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Le principal mouvement dans le département est l'Organisation civile et militaire (OCM, 38 % des 585 CVR étudiés), constitué à partir du printemps 1942 <ref name=aeri> Michel Boivin : ''la Résistance dans la Manche'', cédérom de l’AERI, 2006 </ref> autour de [[Jacques Bertin de la Hautière]], responsable local du réseau Saint-Jacques créé au printemps [[1941]]. En 1942, le réseau Centurie comprend une quinzaine de groupes à Bricquebec, Cherbourg, Saint-Lô, Saint-Sauveur-le-Vicomte et Valognes. Présente dans la plupart des cantons à la veille de Débarquement, l'OCM est spécialisée dans la recherche de renseignements militaires et concentre son action armée sur la ligne Carentan - La Haye-du-Puits à partir de mars 1944<ref name=boivin/>.
Le principal mouvement dans le département est l'Organisation civile et militaire (OCM, 38 % des 585 CVR étudiés), constitué à partir du printemps 1942 <ref name=aeri> Michel Boivin : ''la Résistance dans la Manche'', cédérom de l’AERI, 2006 </ref> autour de [[Jacques Bertin de la Hautière]], responsable local du réseau Saint-Jacques créé au printemps [[1941]]. En 1942, le réseau Centurie comprend une quinzaine de groupes à Bricquebec, Cherbourg, Saint-Lô, Saint-Sauveur-le-Vicomte et Valognes. Présente dans la plupart des cantons à la veille de Débarquement, l'OCM est spécialisée dans la recherche de renseignements militaires et concentre son action armée sur la ligne Carentan - La Haye-du-Puits à partir de mars 1944<ref name=boivin/>.


Le mouvement de Résistance Front national (ou Front national pour la libération de la France), et sa branche armée, les Francs tireurs et partisans français (FTP), est initié dans la Manche par [[André Defrance]], aidé de [[Liste des résistants PCF et FN-FTP de la Manche |  nombreux autres patriotes]], au printemps 1941. Avec la création du Front national le Parti communiste sort de son isolement en mettant toute son organisation clandestine au service d’un rassemblement largement ouvert aux résistants d’opinions diverses ; cependant la Résistance communiste se manifeste bien avant l’apparition de ce mouvement : formation de groupes de résistants dès l’été 1940 autour de militants locaux, récupération de matériel d’imprimerie, impression et distribution de tracts antinazis ou dénonçant le régime de Vichy, grève de mai 1941. De loin, le Parti communiste devient l’organisation clandestine la plus nombreuse <ref name= leclerc> Marcel Leclerc, ''La Résistance dans la Manche, réseaux et mouvements'', Cherbourg, Éditions La Dépêche, 1980 </ref>. Il dispose d’une organisation spéciale de militants armés, l’O.S., futurs FTP. Ces groupes, déjà organisés et aguerris, forment les premiers comités du Front national. Le mouvement s’étend, et malgré une vague d’arrestations d’une vingtaine de militants actifs et de responsables communistes en juin et pendant l’automne, le Front national est à la fin de l’année bien implanté dans tout le département.  Après avoir essentiellement organisé des imprimeries clandestines, diffusé du matériel de propagande patriotique d’origine locale ou nationale, recruté et formé des membres venant de différents milieux, le mouvement réalise dès 1942 plusieurs sabotages importants. Durant toute l’occupation, le Front national est frappé par des séries d’arrestations, plusieurs dizaines de ses membres sont fusillés ou mourront dans des camps de concentration ; néanmoins, il reste jusqu’en 1944, le mouvement le mieux structuré.<ref name= bocage>André Debon, Louis Pinson, ''La Résistance dans le Bocage normand'', Paris, Éditions Tirésias, 1994</ref>
Le mouvement de Résistance Front national (20%) (ou Front national pour la libération de la France), et sa branche armée, les Francs tireurs et partisans français (FTP), est initié dans la Manche par [[André Defrance]], aidé de [[Liste des résistants PCF et FN-FTP de la Manche |  nombreux autres patriotes]], au printemps 1941. Le mouvement s’étend rapidement, et malgré une vague d’arrestations d’une vingtaine de militants actifs et de responsables communistes en juin et pendant l’automne, le Front national est à la fin de l’année bien implanté dans tout le département.  Après avoir essentiellement organisé des imprimeries clandestines, diffusé du matériel de propagande patriotique d’origine locale ou nationale, recruté et formé des membres venant de différents milieux, le mouvement réalise dès 1942 des sabotages importants. Durant toute l’occupation, le Front national est frappé par des séries d’arrestations, plusieurs dizaines de ses membres sont fusillés ou mourront dans des camps de concentration ; néanmoins, il reste jusqu’en 1944, le mouvement le mieux structuré.<ref name= bocage>André Debon, Louis Pinson, ''La Résistance dans le Bocage normand'', Paris, Éditions Tirésias, 1994</ref>
Le Front national est donné à 20 % (pourcentage rapporté aux CVR) selon une étude datée de 1993-1994, de Monsieur Michel Boivin, à laquelle se réfère cet article «Réseaux et Organisations». Cela appelle des  commentaires  sur les conditions dans lesquelles  furent attribuées les mentions CVR et sur la validité de ces pourcentages. 
Remontons aux sources. Après la Libération, dans le contexte de «guerre froide» des années cinquante, le gouvernement s’évertue, par calcul politique, à discréditer le Parti communiste par différents moyens, en particulier en s’attaquant à son image issue de la Résistance. Il s’agit de minimiser l’action de ces patriotes, de ternir le sens de leur engagement, au besoin de falsifier l’Histoire en niant qu’une Résistance communiste pût exister avant le 22 juin 1941.
André Defrance, qui représente pour le département les résistants communistes, ceux du F N et des FTP, recueille des témoignages, rédige des attestations et des dossiers qu’il présente ensuite à des commissions et délégations du ministère des ACVG chargées de l’attribution des mentions CVR ou DIR (Déporté-Interné-Résistant), cela afin que le sacrifice de ses camarades soit reconnu et que les veuves puissent bénéficier d’une aide plus conséquente de l’État.
Une véritable discrimination alors s’opère à l'égard des dossiers des communistes, ils font l’objet d’une vérification tatillonne, sont ajournés sous des prétextes peu crédibles, on multiplie les entraves, apparentes ou dissimulées. André Defrance est lui-même personnellement visé : les autorités veulent faire taire les rares survivants de la Résistance communiste habilités à témoigner pour leurs camarades, on tente de le chasser de ces commissions pour ne garder que des membres choisis de manière plus «adéquate», la délivrance de sa propre carte DIR est différée pour l’empêcher de siéger en qualité de membre permanent ; quitte à faire fonctionner ces commissions de manière illégale, en faisant appel à des personnes de départements voisins. Témoignent de ces manoeuvres les nombreux courriers de protestation qu’André Defrance, indigné, adresse aux délégués du ministre des ACVG ou à d’autres représentants du gouvernement.
Ces refus (que l'on retrouve d'ailleurs partout en France), ce manque de reconnaissance sont très durement ressentis par les intéressés-les rares qui rentrent des camps-et par les familles des disparus. A la veille de sa mort, survenue en juillet 1952, André Defrance multiplie encore des démarches pour défendre les cas de ses camarades, comme les résistants [[Pierre Cadiou]], [[Maurice Fontaine]], [[Pierre Picquenot]], [[Léon Lecrées]]..., ils resteront, parmi d’autres, «oubliés» de ces statistiques.<ref name=Defrance>Archives d'[[André Defrance]]</ref><ref name=claudine></ref>


Libération-Nord (15 %) est constitué dans la Manche le 14 juillet [[1942]] à Cherbourg. A partir de cette agglomération, le mouvement s'implante également dans la région de Carentan et dans l'Avranchin. Il se spécialise dans le renseignement, puis prépare l'action armée avec l'OCM et le FN à partir du 5 mars [[1944]] et la constitution du Comité départemental de la libération de la Manche à Cherbourg, qui comprend cinq membres de l'OCM, 3 de Libé-Nord et 2 pour le FN, et qui est présidé à partir du 3 mai par Yves Gresselin, responsable de l'OCM dans la Manche<ref name=boivin/>.
Libération-Nord (15 %) est constitué dans la Manche le 14 juillet [[1942]] à Cherbourg. A partir de cette agglomération, le mouvement s'implante également dans la région de Carentan et dans l'Avranchin. Il se spécialise dans le renseignement, puis prépare l'action armée avec l'OCM et le FN à partir du 5 mars [[1944]] et la constitution du Comité départemental de la libération de la Manche à Cherbourg, qui comprend cinq membres de l'OCM, 3 de Libé-Nord et 2 pour le FN, et qui est présidé à partir du 3 mai par Yves Gresselin, responsable de l'OCM dans la Manche<ref name=boivin/>.

Version du 5 février 2013 à 21:53

La Résistance dans la Manche est active pendant la Seconde Guerre mondiale, même si elle se heurte à l'importance des forces allemandes stationnées dans le département.

Une quinzaine de mouvements et réseaux sont tout de même créés, certains très actifs. Ils ne cessent de compliquer ou de retarder l'approvisionnement des troupes d'occupation par de nombreux sabotages et quelques actions d'éclat. Ils jouent également un rôle non négligeable avant le Débarquement allié du 6 juin 1944 en collectant des renseignements et en les transmettant à Londres, puis lors du Débarquement proprement dit et dans les combats qui suivent.

La diffusion d'écrits clandestins (tracts, journaux...), imprimés et diffusés à grands risques, parfois dès le début de l’occupation, permet à une partie de la population - sans cesse plus large - de se ranger, dans les faits ou dans l'esprit, du côté de la Résistance.

Comme partout ailleurs, l’occupant nazi tente de s’opposer à la Résistance par la terreur. Ainsi, plusieurs dizaines de résistants de la Manche sont fusillés, d’autres envoyés dans des camps de concentration d’où la plupart ne reviennent pas. Les autorités du gouvernement de Vichy -même si des désobéissances et des désengagements se produisent peu à peu parmi ces fonctionnaires-, livrent aux Allemands un nombre important de résistants, la police française devançant parfois la Gestapo lors de rafles et autres opérations de répression.

Réseaux et organisations

Les réseaux se sont constitués dès l'arrivée de l'armée allemande : leur nombre passe d'une demi douzaine en juillet 1940, à une dizaine en septembre, et une quinzaine à la fin de l'année. Ainsi, Maurice Marland monte son groupe le 20 juin 1940 et permet à 150 soldats anglais et volontaires français de fuir vers Jersey entre les 20 et 25 juin 1940. D'autres groupes se forment entre juin et décembre 1940 à Granville (groupe Robert), Saint-Lô (groupes Lechevallier et Agnès), Valognes (groupe Bertin de la Hautière) et Saint-James, soit une soixante de combattants volontaires de la résistance (CVR)[1][2].

La moitié des 585 CVR manchois étudiés par Michel Boivin s'engagent avant le 11 novembre 1942. Entre 1941 et 1942, ils se regroupent dans 3 mouvements nationaux (Organisation civile et militaire, Front national et Libération-Nord, regroupant près de trois quarts des résistants) et une vingtaine de réseaux locaux (regroupant un tiers des CVR)[1].

Le principal mouvement dans le département est l'Organisation civile et militaire (OCM, 38 % des 585 CVR étudiés), constitué à partir du printemps 1942 [3] autour de Jacques Bertin de la Hautière, responsable local du réseau Saint-Jacques créé au printemps 1941. En 1942, le réseau Centurie comprend une quinzaine de groupes à Bricquebec, Cherbourg, Saint-Lô, Saint-Sauveur-le-Vicomte et Valognes. Présente dans la plupart des cantons à la veille de Débarquement, l'OCM est spécialisée dans la recherche de renseignements militaires et concentre son action armée sur la ligne Carentan - La Haye-du-Puits à partir de mars 1944[1].

Le mouvement de Résistance Front national (20%) (ou Front national pour la libération de la France), et sa branche armée, les Francs tireurs et partisans français (FTP), est initié dans la Manche par André Defrance, aidé de nombreux autres patriotes, au printemps 1941. Le mouvement s’étend rapidement, et malgré une vague d’arrestations d’une vingtaine de militants actifs et de responsables communistes en juin et pendant l’automne, le Front national est à la fin de l’année bien implanté dans tout le département. Après avoir essentiellement organisé des imprimeries clandestines, diffusé du matériel de propagande patriotique d’origine locale ou nationale, recruté et formé des membres venant de différents milieux, le mouvement réalise dès 1942 des sabotages importants. Durant toute l’occupation, le Front national est frappé par des séries d’arrestations, plusieurs dizaines de ses membres sont fusillés ou mourront dans des camps de concentration ; néanmoins, il reste jusqu’en 1944, le mouvement le mieux structuré.[4]

Libération-Nord (15 %) est constitué dans la Manche le 14 juillet 1942 à Cherbourg. A partir de cette agglomération, le mouvement s'implante également dans la région de Carentan et dans l'Avranchin. Il se spécialise dans le renseignement, puis prépare l'action armée avec l'OCM et le FN à partir du 5 mars 1944 et la constitution du Comité départemental de la libération de la Manche à Cherbourg, qui comprend cinq membres de l'OCM, 3 de Libé-Nord et 2 pour le FN, et qui est présidé à partir du 3 mai par Yves Gresselin, responsable de l'OCM dans la Manche[1].

Avant 1942, sont créées également quatre réseaux. Le réseau Hector constitué de membres des services spéciaux de l'armée d'armistice et dirigé par Robert Guesdon depuis Granville à partir de décembre 1940. Il fournit des renseignements à l'Intelligence Service grâce à un émetteur et publie un journal de propagande, Les Petites ailes de France. Décimé par des arrestations, le réseau se dissout au début de 1942. Le réseau Saint-Jacques à partir du printemps 1941 est également rapidement décapité. Le réseau cherbourgeois Confrérie Notre-Dame, est actif entre décembre 1941 et fin 1943. Le réseau franco-polonais Famille-Interallié, puis F2, reste actif de 1941 à la Libération. Après 1942, on compte également Résistance PTT et Résistance Fer, et des réseaux locaux de renseignements : ceux de la Libération, Delbo-Phénix, Alliance, Marc-France, Vengeance, Zéro-France, Buckmaster et Gallia[1].

La répression dans la Manche fait 47 victimes parmi les 585 CVR (20 morts en déportation, 15 exécutés, 12 morts dans les combats de la libération). Les 121 arrestations et internements ont donné lieu à 53 déportations[1][2]. Une autre liste, établie grâce à la résistante Juliette Defrance, l'historien Michel Boivin et à l'ouvrage de Marcel Leclerc, fait état de 17 fusillés, 28 morts en déportation sur un total de 55 personnes décédées entre 1940 et 1945, pour faits de Résistance, rien que pour l’agglomération cherbourgeoise, le nombre de victimes de la répression dans la Manche étant bien évidemment beaucoup plus élevé[5].


  • Alliance
  • Arc-en-Ciel : Granville, Torigni-sur-Vire
  • Confrérie Notre-Dame
  • F2 ou Famille-Interallié
  • FFI (Forces françaises de l'intérieur)
  • FN (Front national de lutte pour l'indépendance de la France)
  • FTPF (Francs-tireurs et partisans français) : groupes de lutte armée du FN
  • Libération-Nord : Cherbourg
  • Maquis de Beaucoudray
  • Maquis de Saint-Hilaire-du-Harcouët
  • Mission Hellsman : Avranches
  • OCM (Organisation civile et militaire)
  • Résistance Fer : Saint-Lô
  • Résistance PTT : Saint-Lô
  • Strang : Avranches
  • Tec : Cherbourg

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Il y avait 1 441 résistants recensés dans la Manche au 15 octobre 1943 et 1 621 au 1er juin 1944 [6].

Faits marquants

  • Juillet 1940 : Médéric-Védy commence à organiser la Résistance à Cherbourg et dans les environs.
  • Juillet 1940 : des fils électriques sont coupés à Équeurdreville.
  • Septembre 1940 : André Defrance constitue dans la Manche des groupes de résistants sous l’égide du Parti communiste interdit. Des tracts sont distribués, des réunions clandestines organisées. Ces groupes formeront plus tard les premiers comités du Front national de Résistance.
  • 16 octobre 1940 : un câble téléphonique est coupé à Sideville.
  • 28 octobre 1940 : des câbles téléphoniques sont coupés à Cherbourg.
  • Février 1941 : le pipe-line de la Marine est saboté à Hainneville, ainsi que des câbles téléphoniques à Cherbourg, Tonneville et Branville.
  • Mars 1941 : un stock d'armes allemandes est volé à Brix.
  • 19 mars 1941 : le tribunal militaire de Saint-Lô condamne à mort Jean Magloire Dorange et Pierre Devouassoud qui avaient tenté de rejoindre l'Angleterre le 12 février. Ils sont fusillés le 12 avril à Montebourg.
  • Mai 1941 : André Defrance organise une grève patriotique d’une journée parmi les ouvriers travaillant sur un chantier au terrain d’aviation de Gonneville-Maupertus. Le succès de cette grève, unanimement suivie, est un encouragement pour la constitution du Front national.
  • Mai 1941-décembre 1941: implantation dans la Manche du Front national, mouvement de Résistance organisée. André Defrance en est l'initiateur et le premier responsable départemental.
  • Été 1941: des membres des comités Front national, dirigés par Henri Corbin, coupent à Gathemo la ligne téléphonique aérienne à usage militaire (24 fils), établie par les Allemands entre Brest et Berlin.
  • Octobre 1941 : les Allemands fusillent un jeune homme accusé d'avoir coupé des câbles téléphoniques.
  • 18 février 1942 : arrestation à Cherbourg par la police française de six résistants communistes. Cent kilogrammes de tracts récemment édités sont saisis (dixit le Cherbourg-Éclair). Interrogés d’abord au commissariat central de Cherbourg puis livrés à la Gestapo, tous ces résistants mourront : Roger Bastion, Louis Canton, Henri Messager (responsable interrégional), Achille Mesnil seront fusillés au Mont-Valérien, Jules Mesnil mourra des suites des tortures, Marie Lesage, déportée, mourra à Auschwitz.
  • 16 mars 1942 : les Allemands fusillent Marcel Ledanois, de Valognes, pour détention d'armes.
  • Avril 1942 : sabotages de voies ferrées.
  • 21 juin 1942 : destruction d'un dépôt de matériel allemand dans les hangars de l'entreprise Grouard à Cherbourg, par le groupe Front national-FTPF « Valmy ».
  • 25 juin 1942 : destruction à Coutances de stocks et de véhicules allemands stationnés place de la « Croûte ». Participent à cette opération, les résistantsFernand Charpentier et Pierre Tirel, membres d'un groupe Front national-FTPF dirigé par Félix Bouffay et constitué principalement de cheminots.
  • 2 juillet : arrestation à Cherbourg de Gustave Jurczyszyn et démantèlement d'un réseau de résistance : une quarantaine d'arrestations. Cette opération, qui mènera à la mort de nombreux partisans, est initiée par la police française, puis se poursuit en collaboration avec la police allemande.
  • 6 juillet 1942 : un convoi de déportés quitte le camp d’internement de la Wehrmacht de Royallieu près de Compiègne (Oise) à destination du camp d’extermination d’Auschwitz. Parmi eux, les résistants manchois : Roger Aumont, Pierre Cadiou, Alphonse Doucet, René Fouquet, Georges Gigareff, Louis Hamel, Marcel Hodiesne, Edouard Lechevalier,Léon Lecrées, Lucien Levaufre, René Longle, Auguste Marie,Charles Mauger, Charles Passot, Paul Paouty, Pierre Picquenot,Lucien Siouville, Léon Truffert. Aucun ne reviendra.
  • 14 août 1942 : arrestation dePierre Vastel à Équeurdreville.
  • 18 août 1942 : le tribunal militaire allemand de Saint-Lô condamne à mort des résistants du Front national-FTPF (affaire Jurczyszyn) pour « activité communiste, constitution de stocks d'armes et d'explosifs, actes de sabotage contre l'armée allemande ». Alexandre Avoyne, Félix Bouffay, Fernand Charpentier, Yves Duboscq, Maurice Lemaire (père),Raymond Potier, Léon Theil, Pierre Vastel sont fusillés le 1er octobre ; Lucien Delacour, Gustave Jurczyszyn, Maurice Lemaire (fils) sont fusillés le 24 novembre ; Louis Barbey, Stéphane Contesse, Philibert Daireaux, Albert Delacour, René Lorence et Pierre Tirel mourront dans des camps de concentration.
  • 2 novembre 1942 : Victor Lévêque est arrêté à l'intérieur de l'arsenal de Cherbourg. Il sera exécuté à Saint-Lô le 2 janvier 1943.
  • 24 janvier 1943 :Marie Lesage est déportée à Auschwitz, elle fait partie d'un convoi de deux cent trente femmes résistantes.
  • Mars 1943 : sabotages de voies ferrées.
  • Mai-juin 1943 : vague de répression menée dans l'ensemble du département contre la résistance communiste (FN-FTPF), suite à l'arrestation à Cherbourg de Robert Colléate dit « Paul » : Robert Colléate est fusillé, Paul Chartier, Victor Francolon, Louis Chollet, André Loison, Raymond Brûlé, Alfred Duros, Georges Gautier, Emile Lecarpentier, Ange Leparquier, Régis Messac sont envoyés dans des camps de concentration ; la plupart ne reviendront pas.
  • Décembre 1943 : le groupe FTPF « Charles Tillon » d'Avranches, dirigé par Jean Turmeau, provoque le déraillement d'un train de ravitaillement allemand au Val-Saint-Père : une locomotive et trois wagons détruits, les marchandises sont éparpillées sur la voie.
  • 19 janvier 1944 : une équipe constituée de résistants FTPF d'Avranches et de Flers (Orne) effectue un sabotage à la centrale hydro-électrique de Vezins. Quatre transformateurs sont détruits par explosifs et incendiés, l'usine cesse pour longtemps de fournir du courant aux chantiers du Mur de l'Atlantique.
  • 23 janvier 1944 : un soldat allemand est assassiné en pleine rue à Saint-Lô.
  • 29 janvier 1944 : six Cherbourgeois sont arrêtés par les feldgendarmes.
  • Nuit du 5-6 juin 1944 : la ligne de chemin de fer Paris-Cherbourg est dynamitée au-dessus de Carentan, ainsi que les lignes Coutances-Cherbourg et Coutances-Saint-Lô. Le câble téléphonique reliant le 84e corps allemand à Saint-Lô et la 91e division à Valognes est coupé, ainsi que le câble Saint-Lô-Jersey et le câble Cherbourg-Brest.
  • 11 juin 1944 : les Allemands procèdent à une fouille complète de Graignes pour retrouver des parachutistes américains cachés par la population, avec l'aide du réseau de résistance d'Airel. Le curé, l'abbé Albert Leblastier, et le père Lebarbanchon, sont arrêtés et fusillés le lendemain.
  • 14 juin 1944 : 11 membres du groupe Résistance PTT de Saint-Lô sont arrêtés à Beaucoudray. Ils sont fusillés le lendemain. Ce sont : Jacques Albertini, Étienne Bobo, René Crouzeau, Alfred Guy, Jacques Hamel, Jean Lecouturier, Auguste Lerable, Francis Martin, André Patin, Raymond Robin et Jean Sanson.
  • 15 juin 1944 : des résistants abattent des arbres au Mesnil-Adelée et bloquent 18 camions allemands, qui seront détruits peu après par l'aviation américaine.
  • 22 juillet 1944 : arrestation de Maurice Marland, chef de la résistance granvillaise. Libéré, il sera assassiné un peu plus tard à La Lucerne.
  • 31 juillet 1944 : six résistants sont fusillés dans la carrière de Bourberouge à Saint-Jean-du-Corail.

...

Résistants de la Manche

Portrait sociologique

Michel Boivin a analysé la composition de la résistance manchoise à travers les 585 combattants volontaires de la Résitance (CVR) ayant reçus leur carte dans la Manche recensés en 1993[1][2].

Le résistant manchois est un homme (87,4 % des résistants manchois, contre 46 % de la population de plus de 15 ans) de 34 ans à son engagement, employé (pour un tiers attachés à la SNCF et aux Postes) ou ouvrier, voire artisans et commerçants. Si les premiers en 1940 sont mus par réaction à la défaite et l'Occupation, les motivations sont aussi un nationalisme, parfois anti-germanique, à OCM, et l'anti-fascisme à Libé-Nord et au FN en 1941. En 1942, les mouvements de gauche sont plutôt jacobins. Sur 77 CVR interrogés entre 1980 et 1990, 63 affirme des motivations patriotiques et 50 des sentiments anti-allemands. On trouve aussi des raisons moins altruistes, comme l'opposition aux réquisitions sur les travailleurs, les logements, les terres, le fourrage, le bétail, les moyens de locomotion[1]...

Les résistants ont à 17,8 % entre 20 et 24 ans (tranche d'âge correspondant à 9 % des Manchois de plus de 15 ans) et à 37,9 % entre 15 et 29 ans (pour 27% dans la population manchoise). Michel Boivin explique cette jeunesse de l'engagement, plus forte que dans le Calvados mais moins qu'en Ille-et-Vilaine, par l'aspiration plus grande des jeunes à la liberté leur disponibilité et le refus du STO[1].

Les CVR sont essentiellement des urbains (59,3 % viennent d'une commune de plus de 2000 habitants, 43,1 d'une ville de plus de 5000 habitants) alors que les ruraux représentent entre 74 et 76 % de la population départementale, mais ils proviennent de cantons plutôt modérés et non ceux inscrits à gauche en 1936[1].

La majorité agricole de la population départementale ne représente que 10,9% des résistants, même si les réseaux ont bénéficiaient de leur complicité après 3 ans d'occupation. Cette faible participation s'explique selon Michel Boivin par le souci du quotidien et la prudence des élus locaux traditionnels, les notables conservateurs et modérés, rares dans les rangs de la Résistance[1].

L'activité des résistants est pour les deux tiers des agents de renseignements, et pour un quart des agents de liaison. Ils aident également les illégaux par l'hébergement ou la fourniture de faux papiers, réalisent des sabotages et diffusent de la propagande. Ensuite, au moment de la libération, ils aident les alliés en sabotant dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, les lignes de chemin de fer de Cherbourg à Valognes et Coutances, et de Saint-Lô à Torigni-sur-Vire, les lignes téléphoniques entre Cherbourg et Rennes, Brest et Berlin, Caen et Rennes, Gathermo et Vire, Saint-Michel-de-Montjoie et Vire, Saint-Lô et Falaise, Saint-Lô et Le Mans. Malgré un manque d'armes, ils harcèlent les Allemands et guident les Alliés[1].

Peu politisés (seul un tiers des résistants manchois sont membres d'un parti), les résistants se sont mobilisés par sentiment antiallemand, ce qui explique une revendication forte dans leur rang d'une épuration, contre l'avis des notables locaux. Ainsi Pierre de Gouville en août 1944, en qualité de président du comité cantonal de libération de Saint-Lô, demande « la constitution de dossiers à soumettre au visa du comité départemental des FFI à Cherbourg qui se charge, le cas échéant, de faire délivrer les mandats d'arrêts, en attendant les suites judiciaires normales » et promet que « personne ne peut prétendre échapper à cette épuration, pas plus les chefs ou les membres des comités de résistance que les fonctionnaires de police, de l’État et les municipalités ».

Quelques noms

par ordre alphabétique


voir aussi Liste des résistants PCF et FN-FTP de la Manche


Fusillés du Mont Valérien

Des résistants de la Manche figurent parmi les 1 014 personnes fusillées au Mont Valérien (Hauts-de-Seine) entre le 23 mars 1941 et le 12 août 1944.
Ce sont (entre parenthèses la date d'exécution) : Roger Bastion, chaudronnier, (21 septembre 1942) ; Marcel Bosquet, artisan sculpteur, né le 4 juillet 1901 à La Glacerie (2 décembre 1943) ; Auguste Jean, douanier, né le 1er juin 1899 à Blainville-sur-Mer (25 avril 1942) ; Achille Mesnil, arrimeur à Cherbourg, né le 27 février 1901 à Octeville (21 septembre 1942), et Marcel Simon, employé, né le 27 décembre 1899 (13 mai 1943) [7][8].

Monuments commémoratifs

Cherbourg : stèle aux martyrs de la Résistance du Cotentin.

Plusieurs monuments commémorent, dans le département, l'action et le courage des résistants :

Il existe également des plaques commémoratives dans de nombreuses communes du département.

Bibliographie

Livres
  • Abbé David, Du bagne français au bagne nazi, éd. Leclerc, 1950 (sur la résistance des catholiques dans la Manche)
  • Marcel Leclerc, La Résistance dans la Manche, 1980, réédition 2004 Inédits et introuvables du patrimoine normand
  • Raymond Ruffin, La Résistance normande face à la Gestapo, Presses de la Cité, 1977
  • André Picquenot, Cherbourg sous l'occupation, éd. Ouest-France, 1983
  • André Debon, Louis Pinson, La Résistance dans le bocage normand, éd. Tiresias, 1998
  • Dominique François, L'Affaire Jurczyszyn, éd. Eurocibles, 2009
Articles
  • Albert Desile, « C'était à l'aube qu'on les fusillait », La Manche Libre, 7 juin 1953
  • Tout sur la Manche, Revue du département de la Manche, n° 113-114-115, 1987
  • Michel Boivin, « Les résistants manchois, 1940-1944 », Société d'archéologie et d'histoire de la Manche, 1994

Lien interne

Liens externes

Notes et références

  1. 1,00 1,01 1,02 1,03 1,04 1,05 1,06 1,07 1,08 1,09 1,10 et 1,11 Michel Boivin, « Les Résistants manchois 1940-1944 : Sociologie, organisation et engagements des combattants volontaires de la Résistance », Nédélèqueries 54-94, Société d'archéologie et d'histoire de la Manche, 1994, p 83-94.
  2. 2,0 2,1 et 2,2 Claudine Cardon-Hamet, Déportés politiques à Auschwitz : la carte de Déporté-Résistant
  3. Michel Boivin : la Résistance dans la Manche, cédérom de l’AERI, 2006
  4. André Debon, Louis Pinson, La Résistance dans le Bocage normand, Paris, Éditions Tirésias, 1994
  5. Liste présentée dans une salle du Musée de la Libération (Cherbourg), dédiée à ces personnes.
  6. Raymond Ruffin, La Résistance normande face à la Gestapo, éd. Presses de la Cité, 1977.
  7. Ouest-France, 4 mars 2009.
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