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« Moulin de Saint-Gilles » : différence entre les versions

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[[Fichier:2018 09 Moulin de St-Gilles 1.jpg|vignette|Façade Ouest,arrivée par le sud]]
[[Fichier:2018 08 Moulin de St-Gilles Plaque Lefèvre 1815.jpg|vignette|Inscription « fait faire » en 1815 par Guillaume Lefèvre, maître meunier.]]


Le '''moulin de Saint-Gilles''' est un ancien moulin de la [[Manche]], situé sur la rivière la [[Joigne]] dans la commune de [[Saint-Gilles]].


"Le '''moulin de Saint-Gilles''', sur le territoire du bourg de ce nom (mais à son extrême limite), aujourd'hui propriété du comte de Kergorlay, comme celui de [[Canisy]], après avoir été vraisemblablement dans les anciens temps une dépendance directe du monastère de [[Saint-Gilles]], a perdu tout son matériel tournant : roues et meules, qui ne servirent jamais qu'à moudre le blé, l'orge et la renouée sarrasin (cette dernière encore appelée : bouquette, bucaille, millet noir ou cornu, etc...).
Aujourd'hui, sur sa façade ouest, une inscription « fait faire » en [[1815]] par Guillaume Lefèvre, maître meunier de ce moulin, est encore existante (voir photo).
 
== Histoire ==
;Citations
« Il est sur le territoire du bourg de Saint-Gilles (mais à son extrême limite), aujourd'hui propriété du [[Kergorlay|comte de Kergorlay]], comme celui de [[Canisy]], après avoir été vraisemblablement dans les anciens temps une dépendance directe du monastère de [[Saint-Gilles]], a perdu tout son matériel tournant : roues et meules, qui ne servirent jamais qu'à moudre le blé, l'orge et la renouée sarrasin (cette dernière encore appelée : bouquette, bucaille, millet noir ou cornu, etc...).


Jusqu'à sa fermeture, il ne subit aucune transformation, sinon de détail, alors que tant d'autres dans la région, furent employés à faire de l'huile ou du tan.
Jusqu'à sa fermeture, il ne subit aucune transformation, sinon de détail, alors que tant d'autres dans la région, furent employés à faire de l'huile ou du tan.
La cause inévitable de sa disparition, ou pour parler plus exactement les causes, sont celles qui amenèrent la suppression de tous ceux que nous avons déjà signalés : diminution de la population du fait de la dénatalité, désertion des campagnes, amenée par l'exode vers les villes si justement qualifiées tentaculaires, abandon continu et progressif de la culture des céréales, concurrence irrésistible exercée par les grandes minoteries, etc... "<ref name=LMJ>Fernand Vatin, ''Les Moulins de la Joigne'', libr. Lemasson, Saint-Lô, 1941.</ref>.


La cause inévitable de sa disparition, ou pour parler plus exactement les causes, sont celles qui amenèrent la suppression de tous ceux que nous avons déjà signalés : diminution de la population du fait de la dénatalité, désertion des campagnes, amenée par l'exode vers les villes si justement qualifiées tentaculaires, abandon continu et progressif de la culture des céréales, concurrence irrésistible exercée par les grandes minoteries, etc..."<ref name=LMJ>Les moulins de la [[Joigne]] par Fernand Vatin, Docteur en droit,[[1941]]</ref>
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2018 09 Moulin de St-Gilles 1.jpg|Façade Ouest, arrivée par le sud.
 
2018 09 Moulin de St-Gilles 2.jpg|Face est.
 
2018 09 Moulin de St-Gilles 3.jpg|Pignon sud.
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[[Fichier:2018 09 Moulin de St-Gilles 3.jpg|220px|Pignon Sud]]
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"Le 29 septembre [[1709]], après leur mariage célébré solennellement dans la chapelle du château de [[Canisy]], faisant office alors d'église paroissiale, et après le pantagruélique festin qui suivit sous les ombrages du parc, au milieu d'une nombreuse et joyeuse assistance, le haut et puissant seigneur messire Antoine Jacques Pierre de Faudoas, chevalier et la gente demoiselle Marie Hervée de Carbonnel, firent un instant faux bond, manquèrent une heure à leurs invités pour se rendre à pied avec quelques intimes jusqu'au moulin de [[Saint-Gilles]]. La famille du meunier, tout émue de surprise et de joie comme bien on pense, en reçut de riches présents et de belles promesses, qui furent tenues dans la suite, celle notamment d'être les parrain et marraine du premier enfant qui naîtrait dans la maison."<ref name=LMJ></ref><br>
 
"... vers le milieu du 18e siècle, un beau vieillard à âme d'artiste dont la mort ne s'empara qu'à quatre-vingt-dix ans, nommé Gilles de Soûles, autrefois « maître de dance » à [[Saint-Lô]], aimait à prendre pour terme de sa .promenade quotidienne le moulin de [[Saint-Gilles]], par le chemin passant au moulin de [[Canisy]], avec retour par la carrière de l'autre rive. Il succomba un jour de printemps de [[1743]], au temps béni des pommiers en fleurs, après avoir demandé que son lit fut tiré auprès d'une fenêtre de sa chambre, afin de pouvoir admirer à son aise et jusqu'à son dernier souffle, le tableau ravissant, féérique des vergers fleuris de neige et de rose tendre."<ref name=LMJ></ref><br>


"Lorsque s'éteignit, plein de jours, à [[Canisy ]]le 13 avril [[1743]], le bon Gilles de Soûles, le grand ami des fleurs de pommiers, cet ancien maître de danse à [[Saint-Lô]], qui descendait de l'une des plus anciennes familles nobles du [[Cotentin]], le meunier de [[Saint-Gilles]] fut de ceux qui, les paupières humides, accompagnèrent la dépouille du vieil homme au champ de repos. Les fleurs étaient rares encore en ce début de printemps, et son jardin si bien approvisionné aux beaux jours, n'en montrait point. Mais les chers pommiers de ses clos étaient admirables de splendeur. Il y avait une promesse d'or ou d'argent dans leurs calices tendus vers les rayons du soleil. Cependant le brave homme de meunier en fit avec son fils un véritable massacre afin d'en porter une pleine brouettée  de fleurs sur la tombe du défunt."<ref name=LMJ></ref><br>
« Le 29 septembre [[1709]], après leur mariage célébré solennellement dans la chapelle du [[château de Canisy]], faisant office alors d'église paroissiale, et après le pantagruélique festin qui suivit sous les ombrages du parc, au milieu d'une nombreuse et joyeuse assistance, le haut et puissant seigneur messire Antoine Jacques Pierre de Faudoas, chevalier et la gente demoiselle Marie Hervée de Carbonnel, firent un instant faux bond, manquèrent une heure à leurs invités pour se rendre à pied avec quelques intimes jusqu'au moulin de [[Saint-Gilles]]. La famille du meunier, tout émue de surprise et de joie comme bien on pense, en reçut de riches présents et de belles promesses, qui furent tenues dans la suite, celle notamment d'être les parrain et marraine du premier enfant qui naîtrait dans la maison. »<ref name=LMJ/>.


Aujourd'hui, sur la façade Ouest du moulin, une plaque " faite faire" en 1815 par Guillaume Lefevre, maître meunier de ce moulin, est encore existante. (voir photo)
« ... vers le milieu du 18{{e}} siècle, un beau vieillard à âme d'artiste dont la mort ne s'empara qu'à quatre-vingt-dix ans, nommé Gilles de Soûles, autrefois « maître de dance » à [[Saint-Lô]], aimait à prendre pour terme de sa .promenade quotidienne le moulin de [[Saint-Gilles]], par le chemin passant au moulin de [[Canisy]], avec retour par la carrière de l'autre rive. Il succomba un jour de printemps de [[1743]], au temps béni des pommiers en fleurs, après avoir demandé que son lit fut tiré auprès d'une fenêtre de sa chambre, afin de pouvoir admirer à son aise et jusqu'à son dernier souffle, le tableau ravissant, féérique des vergers fleuris de neige et de rose tendre. »<ref name=LMJ/>.
[[Fichier:2018 08 Moulin de St-Gilles Plaque Lefèvre 1815.jpg|vignette|Plaque "faite faire" en 1815 par Guillaume Lefèvre, Maître meunier]]


« Lorsque s'éteignit, plein de jours, à [[Canisy ]]le 13 avril [[1743]], le bon Gilles de Soûles, le grand ami des fleurs de pommiers, cet ancien maître de danse à [[Saint-Lô]], qui descendait de l'une des plus anciennes familles nobles du [[Cotentin]], le meunier de [[Saint-Gilles]] fut de ceux qui, les paupières humides, accompagnèrent la dépouille du vieil homme au champ de repos. Les fleurs étaient rares encore en ce début de printemps, et son jardin si bien approvisionné aux beaux jours, n'en montrait point. Mais les chers pommiers de ses clos étaient admirables de splendeur. Il y avait une promesse d'or ou d'argent dans leurs calices tendus vers les rayons du soleil. Cependant le brave homme de meunier en fit avec son fils un véritable massacre afin d'en porter une pleine brouettée  de fleurs sur la tombe du défunt. »<ref name=LMJ/>.


{{Notes et références}}


==Notes et Références==
==Liens internes==
<references>
* [[:Catégorie:Moulin de Saint-Gilles (image)|Galerie d'images]]
* [[Liste des moulins de la Joigne]]
* [[Moulins dans la Manche]]


[[Catégorie:Moulin de la Manche|Saint-Gilles ]]
[[Catégorie:Moulin de la Manche|Saint-Gilles]]
[[Catégorie:Saint-Gilles]]

Dernière version du 18 mars 2024 à 19:41

Inscription « fait faire » en 1815 par Guillaume Lefèvre, maître meunier.

Le moulin de Saint-Gilles est un ancien moulin de la Manche, situé sur la rivière la Joigne dans la commune de Saint-Gilles.

Aujourd'hui, sur sa façade ouest, une inscription « fait faire » en 1815 par Guillaume Lefèvre, maître meunier de ce moulin, est encore existante (voir photo).

Histoire

Citations

« Il est sur le territoire du bourg de Saint-Gilles (mais à son extrême limite), aujourd'hui propriété du comte de Kergorlay, comme celui de Canisy, après avoir été vraisemblablement dans les anciens temps une dépendance directe du monastère de Saint-Gilles, a perdu tout son matériel tournant : roues et meules, qui ne servirent jamais qu'à moudre le blé, l'orge et la renouée sarrasin (cette dernière encore appelée : bouquette, bucaille, millet noir ou cornu, etc...).

Jusqu'à sa fermeture, il ne subit aucune transformation, sinon de détail, alors que tant d'autres dans la région, furent employés à faire de l'huile ou du tan. La cause inévitable de sa disparition, ou pour parler plus exactement les causes, sont celles qui amenèrent la suppression de tous ceux que nous avons déjà signalés : diminution de la population du fait de la dénatalité, désertion des campagnes, amenée par l'exode vers les villes si justement qualifiées tentaculaires, abandon continu et progressif de la culture des céréales, concurrence irrésistible exercée par les grandes minoteries, etc... "[1].

« Le 29 septembre 1709, après leur mariage célébré solennellement dans la chapelle du château de Canisy, faisant office alors d'église paroissiale, et après le pantagruélique festin qui suivit sous les ombrages du parc, au milieu d'une nombreuse et joyeuse assistance, le haut et puissant seigneur messire Antoine Jacques Pierre de Faudoas, chevalier et la gente demoiselle Marie Hervée de Carbonnel, firent un instant faux bond, manquèrent une heure à leurs invités pour se rendre à pied avec quelques intimes jusqu'au moulin de Saint-Gilles. La famille du meunier, tout émue de surprise et de joie comme bien on pense, en reçut de riches présents et de belles promesses, qui furent tenues dans la suite, celle notamment d'être les parrain et marraine du premier enfant qui naîtrait dans la maison. »[1].

« ... vers le milieu du 18e siècle, un beau vieillard à âme d'artiste dont la mort ne s'empara qu'à quatre-vingt-dix ans, nommé Gilles de Soûles, autrefois « maître de dance » à Saint-Lô, aimait à prendre pour terme de sa .promenade quotidienne le moulin de Saint-Gilles, par le chemin passant au moulin de Canisy, avec retour par la carrière de l'autre rive. Il succomba un jour de printemps de 1743, au temps béni des pommiers en fleurs, après avoir demandé que son lit fut tiré auprès d'une fenêtre de sa chambre, afin de pouvoir admirer à son aise et jusqu'à son dernier souffle, le tableau ravissant, féérique des vergers fleuris de neige et de rose tendre. »[1].

« Lorsque s'éteignit, plein de jours, à Canisy le 13 avril 1743, le bon Gilles de Soûles, le grand ami des fleurs de pommiers, cet ancien maître de danse à Saint-Lô, qui descendait de l'une des plus anciennes familles nobles du Cotentin, le meunier de Saint-Gilles fut de ceux qui, les paupières humides, accompagnèrent la dépouille du vieil homme au champ de repos. Les fleurs étaient rares encore en ce début de printemps, et son jardin si bien approvisionné aux beaux jours, n'en montrait point. Mais les chers pommiers de ses clos étaient admirables de splendeur. Il y avait une promesse d'or ou d'argent dans leurs calices tendus vers les rayons du soleil. Cependant le brave homme de meunier en fit avec son fils un véritable massacre afin d'en porter une pleine brouettée de fleurs sur la tombe du défunt. »[1].

Notes et références

  1. 1,0 1,1 1,2 et 1,3 Fernand Vatin, Les Moulins de la Joigne, libr. Lemasson, Saint-Lô, 1941.

Liens internes