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Pierre Étienne Quenault

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Pierre Étienne Quenault, né à Golleville le 26 mars 1754, mort le 11 février 1834, est une personnalité scientifique de la Manche, chirurgien de profession.

Biographie

Orphelin à l'âge de 12 ans, il est pris en charge par son oncle M. Vicq d'Azyr, oncle du célèbre Félix Vicq d'Azyr, chirurgien à Cherbourg. Plus tard, Pierre doit se rendre à Coutances, auprès de son tuteur, procureur et conseiller au présidial de cette ville. Sous ses auspices, il poursuit ses humanités et continue de cultiver la chirurgie.

M. Deslandes, chirurgien en chef de l'hôpital de Coutances, l'admet au nombre de ses élèves. Ce disciple par ses progrès, mérite sa bienveillance et son amitié.

Le jeune Quenault doit perfectionner ses talents sous des professeurs plus habiles. À 17 ans, il part suivre à Paris les cours de l'école de médecine et de chirurgie, école déjà célèbre dans l'Europe. Il suit les cours de J.-L. Le Petit, connu par ses traités sur les opérations chirurgicales, et notamment sur les maladies des os ; de Beaudelocque, père, spécialiste des accouchements, et du célèbre Vicq d'Azur.

Après cinq ans d'études que les distractions de la capitale n'ont pas ralenties, il revient à Coutances, et emporte au concours la place de chirurgien en chef de l'hôpital de cette ville pour succéder à M. Deslandes, son ancien maître. Il est cité par ses pairs comme un chirurgien qui allie à la théorie de son art une sûreté, une hardiesse de tact qui prouvent que le talent naturel est chez lui encore supérieur aux études.

En 1789, Quenault est autorisé à professer un cours d'accouchements. Les sages-femmes y accourent et l'élève de Baudelocque se montre digne de son maître.

À la même époque, il se montre le précurseur du célèbre Forlenze. Le premier dans le département de la Manche, il pratique avec succès l'opération délicate de la cataracte Il pratique cette opération jusque dans le Calvados.

En 1805, dans la commune du Lorey, une femme nommée Le Capelain, tombe dans une atonie générale. Plusieurs de ses facultés physiques semblent suspendues comme par enchantement ; elle n'éprouve pas le besoin d'aliments ; elle est, pour ainsi dire, dans l'état mitoyen qui sépare la vie de la mort. Cette maladie qui se prolonge depuis plusieurs années attire la curiosité des foules, l'attention des médecins, la surveillance de l'administration. M. Louis Costaz, préfet de la Manche, charge une commission de cinq médecins de lui dresser un rapport sur les causes de cette maladie. Le rapport est rédigé par Quenault et adressé aux sociétés savantes de la province. Ce travail mérite à Quenault en 1805 son admission à l'Académie royale des sciences, arts et belles-lettres de Caen en qualité d'associé correspondant. Le résultat des observations de ces témoins est que cette femme mystérieuse ne prend pas d'aliments solides, mais des liquides, soit des bouillons ou du lait.

Quenault s'efforce d'encourager, guide même dans la carrière de la chirurgie, de jeunes élèves dont il stimule les efforts, dirige les études, éclaire les théories par ses observations.

Quenault se montre gai et ferme de caractère. À la Révolution, il applaudit aux améliorations qui doivent naître du progrès des Lumières et de la constitution nouvelle qui consacre le principe de l'égalité devant la loi et l'abolition des privilèges.

Après leur chute, Quenault est incarcéré une première fois, relâché, puis menacé à nouveau d'être arrêté. Il trouve refuge chez ses parents et chez ses amis, d'abord à Périers, puis au Havre (Seine-Maritime), où M. Drogy réussit à le faire embarquer sur la corvette La Suffisante en 1793, avec le titre de chirurgien. Le navire fait partie d'un convoi de 110 voiles qui vient relâcher à Cherbourg. Là, Quenault se retrouve au sein de sa famille et loge chez sa sœur, Mme Fenard. La corvette la Suffisante, sur laquelle Quenault doit rembarquer, se rend à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine).

Après deux ans de voyages maritimes, Il peut revoir Coutances, qui sollicite son retour. Il reprend ses fonctions de chirurgien en chef à l'hôpital de Coutances. Le 25 floréal an 3, il est appelé à faire partie du conseil municipal en vertu d'un arrêté du représentant du peuple Bouret. Il continuera à en faire partie jusqu'après la révolution de 1830.

Quenault, ami de la monarchie constitutionnelle, applaudit à la révolution de juillet, favorable aux libertés publiques comme à l'affermissement de la royauté.

Quenault a été marié deux fois. Il a perdu plusieurs enfants. Le succès de ses proches et l'affection de son fils lui ont apporté consolation. Il est mort le 11 février 1834

Source

  • Julien Le Tertre, Annuaire du département de la Manche,1836, Saint-Lô.