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Révolution française dans la Manche

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Chanson patriotique.

La révolution française dans la Manche (1789-1799).

La chute de la monarchie

Le 16 mars 1789, l'assemblée générale des Trois États se tient à Coutances, dans la nef de la cathédrale [1]. Elle est suivie par les assemblées par ordre : ecclésiastiques (425), nobles (354) et électeurs du Tiers-état (364) [1].

voir la liste des députés élus pour participer aux États généraux de Versailles.

La prise de la Bastille, le 14 juillet 1789 à Paris, met parfois plusieurs jours pour être connue en province. L'ordre de porter la cocarde tricolore arrive à Cherbourg le 18 juillet et « met aussitôt la ville en mouvement » [2]. À Cherbourg, l'enthousiasme, jusqu'alors bon enfant, donne lieu à des débordements le 20 juillet, où l'on déplore le pillage de plusieurs hôtels, des maisons particulières et des bureaux de l'hôtel des Douanes, sans que le commandant de la place, Dumouriez, ne s'y oppose vraiment [2][3]. Le 4 août, Cherbourg perd ses anciennes franchises, qui dataient des premiers temps de la monarchie [2][3].

Le 25 décembre 1789, la Normandie est divisée en cinq départements, dont le département du Cotentin, dénommé ainsi à titre provisoire, qui devient officiellement « département de la Manche » le 26 février 1790 [1]. Coutances est désignée comme son chef-lieu, à titre provisoire le 27 janvier 1790, puis à titre définif le 11 septembre suivant [1].

Le premier Directoire du département, sorti des élections des 20 et 21 juin 1790, est composé de Jean-François Duval-La Rivière, cultivateur à Gréville, Ambroise Félix Desprez-des-Longs-Champs, lieutenant de la maîtrise des Eaux et forêts de Valognes, Jacques Euvremer, avocat à Périers, Denis Tesson, avocat à Coutances, Gilles René Heudeline, avocat à Torigni-sur-Vire, Gilbert Jean Loysel, avocat à Saint-James, Robert Juhé de Launay, avocat au bailliage de Mortain, et Julien Esnoul-Deslandes, avocat, de Vengeons [1].

La prison du Mont-Saint-Michel

L'abbaye du Mont-Saint-Michel est une prison royale durant l'Ancien Régime. Les détenus sont libérés par les révolutionnaires en 1789. En 1793, les geôles sont utilisées pour emprisonner des centaines de prêtres réfractaires. Ces derniers ne recouvrent la liberté qu'à la fin de la Terreur[4].

La Convention nationale

21 septembre 1789-26 octobre 1795

À l'été 1790, la Fête de la Fédération est célébrée à Saint-Lô, sur le Champ-de-Mars, Cherbourg, à Chantereyne, et à Avranches, sur le Promenoir [1]. Le 5 août, des milliers d'hommes et de femmes « venus de tous les points du département » se rassemblent sur la lande d'Orval, près de Coutances [5].

Des sections locales de la Société des amis de la Constitution, plus connue sous le nom de « Club des Jacobins », voient le jour dans toutes les communes un peu importantes, une trentaine au total [1].

La Constitution civile du clergé, votée en 1790, amène la division du clergé en prêtres jureurs (constitutinnels) et prêtres insermentés (réfractaires) ; les évêques Ange-François de Talaru et Pierre-Augustin Godart de Belbeuf sont destitués et remplacés par François Bécherel.

En 1792, après l'entrée en guerre de la Prusse aux côtés d'Autriche, l'assemblée législative enrôle des bataillons de volontaires. Entre le 2 et le 7 septembre, les révolutionnaires, inquiets de l’invasion austro-prussienne et d’un complot interne se livrent à des massacres dans les prisons.

Procès de Louis XVI

Jugement de Louis XVI par la Convention.

Les 16-17 janvier 1793, les députés se prononcent sur le sort de Louis XVI. Sur les treize représentants de la Manche, huit votent la peine de mort : Siméon Jacques Bonnesœur-Bourginières (avec sursis), Édouard-Léonor Havin, Jean Hubert-Dumanoir, Laurence-Villedieu (avec sursis), Jean-Baptiste Lecarpentier, Jean Angélique Lemoine-Villeneuve, Étienne-François Le Tourneur et Bon Jacques Ribet (avec sursis) [1].

voir l'article détaillé Vote des députés manchois au procès de Louis XVI (1793)

La Terreur (1793-1794)

Encouragées par la victoire de Valmy (20 septembre 1792), les troupes révolutionnaires menées par Dumouriez remportent la bataille de Jemmapes et s'emparent de la Belgique et de la rive gauche du Rhin. En réaction, les rois et empereurs européens s'unissent pour attaquer la France durant l'été 1793.

En prévision, la Convention ordonne la levée de 300 000 hommes en février 1793. Le contingent dans la Manche est de 3 671 hommes. Sous l'autorité administrative de Jean-Baptiste Lecarpentier et Bourdon de l'Oise, on forme six nouveaux bataillons de Volontaires, les amenant au nombre de douze, ainsi que le bataillon des Chasseurs de la Manche et les Dragons de la Manche.

Sous l'influence du mouvement fédéraliste, et avec l'appui de la société populaire des Carabots de Coutances, l'administration de la Manche chasse les deux représentants du peuple en mission, les montagnards Prieur de la Marne et Lecointre. Deux autres conventionnels, Bourret et Frémanger, arrêtent et renvoient au Tribunal révolutionnaire les deux chefs des Carabots coutançais et deux des administrateurs de la Manche. Puis Lecarpentier est renvoyé dans le département dont il remplace l'administration par une commission administrative de vingt-et-un membres. Il renouvelle par la suite les têtes des municipalités dans le Coutançais et la région de Carentan.

Aux suspects de fédéralisme s'ajoutent, dans les prisons surpeuplées et devant les tribunaux, les émigrés rentrés au pays, les prêtres réfractaires, les aristocrates, et plus largement tous les « ennemis de la République ».

Pierre-Adrien Toulorge, prêtre inculpé à tort d'émigration, est guillotiné le 13 octobre 1793 à Coutances.

Incendie de Granville en 1793.

Le 11 novembre 1793, l'armée vendéenne entre dans la Manche par Pontorson, prend Avranches le 12 [6], et décide le 13 de marcher sur Granville dont la prise doit faciliter l'obtention d'une aide anglaise. Commencé le lendemain, le siège de la ville qui ne dure que 28 heures et les royalistes doivent battre en retraite le 15 à cinq heures du soir.

S'ensuivent des représailles sanglantes envers les trainards et blessés vendéens. À Avranches, dans un véritable massacre, les édiles font fusiller 55 à 60 prisonniers ou blessés. À Pontorson, aucun blessé n'est épargné et on parle de 800 captifs, trouvés dans les bruyères et les bois, exécutés par le représentant Laplanche. À Granville, un arrêté de Lecarpentier du 19 décembre 1793 (29 frimaire an II) crée une commission militaire qui fait fusiller douze prisonniers étrangers à la Manche le premier jour, et deux autres, suisse et belge, le 22 décembre, puis envoie à la guillotine 24 condamnés, en grande partie manchois.

Bourret est chargé de la mise en application dans la Manche et le Calvados de la loi du 4 décembre 1793 (14 frimaire an II) qui officialise le gouvernement révolutionnaire et la Terreur. Pour ce faire, il démet l'administration départementale au profit d'un directoire de huit hommes sans procureur général syndic par arrêté du 22 nivôse et recompose les administrations du district. Il fait fermer les lieux de culte catholiques, et met en vente le mobilier qui s'y trouve. Le 19 janvier 1794 (30 nivôse an II), il est à la tête d'une bande d'énergumènes qui dévaste et profane à Cherbourg la basilique Sainte-Trinité [3].

Lecarpentier, quoiqu'en poste à Saint-Malo, décrète le 13 avril 1794 (24 germinal an II) l'incarcération de tous les prêtres constitutionnels refusant de rendre leurs lettres de prêtrise, à l'instar de l'évêque François Bécherel, arrêté le 20 avril (1er floréal) avec cinq de ses grands-vicaires.

De retour dans la Manche en juin 1794, Lecarpentier durcit la répression envers les contrerévolutionnaires, face aux désertions constatées dans les districts de Mortain et Avranches, les pratiques religieuses clandestines dans ceux d'Avranches et Carentan, et la chouannerie installée dans le Sud-Manche. Ce sont alors les fournées de la Manche : quatorze suspects de Gonfreville sont envoyés devant de Tribunal révolutionnaire de Paris le 2 juillet (14 messidor), vingt-quatre de Coutances le 6 juillet (18 messidor), neuf de Cherbourg et dix-neuf de Valognes le 15 juillet (27 messidor), trente-trois de Carentan le 17 juillet (29 messidor) et trente-deux d'Avranches le 23 juillet (5 thermidor). La plupart échappent à la mort grâce à la chute de Robespierre le 27 juillet (9 thermidor), mais tel n'est pas le cas des Coutançais, dont dix-neuf sont exécutés après jugement le 21 juillet (3 thermidor), parmi lesquels les chanoines Julien-Louis-François-Léonor de Mons et Marie-Louis-Léonor de Cussy.

voir l'article détaillé : Fournées de la Manche (1794)

Le Directoire

26 octobre 1795 (4 brumaire an IV)-9 novembre 1799 (18 brumaire an VIII)

Il est mis en place à la fin de la Terreur par les républicains modérés après la chute de Robespierre.

Le Granvillais Étienne-François Le Tourneur est l'un des cinq membres du Directoire du 10 brumaire an IV (1795) au 20 mai 1797.

Georges Pléville Le Pelley en est ministre de la Marine d’août 1797 à avril 1798.

Localement, le directoire est confronté à la chouannerie qui sévit toujours surtout dans le sud du département.

Le coup d’État du 18 brumaire an VIII (9 novembre 1799) exécuté par Napoléon Bonaparte met fin au Directoire.

Bibliographie

lire l'article détaillé Bibliographie de la Révolution française dans la Manche

Notes et références

  1. 1,0 1,1 1,2 1,3 1,4 1,5 1,6 et 1,7 André Dupont, Histoire du département de la Manche, tome VIII « Le département de 1789 à 1920 », éd. Ocep, 1989.
  2. 2,0 2,1 et 2,2 Voisin La Hougue, Histoire de la ville de Cherbourg continuée depuis 1728 jusqu'à 1835 par Vérusmor, impr. Boulanger, 1835, p. 219-271.
  3. 3,0 3,1 et 3,2 Louis Sallé, « Coup d'œil sur l'histoire de Cherbourg », Cherbourg et le Cotentin, impr. Le Maout, 1905.
  4. La Manche Libre, 26 février 2011.
  5. Jean-Ange Quellien, Le Cotentin : histoire des populations, éd. Gérard Monfort, 1983, p. 106.
  6. E. Boursin et Augustin Challamel, Dictionnaire de la Révolution française, 1893.

Liens internes