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Manuscrits du Mont-Saint-Michel

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« Saint Augustin écrivant sous la dictée d’un ange, lettre B historiée et saint Michel terrassant le dragon » (reproduction de détails du manuscrit montois Sancti Augustini super psalmos, XIe siècle).

La bibliothèque de l'abbaye du Mont-Saint-Michel contenait de nombreux manuscrits.

Au Moyen Âge, les manuscrits sont réunis en cahiers, appelés codex, en substitution du rouleau, volumen. Les monastères deviennent au XIe siècle le principal lieu de production des manuscrits. Grâce à des abbés éclairés, à la stabilité politique et à la protection ducale, l'abbaye du Mont-Saint-Michel se spécialise jusqu'à la fin du XII° siècle dans l'étude et la copie de manuscrits, avec un scriptorium actif et reconnu créé par les bénédictins installés en 966, lui valant, à l’époque de l’abbé Robert de Torigni (1154-1186), le surnom de « Cité des Livres ». Influencé par le mouvement de la renaissance carolingienne et le monde anglo-normand, en lien avec la puissante abbaye de Fécamp, elle attire intellectuels, copistes et artistes qui créent un style propre à l'abbaye, portant à la perfection la minuscule caroline et la lettrine normande romane où dominent dominent les rouge, vert et bleu, la mise en page, l'ornement des titres, l'enluminure dont le rinceau habité qui mêle personnages et décorations végétales, les peintures à pleine page.

Les manuscrits montois s'exportent en Normandie et en Angleterre après la bataille d'Hastings. Les moines copistes montois semblent avoir joué un rôle important dans la traduction en latin et la diffusion des textes grecs, dont ceux d'Aristote selon la thèse contestée de S. Gouguenheim qui fait de Jacques de Venise l'un des membres du scriptorium sans que des preuves puissent le confirmer.

Le rattachement de la Normandie à la France par Philippe Auguste marque le déclin des scriptoria monastiques normands au profit des ateliers urbains laïques, même si les moines poursuivent leur production jusqu'au début du XVIe siècle.

Un chartrier à deux étages est construit par Pierre Le Roi, abbé de 1386 à 1411, pour conserver chartes et manuscrits dans la salle basse et les consulter dans la salle haute.

Sur les 550 ouvrages ou parties d'ouvrages inventoriés au Mont, 80 % sont d'ordre religieux : commentaires de la Bible (104), traités théologiques des Pères de l’Église (120), hagiographies (115), ouvrages de liturgie et spiritualité (45). Les moines étudient les quatre sens (littéral, allégorique, moral et anagogique) des textes sacrés. Mais la richesse de la bibliothèque montoise tient aussi à la diversité des textes, religieux (saint Augustin) comme profanes (Cicéron, Virgile et Ovide), antiques (Aristote) comme modernes (Abélard). Les auteurs profanes sont notamment étudiés pour leur maîtrise de la rhétorique.

Les troubles révolutionnaires et le temps ont détruit la plupart de la collection montoise. Depuis 1850, la bibliothèque du fonds ancien d'Avranches conserve 199 manuscrits de la bibliothèque de l'abbaye, dont 70 environ proviennent des ateliers de copies et d'enluminures du Mont. Le cartulaire du Mont-Saint-Michel est l'un d'eux.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les manuscrits sont à l'abri dans le château d'Ussé-en-Touraine [1].

Depuis 2006, le Scriptorial d'Avranches en présente une quinzaine au public.

Grâce à leur numérisation entamée en 2004 [2], 199 manuscrits de l'abbaye du Mont-Saint-Michel sont consultables en ligne par tous en 2017 sur la bibliothèque virtuelle du Mont Saint Michel [3].

Le 5 mai 2018, un recueil de quatre manuscrits du Mont-Saint-Michel, datant du 12e siècle, devait être mis en vente aux enchères à Alençon (Orne). Ces manuscrits ont été répertoriés en 1639 et 1739 mais sont introuvables par la suite, probablement volés à la Révolution. Un traité de géographie, un traité de musique, l'Architrenius de Jean de Hauville (un poème) et l'Anticlaudianus d'Alain de Lille (une épopée) sont mis à prix à 50 000 euros.[4]. Finalement, le ministère des Affaires culturelles interdit cette vente, estimant que ces manuscrits appartiennent au scriptorium du Mont, et donc à l'État [5].

Bibliographie

  • Michel Delalonde, auteur, et Hervé Champollion, photographe, Manuscrits du Mont Saint-Michel, Rennes, éd. Ouest-France, 1981, 32 p. (lire un extrait en ligne)
  • Pierre Bouet, « La Revelatio ecclesiae sancti Michaelis et son auteur », Tabularia [En ligne], Écrire l'histoire au Moyen Âge, mis en ligne le 20 juillet 2004, consulté le 25 mars 2018 (lire en ligne)
  • Jean-Luc Leservoisier, Les Manuscrits du Mont-Saint-Michel, éd. Ouest-France, 2006
  • Monique Dosdat, L'Enluminure romane au Mont-Saint-Michel, éd. Ouest-France, 2006
  • Frédérique Cahu, « Le manuscrit 150 de la Bibliothèque municipale d'Avranches, un unicum ? », Bulletin du centre d'études médiévales d'Auxerre, 2017, mis en ligne le 18 octobre 2017, consulté le 25 mars 2018 (lire en ligne)
  • Thierry Buquet, Le catalogage des manuscrits du Mont Saint-Michel. L'exemple du Ms 222 d'Avranches, 10 novembre 2017 (lire en ligne)

Notes et références

  1. « Cinquantenaire de la Libération : l'épisode historique avranchinais », Avranches communication, bulletin municipal, hors série, mai 1994, p. 11.
  2. « La numérisation, une étape fondamentale », Avranches communication, n° 49, printemps 2004.
  3. « Les manuscrits du Mont-Saint-Michel bientôt accessibles à tous sur internet », France3 Normandie.fr, 9 décembre 2016 (lire en ligne).
  4. Laurent Rebours, « Mont-Saint-Michel : de rares manuscrits datant du XIIe siècle vendus aux enchères », La Gazette de la Manche, 4 avril 2018.
  5. « L'État interdit la vente aux enchères des manuscrits du Mont-Saint-Michel », La Manche Libre, site internet, 16 avril 2018.

Liens externes