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Le '''monstre de Querqueville''' est la dénomination commune donnée à un animal marin découvert à [[Querqueville]] en [[1934]].
Le '''monstre de Querqueville''' est la dénomination commune donnée à un animal marin découvert à [[Querqueville]] en [[1934]].


Les études menées à Paris, par le Muséum national d'histoire naturelle, démontrèrent quelques semaines plus tard qu'il agissait d'un requin pèlerin en état de décomposition.
Les études menées à Paris, par le Muséum national d'histoire naturelle, démontrèrent quelques semaines plus tard qu'il s'agissait d'un requin pèlerin en état de décomposition.


==L'histoire==
==L'histoire==
Dans la nuit du [[26 février]] au [[27 février]]1934 <ref>Le [[28 février]], selon Bernard Heuvelmans, ''Le Grand serpent de mer'',  éd. Plon, 1965. </ref>, un animal marin est découvert sur la plage de Querqueville, près du camp d'aviation. Long d'environ 8 mètres, il est en état de décomposition avancé et sa forme étrange pose bien des interrogations. Très vite, en tout cas, il suscite une grande curiosité. On vient à pied, à bicyclette ou en voiture voir « la bête ». Les imaginations s'enflamment.
Dans la nuit du [[26 février]] au [[27 février]] 1934 <ref>Le [[28 février]], selon Bernard Heuvelmans, ''Le Grand serpent de mer'',  éd. Plon, 1965. </ref>, un animal marin est découvert sur la plage de Querqueville, près du camp d'aviation. Long d'environ 8 mètres, il est en état de décomposition avancé et sa forme étrange pose bien des interrogations. Très vite, en tout cas, il suscite une grande curiosité. On vient à pied, à bicyclette ou en voiture voir « la bête ». Les imaginations s'enflamment.


Le quotidien local ''[[Cherbourg-Éclair]]'' relate la découverte dans son édition du [[1er mars|1{{er}} mars]]. Il y revient le [[3 mars]]. Il écrit: « Ce qui nous paraissait exceptionnel et caractéristique, c'était la forme allongée de ce qui semblait être le cou du monstre. Large de 1,20 mètre, peut-être davantage en son plus grand diamètre, il n'avait guère plus de 40 centimètres à la hauteur du cou. Et puis, il y avait des ailerons ornés de longs poils comparables à du crin blanc très épais. Il y avait surtout la nageoire dorsale puissante et elle aussi munie d'une touffe de poils. À quelque cinquante mètres de là, énorme masse rougeâtre, gisaient les entrailles de l'animal, ses poumons, ses rognons, son péritoine. » <ref name=ChE1>« Le monstre marin de Querqueville : ce cétacé mammifère serait un hôte gigantesque des mers du Nord, connu des chasseurs de baleines », ''Cherbourg Éclair'', 2 mars 1934. </ref>. Un journaliste revient voir la bête le lendemain. La mer a déplacé la carcasse et l'a retournée sur elle-même <ref name=ChE1/>. Ce n'est plus alors qu'une masse gélatineuse, nauséabonde et  informe <ref name=ChE1/>. Le journal affirme que la bête est sans doute morte « depuis de longues semaines » <ref name=ChE1/>. Les marins du remorqueur 117 de la direction des mouvements du port de Cherbourg l'ont même vue « il y a six semaines » au large de fort de l'État <ref name=ChE1/>. Saisi et venu sur place, le savant local Corbière ne peut identifier l'animal avec certitude, faute d'éléments probants. Il indique toutefois que l'animal « n'est sûrement pas d'un poisson mais un cétacé, c'est-à-dire un mammifère aquatique », sans doute « un hyperoodon, genre qui habite la mer du Nord et le nord de l'Océan Atlantique, et atteint 7 à 8 mètres de long » <ref name=ChE1/>.
[[Fichier:Illustre-1934-monstreQ2.jpg|thumb|right|250px|La foule intriguée.]]


L'affaire ne tarde pas à intéresser la presse nationale. Les actualités Pathé viennent tourner un petit film de 1 min. et 37 sec. qui montre des marins sortant la carcasse de l'eau <ref>Actualités Pathé, 1934 [http://www.gaumontpathearchives.com/indexPopup.php?urlaction=doc&id_doc=9798&rang=5 ''(lire en ligne)'']. </ref>. Le « monstre de Querqueville » est né. Pour les uns, c'est un serpent de mer ; pour d'autres un animal inconnu jusqu'ici sorti d'on ne sait quelle fosse profonde. La tête de l'animal rappelle ici celle d'un chameau, là celle d'un cheval...  
Le quotidien local ''[[Cherbourg-Éclair]]'' relate la découverte dans son édition du [[1er mars|1{{er}} mars]]. Il y revient le [[3 mars]]. Il écrit: « Ce qui nous paraissait exceptionnel et caractéristique, c'était la forme allongée de ce qui semblait être le cou du monstre. Large de 1,20 mètre, peut-être davantage en son plus grand diamètre, il n'avait guère plus de 40 centimètres à la hauteur du cou. Et puis, il y avait des ailerons ornés de longs poils comparables à du crin blanc très épais. Il y avait surtout la nageoire dorsale puissante et elle aussi munie d'une touffe de poils. À quelque cinquante mètres de là, énorme masse rougeâtre, gisaient les entrailles de l'animal, ses poumons, ses rognons, son péritoine. » <ref name=ChE1>« Le monstre marin de Querqueville : ce cétacé mammifère serait un hôte gigantesque des mers du Nord, connu des chasseurs de baleines », ''Cherbourg Éclair'', 2 mars 1934. </ref>. Un journaliste revient voir la bête le lendemain. La mer a déplacé la carcasse et l'a retournée sur elle-même <ref name=ChE1/>. Ce n'est plus alors qu'une masse gélatineuse, nauséabonde et  informe <ref name=ChE1/>. Le journal affirme que la bête est sans doute morte « depuis de longues semaines » <ref name=ChE1/>. Les marins du remorqueur 117 de la direction des mouvements du port de Cherbourg l'ont même vue « il y a six semaines » au large de fort de l'État <ref name=ChE1/>. Saisi et venu sur place, le savant local Corbière ne peut identifier l'animal avec certitude, faute d'éléments probants. Il indique toutefois que l'animal « n'est sûrement pas d'un poisson mais un cétacé, c'est-à-dire un mammifère aquatique », sans doute « un hyperoodon, genre qui habite la mer du Nord et le nord de l'Océan Atlantique, et atteint 7 à 8 mètres de long » <ref name=ChE1/><ref>« Visite au monstre marin échoué sur la plage de Querqueville », ''Le Journal'', 2 mars 1934. </ref>.


L'affaire prenant de l'ampleur, le Pr Georges Petit, sous-directeur du laboratoire des pêches coloniales au Muséum de Paris, est chargé de percer le mystère. Il arrive sur place le [[3 mars]]. Il déclare : « Je reconnus aussitôt qu'il sagissait, non point d'un mammifère marin, comme on l'avait supposé, mais bien d'un poisson plagiostrome de l'ordre des sélaciens » [...] « À une cinquantaine de mètres du cadavre, il me fut possible d'examiner des fragments d'instestins qui conservaient encore la valvule spirale caractéristique des sélaciens, et une glande rougeâtre, lobulée, qui fût appelée tour à tour ovaire et pancréas, mais qui se trouve être, en réalité, la rate. Et je prélevai pour les emporter au muséum, quelques pièces à conviction, dont le crâne et la partie antérieure de la colonne vertébrale. À l'issue de mes observations sur l'épave, j'eus l'impression que le "monstre" de Querqueville devait être un squale-pélerin (Cetorhinus maximus Gunn.) » <ref name=GP>Georges Petit, « À propos du sélacien de Querqueville », ''La Terre et la vie'', 1934  [http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/61104/LATERREETLAVIE_1934_5_277.pdf?sequence=1 ''(lire en ligne)]''. </ref>.
L'affaire ne tarde pas à intéresser la presse nationale. Les actualités Pathé viennent tourner un petit film de 1 min et 37 sec qui montre des marins sortant la carcasse de l'eau <ref>Actualités Pathé, 1934 [http://www.gaumontpathearchives.com/indexPopup.php?urlaction=doc&id_doc=9798&rang=5 ''(lire en ligne)'']. </ref>. Le « monstre de Querqueville » est né. Pour les uns, c'est un serpent de mer ; pour d'autres un animal inconnu jusqu'ici sorti d'on ne sait quelle fosse profonde. La tête de l'animal rappelle ici celle d'un chameau, là celle d'un cheval...
 
L'affaire prenant de l'ampleur, le Pr Georges Petit, sous-directeur du laboratoire des pêches coloniales au Muséum de Paris, est chargé de percer le mystère. Il arrive sur place le [[3 mars]]. Il déclare : « Je reconnus aussitôt qu'il s'agissait, non point d'un mammifère marin, comme on l'avait supposé, mais bien d'un poisson plagiostome de l'ordre des sélaciens » [...] « À une cinquantaine de mètres du cadavre, il me fut possible d'examiner des fragments d’intestins qui conservaient encore la valvule spirale caractéristique des sélaciens, et une glande rougeâtre, lobulée, qui fut appelée tour à tour ovaire et pancréas, mais qui se trouve être, en réalité, la rate. Et je prélevai pour les emporter au muséum, quelques pièces à conviction, dont le crâne et la partie antérieure de la colonne vertébrale. À l'issue de mes observations sur l'épave, j'eus l'impression que le "monstre" de Querqueville devait être un squale-pèlerin (Cetorhinus maximus Gunn.) » <ref name=GP>Georges Petit, « À propos du sélacien de Querqueville », ''La Terre et la vie'', 1934  [http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/61104/LATERREETLAVIE_1934_5_277.pdf?sequence=1 ''(lire en ligne)]''. </ref>.


Il regagne Paris le [[4 mars]] pour soumettre à un examen spécial au muséum le crâne et les premières vertèbres de l'animal, ainsi que ses viscères <ref>« Le monstre de Querqueville », ''L'Est républicain'', 4 mars 1934. </ref>. Les études ultérieures confirmeront qu'il s'agit tout simplement d'un requin pèlerin <ref name=GP/>.
Il regagne Paris le [[4 mars]] pour soumettre à un examen spécial au muséum le crâne et les premières vertèbres de l'animal, ainsi que ses viscères <ref>« Le monstre de Querqueville », ''L'Est républicain'', 4 mars 1934. </ref>. Les études ultérieures confirmeront qu'il s'agit tout simplement d'un requin pèlerin <ref name=GP/>.
==Postérité==
[[Fichier:Herge-monstreQuerqueville.jpg|thumb|right|260px|Hergé connaissait le « monstre de Querqueville ».]]
Régulièrement, le « monstre de Querqueville » revient dans l'actualité, souvent de façon erronée puisqu'il est présenté comme un animal resté mystérieux.
Le célèbre dessinateur belge Hergé le cite dans une de ses bandes dessinées Quick et Flupke publiée en [[1935]] <ref>« Les exploits de Quick et Flupke », « Interview », ''Archives Hergé'', vol. 2, éd. Casterman, 1978. </ref>.


==Bibliographie==
==Bibliographie==
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* Bernard Heuvelmans, ''Le Grand serpent de mer'',  éd. Plon, 1965, réédité en 1975
* Bernard Heuvelmans, ''Le Grand serpent de mer'',  éd. Plon, 1965, réédité en 1975


==Notes et références==
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<references />
 
==Lien interne==
* [[:Catégorie:Monstre de Querqueville (1934) (image)|Galerie d'images]]


[[Catégorie:Querqueville]]
[[Catégorie:Querqueville]]
[[Catégorie:Février]]
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[[Catégorie:Février|1934-02-26]]

Version du 15 mai 2020 à 10:43

Le « monstre marin ».

Le monstre de Querqueville est la dénomination commune donnée à un animal marin découvert à Querqueville en 1934.

Les études menées à Paris, par le Muséum national d'histoire naturelle, démontrèrent quelques semaines plus tard qu'il s'agissait d'un requin pèlerin en état de décomposition.

L'histoire

Dans la nuit du 26 février au 27 février 1934 [1], un animal marin est découvert sur la plage de Querqueville, près du camp d'aviation. Long d'environ 8 mètres, il est en état de décomposition avancé et sa forme étrange pose bien des interrogations. Très vite, en tout cas, il suscite une grande curiosité. On vient à pied, à bicyclette ou en voiture voir « la bête ». Les imaginations s'enflamment.

La foule intriguée.

Le quotidien local Cherbourg-Éclair relate la découverte dans son édition du 1er mars. Il y revient le 3 mars. Il écrit: « Ce qui nous paraissait exceptionnel et caractéristique, c'était la forme allongée de ce qui semblait être le cou du monstre. Large de 1,20 mètre, peut-être davantage en son plus grand diamètre, il n'avait guère plus de 40 centimètres à la hauteur du cou. Et puis, il y avait des ailerons ornés de longs poils comparables à du crin blanc très épais. Il y avait surtout la nageoire dorsale puissante et elle aussi munie d'une touffe de poils. À quelque cinquante mètres de là, énorme masse rougeâtre, gisaient les entrailles de l'animal, ses poumons, ses rognons, son péritoine. » [2]. Un journaliste revient voir la bête le lendemain. La mer a déplacé la carcasse et l'a retournée sur elle-même [2]. Ce n'est plus alors qu'une masse gélatineuse, nauséabonde et informe [2]. Le journal affirme que la bête est sans doute morte « depuis de longues semaines » [2]. Les marins du remorqueur 117 de la direction des mouvements du port de Cherbourg l'ont même vue « il y a six semaines » au large de fort de l'État [2]. Saisi et venu sur place, le savant local Corbière ne peut identifier l'animal avec certitude, faute d'éléments probants. Il indique toutefois que l'animal « n'est sûrement pas d'un poisson mais un cétacé, c'est-à-dire un mammifère aquatique », sans doute « un hyperoodon, genre qui habite la mer du Nord et le nord de l'Océan Atlantique, et atteint 7 à 8 mètres de long » [2][3].

L'affaire ne tarde pas à intéresser la presse nationale. Les actualités Pathé viennent tourner un petit film de 1 min et 37 sec qui montre des marins sortant la carcasse de l'eau [4]. Le « monstre de Querqueville » est né. Pour les uns, c'est un serpent de mer ; pour d'autres un animal inconnu jusqu'ici sorti d'on ne sait quelle fosse profonde. La tête de l'animal rappelle ici celle d'un chameau, là celle d'un cheval...

L'affaire prenant de l'ampleur, le Pr Georges Petit, sous-directeur du laboratoire des pêches coloniales au Muséum de Paris, est chargé de percer le mystère. Il arrive sur place le 3 mars. Il déclare : « Je reconnus aussitôt qu'il s'agissait, non point d'un mammifère marin, comme on l'avait supposé, mais bien d'un poisson plagiostome de l'ordre des sélaciens » [...] « À une cinquantaine de mètres du cadavre, il me fut possible d'examiner des fragments d’intestins qui conservaient encore la valvule spirale caractéristique des sélaciens, et une glande rougeâtre, lobulée, qui fut appelée tour à tour ovaire et pancréas, mais qui se trouve être, en réalité, la rate. Et je prélevai pour les emporter au muséum, quelques pièces à conviction, dont le crâne et la partie antérieure de la colonne vertébrale. À l'issue de mes observations sur l'épave, j'eus l'impression que le "monstre" de Querqueville devait être un squale-pèlerin (Cetorhinus maximus Gunn.) » [5].

Il regagne Paris le 4 mars pour soumettre à un examen spécial au muséum le crâne et les premières vertèbres de l'animal, ainsi que ses viscères [6]. Les études ultérieures confirmeront qu'il s'agit tout simplement d'un requin pèlerin [5].

Postérité

Hergé connaissait le « monstre de Querqueville ».

Régulièrement, le « monstre de Querqueville » revient dans l'actualité, souvent de façon erronée puisqu'il est présenté comme un animal resté mystérieux.

Le célèbre dessinateur belge Hergé le cite dans une de ses bandes dessinées Quick et Flupke publiée en 1935 [7].

Bibliographie

  • « M. Petit procède à un examen de l'étrange animal », Excelsior, 4 mars 1934
  • « Le vrai visage du “monstre” de Querqueville par G. Petit », L'Illustration, n° 4751, 24 mars 1934
  • « Le monstre de Querqueville », Science et monde, n° 150, 29 mars 1934
  • Bernard Heuvelmans, Le Grand serpent de mer, éd. Plon, 1965, réédité en 1975

Notes et références

  1. Le 28 février, selon Bernard Heuvelmans, Le Grand serpent de mer, éd. Plon, 1965.
  2. 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4 et 2,5 « Le monstre marin de Querqueville : ce cétacé mammifère serait un hôte gigantesque des mers du Nord, connu des chasseurs de baleines », Cherbourg Éclair, 2 mars 1934.
  3. « Visite au monstre marin échoué sur la plage de Querqueville », Le Journal, 2 mars 1934.
  4. Actualités Pathé, 1934 (lire en ligne).
  5. 5,0 et 5,1 Georges Petit, « À propos du sélacien de Querqueville », La Terre et la vie, 1934 (lire en ligne).
  6. « Le monstre de Querqueville », L'Est républicain, 4 mars 1934.
  7. « Les exploits de Quick et Flupke », « Interview », Archives Hergé, vol. 2, éd. Casterman, 1978.

Lien interne