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Saline

De Wikimanche

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Planche de l'Encyclopédie montrant le travail des sels dans une saunerie : une saline avec son tas de fagots. À proximité, les plombs sur le feu, une ruche et divers instruments, dont un racloir pouvant être tiré par un cheval placé entre deux brancards.

La fabrication du sel dans la Manche est probablement très ancienne.

Technique

Ce sel ignifère était obtenu par évaporation ; c'est-à-dire par l'action du feu.

Une saline était composée de trois éléments :

  • une portion de grève où se ramassait le sablon (sable salé),
  • le mondrin où était accumulé le sablon recueilli en grève. Le sablon était arrosé d'eau et le liquide saturé de sel, appelé la brune, était ensuite entraîné jusqu'à la saline,
  • la saline était une cabane ou hutte où s'activaient le boidrot et la boidrote qui faisaient bouillir la brune dans des cuves de plomb, pour recueillir le sel produit par évaporation.

Après égouttage dans des paniers en osier coniques, les ruches, le sel était ensuite mis à sécher, entreposé dans des greniers et revendu à des particuliers.

Histoire

On trouvait des salines sur tout le littoral de la Manche, mais les plus nombreuses et les plus productives se situaient dans l'Avranchin, sur les paroisses de Genêts et Vains[1]. Dans la baie du Mont-Saint-Michel, entre Genêts et Courtils on dénombrait plus de 200 salines artisanales. À partir de 1776, le nombre de salines est limité et un numéro est attribué à chaque exploitation; on sait donc qu'il y avait 111 salines à Vains, 36 à Courtils, 31 au Val-Saint-Père, 24 à Genêts, 14 à Céaux et 9 à Marcey.[2]

Ce procédé d'extraction du sel était plus coûteux que celui des marais salants, aussi, le Cotentin et l'Avranchin n'étaient pas soumis à la « grande gabelle », qui imposait un monopole strict, avec des prix fixés et élevés mais un pays de "quart Bouillon".

L'extraction du sel continua encore jusqu'à la fin du XIXe siècle

Les sauniers (ou saulniers) obtinrent de Louis XVIII le rétablissement de privilèges fiscaux et continuèrent leur exploitation.

Mais, l'amélioration des moyens de communication favorisèrent la concurrence du sel produit dans d'autres régions, plus blanc et moins coûteux.

Les salines disparaissent vers 1865. Il reste des traces de cette industrie dans la toponymie du département, comme Bricqueville-les-Salines, ancien nom de Bricqueville-sur-Mer, ou la saline à Équeurdreville-Hainneville.

On peut, de nos jours, observer une saline grandeur nature à Vains - Saint Léonard à l'écomusée de la baie du Mont-saint-Michel. Des démonstrations de fabrication de sel comme le faisaient les boidrots sont organisées toute l'année.

Bibliographie

  • Eric Barré, « Salines et tanguières de Normandie au Moyen-Age - Notes sur leur aspect juridique », Chronique d'histoire maritime, 1996-I, p. 43-47.
  • Alain Lhomer et Charles Piquois, Baie du Mont-Saint-Michel. Les anciennes salines, éd. Siloé, 2002

Voir aussi

Notes et références

  1. Rémy Desquesnes, « Le sel de saint Michel », Basse Normandie, magazine du conseil régional, n° 30, 1998, p.17
  2. Conseil régional de Basse-Normandie.Le Mont-Saint-Michel rendu à la mer,1998