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Saint Aubert

De Wikimanche

Saint Aubert, né vers 660 et mort à Avranches le 18 juin 725, est une personnalité catholique de la Manche.

Il est évêque d'Avranches de 704 à 723. Il est considéré comme le fondateur de l'abbaye du Mont-Saint-Michel.

Il est fêté le 10 septembre.

Biographie

Il naît aux environs d'Avranches, peut-être à Genêts ou à Huisnes-sur-Mer, dans la famille des seigneurs de Genêts.

À la mort des siens, il distribue leur biens et entre dans les ordres.

Il est élu évêque d'Avranches en 704.

Un texte en latin, Revelatio ecclesiae sancti Michaelis in monte Tumba (« Révélation concernant l’église de l’archange saint Michel sur le mont Tombe ») [1] raconte comment saint Aubert a fondé l'abbaye du Mont-Saint-Michel.

voir l'article détaillé Légende de saint Aubert

Il meurt en 725. Conformément à son souhait, il aurait été enseveli au Mont, dans l’église paroissiale Saint-Pierre, qu’il aurait fait élever [2].

Reliques

Le reliquaire.

Selon l’Introductio monachorum, le chanoine Bernier aurait caché les ossements d’Aubert dans les combles de sa demeure, près de l'oratoire primitif, lors du remplacement des clercs par les bénédictins en 966. Un second récit, De translatione et miraculis beati Autberti, explique que les bénédictins retrouvent les ossements et les placent sur un autel dédié à la Sainte-Trinité, dans le vaisseau occidental de Notre-Dame-sous-Terre ou dans l’abbatiale des bénédictins du Xe siècle [2].

À partir de cette redécouverte, entre 1009 et 1023, les bénédictins vénèrent ce squelette d’un homme au crâne perforé par un trou pariétal, identifié comme la marque de la pression du doigt de saint Michel sur la tête d'Aubert par une réinterprétation du texte de la Revelatio [2].

Le bras disparaît en même temps que l'Ancien Régime mais subsiste le crâne, grâce au maire, le Dr Louis-Julien Guérin, qui le met à l'abri en 1791 prétextant un examen médical. Remise à la paroisse après la Révolution, la relique est toujours conservée à Avranches, dans le trésor de la basilique Saint-Gervais [3].

Des études au début du XXe siècle laissent penser à un trou provoqué par une trépanation. On imagine même que le crâne date du néolithique [4]. Mais, selon les analyses effectuées dans les années 2000, le crâne est celui d'un homme de 60 ans ou plus, ayant vécu dans les temps historiques et ayant survécu à la perforation crânienne due, si ce n'est à la sainte intervention, à un kyste épidermoïde de la voûte, une affection bénigne formant une bosse du vivant du malade. L'état de conservation laisse supposer que le corps a été inhumé dans un sarcophage [5].

Le 25 juillet 2019, des prélèvements sont effectués par des chercheurs du centre Michel de Boüard-Craham de l'université de Caen pour tenter de dater la relique par le carbone 14 ; le 15 septembre suivant, le crâne est exposé lors de la messe dominicale [6]. Les résultats sont révélés le 29 janvier 2020 à Avranches par Pierre Bouet, spécialiste de la Normandie médiévale : selon les études menées par l'université de Lyon et le Centre de recherche sur les isotopes de Groningen (Pays-Bas), le crâne examiné appartient à une personne décédée « entre 660 et 770 », ce qui incline à penser qu'il pourrait bien s'agir de celui de saint Aubert ; d'autant que le polissage dudit crâne montre qu'il a été souvent caressé, ce qui laisse croire qu'il a été l'objet d'un culte [7].

En décembre 2022, le crâne est à nouveau sorti de son reliquaire qui doit bénéficier d'une restauration dans les ateliers d'Anne-Marie Geffroy à Nantes [8].

Le 10 septembre 2023, le crâne de saint Aubert quitte la basilique Saint-Gervais après une messe célébrée par Mgr Michel Dubost pour rejoindre le prieuré d'Ardevon [9]. Une procession forte de 200 personnes l'emmène sur un brancard jusqu'à l'abbaye du Mont-Saint-Michel, distante de 6,5 km, où il retrouve son reliquaire, pièce maîtresse de l'exposition La Demeure de l'Archange, organisée pour le millénaire de l'abbaye [9].

Bibliographie

Livres
  • Camille Mauclair, Le Mont Saint Michel, éditions Arthaud, Grenoble / Paris, 1931.
  • Alain Lemarinel, David Boureau et Fabienne Pierron (illustratrice), Saint Aubert, fondateur du Mont-Saint-Michel, éd. Tequi, 2022.
Articles
  • Marcel Lelégard, « Saint Aubert », Millénaire monastique du Mont-Saint-Michel, t. 1, 1966, p. 29-52.
  • Emmanuel Poulle , « Le crâne de saint Aubert entre mythe et histoire », Revue de l’Avranchin, t. 76, 1999, p. 167-188.
  • Catherine Bougy, « D'un Mont à l'autre : le voyage de deux émissaires de saint Aubert du Mont-Saint-Michel au Monte Gargano », Revue de l'Avranchin et du Pays de Granville, t. 80, 2003, p.125-150.
  • Pierre-Léon Thillaud, « Le crâne perforé de Saint-Aubert », Dossier Pour la Science, n° 50, janvier 2006.
  • David Nicolas-Méry, Avranches, capitale du Mont Saint-Michel, éd.Orep, 2011, pages 24-25.

Notes et références

  1. Ce texte aurait été rédigé par un chanoine du Mont-Saint-Michel ou de la cathédrale d’Avranches au début du IXe siècle (lire en ligne)'.
  2. 2,0 2,1 et 2,2 De translatione et miraculis beati Autberti / Translation et miracles du bienheureux Aubert, Les Chroniques latines du Mont Saint-Michel (IXe-XIIe siècle), Presses universitaires de Caen et le Scriptorial, Ville d’Avranches.
  3. Emmanuel Poulle, « Fondation d'un lieu de culte : le Mont-Saint-Michel - 16 octobre 708 », www.archivesdefrance.culture.gouv.fr, 2008 (lire en ligne).
  4. La Trépanation Préhistorique christianisée, Bulletin de la Société préhistorique de France, volume 7, n° 12, 1910.
  5. David Nicolas-Méry, Avranches, capitale du Mont Saint-Michel, éd.Orep, 2011, pages 24-25.
  6. « Le crâne exposé dimanche », La Manche Libre, 14 septembre 2019.
  7. Marie-Anne Richard, « Saint Aubert, “un personnage important” », Ouest-France, 31 janvier 2020.
  8. « Le reliquaire du crâne de saint Aubert est parti en restauration », Ouest-France, site internet, 2 décembre 2022.
  9. 9,0 et 9,1 Mauricette Guittard, « La relique de saint Aubert retrouve le Mont », Ouest-France, 11 septembre 2023.

Liens internes

Lien externe