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* « Cherbourg, port militaire », ''La Manche au passé et au présent'', éd. Manche-Tourisme, 1984
* « Cherbourg, port militaire », ''La Manche au passé et au présent'', éd. Manche-Tourisme, 1984


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* [http://www.normannia.info/cgi-bin/aurweb.exe/normannia/rechpdoc?aut=Mouchel%2C+Marcel ''Port militaire de Cherbourg'', par Marcel Mouchel sur ''Normannia'']
* [http://www.normannia.info/cgi-bin/aurweb.exe/normannia/rechpdoc?aut=Mouchel%2C+Marcel ''Port militaire de Cherbourg'', par Marcel Mouchel sur ''Normannia'']


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Version du 11 août 2011 à 16:29

Cherbourg abrite un port militaire depuis le XVIIIe siècle.

Au 19e siècle (lithographie de Guesdon).

Historique

Fondation

Cherbourg est depuis l'époque romaine une place forte, l'une des forteresses les plus solides de lors de la Guerre de Cent Ans. Mais la cité ne dispose jusqu'au XVIIIe siècle que d'un port d'échouage, aux faibles activités commerciales et sans aménagement militaire.

Le projet d'aménager la côte nord du Cotentin pour permettre aux navires de passage de mettre à l'abri des attaques et des tempêtes apparaît au XVIIe siècle sous la plume de Vauban qui propose de quadrupler la taille de la ville et de créer une rade artificielle. Abandonné, le projet est à nouveau envisagé par Louis XV jusqu'à la descente anglaise de 1738 qui ravage le port de commerce à peine achevé.

Cherbourg et son projet de fortification en 1758.

Désireux dans le contexte de la Guerre d'indépendance des États-Unis, de disposer d'un grand port militaire sur la Manche, comparable à ce qu'est Brest sur l'Atlantique, Louis XVI décide l'édification d'un port militaire dans le Cotentin. En 1777, deux projet lui sont présentés : l'ingénieur en chef des Ponts et chaussées et des ports de la généralité de Caen, Armand Lefebvre, prévoit dans le premier la fortification de la rade de Cherbourg autour du port de commerce agrandi. Choquet de Lindu, directeur du génie maritime, privilégie dans le second la construction d'un arsenal de première classe à la Hougue.

Une étude de comparaison entre les deux rades est alors ordonnée, sous l'autorité de Louis de La Couldre de La Bretonnière, qui conclut à la supériorité de la rade de Cherbourg, proposant qu'elle soit « couverte par une jetée de deux milles toises de long, située entre la pointe de Querqueville et les récifs de l'île Pelée », assise sur un fond de 20 mètres.

Pour La Bretonnière, il faut asseoir la digue sur des vieux bâtiments de guerre immergés et de pierres perdues, et de la maçonner sur sa partie supérieure. Mais on préfère le projet innovant de Cessart consistant une digue à claire-voie, par l'immersion de 90 cônes de bois lestés de pierres, de 30 mètres de diamètre à la base et 20 mètres de hauteur.

Les travaux débutent dans les années 1780. L'île Pelée est fortifiée tandis qu'on immerge, en présence du roi, des cônes en bois remplis de pierre au large du port pour servir de fondations à une digue. Mais les crédits s'épuisent rapidement, ne permettant l'immersion que de 18 cônes lorsque les travaux sont interrompus par la Révolution française.

Ils reprennent à la demande du Premier consul Bonaparte en 1803 (décret du 25 germinal an XI), avec pour objectif l'invasion de l'Angleterre. À l'abri des attaques anglaises cette même année, Cherbourg devient un port d'attache de corsaires. Il charge l'ingénieur Joseph Cachin du creusement, à l'ouest de la ville, de l'avant-port militaire, inauguré le 27 août 1813 par l'impératrice Marie-Louise, et décide de déplacer l'arsenal au même endroit. En 1815, la digue du large qui fait de la rade de Cherbourg la plus grande rade artificielle au monde est achevée.

Les bassins Charles X (commencé en 1814 — 290 x 220 x 18 mètres) et Napoléon III (commencé en 1836 — 420 x 200 x 18 mètres) du port militaire sont respectivement inaugurés le 25 août 1829 en présence du Dauphin, et le 7 août 1858 par le couple impérial.

Ces travaux titanesques de près d'un siècle, qui ont couté entre 3 et 4 millions de francs or par an, s'achèvent alors que la France s'engage dans la pacification de ses relations avec la Grande-Bretagne. L'ancien port de pêche et de commerce modeste devient à la fin du XIXe siècle un pôle militaire et ouvrier dans un Cotentin rural[1].

Coûts

Sur les 427 millions de francs qu'auraient coûté la fondation des cinq grands ports militaires français, Cherbourg représenterait près de la moitié de la somme, soit 200 millions, selon les estimations de M. Bazan, dont 40 employés à la guerre. En comparaison, Brest aurait coûté 75 millions, Toulon 70, Lorient 42, et Rochefort 40[2].

Selon Bazan, les dépenses pour Cherbourg se répartissent ainsi :

  • Rade et forts battant sur mer : 93 000 000 F.
  • Avant-port avec ses deux bassins : 56 000 000 F.
  • Établissements à terre (marine) : 25 000 000 F.
  • Chantier Chantereyne : 2 000 000 F.
  • Mare de Tourlaville : 2 000 000 F.
  • Fortifications de l'enceinte et établissements de la guerre (à terre) : 20 000 000 F.
  • Divers travaux : 2 000 000 F.

Le port militaire et l'arsenal en 1864

« Le port militaire, situé dans la partie N.-O. de la ville, est entouré d'une puissante ceinture de fortifications, qui se développent sur une étendue de plus de 5 kilomètres. Elles sont elles-mêmes protégées par de nombreux ouvrages avancés, et par un large fosse que la mer emplit à chaque marée. Pour gagner le Grand-Port, on suit à partir de la place d'Armes, la rue de la paix et la rue de l'Abbaye, dont l'un des côtés est occupé dans toute sa longueur par l'atelier de la corderie. À l'extrémité, se trouve la route qui mène à la porte Sud de l'enceinte fortifiée. On franchit le fossé au moyen d'un pont-levis, et on arrive en présence d'une haute muraille, qui englobe les divers édifices maritimes, les ateliers, les cales de construction et les bassins, interdisant ainsi l'accès du port à toute personne étrangère à la marine, et non munie d'un permis de circulation [5]. Mais avant de pénétrer à l'intérieur, jetons un coup d'œil sur le beau bâtiment placé à notre gauche, et enclavé dans la seconde enceinte. Il se compose d'un corps de logis principal, affecté au service de la Majorité, et de deux ailes ; l'une renferme les bureaux du commissaire général, l'autre la bibliothèque au premier étage, et le tribunal de justice maritime au rez-de-chaussée. Tout à côté s'élève une construction dont l'aspect lugubre est en rapport avec la destination : c'est en effet la maison de détention et la prison disciplinaire.
En entrant dans le port militaire, on est frappé de la sévérité que présente l'ensemble des différents établissements de la marine. Malgré l'activité des ouvriers et des matelots, tout y est froid et imposant. A droite s'étendent parallèlement deux immenses hangars. L'un sert à mettre à l'abri les matériaux destinés aux constructions navales, tandis que l'autre contient la voilerie, la poulierie, l'atelier des embarcations, la salle des gabarits et celle des modèles. A l'extrémité de ces hangars se trouve la cale Chantereine, où l'on construit de légers bateaux à vapeur, et où les canots des navires viennent chercher les vivres journaliers que leur distribuent les agents des subsistances. Le long des fortifications qui protègent l'arsenal du côté de la rade, nous rencontrons un vaste bâtiment, renfermant l'atelier des forges, des martinets et une fonderie considérable. En le suivant dans toute sa longueur, nous arrivons au musoir Sud de l'avant-port que ferme pendant la nuit une énorme chaîne tirée à fleur d'eau.
L'AVANT-PORT a été creusé dans le roc vif et n'a pas demandé moins de dix années d'un travail soutenu, avant de pouvoir être inauguré, cérémonie qui eut lieu le 27 août 1813, en présence de l'Impératrice Marie-Louise. Il a 292 mètres de longueur sur 236 de largeur, et environ 50 pieds de profondeur au-dessous des hautes mers. L'ouverture de la passe, indiquée par deux musoirs construits, de même que les quais, en granit de Fermanville, petit village situé auprès du cap Lévi, est d'environ cent mètres. Non loin du musoir Nord, que surmonte la batterie de Salut, on voit une frégate démâtée, sur laquelle flotte un pavillon. C'est un lieu de pénitence à l'usage des officiers, satiriquement nommé l'Amiral. Dans la partie sud de l'avant-port, s'élèvent quatre cales couvertes. Leur charpente, d'un travail remarquable, repose sur des piliers de granit d'environ 30 mètres de hauteur. Elles servent à garantir les vaisseaux en construction de l'alternative funeste de la pluie et du soleil, qui, en altérant la qualité des pièces de bois principales, nuisent à la solidité de l'ensemble, et surtout à la durée de la coque. Ces cales sont séparées par une belle forme de radoub.
L'ANCIEN BASSIN À FLOT, au nord de l'avant-port, avec lequel il communique par une écluse de 20 mètres, garnie de portes de flot et surmontée d'un pont tournant, a 291 mètres de longueur sur 217 de largeur.

Lancement du Ville de Nantes le 7 août 1858 dans le bassin Napoléon III

BASSIN À FLOT NAPOLÉON III. - La plus grande curiosité hydrographique de l'arsenal consiste dans l'immense bassin qu'on a inauguré, le 7 août 1858, en présence de l'Empereur. Creusé dans le roc vif, à 17 mètres de profondeur, il a été terminé, ou à peu près, en l'espace de cinq années, et se recommande par les sept formes de radoub et les sept cales qui coupent avec régularité la ligne de ses quais. Deux portes de flot le mettent en communication, l'un avec l'avant-port, l'autre avec le premier bassin. C'est du côté du bassin Napoléon III, dans toute la partie Ouest du port, que se trouvent les bureaux des ingénieurs, du commissariat, de l'inspection, et ceux des diverses directions du service maritime. Le long du plus grand de ces établissements, on voit, rangées symétriquement, ces ancres énormes dont le poids s'exprime par milliers de kilogrammes.
Si nous regagnons le musoir Sud, nous rencontrons bientôt à gauche la direction d'artillerie. À l'intérieur, on doit visiter une magnifique salle d'armes, où l'œil est ébloui par l'éclat des fusils disposés avec un ordre parfait sur leurs rateliers, et où les pistolets, poignards, sabres et haches d'abordage forment les dessins les plus corrects et les plus capricieux. Au-delà du parc d'artillerie et au nord de l'arsenal se trouve l'atelier de la mâture. C'est là qu'on assemble, en les joignant étroitement au moyen de cercles en fer, les différentes parties qui constituent les bas-mâts des navires de premier rang.

À l'angle Nord-Est de l'enceinte fortifiée, on gagne par une large chaussée le Fort du Hommet, dont les boulets, se croisant avec ceux des forts extérieurs, concourent à la défense de la passe de l'Ouest. Casematé et à l'épreuve de la bombe, ce fort, élevé en 1779 sur la roche du Hommet, ne compte pas moins de trois formidables batteries. »

Émile Tessier, Extrait du Guide du touriste en Normandie[3]

XXe siècle

Vue prise en 1926.

Au début du XXe siècle, la ville et son agglomération mutent socialement et politiquement au gré des 4 000 ouvriers venus de toute la France sont employés par l'arsenal, devenu « colonne vertébrale de la ville » (voir aussi l'article détaillé L'Arsenal de Cherbourg pendant la Première Guerre mondiale). En parallèle, la grande surface d'eau dédiée à protéger des navires de guerre qui n'existe plus accueille les paquebots de l'épopée transantantique reliant l'Europe du Nord à la côté est des États-Unis [1]. Ainsi, la rade abrite peu à peu d'autres activités que le militaire.

Le port est méticuleusement miné et détruit par les Allemands en 1944, et reconstruit par l'armée américaine pour devenir le port principal de l'offensive des alliés, point de départ de la Red ball express highway, « lacet de chaussure supportant trois millions d'hommes ».

Port d'attache

Cherbourg est l'une des trois bases navales de France métropolitaine avec Brest et Toulon, même si avec le départ de la flotte du Nord (FLONOR), la ville a perdu de son importance comme port d'attache. La flottille de la Manche (Flomanche) est dédiée à la surveillance de la Manche et de la mer du Nord.

Commandée par le capitaine de vaisseau Jean-Philippe Anckaert[4] la base navale abrite sur 120 hectares, 13 bâtiments militaires (les patrouilleurs de service public de la marine nationale Flamant, Pluvier et Cormoran, le patrouilleur de surveillance des sites Coralline, le remorqueur côtier Acharné, les remorqueurs RPC12 Fréhel et Saire, le bâtiment-base de plongeurs démineurs Vulcain, les vedettes d’intervention Acanthe et Magnolia, les patrouilleurs de gendarmerie Glaive et Géranium, et le bâtiment de soutien Élan ainsi que le remorqueur affrété par l’État Abeille Liberté, et la vedette des affaires maritimes Thémis[5],[6].

Bibliographie

  • « Cherbourg, port militaire », La Manche au passé et au présent, éd. Manche-Tourisme, 1984

Notes et références

  1. 1,0 et 1,1 André Zysberg et Bruno Cot, « L'arsenal devient l'épine dorsale de Cherbourg », L'Express, 6 octobre 2008
  2. Bazan, « Quels sont les hommes qui ont exercé le plus d'influence sur la création d'un arsenal maritime à Cherbourg et en particulier quelle part doit être attribuée à Vauban dans les projets relatifs à la fermeture de la rade », extrait des Séances du congrès scientifique de France, tenu à Cherbourg en septembre 1860. Cherbourg : Auguste Mouchel, 1860. 16 pages
  3. Guide du touriste en Normandie, 3e édition revue et augmentée, Émile Tessier, Paris ; Cournol : Lanée, 1864 — Disponible en ligne sur Normannia
  4. La tour de contrôle change de commandant - Cherbourg , Ouest-France du mercredi 1er juillet 2009.
  5. « Journée "portes ouvertes" de la base navale de Cherbourg », préfecture maritime de Cherbourg, 21 septembre 2007
  6. « Ports d'attache des bâtiments de la Marine nationale en 2008 », Netmarine.net, 2008

Voir aussi

Lien externe

49°39′10″N 1°38′2″W49.65278, -1.63389