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Pierre Le Menuet de La Jugannière

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Acte de naissance à Périers.

Pierre Le Menuet de La Jugannière, né à Périers le 10 septembre 1746 [1], mort à Caen (Calvados) le 15 août 1835, est un homme politique et judiciaire de la Manche.

Biographie

Il est le fils de Gilles Le Menuet de La Jugannière, originaire de Saint-Lô, habitant Périers, chirurgien, et de Marie Louise Laisné.

Orphelin dès son plus jeune âge, il est élevé par sa grand-mère puis, à la mort de celle-ci quand il a 9 ans, par un grand-oncle paternel, prêtre près de Saint-Lô [2].

Élève au collège de Coutances [2], il est reçu avocat, à l'issue de ses études de droit, à 22 ans. Il exerce près le bailliage de Périers [3]. Il épouse en 1764 Marie Charlotte Lefebvre, fille d'un avocat réputé au bailliage de Saint-Lô [2].

Il se fixe comme avocat à Saint-Lô en 1779 [4] et devient échevin de la cité trois ans plus tard, à l'instar d'un des ses oncles qui avait également été conseiller de Roi au début du XVIIIe siècle [2].

Il accueille la Révolution avec une certaine faveur, et accepte en tout cas en 1792 d’être nommé accusateur public près le Tribunal criminel de la Manche dont il devient le président après la chute de Robespierre, deux ans plus tard [4]/. Il y laisse le souvenir d’un procureur plutôt modéré qui, dit-on, ne craint pas d’exposer sa tête pour sauver celles des suspects les plus menacés. Il n’hésite pas à s’opposer au représentant en mission, Jean-Baptiste Lecarpentier [5]. Ainsi, quand ce dernier demande au procureur pourquoi il n'a pas réclamé l'exécution de Delalonde, un prêtre valognais en partance pour l'émigration, le magistrat répond : « Parce que la raison, l'humanité et la loi me le défendaient. — Si ce n'est que cela, répliqua le représentant, je vais faire un bout d'arrêt. — Fais, ajouta Le Menuet ; mais, prends-y garde, tes arrêts ne sont pas des lois, et je ne les exécuterai pas. — Tu as raison, dit alors Le Carpentier désarmé ; je ne puis me défendre de t'estimer et tu vaux mieux que les misérables qui t'ont dénoncé » [4].

Il retrouve Lecarpentier à Granville pendant le siège des Vendéens auxquels participent deux de ses fils. Le Menuet de la Jugannière est en effet nommé président de la commission chargée d’organiser la défense de la ville [5].

Le 25 germinal de l'an VI, il est élu par 73 voix sur 84 votants, député de la Manche au Conseil des Anciens, dont il devient secrétaire en l'an VII. Il travaille notamment au paiement des intérêts de la dette publique [6].

Durant la préparation du coup d'État du 18 brumaire An VIII, il est sollicité pour participé à l'établissement du nouveau régime, notamment par Régnier, mais refuse d'y prendre part [2]. Avec l'instauration de Consulat, il perd sa charge législative, mais sous l'impulsion de son compatriote et collègue Charles-François Lebrun devenu troisième consul, il est nommé président de la Cour d’appel de Caen nouvellement créée, le 22 germinal an VIII, et est fait baron le 6 septembre 1810. Il reçoit également la Légion d'honneur [6].

Le 12 mai 1811, dans le cadre de la réorganisation des cours et des tribunaux, il prend le titre de premier président de la cour impériale de Caen, et est maintenu au retour de la monarchie comme premier président de la cour royale [6], jusqu'en 1823, date à laquelle il démissionne. Retiré sur ses terres de Vaudrimesnil, il est à nouveau appelé à la même fonction en 1830 jusqu'à sa mort [3].

Il est le père de Pierre Israël Le Menuet de La Jugannière, député du Calvados durant les Cent jours napoléoniens et procureur à Caen[3], et de Gilles Le Menuet de La Jugannière, avocat et maire de Saint-Lô.

Notes et références

  1. Comme l'atteste son acte de naissance (voir sa reproduction), et non à Vaudrimesnil comme l'indique par erreur « Tout sur la Manche », Revue du département de la Manche, tome 29, n° 113-114-115, 1989.
  2. 2,0 2,1 2,2 2,3 et 2,4 Mémoires, Académie nationale des sciences arts et belles-lettres de Caen, 1840, p. LXXVII.
  3. 3,0 3,1 et 3,2 Éloi Théodore Lebreton, Biographie normande, volume 2, Le Brument, 1858.
  4. 4,0 4,1 et 4,2 « Le baron Pierre Le Menuet de la Jugannière », Le Pilote du Calvados, 26 août 1835, cité par l'Annuaire du département de la Manche, vol. 8, Imprimerie d'Élie fils, Saint-Lô, 1836 (lire en ligne).
  5. 5,0 et 5,1 Jean-François Hamel, sous la direction de René Gautier, Dictionnaire des personnages remarquables de la Manche, tome 2, éd. Eurocibles, 2001.
  6. 6,0 6,1 et 6,2 Dictionnaire des parlementaires.