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« Théâtre de Cherbourg » : différence entre les versions

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==Description ==
==Description ==
=== Façade ===
[[Fichier:Theatre cherbourg 08112007 1.jpg|thumb|upright]]
Sur les fondations des halles, en réutilisant une partie des murs<ref name=thin>Pierre Giffard, cité par Edmond Thin, « Le nouveau théâtre de Cherbourg décrit par un journaliste du Figaro en 1881 », ''Cherbourg, bastion maritime du Cotentin'', Charles Corlet, 1991</ref>, il conçoit un théâtre à l'italienne, identique aux théâtres des boulevards parisiens, avec une façade néo-classique copiant le style Louis XVI, entourée de deux pavillons commerciaux, avec terrasses et balustrades, surmontés d'un cartouche où M. Roger a placé des figures de jeunes filles enguirlandées de fleurs<ref name=thin/>. 
Le perron franchi, l'accès à l'intérieur se fait par cinq arcades, surmontées de masques tragiques et comiques sculptés par Édouard Bandeville<ref name=centorame />. Entre les portes, les cariatides du cherbourgeois [[Louis Alexandre Lefèvre-Deslonchamps]], aux torses reposant sur des gaines ornementées d'attributs de musiques, soutiennent le balcon qui courre le long du foyer au dessus des trois arcades centrales<ref name=thin />.
Ce large balcon communique avec le foyer par trois portes-fenêtres, séparées par six colonnes de style corinthien, et surmontées par les bustes des dramaturges Molière, Corneille et Boiëldieu réalisés par Jean Jules Allasseur, à l'instar de la façade de l'Opéra Garnier qui présente au dessus de la ''loggia'' des bustes de compositeurs. Sur le fronton, dû à Lefèvre-Deslonchamps, figurent les allégories de la Tragédie, au poignard levé, et de la Comédie, qui entourent les [[blason de Cherbourg|armes de Cherbourg]], et au dessous, deux groupes, du même sculpteur, représentent les enfants de la Lyre<ref name=centorame />.


=== La salle des Pas-perdus et le foyer ===
=== La salle des Pas-perdus et le foyer ===

Version du 24 novembre 2011 à 11:25

Théâtre municipal de Cherbourg (2006).

Le théâtre de Cherbourg est une salle de spectacles de la Manche, situé à Cherbourg-Octeville.

Inauguré le 28 janvier 1882, c'est la plus importante scène théâtrale du département. Il s'agit d'un théâtre dit « à l'italienne ».

Il est classé « Monument historique » (MH) en décembre 1984.

Depuis 1991, il a le statut de « scène nationale ». Il est la principale scène du Trident, structure née en 2002 pour regrouper les théâtres de Cherbourg-Octeville.

Histoire

Au début du 20e siècle.

La construction

Rapidement après sa construction, le théâtre de l'Alma, conçu pour remplacer le théâtre de la Comédie, se révèle trop petit. La décision est donc prise en 1879 par la municipalité d'élever un nouvel établissement, place du Château, à l'emplacement d'une partie de la halle aux grains, lesquelles en revanche avaient été prévues trop grandes.

La décision de cette construction par le maire provoque la démission de plusieurs conseillers municipaux[1].

Les plans sont dessinés par Charles de Lalande[2], qui s'appuie probablement sur une proposition de son confrère Jean-Jacques-Marie Huvé de 1833[3].

Une toile grandeur nature de la façade du futur bâtiment est tendue devant les halles[4]. La construction s'étale de 1879 à 1882.

La structure est en métal, remplie pour les voûtes et les sols, de mâchefer de coke issue de l'usine de gaz voisine[4].

Parmi les derniers théâtres à l'italienne construits, il est inauguré en janvier 1882 et est rapidement surnommé « le théâtre d'or » par les habitants en raison du grand luxe de la salle de spectacle, du hall, de la façade et du foyer. Construit avec trois galeries, il offre 600 places dont dix loges pouvant accueillir 60 personnes[5].

Les premières années

Comme ailleurs en France, le théâtre de Cherbourg propose trois fois par semaine, des soirées en deux parties, de 18h30 à 1h, avec du théâtre populaire et une opérette ou du lyrique. Les cinq semaines de la saison « de Pâques » présentent une dizaine de pièces d'opéra interprétés par des artistes de renoms[1].

Mais les débuts sont difficiles. Quinze directeurs se succèdent à la tête de l'établissement entre l'inauguration et 1900. Le 11 janvier 1900, le directeur démissionne face au déficit de l'établissement faute de public et de moyens accordés par la municipalité. Un nouveau directeur est nommé fin février en la personne de M. Traverso, qui propose de l'opéra pour finir la saison. Le 14 octobre est inaugurée, avec un drame La Mendiante de Saint-Sulpice, une nouvelle saison sous la direction de M. Charletty, originaire de Paris, composée d'opéras, opérettes, comédies, vaudevilles, et drames [6].

Le théâtre de Cherbourg est électrifié le 3 novembre 1900[6].

A partir de 1907, et pendant plus de 70 ans, les tournées Barré s'arrêtent à Cherbourg[1].

En 1911, le directeur et chef d'orchestre Julien Fâcheux, lâché par ses tutelles, se suicide dans son bureau[1]. Jusqu'à la Première Guerre mondiale, les vedettes fréquentent la scène cherbourgeoise : Jeanne Campredon pour Faust, Jeanne Marié de l'Isle pour Carmen, Marie Charbonnel, César Vezzani dans Werther[1].

Réouverture et dépôt de bilan

Rouvert le 15 novembre 1918 sous la direction de Léon Dorfer, déjà au même poste entre 1906 et 1909, le théâtre doit se contenter d'une programmation allégée par les budget et accueillir des tournées[1].

Une troupe permanente est recréée en 1920 pour l'opérette. A la mort de Dorfer, Joseph Payerne, fils de Prosper Payerne, prend pour deux saisons la tête du théâtre en 1923. Il accueille à plusieurs reprise le ténor Micheletti, et programme notamment sa composition, Les Fiançailles de Suzette et celle du cherbourgeois Frédéric Le Rey, La Reine de Golconde[1].

Poussé à la démission, il est remplacé par le ténor Ramoin jusqu'en 1931. La première saison propose entre octobre 1925 et mai 1926, 28 opérettes et 17 opéras-comiques ou opéras, ainsi que des pièces de théâtre. André Richard débute dans Werther et l'italier Di Mazzeï y prend ses habitudes[1].

La scène nationale

La façade est classée monument historique depuis 1984 avec ses deux retours latéraux et les toitures correspondantes, ainsi que le vestibule, le grand escalier, la salle et le foyer, de même que les 13 décors originaux.

En 1990, le théâtre devient l'une des scènes nationales.

Après la fusion de Cherbourg et d'Octeville, le théâtre de Cherbourg est allié au théâtre de la Butte et au Vox dans une nouvelle structure, Le Trident.

En 2011, d'importants travaux de mises en conformité et de rénovation sont entrepris par la ville de Cherbourg-Octeville.

Description

La salle des Pas-perdus et le foyer

A l'intérieur, la salle des Pas-perdus contient les bureaux des billets et le vestibule du contrôle qui donne sur deux escaliers qui desservent le premier étage où ce situe le foyer[7].

Pour le foyer relevant du style Louis XVI, Jules Richomme (1818-1903) réalise le plafond mettant en scène des muses et des enfants qui volent dans un ciel de fleurs. Georges Clairin (1843-1919) peint deux panneaux évoquant Cherbourg et le Cotentin, l'un par la Campagne, personnifiée par une paysanne normande en sabots et chemise de toile bise portant à son coup sa production, l'autre par la Digue, femme bronzée par le soleil, mouilée par les vagues et décoiffée par le vent, portant veste et tricot marins, qui fait signe aux navires en mer. Haquette est chargé des dessus de portes[7].

Dans l'avant-foyer, Rubé et Chaperon ont réalisé les décors du premier acte de Guillaume Tell et de celui du Pardon de Ploërmel[7]. clemen tu pu

La salle

La salle est semblable à celle du théâtre de la Renaissance. Elle est décorée dans les tons verts et blancs crème et dorée[7].

Le rideau de scène est du aux décorateurs Rubé et Chaperon[7].

Les avant-scènes, dont les loges sont soutenues par des cariatides réalisées par Gautherin, sont reliées au plafond par des camaïeux peints par Wauquier[7].

Sur le plafond de Georges Clairin se meuvent la Comédie, le Drame, la Musique et la Danse.

« La Comédie, tons roses, rouges et jaune orange. Elle est vue de face, vêtue d'une tunique courte, les jambes nues, la tête renversée, les cheveux en désordre, d'une main brandissant au-dessus de sa tête un instrument qui ressemble à une marotte et don elle semble prête à frapper quelqu'un, appuyant de l'autre le masque comique sur son épaule nue. A ses pieds se tient le satyre, jambes croisées, tête rejetée et la regardant d'en bas, comme pour l'entretenir et lui signaler quelque sottise nouvelle à flageller. Des amours se tiennent auprès d'elle et l'un d'eux brandit un miroir. La Musique est à droite de la Comédie, tons gris, vert clair et bleu tendre. Tonalité générale extrêmement légère et d'une grande douceur, une jeune muse tient ouvert devant la Musique un papyrus sur lequel des caractères sont tracés. Tandis qu'elle chante, marquant la mesure avec le bâton qu'elle tient à la main, une de leurs compagnes, assises à leurs pieds, promène rêveusement son archet sur les cordes de son violon. Derrière elle, un jeune musicien souffle dans une flûte. Des amours voltigent dans le ciel : l'un d'eux, à demi caché dans les fleurs, prête au Conseil une oreille attentive. (...) L'attitude de la jeune violoniste, une jambe repliée sur l'autre, comme on dit à la Grande Arsène, est d'une jeunesse et d'une séduction vraiment incomparable. Dans un décor de ballet, sur le ton bleu d'une apothéose, une ballerine en jupe bouffante, la tête renversée, s'est arrêtée sur ses pointes. Elle se dresse au-dessus de 2 de ses compagnes, que l'ardeur de la danse emporte. Un faune, qu'on aperçoit de dos, cueille des plantes qu'il enguirlande à leur bras nus. Voilà la Danse. Pour le Drame, il est représenté par une femme qui tient une épée nue et dont la bouche vomit la colère. Un cadavre git à ses pieds et derrière elle le ciel s'embrasse des lueurs sinistres de l'incendie. Toutes ces compositions sont reliées entre elles par des ornements d'or, rehaussées par des couleurs vives et par des œils de bœuf qui permettent d'aérer la salle[7] ».

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Bibliographie

  • Pierre d'Ivray, « La chronique en province. Le nouveau théâtre de Cherbourg », La Vie moderne, n°4, 1882, p.50-56
  • A. Legoupil, « Le théâtre à Cherbourg en 1906 », Revue de Cherbourg et de la Basse-Normandie, n° 4, 15 février 1907
  • Jean-Paul Bonami, Mémoire du théâtre de Cherbourg, 2011

Notes et références

  1. 1,0 1,1 1,2 1,3 1,4 1,5 1,6 et 1,7 « Mémoire du théâtre de Cherbourg », La Presse de la Manche, septembre 2011.
  2. Charles Léon Le François de Lalande (1833-1887) : architecte parisien, parent des astronomes Lefrançois de Lalande et élève de Charles Garnier, il est à Paris l'auteur de la construction des théâtres de la Renaissance (1873) et des Nouveautés (1878) et de la restauration du théâtre du Gymnase.
  3. Bruno Centorame, « Le théâtre », À la découverte de Cherbourg, ville de Cherbourg, 1992.
  4. 4,0 et 4,1 Jean Margueritte, Cherbourg, au gré de la mer, coll. « La ville est belle », OREP, 2006.
  5. Le Trident, scène nationale de Cherbourg-Octeville, site officiel de la ville de Cherbourg-Octeville.
  6. 6,0 et 6,1 « Le théâtre va-t-il baisser le rideau ? », « 120 ans en Cotentin », La Presse de la Manche, hors-série, novembre 2009.
  7. 7,0 7,1 7,2 7,3 7,4 7,5 et 7,6 Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées thin

Liens internes

Liens externes

49°38′16″N 1°37′22″W49.63778, -1.62278