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Vedettes de Cherbourg (1969)

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La Presse de la Manche, 29 décembre 1969.

Les « Vedettes de Cherbourg » désigne l'une des affaires les plus rocambolesques de détournement de matériel militaire français. Celle-ci a lieu au départ de Cherbourg en décembre 1969.

Histoire

Le parcours des vedettes, de Cherbourg à Haïfa.

En 1969, la France passe un contrat avec l'État d'Israël pour la vente de 12 vedettes lance-missiles. Un chantier naval de Cherbourg, les Constructions mécaniques de Normandie (CMN), est chargé de l'exécution de la commande. Mais après la Guerre des Six Jours, le général de Gaulle décrète un embargo sur la vente d'armes à destination d'Israël.

Cinq de ces vedettes sont livrées avant l'embargo, deux sont récupérées de justesse et cinq autres sont gardées dans le port de commerce de Cherbourg.

Une ruse est alors mise au point : une société norvégienne, la Starboat and Oil Drilling Company, créée pour la circonstance, demande à la France et à Israël de récupérer les vedettes car ces navires, sans armement, l'intéressent, prétendument pour faire de la recherche pétrolière en mer du Nord. L'État hébreu accepte d'autant plus facilement qu'il est à l'origine de la manœuvre par le biais de ses services secrets. Il fournit même les équipages. Dans la nuit du 24 au 25 décembre, vers 2 heures du matin, les vedettes prennent le large. Elles arrivent à Haïfa le jour de l'an. L'amiral Mordehaï Limon est le « cerveau » de ce stratagème [1].

L'affaire est révélée le 26 décembre 1969 par une dépêche de l'Agence centrale de presse (ACP). L'information connaît un retentissement mondial.

Le ministre de la Défense Michel Debré, pressé de trouver des responsables, sanctionne le général Gazelles et l'ingénieur général Bonte, qui président le comité interministériel chargé de garantir l'exportation régulière des matériels de guerre, le CIEEMG, selon la dénomination officielle. Cela n'empêche pas la France d'être la risée des chancelleries.

Selon l'historien Pierre Razoux, le gouvernement français fut informé des intentions israéliennes par l'intermédiaire de ses services de renseignements mais laissa faire, saisissant ce prétexte pour officialiser des contrats d'armements préalablement conclus avec certains États arabes[2]. La politique de neutralité mise en place par De Gaulle fut ainsi sauvegardée, l'armée israélienne et les armées arabes ayant toutes deux été fournies avec du matériel français.

La construction des douze vedettes résultait de deux contrats signés les 26 juillet 1965 et 14 mars 1966 entre l'État d'Israël et les Constructions mécaniques de Normandie (CMN), plus connus à Cherbourg sous la dénomination de Chantiers Amiot. La première vedette fut lancée le 11 avril 1967 et la douzième et dernière le 16 décembre 1969.

Bibliographie

Livres
  • Steve Eytan, L'Œil de Tel-Aviv, éd. J'ai lu, 1970
  • Jean-René Fenwick, Les Vedettes de Cherbourg (une action du S.R. israélien en France), Elsevier-Sequoia, 1976
  • Jacques Bruneau, Les Tribulations d'un Gaulliste en Gaule, La Pensée universelle, 1983
  • Justin Lecarpentier, Rapt à Cherbourg, éd. L'Ancre de Marine, 2010
Articles
  • « Les vedettes de Cherbourg », Paris-Match, n° 1079, 10 janvier 1970
  • « Services secrets : les vedettes de Cherbourg », Historia, n° 289, décembre 1970
  • « Les dessous de l'affaire des vedettes de Cherbourg », Historama, n° 241, 1971
  • Jean-Yves Brouard, « La fuite des vedettes de Cherbourg », Le Marin, 28 décembre 1984
  • « L'affaire des vedettes de Cherbourg », Historia, n° 475, 1986

Notes et références

  1. AFP, « Israël : décès de l'amiral cerveau de l'opération des "Vedettes de Cherbourg" », 17 mai 2009, 12 h 08.
  2. Pierre Razoux, L'affaire des vedettes de Cherbourg : pourquoi Paris a laissé faire ?, Historia, n° 647, novembre 2000.

Lien externe