque là parlé que des formules d'église les plus simples en plan. Il faut maintenant parler de coupe pour distinguer des dispositifs de plus en plus complexes. Donc empoignons une église pour la scier vigoureusement et regarder à quoi ressemble notre trait de scie, et voyons apparaître les bas-côtés (aussi appelés les collatéraux).

Quatre coupes possibles sur la nef d'une église
Église sans bas-côté, à nef unique simple avec un plafond horizontal en bois. Église sans bas-côté, avec voûte en berceau. La voûte peut fréquemment être un ouvrage de charpente dans la Manche. Église avec bas-côtés, le vaisseau central est plus haut que les collatéraux, mais n'a pas de fenêtres. Église avec bas-côtés, le vaisseau central est nettement plus haut que les bas-côtés, on a pu y placer des verrières dans les hauts.

On comprend qu'il s'agit d'agrandir l'église. En écartant les murs on arrive vite à la limite des procédés de construction, qu'il soient de bois ou de pierre. Par exemple on ne trouve pas d'arbre assez grand pour faire une poutre qui va d'un mur à l'autre, ou bien l'arc maçonné devient tellement long qu'il serait très fragile et de toute façon très coûteux à construire. La lumière a de plus en plus de mal à entrer jusqu'au centre du bâtiment. L'idée est donc de remplacer les longs murs par une série de piliers, et de créer deux nouveaux espaces de part et d'autre de la nef en reportant plus loin l'enveloppe du bâti : ce sont les bas-côtés.

En même temps que cette innovation en coupe, on voit apparaître le transept qui, cette fois, bouleverse le plan : de rectangulaire, l'église peut prendre une forme de croix généralement latine, rarement grecque. Quand une croix latine est debout, le transept en serait la barre horizontale.

L'exemple de Marchésieux

Plan de l'église de Machésieux. Décalque d'un relevé dressé par Marc Thibout, avant 1937

Voilà, à titre d'exemple, le plan de l'église de Marchésieux. Elle est du troisième type signalé ci dessus : le vaisseau central est plus haut que les bas-côtés, mais ne prend pas pour autant de lumière par le haut. Sur le plan on a repéré les différents espaces créés par l'invention du bas côté et du transept. Au passage on y comprend ce qu'est une travée et on voit apparaître deux autres éléments : le porche et la sacristie.

Les époques de construction de l'église de Machésieux

La sacristie est l'annexe de l'église où sont déposés les vêtements sacerdotaux, les vases sacrés, etc.

Le porche est un espace de transition, couvert mais non clos, fréquent dans la Manche. Il est préférentiellement en façade Est, mais on peut le trouver aussi sur le flanc Sud de la nef.

À Marchésieux, si le portail affecte une forme courante, par contre la sacristie prend une position atypique. Dans la Manche on la trouve plutôt à l'Est du chœur, ici elle est au sud, principalement par manque de terrain.

On remarque que la première travée de la nef (à l'ouest, donc à gauche sur le plan) est très particulière. D'une part parce que c'est… la première, mais surtout parce que ses bas côtés étant aveugles, elle s'éclaire à l'ouest. Il serait excessif de parler de narthex, mais l'idée est là. C'est l'espace de transition entre le profane (l'extérieur) et le sacré (la nef et le chœur). Localement on trouve dans les écrits anciens le terme de « portail » pour désigner cette première travée. On préfèrera garder le terme « narthex » pour des ouvrages plus complexes ou plus caractérisés (exemple : Saint-Quentin-sur-le-Homme). On trouve souvent une tribune dans cette première travée, renforçant l'aspect narthex du rez-de-chaussée. Cette tribune ayant été établie pour loger quelque seigneur et patron dans les époques reculées, ou plus simplement l'orgue de l'église.

Il faut aussi parler du « chevet », qui désigne exactement la même chose que le terme « chœur » mais cette fois vu de l'extérieur. On a ici un « chevet plat », c'est-à-dire que sa façade Est est rectiligne. Ce chevet plat est « à verrière » : il est percé d'une grande fenêtre.

À Marchésieux, le clocher est à la croisée du transept. Il repose sur les quatre piliers centraux, ce qui est somme toute un tour de force structurel. Il faut monter (à la main) quelques centaines de tonnes de cailloux sur quatre malheureux poteaux.

Quand le transept a la même largeur que la nef, le clocher peut alors se poser sur la totalité de la croisée du transept comme au Mesnil-Villeman, ou dans l'abbaye de Lessay ce qui parait plus simple à construire.

Une curiosité à Marchésieux : l'église est dotée d'un seul et unique arc-boutant ! Il apparait dans l'angle nord-est, en haut à droite du plan.

Parlons un peu chantier. On voit sur le deuxième plan coloré que les plus anciennes parties datent de la fin du 12e siècle et que depuis l'église est en perpétuelle reconstruction sur elle même. La dernière grosse campagne de travaux datant d'après la seconde guère mondiale, puisqu'une bombe s'est égarée par là et (par chance) n'a fait tomber que le clocher. Il est donc souvent hasardeux de dire qu'une église date de tel ou tel siècle !

On aura remarqué qu'avec l'invention de tous ces espaces savants les mots pour les désigner deviennent tous ambigus. La nef peut désigner tout ce qui est avant le transept, ou seulement le vaisseau central, voire la totalité du long bras de la croix latine incluant dès lors le chœur. Le chœur est ce qui est dans l'espace interne à l'ouest mais vu de dehors, on dit que c'est un chevet, etc. Tout dépend de celui qui écrit, n'y attachons pas trop d'importance.

Encore un pas dans la complexité : l'abside et la crypte

Abside de l'église Saint Martin à Tollevast

On voit bien qu'à Marchésieux, le plan affecte des formes simples : murs rectilignes sur une trame orthogonale. Enfin, à peu-près…

En lieu et place du « chevet plat », on trouve souvent une « abside » : en plan le chevet a pris la forme d'un demi cercle.

C'est une forme héritée de l'antiquité romaine, qui fait florès dès les premières églises paléochrétiennes.

L'espace prend une toute autre saveur, ses limites disparaissent presque, tant elles sont difficiles à appréhender… On dit parfois qu'il devient fuyant.

Ceci se paye au prix de nombreuses difficultés techniques : qu'on songe simplement à la charpente conique nécessaire à la couverture…

L'église de Saint-Marcouf offre un bel exemple d'abside et nous permet de définir un autre élément caractéristique de certaines église. La crypte est un étage, la plupart du temps enterré ou semi enterré, logé le plus souvent sous le chœur dont il reprend la forme. à Saint-Marcouf, il prend donc la forme semi-circulaire de l'abside.

Les cryptes étaient destinées à recueillir et exposer des reliques, le plus souvent la dépouille d'un saint homme.

Encore une fois le vocabulaire est ambigu, puisque certains auteurs parlent « d'absides carrées » ce qui confine au contresens.

Complexité ultime : abbatiales et cathédrales

On l'a vu le bas-côté dédouble les espaces des églises paroissiales. Pour les très grandes églises, l'imagination des bâtisseurs va sans limite ajouter des espaces aux espaces : absidioles ajoutées aux absides ou aux bras du transept, chapelles rayonnantes ajoutées au chœur etc.

La Manche comptait deux cathédrales, mais n'en a plus qu'une à Coutances, celle d'Avranches ayant été rasée au 19e siècle.

Pour Avranches on lit bien maintenant la structuration du plan : on reconnait le vaisseau central avec ses bas-côtés, mais cette fois on a encore ajouté une épaisseur supplémentaire : les chapelles.

Le transept est curieusement très court. Un « jubé » y était installé, c'est à dire un dispositif architectural séparant la nef du chœur.

Lequel chœur est ici en abside, il a formellement ses propres bas côtés qu'on appelle alors « déambulatoire ». C'est un espace de circulation tournant autour de l'abside.

Mais à nouveau on a ajouté une nouvelle couche de chapelles, dont la plus petite (celle qui est dans l'axe) prend elle même une forme absidiale : on parle alors « d'absidiole » et de « chapelles rayonnantes »

Sur le plan de Coutances les absidioles sont plus clairement exprimées. Il y en d'ailleurs une au bras sud du transept.

Et enfin, à tout seigneur tout honneur, un mot sur l'abbatiale du Mont-Saint-Michel. Tous les éléments de vocabulaire architectural qu'on a tenté d'expliquer ici s'y déploient dans une grâce qui parait évidente, alors qu'on connait les impossibles conditions du chantier, commencé au 7e siècle et qui continue aujourd'hui…

Périodes et styles

Travées romanes au Mont-Saint-Michel.

Il est maladroit de parler maintenant de style roman, gothique, renaissance ou classique. Ces termes utilisés en histoire de l'art correspondent plutôt a des compréhensions du monde variant d'une époque à l'autre. Par contre, au XIXe siècle, le terme reste valide pour désigner tous les « néo-quelque-chose » revendiqués par les architectes des églises : néo-roman, néo-gothique, néo-byzantin, etc. Et il reste valide en période romane pour le « style normand ». On y reviendra.

Haut moyen-âge

Sauf erreur il n'existe plus de bâtiments paléochrétien en élévation dans la Manche. Du haut moyen-âge il ne nous reste que les fondations du Baptistère de Portbail et le plan tréflé de la chapelle Saint-Germain à Querqueville.

Roman

Les maîtres bâtisseurs de la période romane tablaient sur de puissants murs. Il ne faut pas prendre le faible éclairement de nombreuses églises romanes pour un manque de compétence : c'est au contraire une volonté délibérée de différencier l'obscurité de l'espace sacré par opposition à un extérieur lumineux et potentiellement dangereux, éventuellement peuplé de loups.
À ce titre, entrer dans l'église de Tollevast par une belle journée d'été est une expérience surprenante : on y devient subitement aveugle tant il y entre peu de lumière. Il faut prendre le temps de laisser nos yeux s'y habituer pour découvrir à quel point cet espace est apaisant.
Par ailleurs il est faux de penser que la période romane utilise des arcs semi-circulaires, dits en « plein cintre », spécifiquement en Normandie où l'arc en « tiers point » apparait très tôt.
Et c'est ici qu'on découvre le style normand[3]. Ce style est dans un premier temps caractérisé par le refus de la voute maçonnée ! C'est encore visible dans ce qu'il reste de la nef du Mont-Saint-michel. Il est vrai qu'amener quelques milliers de tonnes de cailloux y eut été difficile, mais ce n'est pas la raison première. Et puisque nous sommes dans les années 1070, les plus beaux fleurons du style normand sont sans surprise en Angleterre…

Gothique

Le chœur du Mont-Saint-Michel

Les bâtisseurs de la période gothique auront l'attitude exactement inverse, imaginant tout ce qu'ils pouvaient pour faire disparaître le mur, et faire entrer abondamment la lumière, même si éventuellement on la transforme par les vitraux. Le plus fort témoignage manchot de cette volonté est dans le chœur du Mont-Saint-Michel. Regardez bien dans les hauts : le mur a complétement disparu. Corolaire embarrassant de cette attitude : le bâtiment devient fragile : affaissement, déformations et effondrement sont légions.
Traditionnellement on débite la période en plusieurs étapes, mais ce ne sont que des variantes décoratives :

  • Gothique rayonnant : entre 1230 et 1380, le gothique évolue vers des fenêtres de plus en plus grandes, des colonnes de plus en plus fines, et des ornements plus nombreux (cercles, trèfles polylobes, rosaces...).
  • Gothique flamboyant : postérieur à la Guerre de Cent Ans, ce style est caractérisé par une profusion décorative : portails monumentaux aux multiples statues, pinacles, balustrades sculptées…

Renaissance et période classique

Curieusement, du 16e au 18e siècles, bien qu'on continue à bâtir de nouvelles églises et à en embellir d'anciennes l'influence de la renaissance ou des périodes ultérieures ne se fait pas trop sentir dans les églises manchotes. On ne saurait trop dire pourquoi. Tout au plus peut-on citer quelques façades dont celle notable à l'entrée de l'abbatiale du Mont-Saint-Michel, après que quatre travées de la nef se soient effondrées.

19e siècle

Le dix-neuvième nous amène donc ses styles divers et variés. Le résultat présente souvent des églises à l'aspect sévère, intérieurement comme extérieurement.

Reconstruction

Reconstruction : après les destructions de la Seconde Guerre mondiale, les églises sont reconstruites en appliquant les méthodes architecturales modernes : usage quasi-exclusif du béton, vaisseau souvent unique éclairé des grandes verrières aux vitraux abstraits, une sobriété extérieure et une recherche de chaleur intérieure, l'incrustation dans les murs des vestiges des anciens bâtiments...

Le mobilier

  • Le bénitier : récipient fréquemment en forme de coquille contenant l'eau bénite avec laquelle les chrétiens tracent sur eux le signe de croix en entrant dans l'église.
  • Les fonts baptismaux : cuve destinée à recevoir l'eau utilisée lors du sacrement du baptême.
  • La chaire : située au milieu ou en haut de la nef, surélevée grâce à un escalier, elle permet au prêtre de faire entendre son homélie aux fidèles.
  • L'autel : n'est situé au centre de l'édifice que depuis le concile de Vatican II (1962). Il rappelle à la fois la prière du sacrifice et la table de la Cène (dernier repas de Jésus avec ses disciples).
  • Le tabernacle : petit meuble fermant à clé où sont conservées les hosties consacrées. Il est souvent situé au centre du retable.
  • Le retable : décor vertical entourant l'ancien maître-autel situé au fond de l'église.
  • L'ambon ou lutrin : pupitre destiné à recevoir le livre de la parole de Dieu qui est lu au cours de toute célébration.
  • La poutre de Gloire (ou « perque » en Normandie) : poutre portant le crucifix ou un calvaire, elle est placée à l'entrée du chœur.
  • Les quatorze stations du chemin de croix.
  • Les stalles : situés dans le chœur, ces sièges sont destinés au clergé.
  • Les statues : représentent les Saints honorés par l'Église en raison de la qualité religieuse de leur vie. Elles sont souvent fleuries en raison d'une dévotion particulière (patron de la paroisse, légende locale, saint guérisseur, etc.). Durant la période gothique, la statuaire devient un art en soi et demeure, jusqu'au XVe siècle, une expression de l'art local, avec comme principal sujet la Vierge à l'Enfant, ainsi que quelques Christs aux liens (Colomby, Quettehou, Saint-Sauveur-le-Vicomte).
  • Les ex-votos : symboles de foi et de reconnaissance. On trouve de nombreux ex-votos marins dans la Manche.
  • Les vitraux : grisés ou colorés, ils diffusent une lumière douce et propice au recueillement. Ils représentent bien souvent la vie des saints, des épisodes bibliques ou de la vie de la paroisse. D'autres sont des hommages aux morts de la paroisse lors des Première ou Seconde Guerres mondiales. Ils sont souvent le fruit de donation de paroissiens.
  • Les reliques : restes, prétendus ou avérés, d'un saint, les reliques sont l'objet de vénération importantes à partir du IXe siècle et peuvent apporter richesse ou notoriété à l'église qui les abrite. Il peut s'agir de reliques de saints locaux, tel le reliquaire du bienheureux Thomas Hélye à Biville, le crâne d'Aubert à Avranches, les reliques de Guillaume Firmat à Mortain ou des portions de la Vraie croix et de la Couronne d’épines, comme à la cathédrale Notre-Dame de Coutances.
  • L'ostensoir : ouvrage généralement d'orfèvrerie destiné à recevoir une hostie consacrée visible à travers une vitre pour l'adoration du Saint-Sacrement.
  • L'encensoir : l'encensoir est une sorte de brûle-parfum mobile, suspendu par un jeu de 3 chainettes, plus une autre chainette servant à soulever le couvercle. Pendant les offices, le thuriféraire y place un morceau de charbon allumé servant à brûler l'encens ; il entretient la combustion en balançant l'encensoir pour que ce charbon reste allumé. L'officiant encense les personnes, l'autel... en signe de purification et de sanctification.
  • La navette : tenue par le naviculaire, elle contient l'encens destiné à être brûlé dans l'encensoir.
  • La sonnette : manipulée par un des servants , elle est utilisée pour marquer les moments importants durant les offices, par exemple, la Consécration.
  • Les burettes : deux flacons contenant l'un le vin, l'autre l'eau versés dans le calice par le célébrant durant la messe. Elles peuvent être en verre, en cristal, ou en tout autre matériaux ; si elles ne sont pas transparentes, un signe distinctif signale celle contenant le vin. La burette d'eau sert également au célébrant pour se laver les mains avant la Consécration, après quoi il les essuie avec le manuterge.

Ornements et symboles

  • Les peintures murales : les murs des églises peuvent être recouverts de peintures. Ainsi à Sainte-Colombe voit-on la Flagellation et le Christ aux outrages, à Omonville-la-Rogue la mort de Thomas Beckett et la légende de saint Hélier, le retable peint de Digulleville, la légende du pendu dépendu à Canville-la-Rocque, les anges et la vierge à l'enfant dans la crypte de Brévands, ainsi que celles protégées de Marchésieux, de Savigny, et de la chapelle du château de Grainville à Granville.
  • La Croix : symbole par excellence de la foi chrétienne. Elle se trouve dans le plan même de l'église à à l'intérieur de l'édifice. Croix d'autel ou de « perque », la Croix rappelle le sacrifice du Christ pour l'humanité.
  • L'orientation : les églises sont généralement « orientées », c'est-à-dire tournées avec le chœur vers l'Orient, là où le soleil se lève ; mais certaines églises ne respectent pas cette règle générale : par exemple l'église Saint-Clément à Cherbourg-Octeville pour laquelle le chœur est au nord. Le croyant entre dans l'église par la façade occidentale (du côté de l'ombre le matin) et s'avance vers la lumière – le Christ (du côté du levant).
  • Le carré du transept : il représente la terre, la création dans sa plénitude et sa solidité.
  • Le cercle de la coupole : il représente le ciel et couronne le monde comme une voûte céleste. Le passage du carré au cercle symbolise le passage de la terre au ciel.
  • La verticalité : elle symbolise l'aspiration à la transcendance, à l'ascension spirituelle. L'âme s'élève en même temps que le regard.
  • Les évangélistes : chacun est représenté avec son symbole :
- Mathieu avec un homme ou un ange
- Marc avec un lion
- Luc avec un bœuf
- Jean avec un aigle.
  • Les apôtres : ils sont aussi représentés avec des attributs spécifiques :
- Pierre avec des clefs ou un coq
- Jacques avec la coquille du pèlerin
- Paul avec le livre ou l'épée.

Bibliographie

  • Monseigneur Perrier, Visiter une église, Ed. Centurion, 1993
  • Les Églises communales, Comité national d'art sacré, Ed Cerf, 1995
  • Bernard Beck, Quand les Normands bâtissaient des églises, éd. OCEP, 1981
  • Marc Thibout, « Les églises des XIIIe et XIVe siècles dans le département de la Manche », Bulletin Monumental, tome 96, n°1, année 1937. pp. 5-43.

Notes et références

  1. Encore existe-t-il des églises dites « à plan centré » qui n'ont pas de direction préférentielles. À notre connaissance il n'en existe pas dans la Manche. Par ailleurs, signalons que le plan barlong est une caractéristique de très nombreuses mosquées arabes.
  2. Il y aurait dans la Manche plus de trois-cent-quarante clochers en bâtière
  3. Univers Roman - Encyclopédie  : Architecture universelle - Texte : Raymond Oursel, photos Jacques Rouiller, préface Hermann Baur pages 132 - 1964 - office du Livre ed.