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Tempête d'octobre 1987

De Wikimanche

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Photo infrarouge par satellite le 15 octobre.

La tempête d'octobre 1987 est un événement climatique de la Manche qui a eu lieu les jeudi 15 et vendredi 16 octobre 1987.

Des vents exceptionnels

Venant des Açores, elle aborde les côtes françaises le 15 octobre vers midi par le Finistère à une vitesse de 110 km/h. Elle progresse, en accélérant, vers le Nord-Ouest de la Bretagne, puis le Cotentin et l'Angleterre qu'elle atteint par le Devon.

Dans la journée du jeudi, il fait très chaud et le ciel est orangé voire rouge dans la Manche.

D'abord peu violents, les vents deviennent de plus en plus forts au fur et à mesure du développement de la tempête. « Les éléments se déchaînent à partir de minuit pour balayer tout ou presque sur leur passage entre 1 h et 4 h du matin » [1]. Ils atteignent très vite des vitesses exceptionnelles. Le record (non officiel) est atteint à Jobourg avec 242 km/h [2]. Mais d'autres vitesses impressionnent : 220 km/h à Cherbourg [2], 216 km/h à la pointe du Roc à Granville [3],[4], 194 km/h à la pointe de Barfleur [3]. On parle alors improprement d'ouragan.

Des dégâts considérables

  • À Cherbourg, 12 bateaux coulent à Port Chantereyne et plus de 600 sont endommagés sur 700 (90 %) [5]. « Le spectacle des bateaux se dressant les uns contre les autres et des pontons qui s’enchevêtraient était hallucinant », raconte le capitaine des pompiers de Cherbourg. Nous avons sauvé une douzaine de navigateurs anglais et français qui dormaient à bord de leurs yachts lorsque le vent s’est déchaîné. » [6]. Le montant des dégâts est chiffré à 10 millions de francs [7].

De nombreux bâtiments s'écroulent en totalité ou en partie :

  • À Carentan, le toit du marché aux bestiaux est arraché [8].
  • L'église de Pontaubault perd son toit [5].
  • À Cherbourg, de nombreux immeubles voient leurs toitures emportées par le vent [6]. La basilique Sainte-Trinité est endommagée [5].
  • À Saint-Lô, le toit du lycée Le Verrier tombe dans la cour sans faire de blessés [9].
  • À Créances, la salle paroissiale est soufflée, ainsi que de nombreuses serres de maraîchers [9].
  • À Martinvast, le bâtiment en préfabriqué de l'école maternelle est déplacé de plusieurs mètres [6].
  • À Courtils une bergerie abritant cent cinquante moutons s'effondre [10]
  • À Carantilly, un sapin s'abat sur l'aile ouest du château et entraîne dans sa chute la cheminée qui tombe dans l'escalier [8].
  • Le Mesnil-Tôve voit la toiture de l'ancienne école s' envoler [10].
  • À Granville, à l'usine Soferti, une partie du hall de déchargement s'écroule et la cheminée est arrachée[11] , la toiture de la résidence Saint-Nicolas est soulevée[11].
  • À Donville-les-Bains, des mobile-homes du camping se retrouvent à l'envers[11].
  • Heureusement, l'échafaudage de la flèche du Mont Saint-Michel a résisté [10].

Des centaines d'arbres, certains centenaires, sont abattus dans tout le département [5] :

Des kilomètres et des kilomètres de lignes sont à terre. Environ 120 000 foyers sont privés d'électricité dès les premières heures [1]. 250 000 abonnés, soit 40 % du réseau, est touché par des coupures durant la totalité de l'épisode climatique [7]. Plus de 300 agents EDF et 200 salariés de sociétés privées sont mobilisés pour la rétablir [1].

  • À Saint-Hilaire-du-Harcouët le centre de secours est privé de radio [10].
  • À Sourdeval, les usines Letavernier et Degrenne, privées d'électricité et de téléphone, mettent leurs ouvriers au chômage technique [10].

Les productions d'huîtres et de moules sont décimées à 70 % [6]. À Gouville-sur-Mer, 80 % à 90 % des parcs sont anéantis [8].

On recense 5 984 interventions des pompiers entre vendredi et dimanche soir [1]. Dix-neuf pompiers sont blessés [6].

Charles Pasqua, ministre de l'Intérieur, vient sur place le 17 octobre mesurer l'ampleur des dégâts : « Si ce n'est pas une catastrophe naturelle, je ne sais pas, alors , ce qui peut être considéré comme catastrophe naturelle. » [1][6]. À l'époque, on estime les dégâts entre 700 et 900 millions de francs [1].

Au final, la Chambre syndicale des agents généraux d'assurance de la Manche s'attend à environ 11 000 déclarations de sinistres. À lui seul, le Nord-Cotentin en a déjà recensé 8 718 auprès de 29 compagnies, dont 4 224 pour la Communauté urbaine de Cherbourg, et il manque encore les chiffres de 10 autres sociétés. 250 Une première aide de première urgence de 550 000 francs est débloquée par l’État [7].

En France, la tempête fait 15 morts (19 morts en Grande-Bretagne) et provoque des dégâts estimés à 23 milliards de francs (3,5 milliards d'euros). Dans le département, la tempête fait une quarantaine de blessés, dont vingt-deux pompiers [1].

Notes et références

  1. 1,0 1,1 1,2 1,3 1,4 1,5 et 1,6 Christian Lerosier, « Octobre 1987 : l'ouragan déchire le département », Ouest-France, 15 octobre 2007.
  2. 2,0 2,1 et 2,2 « La tempête d'octobre 1987 », Au rythme du temps, site internet (lire en ligne).
  3. 3,0 et 3,1 « 120 ans en Cotentin 1889-2009 », La Presse de la Manche, hors-série, novembre 2009.
  4. L'aiguille de l'anémomètre du sémaphore du Roc arrive en butée et affiche 216 km/h. Hervé Hillard, « Ouragan d'octobre 1987. "On n'a jamais connu plus violent en France" », Ouest-France, site internet, 15 octobre 2017 (lire en ligne).
  5. 5,0 5,1 5,2 5,3 et 5,4 alertesmeteo.com, site internet (lire en ligne).
  6. 6,0 6,1 6,2 6,3 6,4 et 6,5 « Charles Pasqua hier soir à Cherbourg pour constater l'ampleur des dégâts », La Presse de la Manche Dimanche, 18 octobre 1987.
  7. 7,0 7,1 7,2 et 7,3 « Il y a 30 ans, la grande tempête frappait la Manche », La Presse de la Manche, 16 octobre 2017.
  8. 8,0 8,1 et 8,2 « Cette nuit où les Normands ont eu très peur », Ouest-France, 14-15 octobre 2017.
  9. 9,0 et 9,1 « Xavier Oriot, « 1987 : un enchevêtrement de bateaux à Cherbourg », Dimanche Ouest-France, 14 octobre 2012.
  10. 10,0 10,1 10,2 10,3 10,4 10,5 10,6 10,7 10,8 et 10,9 « Nuit du 15 octobre 1987 : le vent met l'Avranchin KO », Ouest-France, site internet (lire en ligne).
  11. 11,0 11,1 11,2 et 11,3 Fabien Jouatel, « Il y a 30 ans, un ouragan s'abattait sur Granville », Ouest-France, site internet, 14 octobre 2017 (lire en ligne).
  12. Témoignage de Maurice Jeanne, Ouest-France, site internet, 15 octobre 2017 (lire en ligne).
  13. Jean-Christophe Lalay, « Les larmes aux yeux en entrant dans le parc », Ouest-France, 16 octobre 2017.