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Marie Lamotte

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Marie, Jeanne, Lamotte.

Jeanne Marie Lamotte, née à Cherbourg le 3 mai 1893 [1] et morte à Équeurdreville le 27 janvier 1972 [2], est une syndicaliste SNI, militante communiste et résistante de la Manche, institutrice de profession.

Biographie

Elle est la fille d'Oscar Lamotte, maître cordonnier et de Jeanne Pilet. Marie est la sœur de Jean Lamotte (1902-1988), instituteur et résistant FFI-FTP pendant la Seconde Guerre mondiale.

Elle se marie à Cherbourg le 4 septembre 1913, avec Jules Munsch [1] et, veuve, à Équeurdreville le 4 mai 1920, avec Pierre Rouxel [1] (voir la page), instituteur.

Militante active, elle et son mari sont « déplacés d’office » en 1922 dans le sud de la Manche à Martigny. Ils se lient d’amitié avec Blanche Maupas et la soutiennent dans son combat pour la réhabilitation de la mémoire de son mari Théophile et des Fusillés de Souain.

Dévoués à leur métier et à leurs idées, ils laisseront un souvenir assez marquant dans la région. Lorsqu’André Defrance se rendra dans le sud du département pour participer à l’organisation de la Résistance, il emportera la photo de sa belle-mère Marie, la montrant au besoin pour établir et faciliter des contacts.

De retour à Équeurdreville en 1931 avec son mari, elle anime diverses associations de l’agglomération cherbourgeoise liées au Parti communiste comme le Secours rouge (futur Secours populaire), ainsi que le mouvement pacifiste et antifasciste « Amsterdam-Pleyel ». Marie, responsable locale du « Comité mondial des femmes contre la guerre et le fascisme » participe en novembre 1934 à un rassemblement organisé par ce Comité à Cherbourg, ce qui lui vaut une lettre de réprimandes de l’Inspecteur d’Académie suivie de sanctions qui bloquent son avancement. Militante du Syndicat National des Instituteurs (SNI), elle est élue en 1935 au Conseil départemental de l'enseignement, dont elle démissionne avec une collègue quelques mois plus tard, pour protester contre de nouvelles sanctions administratives [3]. Elle prend la parole dans de nombreux meetings, dont certains en faveur de l’Espagne républicaine. Après l'interdiction du Parti communiste en septembre 1939 la répression s'abat massivement sur les militants. Dans une note datée du 1er mars 1940, les Renseignements généraux se lâchent : Marie Lamotte a été une communiste des plus active et militante acharnée. A été secrétaire régionale du Parti dont elle est la grande animatrice dans le département. A fait preuve avant la guerre et depuis longtemps de la plus grande activité, prenant la parole dans toutes les réunions et se signalant par la violence de ses propos. Bien qu’observant une prudente réserve et qu’une perquisition opérée fortuitement chez elle n’ait donné aucun résultat, paraît être une agitatrice irréductible. Doit être considérée comme l’un des éléments les plus dangereux du département. Fait l’objet d’une étroite surveillance, son mari est déjà inscrit au carnet « B » [4]. De tels fichiers, au ton revanchard, marqués d’opportunisme, qui trahissent l’intention d’un gouvernement de réaction de régler de vieux comptes après les avancées sociales de 1936, seront complaisamment communiqués aux nazis par le gouvernement de collaboration de Pétain.

En mai 1940, l'acharnement administratif et politique contre les deux époux se poursuit avec leur déplacement à Saint-Martin-de-Lamps (Indre) en application des lois du ministre Sérol. Durant l’Occupation, elle recueille son petit fils André (Claude) Defrance, âgé de 6 ans, dont les parents ont provisoirement disparu dans la tourmente, et vient en aide aux résistants clandestins.

Elle est réintégrée dans la Manche, avec son mari, en octobre 1944.

En octobre 1945, Marie Lamotte est candidate aux législatives sur la liste manchoise du Parti communiste français (PCF).

Renseignements divers

Marie eut cinq enfants :

Avec Jules Munsch, une fille Juliette qui fut résistante.

Avec Pierre Rouxel, quatre autres enfants dont l'aîné Pierre (Louis) fut lui aussi résistant.

Hommage

En juin 2020, l'école anciennement nommée Jean-Goubert, sise place des Justes, prend son nom, la distinguant ainsi de l'école Jean-Goubert d'Équeurdreville-Hainneville [5].

Sources

  • Archives des familles Rouxel et Defrance.
  • Figures communistes de la Manche de 1920 à 1945, brochure éditée par la Fédération de la Manche du PCF. 2018.
  • Archives du SNI.

Notes et références

  1. 1,0 1,1 et 1,2 « Acte de naissance n° 338 », Archives de la Manche, archives communales de Cherbourg, registre de l'état-civil des naissances (1893), 3E 129/309, page 89/255.
  2. « Acte de décès n° 9 - État-civil de Équeurdreville - Fichier des personnes décédées », data.gouv.fr, Insee, année 1972.
  3. Le Maitron, Rouxel Marie (lire en ligne).
  4. Recherches de Martine Reby-Hinard. Archives départementales de Saint-Lô. Notes des RG.
  5. Ouest-France, 6-7 juin 2020, p. 21.

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