Club amateur depuis son origine, l'AS Cherbourg (ASC) décide en mai 1960, à la surprise générale, se solliciter le statut professionnel [1]. Plusieurs clubs sont en concurrence avec elle. La Ligue professionnel de football (LFP) hésite, le club cherbourgeois ne lui paraît offrir toutes les garanties financières indispensables. À Cherbourg même, tout le monde n'est pas enthousiaste. Le pari professionnel n'est-il pas hors de portée ? C'est ce que pense le conseil municipal, présidé par Jacques Hébert, qui refuse l'indispensable subvention... d'une seule voix [2]. La chance du club se présente lorsque le FC Sète annonce aux instances nationales qu'il renonce au professionnalisme. Le 9 juillet, la Ligue professionnelle accepte la candidature de l'AS Cherbourg et l'engage dans le championnat de France de division 2 [1]. Le conseil municipal donne enfin son accord. Une collecte est organisée auprès des supporteurs, qui rapporte près de 100 000 nouveaux francs [2].
Faire vite
Le temps presse. Le club n'a qu'un mois et demi pour constituer une équipe et son encadrement. André Simonyi, 46 ans, ancien attaquant prestigieux de l'équipe de France et de Lille, avec qui il a été champion de France, est aussitôt recruté comme entraîneur-joueur. Pressés par le temps, les dirigeants cherbourgeois proposent au FC Sète de reprendre la plupart de ses joueurs. Sept acceptent : Klemenczak, Zaniewski, Yapi, Brahim, Khima, Akouaté, Adoh. Le club complète l'équipe en embauchant ici et là : Moine à Aix-en-Provence, Rivet à Boulogne, Cheyssac au Red Star, le jeune Jacky Simon à l'UST Équeurdreville... Le premier entraînement a lieu le 3 août[3].
La saison est lancée
Cadeau de bienvenue de la Ligue professionnelle, l'AS Cherbourg dispute ses deux premiers matches à domicile. L'US Forbach est son premier adversaire, le dimanche 21 août après-midi. Tout commence bien. Après avoir tenu en échec le club lorrain pendant toute la première mi-temps, Cherbourg ouvre la marque peu après avoir repris le jeu, par Adoh (46e min.) [4]. Mais Forbach revient au score à la 65e min. Score final 1-1. Plus de 3 600 spectateurs payants emplissent le stade municipal.
Le deuxième match contre le RC Strasbourg, le 28 août, se solde lui aussi par un score de parité, 2-2. Trois défaites suivent, qui font craindre le pire. La première victoire arrive enfin le 25 septembre, à domicile, contre l'AS Cannes. Et quelle victoire, 6 buts à 1 !
Dans la bonne moyenne
Finalement, l'AS Cherbourg trouve son rythme. L'équipe n'a pas le niveau des meilleures, mais elle joue toujours crânement sa chance, jusqu'au bout. Elle réussit même l'exploit de battre, à domicile, Lille (2-1) et Bordeaux (2-1), et d'infliger à Toulon un cinglant 4-0. Au final, le 4 juin 1961, elle occupe une honnête treizième place.
Championnat
Bilan général
Division
Classement
Pts
J
G
N
P
Bp
Bc
Diff.
Moy. spect.
Meilleur buteur
Division 2
13e
29
36
10
9
17
45
58
- 13
3 794
Muller 10
L'AS Cherbourg termine 16e meilleure attaque avec 45 buts (1,25 but/match) et 9e meilleure défense avec 58 buts (1,61 but/match).
Comité de gestion de la section professionnelle [5] : André Michel, président ; Louis Laveissière, Dr Charles Bernadi et Pierre Truffert, vice-présidents ; Gaston Laurent, directeur sportif et administratif ; Roger Hardy, secrétaire général ; Ernest Sanson, trésorier général ; Raymond Gisard, colonel Jean-Claude Guichard, René Hervy, Jean Lamidé, Jacques Taillardat, Claude Luce, Paul Alduc et Gaston Meunier, membres. Membres auditeurs représentant le conseil municipal : MM. Lefeuvre et Lechaftois.