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Mouvement social dans les travaux publics à Cherbourg (1911)

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Mouvement social dans les travaux publics à Cherbourg (1911)

Le 17 février 1911, à Cherbourg, les granitiers de l’entreprise Leborgne qui travaillent dans l’arsenal réclament une augmentation de leurs salaires de 10 centimes l’heure [1]. Une négociation s’engage. Finalement, ils obtiennent 2 centimes immédiatement et 3 centimes le 1er avril, ce qui portera leur rémunération à 70 centimes de l’heure [1].

Ce premier succès donne des idées à d’autres. Le 22 février, les ouvriers de l’entreprise Hersent qui travaillent non loin de là à la construction de la jetée du Homet passent à l’action à leur tour : ils se mettent en grève pour obtenir eux aussi une revalorisation salariale [2]. Ils se comptent plus six cents [3]. Les terrassiers et les maçons veulent 5 centimes tout de suite et tandis que les tubistes, eux, mettant en avant la difficulté de leur métier, réclament 25 centimes pour passer à 1,25 F de l’heure [2].

Le patron négocie mais reste inflexible. Le conflit s’enlise. Une organisation se met en place. Des collectes sont organisées en soutien aux grévistes. Le comité de grève crée même des « soupes communistes » à l’hôtel de ville pour les plus nécessiteux : les hommes mariés viennent chercher leur maigre pitance et l’emportent chez eux et les célibataires mangent sur place dans une salle mise à leur disposition par la mairie [4]. Deux cents repas sont servis chaque jour [4].

Les négociations se poursuivent. Des délégués syndicaux montent à Paris. En vain.

La grève s’achève enfin le 15 mars, au bout de trois semaines, dans une grande confusion. Dès le lendemain, l’agitation reprend : les maçons réclament 5 centimes d’augmentation et désertent le chantier. La réplique du Syndicat patronal du bâtiment surprend tout le monde : le 19 mars, il fait placarder dans toute l’agglomération des avis annonçant la fermeture le lendemain de toutes les entreprises adhérentes [5]. Deux mille ouvriers se trouvent ainsi mis à pied [5][6]. Le jour dit, craignant des troubles, le sous-préfet Nectoux prend ses mesures spectaculaires [3]. Il fait garder les portes des entreprises par des sections du 25e Régiment d'infanterie [7]. Des gendarmes arrivent à Cherbourg en renfort, dont un peloton de cavaliers [7]. « On se serait cru en état de siège », s’indigne le quotidien Cherbourg-Éclair [8]

La tension retombe au bout de 48 heures. L’entreprise Hersent accorde quelques augmentations. Les revendications ne sont pas toutes satisfaites, mais les gains ne sont pas non plus négligeables et les grévistes sont à bout. Le 21 mars, une réunion est organisée en fin d’après-midi à la salle de l’Alma pour décider de la suite à donner [8]. Le leader syndical Alexandre Burnouf plaide pour la fin de la grève. La reprise du travail pour le lendemain à 13 h pour est votée à l’unanimité moins deux voix [8].

Notes et références

  1. 1,0 et 1,1 Cherbourg-Éclair, 20 février 1911.
  2. 2,0 et 2,1 « La grève aux Grands travaux », Cherbourg-Éclair, 22 février 1911.
  3. 3,0 et 3,1 « Cherbourg : un lock-out dans le bâtiment », L’Ouest-Éclair, 22 mars 1911.
  4. 4,0 et 4,1 « La grève aux Grands travaux », Cherbourg-Éclair, 2 mars 1911.
  5. 5,0 et 5,1 « Une grève patronale », Cherbourg-Éclair, 18 mars 1911.
  6. Environ 1 500, selon L’Ouest-Éclair, 22 mars 1911.
  7. 7,0 et 7,1 « La grève patronale », Cherbourg-Éclair, 20 mars 1911.
  8. 8,0 8,1 et 8,2 « La fin d’un conflit », Cherbourg-Éclair, 22 mars 1911.