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Marquis de Tombelaine

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Le Marquis de Tombelaine.

Le marquis de Tombelaine, (Joseph-Marie Gautier pour l'état civil), peut-être né à Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord) en janvier 1844, mort le 30 mars 1892 dans la baie du Mont-Saint-Michel, est une personnalité de la Manche.

À Champeaux, le restaurant Au marquis de Tombelaine qui domine la baie du Mont-Saint-Michel, perpétue le souvenir de ce personnage qui n’avait de marquis que le surnom.

Biographie

Selon l'abbé Bouillet, « Celui qu'on appelait ainsi par dérision était un pauvre diable venu on ne sait d'où. Il exerçait en hiver le métier de pêcheur, dont il vivait chichement. Quand la belle saison ramenait les visiteurs au Mont Saint-Michel, il se faisait cicerone, guidant le long de la mer et du rempart ceux qui craignaient de s'égarer dans le minuscule village [1] ». « Jean de Tombelaine n'habita jamais l'île [de Tombelaine] dont on lui avait donné le nom. Les vivres y manquaient, et l'eau du Bénitier ne lui semblait pas un breuvage digne de lui » [1].

Il est probablement arrivé dans la région lors de la construction de la digue-route du Mont-Saint-Michel, suivie par les frères Neurdein, photographes qui éditent de nombreuses cartes souvenir à son effigie[2]. « Ce personnage, au visage rond et aux grands yeux bleus, encadrés par une abondante chevelure abandonnée à elle-même et par une longue et épaisse barbe broussailleuse, possédait une stature et une force impressionnante », a écrit Robert Sinsoilliez, avant de rappeler que sa faconde a attiré l’attention de journalistes venus visiter le Mont.

De nombreux articles de presse et des cartes postales répandent rapidement la légende de Gautier qui, avant de devenir le « Marquis de Tombelaine », se fait appeler Jean Lideluge ou Déluge[3]. Le vagabond gagne assez misérablement sa vie en servant de rabatteur vers le premier musée du Mont-Saint-Michel, en transportant les bagages des touristes et en pêchant de temps à autre; il touche même des droits sur la vente de ses photos[3].

De 1889 à 1935, Amédée Maquaire, propriétaire parisien du musée du Mont-Saint-Michel publie un guide touristique à succès, Le Mont Saint-Michel et ses Merveilles, l’abbaye, le musée, la ville, les remparts[2]. Jusqu'en 1892, date de la mort du marquis, il cite l'ermite de Tombelaine [4], puis le Marquis de Tombelaine comme auteur du guide, ensuite, pour des raisons commerciales, il mentionne sur la couverture « selon les notes du Marquis de Tombelaine » et présente des épisodes de la vie du personnage qui devient mythique au fil des années[2].

On ignore qui eut l’idée d’affubler ce personnage pittoresque du surnom de « Marquis de Tombelaine ». C’est en tout cas sous cette appellation usurpée (ce titre n’a jamais été porté) que le malheureux Gauthier passe les dernières années de sa vie sur les grèves de la baie[3]. Il a une fin aussi misérable que son existence. Affaibli par une blessure, il se perd un jour dans les grèves et se laisse surprendre par la marée. Les flots ramènent sa dépouille aux alentours de Roz-sur-Couesnon (Ille-et-Vilaine) [5], au lieu-dit la Grève de Colombel. Il est enterré le 31 mars 1892 dans le cimetière de Saint-Broladre (Ille-et-Vilaine) [3].

Selon Robert Sinsoilliez, quelques autres « Marquis de Tombelaine » tentèrent leur chance par la suite. Sans aucun succès.

Ce personnage est utilisé par Marie-Ève Bouillon pour étudier les relations entre imaginaire social et tourisme naissant [2].

Bibliographie

Notes et références

  1. 1,0 et 1,1 Abbé A. Bouillet, « Tombelaine », La Normandie monumentale et pittoresque, édifices publics, églises, châteaux, manoirs, etc. Manche, partie 2, éd. Lemasle & Cie, Le Havre, 1899, p. 188.
  2. 2,0 2,1 2,2 et 2,3 Marie-Ève Bouillon, Le Marquis de Tombelaine : récits et construction médiatique d’une figure du tourisme au tournant du XXe siècle, Photogénic, Culture visuelle, 19 mars 2011 (lire en ligne).
  3. 3,0 3,1 3,2 et 3,3 Dictionnaire des personnages remarquables de la Manche, tome 3, Jean-François Hamel, sous la direction de René Gautier
  4. Le Mont Saint-Michel et ses Merveilles, l’abbaye, le musée, la ville, les remparts, 1889 (lire en ligne)
  5. Le Journal de Rennes, 12 avril 1892, cité dans L'Ouest-Éclair du 10 avril 1932.