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Manoir de Dougeru (Saint-Aubin-de-Terregatte)

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Le manoir de Dougeru à Saint-Aubin-de-Terregatte est une demeure seigneuriale de la Manche.

Manoir privé inscrit, avec son colombier à l'Inventaire des monuments historiques (IMH) depuis 1991[1], il est construit en 1578 par Laurent Artur. La chapelle, détruite au début du XXe siècle est reconstruite à l’identique.

Lors des journées du patrimoine, le parc et la chapelle sont ouverts au public.

Histoire

En 1899, dans La Normandie monumentale et pittoresque, édifices publics, églises, châteaux, manoirs, etc.. Manche, Henri Bourde de la Rogerie écrit : « Entre la Normandie et la Bretagne, s'étend une région peu peuplée, mais très pittoresque, coupée de profondes vallées, en partie couvertes de bois et de landes. Située sur les frontières de deux provinces longtemps ennemies, elle fut sans doute le théâtre de nombreux combats. Quelques débris de retranchements en rappellent encore le souvenir, près de Saint-James : à la Haye de Terre, au Jaloux, à Savigny, à Buais[2]

« Les noms des six communes que comprend cette région sont aussi très significatifs: Louvigné et Bazouge-du-Désert, en Ille-et-Vilaine ; Saint-Martin et Saint-Brice-de-Landelles, Saint-Aubin et Saint-Laurent-de-Terregatte, dans la Manche. Ces quatre dernières paroisses ne formèrent d'abord qu'un seul fief, apanage d'un cadet de la maison de Subligny. Un mariage en fit passer une partie dans les domaines des barons des Biards (1184). Plus tard les châteaux féodaux disparurent ; les demi-fiefs, les huitièmes de fief se constituèrent. En 1272, il y avait à Saint-Aubin et Saint-Laurent douze seigneurs tenant fiefs ; on les appelait les douze pairs de la Terregatte.[2] »

« Aux XVe et XVIe siècles, les possesseurs de tenure ou de franc-fief pouvaient bâtir un "logis" et le fortifier. C'est à cette époque que remonte la construction du modeste manoir, objet de cette notice. [2] »

« La famille Artur qui construisit Dougeru et l'habita longtemps était, depuis le XIVe siècle au moins, fixée dans la Terregatte. En 1386, Guillaume Artur était seigneur de l'Arturaye, près de l'église Saint-Aubin. Nous le retrouvons, vingt ans plus tard, sous les ordres du baron des Biards, au nombre des défenseurs du Mont Saint-Michel. Assez peu fortuné probablement, il exerçait, entre deux assauts, les métiers d'avocat du roy et de tabellion juré. Il eut le bonheur de voir la fin du siège et put faire peindre ses armes dans l'église abbatiale : de gueules à la coquille d'or au chef de même. Ce fut son petit-fils, l'abbé Laurent Artur, qui fit construire Dougeru, en 1578. Son frère, Margerin, était, comme son aïeul, resté fidèle à la cause royale ; il prit part, sous les ordres du duc de Montpensier, aux sièges de la Chaise, près Saint-Hilaire-du-Harcouët, et d'Avranches, et fut dans cette dernière affaire gravement blessé. Après lui une partie de sa famille quitta Dougeru pour aller habiter Pontorson, puis la Bretagne. A cette branche appartenait Charles Artur du Plessis, nobilis vir Carolus Arturus Plessei , qui composa un estimable abrégé d'Hippocrate. Dans une longue préface, il nous montre, avec une intéressante naïveté, l'existence des médecins de campagne d'alors, leur vie besogneuse, les dangers de la profession, tels que la fièvre quarte qu'il contracta en soignant les malades, dans les régions marécageuses des environs de Pontorson ; comme ses aïeux, il trouva l'occasion de prouver sa fidélité au roi en s'opposant, de concert avec son gendre Nicolas de Saint-Genys, aux désordres que les Nuds Pieds voulaient commettre dans la ville, ce qui valut à sa famille de nouvelles lettres d'anoblissement. Le siècle suivant, plus paisible à l'intérieur, ne permit pas à cette famille de donner au pays des exemples semblables de son dévouement, mais l'un de ses membres se signala par sa charité : l'abbé Gabriel Artur fut le fondateur de la bibliothèque publique d'Avranches et des écoles populaires dirigées par les frères récemment institués par le bienheureux de la Salle. [2] »

« A l'époque à laquelle nous sommes parvenus, la famille Artur ne possédait plus Dougeru ; des mariages successifs l'avaient fait passer dans les familles Gambier de Savigny, du Bosc, du Buat, d'Estanger et Gardain du Bois du Lier. Longtemps habité par les propriétaires et bien entretenu, Dougeru est depuis quelques années transformé en ferme. De nouvelles fenêtres ont été ouvertes, d'autres ont été murées ; malgré ces mutilations, l'ancien manoir présente encore un certain intérêt, dans un pays où les châteaux anciens sont fort rares.[2] »

« "Le logis de Dougeru, écrit M. l'abbé Pigeon, rappelle les châteaux de l'époque de Henri III. Ses douves, ses pavillons, ses toits en poivrière, sa chapelle et son colombier existent encore sur la rive gauche de la Sélune et produisent un bon effet au milieu de la verdure et des eaux." C'est une construction très simple, à un seul étage, flanquée d'un côté d'une tourelle ronde, de l'autre de deux pavillons carrés d'inégale hauteur. La part réservée à l'ornementation est peu considérable ; à peine peut-on signaler quelques cordons de granit, quelques moulures autour des fenêtres et de la porte principale.[2] »

« Auprès du manoir se voit la chapelle, ce complément obligé des plus modestes gentilhommières.[2] »

« Dougeru est, on le voit, un édifice en lui-même peu remarquable. Il présente cependant un certain charme. Entouré de fraîches prairies, d'avenues, d'un vieux plant de pommiers, le logis rappelle vivement le souvenir de ceux qui l'habitèrent, de ces races obscures de gentilshommes campagnards, appauvries au service de la patrie, qui revenaient, les guerres finies, mener une vie paisible au milieu de leurs vassaux.[2] »

Notes et références

  1. « Notice n°PA00110659 », base Mérimée (architecture), médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine, ministère de la Culture.
  2. 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4 2,5 2,6 et 2,7 Henri Bourde de la Rogerie , « Le logis de Dougeru », La Normandie monumentale et pittoresque, édifices publics, églises, châteaux, manoirs, etc.. Manche, éd. Lemasle & Cie, Le Havre, p. 200-201.(lire enligne)

Lien externe