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La construction de la [[centrale nucléaire de Flamanville]] a été réalisée à l'emplacement même où se trouvaient les puits d'accès aux galeries, les bureaux et la zone de stockage de la mine.
La construction de la [[centrale nucléaire de Flamanville]] a été réalisée à l'emplacement même où se trouvaient les puits d'accès aux galeries, les bureaux et la zone de stockage de la mine.


Les mineurs, venus en grande partie d'Italie, de Pologne, d'Espagne, ou des pays de l'Est<ref name=presse/>, habitaient pour la plupart dans le bourg de Flamanville, dans une cité ouvrière construite spécialement pour eux, la cité Sainte-Barbe, dite aussi la « cité des corons », qui appartient à la société d'exploitation <ref name=Tourisme/>.
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La plateforme de chargement, le « wharf », visible au large reste le dernier vestige de cette mine<ref name=presse/>.  
La plateforme de chargement, le « wharf », visible au large reste le dernier vestige de cette mine<ref name=presse/>.  

Version du 6 janvier 2018 à 22:29

La mine de Diélette à La Cabotière.

La mine de Diélette était une mine sous-marine d'extraction du fer de la Manche, située au lieu-dit Diélette à Flamanville.

Les limites de la concession formaient un rectangle délimité par le port de Diélette, les rochers de Corbes et deux points en face situés à un kilomètre en mer [1]. Sa superficie atteignait 345 hectares [1].

Histoire

Chargement d'un vapeur au large.

La mine de Diélette a connu une vie tumultueuse. Les habitants prennent conscience qu'il existe un gisement de minerai de fer dans la première moitié du 19e siècle lorsqu'ils que des entrepreneurs viennent prendre des rochers sur la plage de Diélette [2]. Le 30 juin 1859, un arrêté du préfet de la Manche vient y mettre de l'ordre. Il stipule que « l'autorisation d'exploiter pourra être accordée uniquement à condition que des travaux soient exécutés sur proposition du service des Mines » [2]. La concession est accordée en 1860 à un certain Bérard, ingénieur de formation, qui ouvre un premier puits le 7 juillet 1860 [2]. Mais la tâche se révèle plus difficile que prévu. En octobre 1862, Bérard renonce [2].

Une nouvelle concession d'exploitation est accordée en 1865 [3]. Bérard est de retour en avril 1877 avec sa Société des mines de Diélette [2]. La mine est rachetée en 1907 par le géant industriel allemand Thyssen, implanté jusqu'ici dans la Ruhr [2]. Alors que la guerre de 1870 est encore dans tous les souvenirs et qu'approche la Première Guerre mondiale, cet achat est mal perçu par la population. Thyssen fait néanmoins construire un transbordeur aérien de 642 m de long, aboutissant à une station de chargement en mer pour les cargos, qui est mis en service le 25 juillet 1914 [2]. Déjà, la mine emploie 400 ouvriers [2].

La déclaration de guerre met fin à l'aventure de Thyssen à Flamanville : ses biens sont mis sous séquestre en octobre, les puits sont noyés en décembre [4]. En 1916 pourtant, un groupe de capitalistes français se fait fort de relancer l'activité [4]. Il propose de créer une ligne ferrée jusqu'à la gare de Couville pour acheminer le minerai [4]. Henri Bérenger, membre de la commission sénatoriale de l'Armée, et Claveille, directeur des chemins de fer de l'État, sont sur place, le 13 novembre et se déclarent séduits [4]. Un comité de soutien est aussitôt créé. Mais l'entreprise échoue.

La mine est proposée à la vente en 1923, au prix de 3 millions de francs. Le célèbre aviateur François Coli (1881-1927) finit par acquérir la mine et les 345 hectares attenants pour 6,1 millions de francs en juin 1924 [5]. Un an plus tard, l'argent n'est toujours pas versé. Le Conseil général de la Manche s'en émeut vivement [5]. Francis Brière dénonce à la tribune les « conditions scandaleuses » dans lesquelles le gouvernement a attribué l'adjudication [5]. Une « énergique protestation » est votée à l'unanimité contre le « traitement de faveur » dont a bénéficié l'aviateur [5]. L'administration ne verra jamais le paiement [6].

La station électrique de Guerfa.

La société Helva Cooper reprend l'affaire et fait redémarrer l'activité. En 1928, elle veut installer au bout du warf un caisson flottant en béton armé le long duquel les cargos viendront accoster. Ce caisson est construit en 1929[7] par les Établissements R. Sottile, en collaboration avec la maison Bétons armés Hennebique[8]. Mais une tempête ruine ses efforts et le caisson coule [9]. La mine cesse de nouveau son activité en 1940, avec la Seconde Guerre mondiale.

En 1951, la Société des mines de May-sur-Orne (Calvados) acquiert la mine et relance l'activité [10]. Quand le mauvais temps empêche l'approche des navires jusqu'aux wharfs, le minerai est conduit par la route jusqu'à Cherbourg, où il est chargé sur des bateaux qui font escale dans le bassin du commerce. L'activité dure une dizaine d'années. La mine ferme définitivement le 21 juillet 1962, alors qu'elle emploie encore 150 personnes, dont la plupart retrouve une place à l'Usine de retraitement de la Hague en construction[11].

Les 15 kilomètres de galeries[11] étaient situées sous la mer, de - 90 m à - 150 m, représentant une longueur totale de 10 km [3]. Il y tombait 10 000 mètres cubes d'eau salée par jour [3], qui étaient évacués au moyen de puissantes pompes.

La mine de Diélette a servi de cadre au roman La Maison sous la mer, de Paul Vialar, dont Henri Calef a tiré un film du même titre, tourné sur place en 1946.

La construction de la centrale nucléaire de Flamanville a été réalisée à l'emplacement même où se trouvaient les puits d'accès aux galeries, les bureaux et la zone de stockage de la mine.

Les mineurs, venus en grande partie d'Italie, de Pologne, d'Espagne, ou des pays de l'Est[11], habitaient pour la plupart dans le bourg de Flamanville, dans une cité ouvrière construite spécialement pour eux en 1929 [12], la cité Sainte-Barbe, dite aussi la « cité des corons », qui appartient à la société d'exploitation [3].

La plateforme de chargement, le « wharf », visible au large reste le dernier vestige de cette mine[11].

Le musée de Flamanville retrace l'histoire de la mine de Diélette.

Production

La production de la mine était de 500 tonnes par jour [3]. Elle est de 670 tonnes en 1952 [13].

En 1938, 69 480 tonnes de minerai sont exportées de Diélette [14].

En 1957, la mine produit 127 665 tonnes de minerai, exporté soit à partir de son propre terminal, soit par le port de Cherbourg [15].

Bibliographie

Livres
  • Michel Giard, Diélette : une mine sous la mer, éd. Alan Sutton, 2007
Articles
  • Pasquier, « La mine de Diélette », mémoire de l'École normale d'instituteurs de la Manche présenté en 1953, manuscrit, 75 pages
  • « Les mines de Diélette », Études et travaux, IVe Région économique, Basse-Normandie, n° 60, 1957-1958, p. 216-219
  • Albert Desile, « Une mine au fond de la mer : Diélette », L'Teimps d'aôt'fais, tome 1, éd. Ocep/La Manche Libre, 1982

Notes et références

  1. 1,0 et 1,1 Claude Pithois, La Hague, terre ignorée..., Librairie G. Gautier, 1961, p. 55.
  2. 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4 2,5 2,6 et 2,7 Lise Gavet et Stéphane Jiolle, Flamanville - Tranches de vie, éd. Albin Michel, 1996, pp. 19-42.
  3. 3,0 3,1 3,2 3,3 et 3,4 Élie Guéné (dir.), La Manche au passé et au présent, éd. Manche-Tourisme, 1984, p. 244.
  4. 4,0 4,1 4,2 et 4,3 « 120 ans en Cotentin 1889-2009 », La Presse de la Manche, hors-série, novembre 2009, p. 65.
  5. 5,0 5,1 5,2 et 5,3 « L'étonnante histoire des mines de Diélette », Cherbourg-Éclair, 31 mai 1925.
  6. « 120 ans en Cotentin 1889-2009 », La Presse de la Manche, hors-série, novembre 2009, p. 81.
  7. Installation d'une station de chargement en mer pour les cargos à minerai à Diélette (Manche), "Le Béton Armé", revue mensuelle des constructions en béton armé Système Hennebique, n° 280, juin 1931, [consulté le 4 janvier 2018] (lire en ligne)
  8. Cité de l'architecture et du patrimoine (ArchiWebture), Fonds Bétons armés Hennebique (BAH), [consulté le 4 janvier 2018] (lire en ligne)
  9. Cherbourg-Éclair, 29-30 septembre 1928.
  10. « 120 ans en Cotentin 1889-2009 », La Presse de la Manche, hors-série, novembre 2009, p. 137.
  11. 11,0 11,1 11,2 et 11,3 « Le vestige d'un site unique au monde », La Presse de la Manche, 17 avril 2017
  12. Maisons ouvrières construites en 1929 par les Établissements R. Sottile. Cité de l'architecture et du patrimoine (ArchiWebture), Fonds Bétons armés Hennebique (BAH), [consulté le 6 janvier 2018] (lire en ligne)
  13. « 120 ans en Cotentin 1889-2009 », La Presse de la Manche, hors-série, novembre 2009, p. 137.
  14. André Poirier, Mémoires de la Société nationale académique de Cherbourg, vol. XXX, 1987
  15. Michel Girard, Le Canton des Pieux, éd. Alan Sutton, 1996, p. 46.

Articles connexes

Voir aussi