Actions

« Maxime Leluan » : différence entre les versions

De Wikimanche

Aucun résumé des modifications
(45 versions intermédiaires par 5 utilisateurs non affichées)
Ligne 3 : Ligne 3 :


== Travail, résistance et… sport ==
== Travail, résistance et… sport ==
Enfant né dans une famille nombreuse et peu argentée, il commence à travailler à 10 ans, comme commis de ferme. Passionné de mécanique, il passe le concours d'entrée à l’[[Arsenal de Cherbourg|arsenal]] de [[Cherbourg]] pour devenir ajusteur. Il se marie avec Yvonne Hamel en [[1928]] <ref>''Généalogie'' [https://gw.geneanet.org/mathechriss?lang=en&pz=matteo+stephan+alexandre&nz=coupier&p=maxime+felix+auguste&n=leluan (lire en ligne) ]</ref> mais perd son épouse un mois après la cérémonie. Il se remarie avec Yvonne Rouet en [[1931]] <ref name=lpdlm>« Maxime Leluan, un policier qui refusa d'obéir », ''La Presse de la Manche'', 18 juin 2014.</ref>.
Il est le fils de Maxime Leluan, forgeron, et de Léonie Martin, domiciliés rue Saint-Sauveur à Valognes.


Il reçoit en [[1937]] la médaille d’or de « meilleur ouvrier de France », et, en parallèle, pratique l’athlétisme à un bon niveau national <ref name=Dico>''Dictionnaire des personnages remarquables de la Manche'', tome 4, sous la direction de René Gautier, ISBN 2914541562. </ref>. Pour les connaisseurs : 11 secondes au 100 mètres et 6,86 m à la longueur, ce qui représente à l’époque de très bonnes performances.
Né dans une famille nombreuse et peu argentée, il commence à travailler à 10 ans, comme commis de ferme. Passionné de mécanique, il passe le concours d'entrée à l’[[Arsenal de Cherbourg|arsenal]] de [[Cherbourg]] pour devenir ajusteur. Il se marie avec Yvonne Hamel en [[1928]] <ref>''Généanet'' [https://gw.geneanet.org/mathechriss?lang=en&pz=matteo+stephan+alexandre&nz=coupier&p=maxime+felix+auguste&n=leluan ''(lire en ligne)''].</ref> mais perd son épouse un mois après la cérémonie. Il se remarie en [[1931]] avec Yvonne Rouet ([[1907]]-[[1982]]) <ref name=lpdlm>« Maxime Leluan, un policier qui refusa d'obéir », ''La Presse de la Manche'', 18 juin 2014.</ref>.


Proche de la SFIO, il se lie d'amitié avec [[René Schmitt]] <ref name=lpdlm/>. À l’arrivée des Allemands en [[1940]], il quitte l’arsenal pour ne pas avoir à collaborer, et entre dans la police, sous les ordres du commissaire Trouvé… puis dans la [[Résistance dans la Manche|résistance]] en août [[1942]] au réseau « Libé-Nord » avec [[Raymond Le Corre]] et [[André Le Bellec]] <ref name=Dico/>. Sa fonction d’agent de police lui permet de fournir, notamment, de précieux renseignements sur les agissements de la police allemande (Gestapo) et les collaborateurs <ref name=Dico/>. Il est nommé Inspecteur de Sûreté, à la suite d'un concours le 19 octobre [[1942]]. Il contribue à résoudre plusieurs affaires judiciaires importantes : Thiry, Hébert et notamment l'affaire  [[Marie-Louise Giraud]] dont il était chargé de la surveillance et qui sera guillotinée en [[1943]] <ref>Francis Szpiner, ''Une affaire de femmes. Paris, 1943. Exécution d'une avorteuse'', éd. Balland, Paris 1986, page 124.</ref>.
Il reçoit en [[1937]] la médaille d’or de « meilleur ouvrier de France », et, en parallèle, pratique l’athlétisme à un bon niveau national <ref name=Dico>''Dictionnaire des personnages remarquables de la Manche'', tome 4, sous la direction de René Gautier. </ref>. Pour les connaisseurs : 11 secondes au {{unité|100|mètres}} et {{unité|6,86|m}} à la longueur, ce qui représente à l’époque de très bonnes performances.


Il utilise également sa qualité de policier pour permettre à un dentiste juif, Raymond Calmaro, de continuer à exercer sa profession avec une carte d’identité sans la mention « juif » et de s’enfuir, en mai 1942, alors que la Gestapo doit l’arrêter le lendemain. Il fournit également de faux papiers à la famille Sourigon en 1942 <ref name=lpdlm/>, puis une fausse carte d’identité à un autre juif de Cherbourg, Léon Blumzak, qui échappe à la fin [[1943]] à la déportation. Ces actions lui valent le [[25 juillet]] [[1993]], année de son décès, le titre de « [[Liste des Justes parmi les nations|Juste parmi les nations]] » <ref name=Dico/>. Il interroge également à la libération la collaboratrice [[Élisa de Plinval]] avant son procès <ref>« La Dénonciatrice de Briquebec », ''La Presse de la Manche'', 1{{er}} février 2013.</ref>.
Proche de la SFIO, il se lie d'amitié avec [[René Schmitt]] <ref name=lpdlm/>. À l’arrivée des Allemands en [[1940]], il quitte l’arsenal pour ne pas avoir à collaborer, et entre dans la police, sous les ordres du commissaire Trouvé, puis dans la [[Résistance dans la Manche|résistance]] en août [[1942]] au réseau « Libé-Nord » avec [[Raymond Le Corre]] et [[André Le Bellec]] <ref name=Dico/>. Beaucoup plus tard, à 79 ans, il confiera au journaliste [[Paul Ingouf]] être rentré dans la police municipale avec l'appui de son beau-père, alors secrétaire au Parquet.


Moïse Sourigon, né le [[15 avril]] [[1899]] à Istanbul et son fils aîné Joseph, né le [[11 décembre]] [[1922]], à Istanbul également, seront pris lors de la rafle du Vel d'Hiv et déportés sans retour vers Auschwitz<ref> ''Journal officiel de la République française'' [http://www.lesmortsdanslescamps.com/content/2003/JO2003p16541-16544ALL.html (''lire en ligne'')]</ref>. Rebecca, la mère et ses trois plus jeunes fils, Albert, Julien et Jacques, ayant passé la ligne de démarcation, reviendront s'installer à [[Cherbourg]] en [[1946]]<ref>AJPN «Albert Sourigon» [http://www.ajpn.org/personne-Albert-Sourigon-3054.html (lire en ligne'')]</ref>.
Sa fonction d’agent de police lui permet de fournir, notamment, de précieux renseignements sur les agissements de la police allemande (Gestapo) et les collaborateurs <ref name=Dico/>.  


Après la guerre, en dehors de ses activités professionnelles, il est l’un des animateurs de la vie sportive cherbourgeoise et plus particulièrement de l’athlétisme : « Il avait ses méthodes, ses principes, ses coups de gueule qui n’étaient pas forcément appréciés par tous. Le sport local lui doit indubitablement beaucoup » <ref>« Spécial 60 ans de sport », ''La Presse de la Manche''. </ref>.  
Toutefois, la qualité de ces renseignements qualifiés de précieux seulement par l'intéressé lui-même semble être surestimée. Il n'apparaît pas en effet que ces renseignements aient permis une action quelconque, et encore moins une action déterminante, contre les agents locaux de la Gestapo ou les collaborateurs. En revanche, il apparaît avec évidence qu'ils n'ont pu empêcher par exemple, les arrestations de [[Raymond Le Corre]], de [[Lionel Audigier]] et de tant d'autres.


Il contribue à la fondation de l’[[AS Cherbourg]] en [[1945]] et il est pendant près de quarante ans la pierre angulaire de l’[[AS Cherbourg Athlétisme|athlétisme cherbourgeois]], formant de très nombreux athlètes, hommes et femmes <ref name=Dico/>. Son nom est donné à une salle du [[Stade Maurice-Postaire]]<ref name=lpdlm/>.
Il est nommé Inspecteur de Sûreté, à la suite d'un concours le [[19 octobre]] [[1942]]. Il contribue à résoudre plusieurs affaires judiciaires importantes : Thiry, Hébert et notamment l'affaire  [[Marie-Louise Giraud]] dont il était chargé de la surveillance, arrêtée en octobre 1942 et guillotinée en [[1943]] <ref>Francis Szpiner, ''Une affaire de femmes. Paris, 1943. Exécution d'une avorteuse'', éd. Balland, Paris 1986, page 124.</ref>.


Des voix s'élèvent contre l'inscription de son nom sur le futur Mémorial des Juifs manchois, à [[Cherbourg-en-Cotentin]] en raison de son action dans la condamnation à mort de l'« avorteuse » [[Marie-Louise Giraud]] <ref> Blog des citoyens granvillais [http://citoyensgranville.blogspot.com/2020/02/cherbourg-memorial-des-juifs-victimes.html ''(lire en ligne)''].</ref>.
Il utilise également sa qualité de policier pour permettre à un dentiste juif, français, Raymond Calamaro, né le [[20 juin]] [[1910]] à Boulogne-sur-mer et décédé à Nice le [[8 février]] 1993 <ref>''Acte de décès'' N°000697/1993 de Raymond, Lucien Calamaro, Ville de Nice.</ref>, de continuer à exercer sa profession avec une carte d’identité sans la mention « juif » et de s’enfuir, en mai 1942, alors que la Gestapo doit l’arrêter le lendemain. A l'époque, Raymond Calamaro est marié à une non-juive, Renée Hariat ([[1916]]-[[2014]])<ref>''Acte de décès'' n°120, Paris V.</ref>, chez laquelle il se réfugie à Paris. Marié en [[1936]], le couple divorce le [[22 décembre]] [[1943]], mariage dissous, au profit du mari, par le tribunal civil de Cherbourg <ref> ''Acte de mariage'' n°387, 1936, Paris VIème arrondissement.</ref> <ref> Divorce transcrit le 10 mars 1944, Paris VIème, acte n°99. Ordonnance de non conciliation le 25 août 1943.</ref>. Renée Hariat se remarie le [[23 mars]] [[1944]] avec Henri Hécaen ([[1912]]-[[1983]]), célèbre neuropsychologue dont un centre médico-psychologique pour adultes porte le nom à [[La Glacerie]]<ref>''Acte de mariage'' n°117, 1944, Paris VIème</ref>.
 
Il fournit également de faux papiers, selon ses dires, à la famille Sourigon en 1942 <ref name=lpdlm/>, puis une fausse carte d’identité à un autre juif de Cherbourg, Léon Blumzak, qui échappe à la fin [[1943]] à la déportation. Ces actions où il ne mit aucunement sa vie en danger, (par exemple, il ne cacha jamais des juifs), lui valent le [[25 juillet]] [[1993]], tardivement, l'année de son décès, le titre de « [[Liste des Justes parmi les nations|Juste parmi les nations]] » <ref name=Dico/>. Il interroge également à la libération la collaboratrice, décédée en [[1990]], [[Élisa de Plinval]] avant son procès <ref>« La Dénonciatrice de Briquebec », ''La Presse de la Manche'', {{1er}} février 2013.</ref>.
 
Moïse Sourigon, né le [[15 avril]] [[1899]] à Istanbul et son fils aîné Joseph, né le [[11 décembre]] [[1922]], à Istanbul également, seront pris lors de la rafle du Vel d'Hiv et déportés sans retour vers Auschwitz <ref> ''Journal officiel de la République française'' [http://www.lesmortsdanslescamps.com/content/2003/JO2003p16541-16544ALL.html (''lire en ligne'')].</ref>. Rebecca, la mère, et ses trois plus jeunes fils, Albert, Julien et Jacques ([[1926]]-[[2020]]), ayant réussi à passer la ligne de démarcation par leurs propres moyens, reviendront s'installer à [[Cherbourg]] en [[1946]] <ref>« Albert Sourigon », ''AJPN'', 16 février 2015 [http://www.ajpn.org/personne-Albert-Sourigon-3054.html ''(lire en ligne)''].</ref>. Le nom de famille Sourigon n'apparaît pas dans le dossier de Yad Vashem concernant Maxime Leluan. Un magasin de tissus « Au pauvre Joseph - Maison Sourigon » existe un temps au n° 71 et au n°73 de la [[rue au Blé]].
 
Après la guerre, en dehors de ses activités professionnelles, il est l’un des animateurs de la vie sportive cherbourgeoise. Il contribue à la fondation de l’[[AS Cherbourg]] en [[1945]] et il est pendant près de quarante ans la pierre angulaire de l’[[AS Cherbourg Athlétisme|athlétisme cherbourgeois]], formant de très nombreux athlètes, hommes et femmes <ref name=Dico/>. « Il avait ses méthodes, ses principes, ses coups de gueule qui n’étaient pas forcément appréciés par tous. Le sport local lui doit indubitablement beaucoup » <ref>« Spécial 60 ans de sport », ''La Presse de la Manche''. </ref>. Son nom est donné à une salle du [[Stade Maurice-Postaire]] <ref name=lpdlm/>.
 
À propos de la libération de Cherbourg, Maxime Leluan ne semble pas avoir bien compris de quel côté se trouve la Résistance : « Avec un petit groupe composé du commissaire central Trouvé, du commissaire Ponceau <ref>Ponceau, lourdement compromis dans une monumentale affaire de répression contre la Résistance. Cf. [[Gustave Jurczyszyn]].</ref> chef de la sûreté et de quelques gardiens de la paix nous avons récupéré pendant la bataille pour Cherbourg les archives de la [[Gestapo dans la Manche|Gestapo]] ([[Rue du Président-Loubet (Cherbourg-Octeville)|rue du Président-Loubet]]), de la Propagenstafel ([[Rue Magenta (Cherbourg-Octeville)|rue Magenta]]), de l'Abwehr ([[Place de la République (Cherbourg-Octeville)|place de la République]]) et de la Kreichkommandantur ([[Hôtel de la préfecture maritime de Cherbourg|préfecture maritime]]) ». Il s'agissait de soustraire, au moins pendant quelques semaines, à la connaissance des Américains, ces archives compromettantes, ou de les expurger <ref>« L'étonnant itinéraire de Maxime Leluan », ''La Presse de la Manche'', 1985, interview de Paul Ingouf.</ref>.
 
En [[2020]], des voix s'élèvent contre l'inscription de son nom sur le futur [[Mémorial pour les juifs déportés et les Justes de la Manche (Cherbourg-en-Cotentin)]] en raison de son action dans la condamnation à mort de l'« avorteuse » [[Marie-Louise Giraud]] <ref>« La polémique Maxime Leluan », ''La Presse de la Manche'', 3 octobre 2020. </ref>.
 
==Distinctions==
Le [[12 mai]] [[1961]], Maxime Leluan reçoit la médaille de la Jeunesse et des sports <ref>« Le dévouement à la cause sportive récompensé », ''Ouest-France'', 15 mai 1961. </ref>.


{{Notes et références}}
{{Notes et références}}


{{DEFAULTSORT:Leluan, Maxime}}
{{DEFAULTSORT:Leluan, Maxime}}
[[Catégorie:Résistant de la Manche]]
[[Catégorie:Athlétisme dans la Manche]]
[[Catégorie:Biographie]]
[[Catégorie:Biographie]]
[[Catégorie:Décès à 87 ans]]
[[Catégorie:Juste parmi les nations]]
[[Catégorie:Personnalité sportive de la Manche]]
[[Catégorie:Personnalité sportive de la Manche]]
[[Catégorie:Athlétisme dans la Manche]]
[[Catégorie:Résistant de la Manche]]

Version du 13 juin 2021 à 16:27

Maxime Leluan.

Maxime Félix Auguste Leluan, né à Valognes le 10 mars 1906 [1] et mort à Cherbourg le 4 juin 1993 [2], est une personnalité de la Manche.

Travail, résistance et… sport

Il est le fils de Maxime Leluan, forgeron, et de Léonie Martin, domiciliés rue Saint-Sauveur à Valognes.

Né dans une famille nombreuse et peu argentée, il commence à travailler à 10 ans, comme commis de ferme. Passionné de mécanique, il passe le concours d'entrée à l’arsenal de Cherbourg pour devenir ajusteur. Il se marie avec Yvonne Hamel en 1928 [3] mais perd son épouse un mois après la cérémonie. Il se remarie en 1931 avec Yvonne Rouet (1907-1982) [4].

Il reçoit en 1937 la médaille d’or de « meilleur ouvrier de France », et, en parallèle, pratique l’athlétisme à un bon niveau national [5]. Pour les connaisseurs : 11 secondes au 100 mètres et 6,86 m à la longueur, ce qui représente à l’époque de très bonnes performances.

Proche de la SFIO, il se lie d'amitié avec René Schmitt [4]. À l’arrivée des Allemands en 1940, il quitte l’arsenal pour ne pas avoir à collaborer, et entre dans la police, sous les ordres du commissaire Trouvé, puis dans la résistance en août 1942 au réseau « Libé-Nord » avec Raymond Le Corre et André Le Bellec [5]. Beaucoup plus tard, à 79 ans, il confiera au journaliste Paul Ingouf être rentré dans la police municipale avec l'appui de son beau-père, alors secrétaire au Parquet.

Sa fonction d’agent de police lui permet de fournir, notamment, de précieux renseignements sur les agissements de la police allemande (Gestapo) et les collaborateurs [5].

Toutefois, la qualité de ces renseignements qualifiés de précieux seulement par l'intéressé lui-même semble être surestimée. Il n'apparaît pas en effet que ces renseignements aient permis une action quelconque, et encore moins une action déterminante, contre les agents locaux de la Gestapo ou les collaborateurs. En revanche, il apparaît avec évidence qu'ils n'ont pu empêcher par exemple, les arrestations de Raymond Le Corre, de Lionel Audigier et de tant d'autres.

Il est nommé Inspecteur de Sûreté, à la suite d'un concours le 19 octobre 1942. Il contribue à résoudre plusieurs affaires judiciaires importantes : Thiry, Hébert et notamment l'affaire Marie-Louise Giraud dont il était chargé de la surveillance, arrêtée en octobre 1942 et guillotinée en 1943 [6].

Il utilise également sa qualité de policier pour permettre à un dentiste juif, français, Raymond Calamaro, né le 20 juin 1910 à Boulogne-sur-mer et décédé à Nice le 8 février 1993 [7], de continuer à exercer sa profession avec une carte d’identité sans la mention « juif » et de s’enfuir, en mai 1942, alors que la Gestapo doit l’arrêter le lendemain. A l'époque, Raymond Calamaro est marié à une non-juive, Renée Hariat (1916-2014)[8], chez laquelle il se réfugie à Paris. Marié en 1936, le couple divorce le 22 décembre 1943, mariage dissous, au profit du mari, par le tribunal civil de Cherbourg [9] [10]. Renée Hariat se remarie le 23 mars 1944 avec Henri Hécaen (1912-1983), célèbre neuropsychologue dont un centre médico-psychologique pour adultes porte le nom à La Glacerie[11].

Il fournit également de faux papiers, selon ses dires, à la famille Sourigon en 1942 [4], puis une fausse carte d’identité à un autre juif de Cherbourg, Léon Blumzak, qui échappe à la fin 1943 à la déportation. Ces actions où il ne mit aucunement sa vie en danger, (par exemple, il ne cacha jamais des juifs), lui valent le 25 juillet 1993, tardivement, l'année de son décès, le titre de « Juste parmi les nations » [5]. Il interroge également à la libération la collaboratrice, décédée en 1990, Élisa de Plinval avant son procès [12].

Moïse Sourigon, né le 15 avril 1899 à Istanbul et son fils aîné Joseph, né le 11 décembre 1922, à Istanbul également, seront pris lors de la rafle du Vel d'Hiv et déportés sans retour vers Auschwitz [13]. Rebecca, la mère, et ses trois plus jeunes fils, Albert, Julien et Jacques (1926-2020), ayant réussi à passer la ligne de démarcation par leurs propres moyens, reviendront s'installer à Cherbourg en 1946 [14]. Le nom de famille Sourigon n'apparaît pas dans le dossier de Yad Vashem concernant Maxime Leluan. Un magasin de tissus « Au pauvre Joseph - Maison Sourigon » existe un temps au n° 71 et au n°73 de la rue au Blé.

Après la guerre, en dehors de ses activités professionnelles, il est l’un des animateurs de la vie sportive cherbourgeoise. Il contribue à la fondation de l’AS Cherbourg en 1945 et il est pendant près de quarante ans la pierre angulaire de l’athlétisme cherbourgeois, formant de très nombreux athlètes, hommes et femmes [5]. « Il avait ses méthodes, ses principes, ses coups de gueule qui n’étaient pas forcément appréciés par tous. Le sport local lui doit indubitablement beaucoup » [15]. Son nom est donné à une salle du Stade Maurice-Postaire [4].

À propos de la libération de Cherbourg, Maxime Leluan ne semble pas avoir bien compris de quel côté se trouve la Résistance : « Avec un petit groupe composé du commissaire central Trouvé, du commissaire Ponceau [16] chef de la sûreté et de quelques gardiens de la paix nous avons récupéré pendant la bataille pour Cherbourg les archives de la Gestapo (rue du Président-Loubet), de la Propagenstafel (rue Magenta), de l'Abwehr (place de la République) et de la Kreichkommandantur (préfecture maritime) ». Il s'agissait de soustraire, au moins pendant quelques semaines, à la connaissance des Américains, ces archives compromettantes, ou de les expurger [17].

En 2020, des voix s'élèvent contre l'inscription de son nom sur le futur Mémorial pour les juifs déportés et les Justes de la Manche (Cherbourg-en-Cotentin) en raison de son action dans la condamnation à mort de l'« avorteuse » Marie-Louise Giraud [18].

Distinctions

Le 12 mai 1961, Maxime Leluan reçoit la médaille de la Jeunesse et des sports [19].

Notes et références

  1. – Table décennale – Page 14/69.
  2. « Acte de décès n° 346 - État-civil de Cherbourg - Fichier des personnes décédées », data.gouv.fr, Insee, année 1993.
  3. Généanet (lire en ligne).
  4. 4,0 4,1 4,2 et 4,3 « Maxime Leluan, un policier qui refusa d'obéir », La Presse de la Manche, 18 juin 2014.
  5. 5,0 5,1 5,2 5,3 et 5,4 Dictionnaire des personnages remarquables de la Manche, tome 4, sous la direction de René Gautier.
  6. Francis Szpiner, Une affaire de femmes. Paris, 1943. Exécution d'une avorteuse, éd. Balland, Paris 1986, page 124.
  7. Acte de décès N°000697/1993 de Raymond, Lucien Calamaro, Ville de Nice.
  8. Acte de décès n°120, Paris V.
  9. Acte de mariage n°387, 1936, Paris VIème arrondissement.
  10. Divorce transcrit le 10 mars 1944, Paris VIème, acte n°99. Ordonnance de non conciliation le 25 août 1943.
  11. Acte de mariage n°117, 1944, Paris VIème
  12. « La Dénonciatrice de Briquebec », La Presse de la Manche, 1er février 2013.
  13. Journal officiel de la République française (lire en ligne).
  14. « Albert Sourigon », AJPN, 16 février 2015 (lire en ligne).
  15. « Spécial 60 ans de sport », La Presse de la Manche.
  16. Ponceau, lourdement compromis dans une monumentale affaire de répression contre la Résistance. Cf. Gustave Jurczyszyn.
  17. « L'étonnant itinéraire de Maxime Leluan », La Presse de la Manche, 1985, interview de Paul Ingouf.
  18. « La polémique Maxime Leluan », La Presse de la Manche, 3 octobre 2020.
  19. « Le dévouement à la cause sportive récompensé », Ouest-France, 15 mai 1961.