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'''Marcel''' Charles Jean '''Leclerc''', né à [[Équeurdreville]] le [[26 avril]] [[1899]], mort à [[Cherbourg]] le [[15 mars]] [[1987]], est un résistant de la [[Manche]].
'''Marcel''' Charles Jean '''Leclerc''', {{date naissance|26|04|1899|Équeurdreville}} <ref name=insee>« Fichier des personnes décédées », ''data.gouv.fr'', Insee, année 1987.</ref> et {{date décès|15|3|1987|Cherbourg}} <ref> « Acte de décès n° 175 - État-civil de Cherbourg - Fichier des personnes décédées », ''data.gouv.fr'', Insee, année 1987.</ref>, est un résistant de la [[Manche]].


Il est instituteur, puis directeur d'école primaire et professeur de collège successivement à [[La Haye-du-Puits]], [[Pierreville]], [[Chef-du-Pont]] et [[Cherbourg]].
Il est instituteur, puis directeur d'école primaire et professeur de collège successivement à [[La Haye-du-Puits]], [[Pierreville]], [[Chef-du-Pont]] et [[Cherbourg]].


==L’historien de la résistance manchoise==
== Biographie ==
 
Le [[31 mars]] [[1980]] sort des presses de [[La Dépêche de Cherbourg]] un ouvrage exceptionnel modestement intitulé ''La Résistance dans la Manche'' et réédité in extenso chez [[Eurocibles]] en [[2004]]. Fruit de plus de trente ans de laborieuses recherches, ce livre relate dans les moindres détails les faits importants ou menus démontrant la [[Résistance dans la Manche|résistance]] des Manchois pendant toute la période de l’Occupation <ref name=Dico>''Dictionnaire des personnages remarquables de la Manche'', tome 2, Jean-François Hamel, sous la direction de René Gautier. </ref>. On y relève par centaines les noms et les gestes de tous ceux qui ont fait œuvre de résistance dans le département. L’auteur de ce travail de bénédictin, sans lequel aucune étude sérieuse sur la période noire de l’Occupation n’est possible, est Marcel Leclerc qui a payé son propre engagement dans la Résistance de deux années de déportation dans les camps de concentration de Natzwiller-Struthof et de Dachau.
 
Instituteur, Marcel Leclerc participe en juillet [[1942]], avec [[René Schmitt]], à la fondation du réseau Libération-Nord<ref name=Dico/>. Le [[30 août]] de l’année suivante, il est arrêté à [[Saint-James]] où il s’est replié avec ses élèves de [[Cherbourg]] <ref name=Dico/>. Avec quelques autres, il est victime de la trahison d’un membre de son réseau d’évasion <ref name=Dico/>.
Instituteur, Marcel Leclerc participe en juillet [[1942]], avec [[René Schmitt]], à la fondation du réseau Libération-Nord<ref name=Dico/>. Le [[30 août]] de l’année suivante, il est arrêté à [[Saint-James]] où il s’est replié avec ses élèves de [[Cherbourg]] <ref name=Dico/>. Avec quelques autres, il est victime de la trahison d’un membre de son réseau d’évasion <ref name=Dico/>.


Marcel Leclerc quitte Paris vers le camp de concentration de Natzweiler-Struthof (Bas-Rhin) le [[8 juillet]] [[1943]]. Il s'agit d'un wagon-cellulaire emportant 61 hommes de nationalité française. Ces déportés classés NN <ref>''Nacht und Nebel'' = "Nuit et brouillard" - interprétation du signe N.N. accolé par l'administration SS à tout détenu désigné dès sa déportation.</ref> ; d’une part, ceux transférés en Allemagne par les autorités de la Wehrmacht afin d’être jugés par les tribunaux spéciaux mis en place pour une application stricte du décret Keitel de décembre [[1941]] et d’autre part, ceux déportés par la Gestapo dont l’objectif n’est pas le jugement mais uniquement l’envoi dans un camp. Parmi les autres déportés de ce transport se trouvent les Manchois [[Raymond Brulé|Brulé]], [[Alfred Duros|Duros]], [[Victor Francolon|Francolon]], [[Georges Gautier|Gautier]], [[Émile Lecarpentier|Lecarpentier]], [[Louis Legaigneur|Legaigneur]], [[Ange Leparquier|Leparquier]] et [[Jean Roulier|Roulier]] ainsi que [[Régis Messac|Messac]] <ref name=FMD> Fondation pour la mémoire de la déportation.</ref>.
Marcel Leclerc quitte Paris vers le camp de concentration de Natzweiler-Struthof (Bas-Rhin) le [[11 novembre]] [[1943]] par le convoi I.152 <ref name=FMD>[http://www.bddm.org/liv/details.php?id=I.152. Fondation pour la mémoire de la déportation].</ref>. Il s'agit d'un wagon-cellulaire emportant 61 hommes de nationalité française. Ces déportés classés NN <ref>''Nacht und Nebel'' = "Nuit et brouillard" - interprétation du signe N.N. accolé par l'administration SS à tout détenu désigné dès sa déportation.</ref> ; d’une part, ceux transférés en Allemagne par les autorités de la Wehrmacht afin d’être jugés par les tribunaux spéciaux mis en place pour une application stricte du décret Keitel de décembre [[1941]] et d’autre part, ceux déportés par la Gestapo dont l’objectif n’est pas le jugement mais uniquement l’envoi dans un camp. Parmi les autres déportés de ce transport se trouvent les Manchois [[Raymond Brulé]], [[Alfred Duros]], [[Victor Francolon]], [[Georges Gautier]], [[Émile Lecarpentier]], [[Louis Legaigneur]], [[Ange Leparquier]] et [[Jean Roulier]] ainsi que [[Régis Messac]] <ref name=FMD/>.


Le wagon est décroché en gare de Strasbourg pour qu'ils soient dirigés sur le camp de Natzweiler-Struthof en raison d'un contre-ordre donné à la suite des bombardements de Cologne <ref name=FMD></ref>.
Le wagon est décroché en gare de Strasbourg pour qu'ils soient dirigés sur le camp de Natzweiler-Struthof en raison d'un contre-ordre donné à la suite des bombardements de Cologne <ref name=FMD/>.


À son arrivée au camp, il se voit attribué le numéro matricule 5956 <ref> Ce matricule sera tatoué sur son avant-bras gauche. </ref>. Il reste interné au camp de Natzweiler-Struthof jusqu’à l’évacuation de celui-ci, en septembre [[1944]], vers le camp de concentration de Dachau. Il est libéré le [[29 avril]] [[1945]] <ref name=Didacdoc1>''Le Didac'doc''', n° 53, novembre 2014. </ref>. Il rejoint Cherbourg le [[3 juin]] <ref name=Didadoc1/>.
À son arrivée au camp, il se voit attribuer le numéro matricule 5956. Il reste interné au camp de Natzweiler-Struthof jusqu’à l’évacuation de celui-ci, en septembre [[1944]], vers le camp de concentration de Dachau. Il est libéré le [[29 avril]] [[1945]] <ref name=Didacdoc1>''Le Didac'doc''', n° 53, novembre 2014. </ref>. Il rejoint Cherbourg le [[3 juin]] <ref name=Didacdoc1/>.


== L’historien de la résistance manchoise ==
C’est en tant que correspondant départemental du Comité d’histoire de la [[Seconde Guerre mondiale]] qu’il entreprend de dresser la statistique de la déportation dans la Manche <ref name=Dico/>. Il est en mesure de présenter le résultat de ses patientes recherches dès [[1961]]. Il relève alors les noms de cinq cent quatre déportés.
C’est en tant que correspondant départemental du Comité d’histoire de la [[Seconde Guerre mondiale]] qu’il entreprend de dresser la statistique de la déportation dans la Manche <ref name=Dico/>. Il est en mesure de présenter le résultat de ses patientes recherches dès [[1961]]. Il relève alors les noms de cinq cent quatre déportés.


Et c’est ensuite qu’il entreprend de raconter l’histoire de la Résistance dans la Manche. Président de l’Association des déportés, internés et familles de disparus dans la Manche, il est à l’origine de l’érection des mémoriaux de la Résistance de Cherbourg et de [[Saint-Lô]] <ref name=Dico/>.
Et c’est ensuite qu’il entreprend de raconter l’histoire de la Résistance dans la Manche. Président de l’[[Association des déportés, internés et familles de disparus de la Manche]], il est à l’origine de l’érection des mémoriaux de la Résistance de Cherbourg et de [[Saint-Lô]] <ref name=Dico/>.


==Œuvres==
Le [[31 mars]] [[1980]] sort des presses de [[La Dépêche de Cherbourg]] un ouvrage exceptionnel modestement intitulé ''La Résistance dans la Manche'' et réédité in extenso chez [[Eurocibles]] en [[2004]]. Fruit de plus de trente ans de laborieuses recherches, ce livre relate dans les moindres détails les faits importants ou menus démontrant la [[Résistance dans la Manche|résistance]] des Manchois pendant toute la période de l’Occupation <ref name=Dico>''Dictionnaire des personnages remarquables de la Manche'', tome 2, Jean-François Hamel, sous la direction de René Gautier. </ref>. On y relève par centaines les noms et les gestes de tous ceux qui ont fait œuvre de résistance dans le département. L’auteur de ce travail de bénédictin, sans lequel aucune étude sérieuse sur la période noire de l’Occupation n’est possible, est Marcel Leclerc qui a payé son propre engagement dans la Résistance de deux années de déportation dans les camps de concentration de Natzwiller-Struthof et de Dachau.
 
== Œuvres ==
* ''Souvenirs de ma déportation en Allemagne (1943-1945)'', publication multigraphiée, sd
* ''Statistiques de la déportation dans le département de la Manche'', 1961''
* ''Statistiques de la déportation dans le département de la Manche'', 1961''
* ''Carte des internés, déportés, fusillés, victimes civiles de la Manche'', sd
* ''Carte des internés, déportés, fusillés, victimes civiles de la Manche'', sd
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* ''1940-1944, La Manche en images'', éd. Libro-Sciences SPRL, 1978
* ''1940-1944, La Manche en images'', éd. Libro-Sciences SPRL, 1978


==Notes et sources==
{{Notes et références}}
<references />
 
== Article connexe ==
*[[Leclerc]]


{{DEFAULTSORT:Leclerc, Marcel}}
{{DEFAULTSORT:Leclerc, Marcel}}
[[Catégorie:Biographie]]
[[Catégorie:Décès à 87 ans]]
[[Catégorie:Déporté de la Manche]]
[[Catégorie:Historien de la Manche]]
[[Catégorie:Historien de la Manche]]
[[Catégorie:Résistant de la Manche]]
[[Catégorie:Résistant de la Manche]]
[[Catégorie:Naissance à Équeurdreville-Hainneville]]
[[Catégorie:Déporté de la Manche]]
[[Catégorie:Décès à Cherbourg-Octeville]]

Version du 23 novembre 2020 à 23:29

Marcel Charles Jean Leclerc, né à Équeurdreville le 26 avril 1899 [1] et mort à Cherbourg le 15 mars 1987 [2], est un résistant de la Manche.

Il est instituteur, puis directeur d'école primaire et professeur de collège successivement à La Haye-du-Puits, Pierreville, Chef-du-Pont et Cherbourg.

Biographie

Instituteur, Marcel Leclerc participe en juillet 1942, avec René Schmitt, à la fondation du réseau Libération-Nord[3]. Le 30 août de l’année suivante, il est arrêté à Saint-James où il s’est replié avec ses élèves de Cherbourg [3]. Avec quelques autres, il est victime de la trahison d’un membre de son réseau d’évasion [3].

Marcel Leclerc quitte Paris vers le camp de concentration de Natzweiler-Struthof (Bas-Rhin) le 11 novembre 1943 par le convoi I.152 [4]. Il s'agit d'un wagon-cellulaire emportant 61 hommes de nationalité française. Ces déportés classés NN [5] ; d’une part, ceux transférés en Allemagne par les autorités de la Wehrmacht afin d’être jugés par les tribunaux spéciaux mis en place pour une application stricte du décret Keitel de décembre 1941 et d’autre part, ceux déportés par la Gestapo dont l’objectif n’est pas le jugement mais uniquement l’envoi dans un camp. Parmi les autres déportés de ce transport se trouvent les Manchois Raymond Brulé, Alfred Duros, Victor Francolon, Georges Gautier, Émile Lecarpentier, Louis Legaigneur, Ange Leparquier et Jean Roulier ainsi que Régis Messac [4].

Le wagon est décroché en gare de Strasbourg pour qu'ils soient dirigés sur le camp de Natzweiler-Struthof en raison d'un contre-ordre donné à la suite des bombardements de Cologne [4].

À son arrivée au camp, il se voit attribuer le numéro matricule 5956. Il reste interné au camp de Natzweiler-Struthof jusqu’à l’évacuation de celui-ci, en septembre 1944, vers le camp de concentration de Dachau. Il est libéré le 29 avril 1945 [6]. Il rejoint Cherbourg le 3 juin [6].

L’historien de la résistance manchoise

C’est en tant que correspondant départemental du Comité d’histoire de la Seconde Guerre mondiale qu’il entreprend de dresser la statistique de la déportation dans la Manche [3]. Il est en mesure de présenter le résultat de ses patientes recherches dès 1961. Il relève alors les noms de cinq cent quatre déportés.

Et c’est ensuite qu’il entreprend de raconter l’histoire de la Résistance dans la Manche. Président de l’Association des déportés, internés et familles de disparus de la Manche, il est à l’origine de l’érection des mémoriaux de la Résistance de Cherbourg et de Saint-Lô [3].

Le 31 mars 1980 sort des presses de La Dépêche de Cherbourg un ouvrage exceptionnel modestement intitulé La Résistance dans la Manche et réédité in extenso chez Eurocibles en 2004. Fruit de plus de trente ans de laborieuses recherches, ce livre relate dans les moindres détails les faits importants ou menus démontrant la résistance des Manchois pendant toute la période de l’Occupation [3]. On y relève par centaines les noms et les gestes de tous ceux qui ont fait œuvre de résistance dans le département. L’auteur de ce travail de bénédictin, sans lequel aucune étude sérieuse sur la période noire de l’Occupation n’est possible, est Marcel Leclerc qui a payé son propre engagement dans la Résistance de deux années de déportation dans les camps de concentration de Natzwiller-Struthof et de Dachau.

Œuvres

  • Souvenirs de ma déportation en Allemagne (1943-1945), publication multigraphiée, sd
  • Statistiques de la déportation dans le département de la Manche, 1961
  • Carte des internés, déportés, fusillés, victimes civiles de la Manche, sd
  • La Résistance dans la Manche, éd. La Dépêche, 1980
  • 1940-1944, La Manche en images, éd. Libro-Sciences SPRL, 1978

Notes et références

  1. « Fichier des personnes décédées », data.gouv.fr, Insee, année 1987.
  2. « Acte de décès n° 175 - État-civil de Cherbourg - Fichier des personnes décédées », data.gouv.fr, Insee, année 1987.
  3. 3,0 3,1 3,2 3,3 3,4 et 3,5 Dictionnaire des personnages remarquables de la Manche, tome 2, Jean-François Hamel, sous la direction de René Gautier.
  4. 4,0 4,1 et 4,2 Fondation pour la mémoire de la déportation.
  5. Nacht und Nebel = "Nuit et brouillard" - interprétation du signe N.N. accolé par l'administration SS à tout détenu désigné dès sa déportation.
  6. 6,0 et 6,1 Le Didac'doc', n° 53, novembre 2014.

Article connexe