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Rémy Derubay

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Rémy Derubay (1978).

Rémy Marcel Eugène Derubay, né à Granville le 2 février 1925 et mort dans la même commune le 22 octobre 1993 [1], est une personnalité politique de la Manche, enseignant de profession.

Il est élu conseiller général PS du canton de Granville en 1976, puis dans la foulée maire de Granville en 1977. Il perd ces deux fonctions électives à sa sortie de mandat, respectivement en 1982 et 1983 [2].

Biographie

Après avoir fréquenté le lycée Littré d'Avranches, il suit des études supérieures à Paris en mathématiques et astronomie [3].

Il s'installe à Granville en 1961 [3] et exerce en tant que professeur de mathématiques au collège Ferdinand-Buisson puis au nouveau lycée Julliot-de-La-Morandière.

L'étoile montante du socialisme granvillais

Présent sur les listes d'opposition de gauche aux élections municipales de 1965 et 1971, il fait d'emblée bonne figure en se classant au deuxième rang de ces listes, juste derrière le chef de file, sans être pour autant élu [4]. Il est investi par le PS local comme candidat aux élections cantonales de 1976. Au premier tour, la gauche y améliore nettement le score de François Mitterrand à l'élection présidentielle de 1974 et, au second tour, Rémy Derubay triomphe du gaulliste André Tible, conseiller général du canton de Granville depuis 1958.

L'alternance de 1977 et la gestion municipale

Puisque Henri Baudouin, maire sortant et député, cède la place à André Tible, son premier adjoint, les élections municipales de 1977 s'annoncent comme le match retour. Toutefois, un différend sur la composition de la liste d'union de la gauche provoque une crise interne à la section granvillaise du PS et efface les perspectives de match retour. Finalement, les instances supérieures du PS tranchent en faveur de Rémy Derubay. Il peut alors intégrer à sa liste des « notables » qui ont une sensibilité de gauche mais qui ne sont affiliés à aucun parti (ni PS, ni PCF) [5].

Au premier tour, la gauche obtient un score supérieur à celui de l'année précédente mais reste devancée par André Tible et ses colistiers. Pourtant, les deux listes comptent chacune 6 élus (sur 27) ; à gauche, il s'agit de Rémy Derubay et de 5 indépendants. Au second tour, ses amis parviennent à réduire l'écart et, bien qu'une nouvelle fois placés derrière la majorité sortante, ils remportent 9 des 15 sièges en jeu. Ces résultats, incohérents au premier abord, s'expliquent par le panachage, plus utilisé à droite qu'à gauche – l'échec des candidats communistes à se faire élire montre que le panachage a été aussi employé à gauche.

Élections municipales de 1977

Premier tour. - Inscrits : 9 106. Votants : 6 751. Exprimés : 6 505. Participation : 74,1 %. Abstention : 25,9 % [6].
Second tour. - Inscrits : 9 093. Votants : 6 778. Exprimés : 6 617. Participation : 74,5 %. Abstention : 25,5 % [7].

Tête de liste
Partis
Premier tour
Sièges
Second tour
Sièges
Voix
%
#
Voix
%
#
André Tible Granville Horizon 83 3 156 48,5 %
6
3 195 48,3 %
6 (12 au total)
Rémy Derubay Union de la Gauche 3 103 47,7 %
6
3 183 48,1 %
9 (15 au total)

L'assemblée municipale bascule et Rémy Derubay accède à la fonction de maire. En tant que premier magistrat de Granville, il se veut proche de la population et mène à bien plusieurs dossiers, parmi lesquels la piscine de type « Tournesol » et le nouvel hôpital Jacques-Monod.

Cependant, lui et son équipe, déjà affectée par les décès, trébuchent sur d'autres dossiers (comme l'aménagement du Hérel) et subissent le mécontentement engendré par le gouvernement de Pierre Mauroy à partir de 1982.

En 1978, il est le suppléant de Jacques Desponts, candidat socialiste à la députation.

Le reflux des années 1982-1983 et les tentatives manquées de reconquête

En 1982, Rémy Derubay perd son siège de conseiller général face à Jean-Claude Lecossais (RPR), chef de file de l'opposition municipale. Mais ce dernier convainc le député Henri Baudouin (UDF) de reprendre du service et de mener la liste d'opposition en 1983 [8]. Rémy Derubay sollicite un nouveau mandat dans ce contexte difficile. Un sondage effectué par l'IFOP les 14 et 17 février 1983 pour l'hebdomadaire La Manche Libre révèle à quel point la situation est désespérée pour le maire sortant [9]. D'autant qu'une troisième liste, de gauche, vient s'ajouter au duel Rémy Derubay - Henri Baudouin. Au soir du premier tour, même si la défaite est moins lourde que prévue, Rémy Derubay perd son fauteuil de maire.

Élections municipales de 1983

Premier tour. - Inscrits : 9 718. Votants : 7 080. Exprimés : 6 857. Participation : 72,9 %. Abstention : 27,1 % [10].

Tête de liste
Partis
Premier tour
Sièges
Voix
%
#
Henri Baudouin Union Républicaine 3 807 55,5 %
26
Rémy Derubay Granville Majorité 2 566 37,4 %
6
Christiane Victoire Alternative Démocratique Granvillaise 484 7,1 %
1

En 1985, il est exclu du PS. Cela n'empêche pas les électeurs granvillais de le placer en tête des candidats de gauche aux élections cantonales de 1988. Le scrutin voit la réélection de Jean-Claude Lecossais.

Lors des élections municipales de 1989, il conduit sa propre liste qui devance au premier tour celle d'Henri Lapouge (PS). Mais aucune fusion n'intervient entre les deux tours, ce qui assure la victoire de Jean-Claude Lecossais, dauphin d'Henri Baudouin (qui se retire définitivement de la vie politique) et gagnant lui aussi d'une primaire à droite ; Rémy Derubay creuse l'écart avec son rival Henri Lapouge.

Élections municipales de 1989

Premier tour. - Inscrits : 9 016. Votants : 5 779. Exprimés : 5 567. Participation : 64,1 %. Abstention : 35,9 % [11].
Second tour. - Inscrits : 9 016. Votants : 5 913. Exprimés : 5 725. Participation : 65,6 %. Abstention : 34,4 % [12].

Tête de liste
Partis
Premier tour
Second tour
Sièges
Voix
%
Voix
%
#
Jean-Claude Lecossais Ensemble pour Granville 1 874 33,7 % 1 915 33,4 %
23
André Couraye Des Granvillais pour Granville 1 371 24,6 % 1 525 26,7 %
4
Henri Lapouge Union-Progrès-Solidarité 1 154 20,7 % 1 079 18,8 %
3
Rémy Derubay Granville d'abord 1 168 21,0 % 1 206 21,1 %
3

Dès les mois de juin-juillet 1990, Granville plonge dans une crise municipale [13] comme elle en a souvent connu dans l'Histoire. Les autorités convoquent les électeurs devant les urnes pour le mois de septembre. Malgré le retrait d'Henri Lapouge, les deux tendances n'arrivent pas à se mettre d'accord. À gauche comme à droite, il y a donc primaires. Dans chaque camp, le rapport de forces s'inverse en comparaison de 1989 : Jean Leguelinel (PS) se place devant Rémy Derubay, perçu cette fois-ci comme le diviseur de la gauche, et Bernard Beck relègue le maire sortant loin derrière lui. Même configuration qu'en 1989, la gauche se situe à un niveau étonnament bas (autour de 40 % des exprimés) mais elle peut profiter de la guerre à droite pour récupérer la mairie. Là encore, aucune fusion n'intervient entre les deux tours, ce qui permet une élection tranquille de Bernard Beck ; la liste de Rémy Derubay s'effondre complètement.

Élections municipales partielles de 1990

Premier tour. - Inscrits : 8 561. Votants : 4 773. Exprimés : 4 615. Participation : 55,8 %. Abstention : 44,2 % [14].
Second tour. - Inscrits : 8 561. Votants : 5 184. Exprimés : 5 078. Participation : 60,6 %. Abstention : 39,4 % [15].

Tête de liste
Partis
Premier tour
Second tour
Sièges
Voix
%
Voix
%
#
Jean-Claude Lecossais Ensemble pour Granville 1 251 27,1 % 1 460 28,8 %
5
Bernard Beck Des Granvillais pour Granville 1 529 33,1 % 1 917 37,8 %
23
Jean Leguelinel Rassemblement à Gauche 1 080 23,4 % 1 240 24,4 %
4
Rémy Derubay Granville d'abord 755 16,4 % 447 8,8 %
1

Il meurt d'un accident cardiaque à l'âge de 68 ans alors qu'il est toujours conseiller municipal [16].

Notes et références

  1. «  Acte de décès n° 312 - État-civil de Granville - Fichier des personnes décédées », data.gouv.fr, Insee, année 1993.
  2. « Tout sur la Manche », Revue du département de la Manche, tome 29, n° 113-114-115, 1987.
  3. 3,0 et 3,1 Bulletin municipal de Granville, n°20, 1998.
  4. Procès verbaux conservés aux Archives départementales (cote 1192 W 36 pour le scrutin de 1965, cotes 1192 W 53 et 1192 W 60 pour celui de 1971).
  5. La Manche Libre, 20 février 1977.
  6. Procès verbal conservé aux Archives départementales (cote 1192 W 74).
  7. Procès verbal conservé aux Archives départementales (cote 1192 W 78).
  8. La Manche Libre, 19 décembre 1982.
  9. Sur un échantillon de 414 personnes, 29 % déclarent avoir l'intention de voter pour la liste Derubay, 52 % pour la liste Baudouin, 19 % ne se prononcent pas. La Manche Libre, 27 février 1983.
  10. La Manche Libre, 13 mars 1983.
  11. La Manche Libre, 19 mars 1989.
  12. La Manche Libre, 26 mars 1989.
  13. La Manche Libre, 8 juillet 1990.
  14. La Manche Libre, 23 septembre 1990.
  15. La Manche Libre, 30 septembre 1990.
  16. La Manche Libre, 29 octobre 1993.

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