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Tangue

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Tangue à la Pointe du Grouin du sud

La tangue est un sédiment marin de la Manche.

Elle est formée d'une fraction sablonneuse à base de débris coquillers calcaires et d'une fraction vaseuse de limons et d'argiles.

Répartition des gisements

On la trouve dans les zones de vasières littorales recouvertes par les hautes marées, notamment dans la baie du Mont-Saint-Michel, dans la baie des Veys et les havres du Cotentin. À Heugueville-sur-Sienne, l'épaisseur de la couche atteint deux mètres [1].

Extraction

L'exploitation de la tangue est à son apogée du 18e siècle au début du 20e où elle est supplantée par les engrais industriels amenés par chemin de fer. La tangue est extraite en bordure des rivières, dans les tanguières. Cette pratique ancestrale est, à cette époque, libre de toute redevance, pourvu que la tangue soit destinée à l'agriculture.[2] La tangue est alors prélevée à marée basse avec une drague à manche ou bien par bêchage ou encore par havelage avec un havet tiré par un homme ou un cheval.[3] Aujourd'hui les pelleteuses ont pris le relais.

En 1853, la tangue est extraite :

La tangue était acheminée par des centaines de charrettes auxquelles on reprochait d'endommager les routes, mais aussi par gabares sur les canaux. Le canal du port de Coutances au Pont de la Roque est construit essentiellement pour le transport des tangues, le canal de Carentan en exporte 30 000 m3. La tangue du petit Vey est transportée par le canal de Vire et Taute jusqu'à Saint-Lô et plus loin par la route.[4].

Depuis 1988, un cahier des charges encadre les extractions de tangues : un seuil de prélèvement est fixé à 10 000 m3. Au-delà de ce volume, tout projet de prélèvement est soumis à une autorisation d'occupation temporaire délivrée par l'État.[6]

Utilisation

Depuis le Moyen-âge, la tangue est utilisée comme amendement agricole. « Qui va à la tangue va au blé », assure un proverbe local [5]. Son utilisation aurait été introduite dans notre département par les envahisseurs scandinaves [1]. Les tangues ne sont presque jamais employées sortant des tanguières, mais après une exposition de trois à cinq mois à l'air dans des dépôts afin de les désaliniser.

Entre 2011 et 2013, dans le cadre de l'opération de rétablissement du caractère maritime du Mont-Saint-Michel, il est évacué 1,2 million de mètres cube de tangue du Couesnon et de l'anse de Moidrey. Les sédiments d'abord séchés sont offerts aux agriculteurs dans un rayon de 5 km.[7]

Une étude de la chambre d'agriculture de la Manche confirme que ce matériau est intéressant pour sa forte teneur en calcaire, l'amélioration de la perméabilité et de l'aération des sols limoneux ainsi que la réduction de l'instabilité structurale de ces sols.[7]

Au 21e siècle, elle sert aussi à recharger les pistes de centres équestres.

Bibliographie

Odonymes

Notes et références

  1. 1,0 et 1,1 Michel Lepesant, « À propos de la tangue », Annales de Normandie, 5e année, n° 1, janvier 1955, p. 99.
  2. BRGM, Notice explicative de la feuille Avranches, carte géologique de la France au 1/50000 , 1984, p.38
  3. Jean-Pierre Camusard, « L'exploitation des tangues ou le souvenir des savoirs oubliés  », Bulletin de la société géologique minéralogique de Bretagne, 2011 (lire en ligne)
  4. 4,0 4,1 4,2 4,3 4,4 et 4,5 Isidore Pierre, « Études sur les tangues des côtes de la basse Normandie », Annales de chimie et de physique, 3e série , tome 37, éd. Masson, Paris, 1853, p. 81-154
  5. 5,0 et 5,1 Jean-Ange Quellien, Le Cotentin : histoire des populations, éd. Gérard Montfort, 1983, p. 63.
  6. État des lieux- Document d'objectifs Natura 2000- Baie du Mont-Saint-Michel(lire en ligne)
  7. 7,0 et 7,1 « La tangue de l'anse de Moidrey prisée par les producteurs  », Ouest-France.fr, 5 mai 2014 (lire en ligne)