Tangue
De Wikimanche
La tangue est un sédiment marin de la Manche.
Elle est formée d'une fraction sablonneuse à base de débris coquillers calcaires et d'une fraction vaseuse de limons et d'argiles.
Répartition des gisements
On la trouve dans les zones de vasières littorales recouvertes par les hautes marées, notamment dans la baie du Mont-Saint-Michel, dans la baie des Veys et les havres du Cotentin. À Heugueville-sur-Sienne, l'épaisseur de la couche atteint deux mètres [1].
Extraction
L'exploitation de la tangue est à son apogée du 18e siècle au début du 20e où elle est supplantée par les engrais industriels amenés par chemin de fer. La tangue est extraite en bordure des rivières, dans les tanguières. Cette pratique ancestrale est à cette époque libre de toute redevance, pourvu que la tangue soit destinée à l'agriculture. La tangue est alors prélevée à marée basse avec une drague à manche ou bien par bêchage ou encore par havelage avec un havet tiré par un homme ou un cheval. Aujourd'hui les pelleteuses ont pris le relais.
En 1853, la tangue est extraite :
- dans la baie du Mont-Saint-Michel, notamment dans l'anse de Moidrey, les embouchures de la Sée et de la Sélune (autour de 500 000 mètres cubes). À cause des digues des polders sur la rive gauche, la tangue ne peut être prélevée que sur la rive droite.[2]
- dans le havre de Regnéville, à l'embouchure de la Sienne, jusqu'au Pont de la Roque et dans la mare de Montmartin-sur-Mer. [2] À Regnéville-sur-Mer, au 19e siècle, « c'est un lent manège quotidien de 300 à 400 charrettes pendant trois mois ; plus d'un millier de voitures s'acheminent chaque jour vers le havre de Lessay » [3].
- dans le havre de Lessay ( 500 000 mètres cubes )[2]
- près de Cherbourg, sur la grève de Tourlaville, à droite de la jetée de l'est ( 50 000mètres cubes)[2]
- dans la baie des Veys. Le grand Vey en fournit annuellement 80 000m3, répartis entre Brevands, Tribehou et Carentan. Le Petit Vey donne aussi 40 000mètres cubes [2]
Depuis 1988, un cahier des charges encadre les extractions de tangues : un seuil de prélèvement est fixé à de 10 000 m3. Au-delà de ce volume, tout projet de prélèvement est soumis à une autorisation d'occupation temporaire délivrée par l'État.[4]
Utilisation
Depuis le Moyen-âge, la tangue est utilisée comme amendement agricole. « Qui va à la tangue va au blé », assure un proverbe local [3]. Son utilisation aurait été introduite dans notre département par les envahisseurs scandinaves [1].
Au 21e siècle, elle sert à recharger les pistes de centres équestres.
Bibliographie
- Léopold Delisle, « Endiguements du Cotentin au Moyen Âge. Ancien usage de la tangue », Annuaire du département de la Manche, 1851
Notes et références
- ↑ 1,0 et 1,1 Michel Lepesant, « À propos de la tangue », Annales de Normandie, 5e année, n° 1, janvier 1955, p. 99.
- ↑ 2,0 2,1 2,2 2,3 et 2,4 Isidore Pierre, « Études sur les tangues des côtes de la basse Normandie », Annales de chimie et de physique, 3e série , tome 37, éd. Masson, Paris, 1853, p. 81-154
- ↑ 3,0 et 3,1 Jean-Ange Quellien, Le Cotentin : histoire des populations, éd. Gérard Montfort, 1983, p. 63.
- ↑ État des lieux- Document d'objectifs Natura 2000- Baie du Mont-Saint-Michel(lire en ligne)