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Utah Beach

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Les chars amphibies américains passent à l'attaque.

Utah Beach est la seule plage du débarquement allié de juin 1944 située dans le département de la Manche.

Elle s'étend sur environ cinq kilomètres sur les communes de Sainte-Marie-du-Mont, Saint-Martin-de-Varreville et Audouville-la-Hubert [1]. Elle faisait partie, comme Omaha Beach, du secteur américain. L'assaut est confié au VIIe Corps.

Les pertes américaines sont estimées à environ deux cents tués, principalement issus de la première vague. Les pertes allemandes ne sont pas connues.

Histoire

Au 18e siècle, on mentionne la Madeleine sur une carte comme étant une « Grande Dune  ». Au 19e, on parle de « banc », et au moins depuis le 20e, de véritable plage.

Le nom de code d'Utah Beach est donné dès 1943 par l'état-major allié, dirigé par Eisenhower, mais il faut attendre le début de l'année 1944 pour que l'état-major allié se persuade qu'il est pertinent de débarquer aussi sur la côte est du Cotentin, de manière à se rapprocher le plus possible du port de Cherbourg. En conséquence, le débarquement d'abord prévu en mai est repoussé au mois de juin.

Pendant la guerre, les Allemands y avaient installé le Widerstandnest 5 (WN 5) : le point de résistance n°5, équipé de quelques petits canons et mitrailleuses servies par une cinquantaine d'hommes qui s'abritaient dans une vingtaine de petits bunkers. La plage pouvait aussi être protégée à distance par les batteries d'Azeville et Crisbecq [2].

Avant de débarquer à Utah, les soldats alliés participent à l'opération Tiger, à la fin du mois d'avril 1944, au large de la plage de Slapton Sands (Devon). Détectés par les radars allemands, ils sont attaqués dans les premières heures du 28 par neuf vedettes rapides (Schnellboote) lance-torpilles des 5e et 9e flottilles, parties de Cherbourg. 749 soldats alliés (198 marins et 551 fantassins) perdent la vie en l'espace d'un quart d'heure et de nombreux disparus sont à déplorer; 500 hommes sont blessés. L'opération a fait en fait 946 victimes. Ce désastre a été étouffé (jusqu'aux années 1970) pour préserver le moral des troupes mais il a permis aux Alliés de tirer des enseignements importants en vue du Débarquement. Les points à améliorer sont notamment la synchronisation des moyens radio entre Américains et Britanniques, l'emploi des gilets de sauvetage pour les fantassins (et la formation qui va avec), la mise en place de procédures efficaces pour le sauvetage en mer. Une plaque rappelle l'événement à Utah Beach [3].

Dans le cadre du Débarquement de Normandie, le VIIe Corps d'armée américain dirigé par le lieutenant général Joseph L. Collins est chargé de sécuriser le flanc ouest de la tête de pont alliée. L'objectif principal est « de couper la presqu'île du Cotentin, puis de s'emparer de Cherbourg à revers, la possession d'un grand port naturel étant un enjeu vital pour l'avenir » [4].

Le débarquement à Utah Beach est, à la différence des plages calvadosiennes, appuyé par des détachements parachutistes. Dans la nuit du 5 au 6 juin, la 82e division airborne du major général Matthew B. Ridgway et la 101e division airborne du major général Maxwell D. Taylor sont parachutées derrière les lignes ennemies. Elles sont respectivement chargées l'une de sauter sur Sainte-Mère-Église, important nœud routier, et prendre ou détruire plusieurs ponts sur la Douve et le Merderet, l'autre de prendre le contrôle des zones autour de Sainte-Marie-du-Mont pour sécuriser le nord et le sud de la tête de pont, neutraliser la batterie allemande de Saint-Martin-de-Varreville et garantir la progression des troupes débarquées sur la plage à travers les marais, juste derrière le lieu de débarquement.

Le 6 juin 1944, le débarquement des forces américaines a lieu à 2,5 kilomètres plus au sud que prévu. Les courants ont fait dériver les péniches et les pilotes n'ont pas correctement reconnu le littoral [5]. L'erreur se révèle finalement bénéfique : les soldats se trouvent ainsi hors de portée des batteries allemandes de Crisbecq et d'Azeville.

Le brigadier général Theodore Roosevelt, qui commande en second la 4e division d'infanterie américaine, met le pied sur le sol normand à 6 h 40, avec la première vague d'assaut. 350 mètres sont à parcourir par les soldats sous le feu allemand avant d'atteindre les dunes [6]. Aidée par des éléments de la 90 Division d'Infanterie, la 4e division doit réduire au silence des défenses allemandes et rejoindre les troupes aéroportées. Très vite, les équipes de démolition débarrassent la plage de ses mines et autres engins défensifs.

Contrairement à ce qui se passe sur la plage voisine d'Omaha « la sanglante », le débarquement à Utah Beach s'opère rapidement, en une matinée. Vingt-huit chars amphibies sur trente-deux débarquent sur la plage pour soutenir l'assaut de l'infanterie. Les points de défense allemands sont neutralisés un à un. Une fois la plage mise sous contrôle, il ne faut pas plus d'une heure au génie américain pour la dégager de tous ses principaux obstacles [7].

Au soir du premier jour, 23 250 hommes [8] sont débarqués à Utah Beach [4]. La jonction avec les troupes aéroportées larguées sur Sainte-Mère-Église est réalisée dans les meilleurs délais et sans grosses difficultés : on comptera un peu plus d'un pour cent de pertes à la fin de la journée (300 tués). C'est dix fois moins que les prévisions de l'état-major[6]. Le secteur d'Utah Beach est une totale réussite militaire [6] puisque les troupes ont réussi à prendre pied dans le Cotentin, Sainte-Mère-Église est libérée et les flancs nord et sud sécurisés. A l'ouest, les Américains tentent de consolider leurs positions sur les rives ouest de la Douve et du Merderet.

Vers 19 h, le quartier général du VIIe Corps du général Collins est installé à Audouville-la-Hubert.

Le port d'Utah Beach est construit par la 1re brigade spéciale du génie de l'armée américaine. Entre le 6 ou 8 juin et le 1er ou 30 [9] novembre 1944, période pendant laquelle il est opérationnel, il permet le débarquement de 836 000 hommes, de 220 000 véhicules et de 725 000 tonnes de ravitaillement [10].

Si le débarquement avait échoué sur les autres secteurs, Omaha, Gold, Juno et Sword, le haut commandement allié avait imaginé de reporter toutes les forces sur celui d'Utah Beach [10].

Les 31 juillet et 1er août 1944, la 2e Division blindée du général Leclerc débarque à Saint-Martin de Varreville et sera engagée au combat quelques jours plus tard.

Le 4 janvier 1947, la plage et la dune ainsi que la partie du banc de la Madeleine dite « plage du Président-Roosevelt », à l'exception du blockhaus sur lequel s'élève le monument américain, sont décrétés « site inscrit » au titre de la loi du 2 mai 1930.

Utah Beach est parmi les plages du débarquement de 1944 candidates à figurer sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco. La démarche partenariale est lancée en 2008, les plages figurent sur la liste indicative nationale depuis 2014. De 2014 à 2017 la région réalise un dossier de candidature et en 2018, elle le remet à l'État qui le remet à l'Unesco [11]. En 2023, Utah Beach est classée deuxième plage de France la plus populaire par l'agence Holidu [12].

Commémorations

  • 11 novembre 1944 : hommage du général Caffey avec des soldats du 1st Engineer Special Brigade au monument construit sur le blockhaus pris par son unité le matin du 6 juin 1944[13].
  • 6 juin 1945 : première cérémonie officielle, avec le général américain Eugene Caffey.
  • 6 juin 1948 : première visite d'un président français avec Vincent Auriol[13] (Depuis une loi du 21 mai 1947, les cérémonies du 6 juin doivent avoir un caractère national[13].)
  • 6 juin 1954 : René Coty, président de la République, préside la cérémonie.
  • 6 juin 1968 : plus de 200 porte-drapeaux investis dans une cérémonie patriotique.
  • 6 juin 1969 : le général américain Omar Bradley préside la cérémonie.
  • 6 juin 1984 : cérémonie internationale pour la célébration du 40e anniversaire, avec François Mitterrand, président de la République, Ronald Reagan, président des États-Unis, de la reine Elizabeth II d'Angleterre, Pierre Elliot Trudeau, Premier ministre canadien, de la reine Beatrix des Pays-Bas, du roi Olav V de Norvège, du roi Baudouin de Belgique et du prince Jean de Luxembourg.
  • 6 juin 1994 : cérémonie internationale pour le 50e anniversaire, avec François Mitterrand, président de la République, et Bill Clinton, président des États-Unis.

Musée

Monuments

Bibliographie

par ordre chronologique de parution
  • François Lemonnier-Gruhier, La Brèche de Sainte-Marie-du-Mont - Petite et grande histoire du Débarquement, éd. Spes, 1948
  • A. Bigot, Le Débarquement à Utah Beach - La prise de Cherbourg (6 juin - 27 juin 1944), Caen, éd. Bigot, 1950, 46 p.
  • Gordon Harrison et Roland G. Ruppenthal, Utah Beach à Cherbourg - Toute la bataille du Cotentin - 6 juin au 1er juillet 1944, Saint-Lô, éd. Leclerc, 1954, réed. Coutances, éd. Notre-Dame, 1968
  • Louis Costel, Sainte-Marie-du-Mont - Utah Beach, Coutances, Impr. Notre-Dame, sd [1967 ?]
  • Georges Blond, Le Débarquement, Paris, Fayard, 1951, réd. Presses de la Cité, 1972
  • Michel de Vallavieille, Jour J à Utah Beach, Coutances, éd. Ocep, 1973
  • Gilles Perrault, Le Grand jour, éd. Jean-Claude Lattès, 1974, rééd. 1994
  • Jean Compagnon, Les Plages du Débarquement, éd. Ouest-France, 1979
  • Jean-Pierre Bénamou, Les Plages du Débarquement, éd. Heimdal, 1980
  • Rémy Desquesnes, 6 juin 1944 : Utah Beach, éd. Ouest-France, 1989
  • Georges Bernage, Débarquement à Utah Beach, éd. Heimdal, 1994, 80 p.
  • Robert O. Babcock, Souvenirs de guerre - Utah Beach - 4e division d'infanterie américaine, Sainte-Marie-du-Mont, éd. Philippe Cornil, 2002, 146 p.
  • Jean-Bernard Moreau, Utah Beach : Succès oublié du Jour J, Caen, éd. Le Mémorial de Caen, 2004, 15 p.
  • Ludovic Lefebvre, Ils étaient à Utah Beach : L'histoire du Jour J racontée par les vétérans, éd. American D-Day, 2004, 196 p.
  • George Bernage et Dominique François, Utah Beach Sainte-Mère-Église Sainte-Marie-du-Mont, éd. Heimdal, 2004
  • Sam M. Gibbons, 6 juin 1944, j'étais là, Sainte-Marie-du-Mont, éd. Musée Utah Beach, 2005, 121 p.
  • Helmut Konrad Von Keusgen, Les Canons de Saint-Marcouf : Les batteries d'Azeville et Crisbecq face à Utah Beach, éd. Heimdal, 2006, 138 p.
  • Antonin Dehays, Sainte-Marie-du-Mont, code Utah Beach, Juin 1940 - Novembre 1944, éd. Eurocibles, 2010.
  • Steven J. Zaloga, Le jour J - Utah Beach, les parachutages américains, Oxford, Osprey Publishing, 2010, 94 p.
  • Georges Bernage, Utah Beach : Sainte-Mère-Eglise, Sainte-Marie-du-Mont, Bayeux, éd. Heimdal, 2011, 176 p.
  • Yann Magdelaine, Utah Beach - Le succès américain, Bayeux, éd. Orep, 2012, 32 p.
  • Alain Chazette, Atlantikwall, Utah Beach : de la baie des Veys à Quinéville, Vertou, éd. Histoire et fortifications, 2012, 80 p.
  • Patrick Bousquet-Schneeweis et Michel Giard, Les étoiles de la liberté - Utah Beach - 6 juin 1944, Bayeux, éd. Orep, 2014, 80 p.
  • Joseph Balkoski, Utah Beach, 6 juin 1944, Paris, éd. Histoire et collections, 2015, 348 p.

Notes et références

  1. Secteur classé parmi les sites du département de la Manche par un décret du 2 juin 2010, publié au Journal Officiel du 4 juin 2010.
  2. « Utah, la plage presque parfaite », 100 jours pour la liberté, hors-série La Presse de la Manche avec Ouest-France et Le Bonhomme Libre, 2019, p.19.
  3. Philippe Bauduin, Jean-Charles Stasi, Jour-J. Ce qu'on ne vous a pas dit ..., éd. Heimdal, 2016, pp 14-19.
  4. 4,0 et 4,1 Dossier de presse édité à l'occasion du 50e anniversaire du Débarquement, juin 1994.
  5. Il s'agit du premier message (crypté) émis par l'un des Code Talker Comanches débarqués avec la 4e division d'infanterie américaine : Atahtu nunnuwee (nous avons débarqué au mauvais endroit).
  6. 6,0 6,1 et 6,2 Dimanche Ouest-France, 2 novembre 2014.
  7. « 8 juin 1944 : Utah Beach », Ina, site internet (voir en ligne).
  8. 21300 selon une autre source.
  9. Hervé Guillemette, « Débarquement en Normandie, Utah Beach, la plage du Cotentin rentrée dans l'Histoire », La Presse de la Manche, site internet, 1er juin 2022.
  10. 10,0 et 10,1 Dépliant promotionnel du Musée du Débarquement, sd.
  11. « Les plages du débarquement sont candidates au patrimoine mondial de l'Unesco », région Normandie, 24 octobre 2018 (voir en ligne).
  12. « Cotentin. Cette plage du Débarquement est l'une des plus populaires de France », La Presse de la Manche, site internet, 28 juillet 2023.
  13. 13,0 13,1 et 13,2 « Quand les chefs d'État se bousculaient à Utah », Ouest-France, 1er-2 juin 2019.
  14. Ouest-France, 7 juin 1969.
  15. ACP, 28 juillet 1971, 10 h 00.

Liens internes

Liens externes